Que vaut la 400 Honda de Mathias Bellino…
Elle vous secoue la paillasse la moto de Mathias. En tête du championnat de France E2, la rouge Honda n’est pas un joujou à mettre entre toutes les mains. À part celles du rouquin…
Y’a un vieux dicton culinaire qui dit à propos du service des vins à table : « Blanc sur rouge, rien ne bouge. Mais rouge sur blanc, tout fout le camp… »
On vous laisse le loisir de vérifier tout ça entre potes après votre prochaine sortie. De notre côté, on a voulu trouver une rime au « rouge sur rouge » après avoir testé la moto du grand rouquin qui signe des chronos d’outretombe en championnat de France et sur les quelques Grands Prix où il s’est aligné. En tête ex aequo avec Loïc Larrieu en championnat E2, Mathias nous a laissé son bolide le temps de faire mumuse sur le training et la liaison de l’épreuve de St-agrève en Ardèche. « Tu verras, le moteur a été dégonflé par rapport à la 450 d’origine, bien assoupli, plus facile », m’annonce le double champion du monde d’enduro. Et Miguel, son mécano(r), d’ajouter : « C’est du velours. On a des courbes de cartographie plus calmes et les suspensions préparées par 4.42 travaillent vraiment bien. » À St-agrève, Mathias avait de plus choisi la configuration 400 cm3 et non pas 450 cm3. « Ça dépend des épreuves, la configuration du terrain », m’explique Mathias avant que j’enfourche le bolide. Une 400, tu parles, dégonflée de 7 chevaux, je vais me régaler… Surtout quand tu jettes un oeil au reste de la bête : ses silencieux Akrapovic, ses pièces anodisées, sa selle antidérapante, son guidon Control Tech, sa très classe déco noire et rouge. C’est vrai, la Red moto du team ORC en jette un max. Et puis bon,
« Gavée de pièces, la Red moto du team ORC en jette un max ! »
une machine de champion, c’est pas tous les jours que t’enfourches ce genre de bolide. D’autant qu’on n’a pas testé d’honda semiofficielle depuis une paye en France. Miam !
Un grizzly entier
J’aurais jamais dû commencer mon essai sur la spéciale de training défoncée. Jamais. À froid, les bras en chocolat et des trous à enterrer un grizzly entier, j’ai vite compris que j’aurais dû commencer par la liaison… La terre ardéchoise a ceci de particulier qu’elle est truffée de racines et de quelques pavés bien carrés quand une centaine de pilotes l’a labourée pendant deux jours. Se lancer là-dedans avec ce type de bolide n’est pas la meilleure idée pour l’apprécier. Car la « bellinette » est raide de suspattes et toujours très couillue en moteur. Quoiqu’en disent son pilote et son préparateur, c’est une moto d’homme. Que j’ai commencé à déguster une fois rendu dans les chemins plus roulants du parcours ardéchois. J’ai apprécié très vite sa stabilité quand tu verrouilles la 4 ou la 5 et que ça tabasse dangereusement à plus de 60 km/h. Apprécié la facilité à délester d’un coup de gaz le train avant dans les saignées qui se précipitent à toute vitesse sous tes roues. Apprécié ce bon gros couple qui te treuille dans une des longues côtes avec vue sur le Mont Mézenc. Pour le reste, amis amateurs, randonneurs du dimanche et simples liguards 2 pas trop affûtés, passez votre… chemin. D’abord, il y a la position vraiment atypique. Guidon bas et selle haute. Déroutant, autant assis que debout. Mais comment fait-il ? Et si ce n’était que ça. Mathias aime que sa fourche ne vienne pas en butée, même dans les pires sauts auxquels le rouquin s’adonne à l’entraînement. Que sa roue avant file droit même dans les gros
pierriers et les racines les plus vicelardes. Ce qui se comprend quand tu joues ta vie dans chaque chrono. Mais pour moi, simple mortel, sa Showa c’est juste du bois. À moins de rouler à sa vitesse dans le technique. Mais je n’aurai jamais la vitesse de M. Bellino. Derrière, l’amortisseur Showa anodisé et réglé par 4.42 travaille un peu plus. Il absorbe les aspérités sans trop me secouer la paillasse et offre une motricité parfaite en toutes occasions. Mais l’ensemble est déroutant, position comme travail des suspensions. Loin des Honda CRF d’origine qui m’avaient carrément régalé lors d’essais hivernaux. Et que dire du moteur ? Je n’ai jamais trouvé en quoi ce bloc-là avait été dégonflé. Il craque fort, très fort, du ralenti au rupteur. Ne te laisse aucun répit quand bien même t’essaies d’enrouler un peu. Ah c’est sûr, j’ai joué au roi du wheeling sur les chemins rapides, fait quelques belles virgules dans les grandes courbes sablonneuses du plateau ardéchois. Mais dans les deux-trois singles techniques que j’ai tâché d’enrouler, j’ai pas trouvé le mode d’emploi. C’est du brutal et à moins d’avoir les bras de son champion de pilote, c’est pas simple. Surtout avec la première longue et la couronne en 49 dents (contre 51 d’origine…). Et l’akrapovic qui en rajoute côté décibels, juste pour se croire sur une machine de rallye. L’effet est fun, l’efficacité… on repassera. Et puis le freinage, les gars, le freinage ! Zéro garde, dès que tu effleures le levier du frein avant, paf ! Ça plante. Sec, violent. On/off total. Et presque pareil à l’arrière avec une pédale très basse. Par contre, j’ai trouvé excellente la commande d’embrayage hydraulique. Un vrai plus avec ce genre de moteur qui décoiffe quand tu tournicotes dans le technique. Bien mieux que la commande à câble d’origine. Ça tombe bien, le modèle Bellino Replica (250, 400, 450) mis en vente depuis ce printemps par Euroboost propose ce genre d’élément sur cette série limitée (à retrouver sur motoverte.com). Tout comme le sabot moteur long AXP (qui couvre les biellettes). Avec la déco replica et les pièces anodisées noir, on peut s’offrir quasiment la réplique du champion… la brutalité en moins ! Il y a longtemps que j’admire la vitesse de Mathias en spéciales. Mais depuis l’essai de sa bombinette, j’ai encore plus de respect pour le bonhomme. Comment fais-tu Mat’ ?
« Dès que tu effleures le levier du frein avant, paf, ça plante ! »