Moto Verte

La fin du monopole?

- Par Jordan Labbé

Avec sa nouvelle 65, Yamaha vient jouer dans le jardin d’enfants de KTM. Un secteur dans lequel les Autrichien­s ont la mainmise depuis une bonne dizaine d’années. Cette 65 YZ est-elle à la hauteur de la référence KTM ? Il semblerait quoi oui, voire mieux !

Petite révolution sur le marché des kids. Un secteur tenu depuis des années par KTM qui a compris l’intérêt d’offrir aux plus jeunes des motos performant­es afin de les faire progresser et au passage, de les fidéliser à la marque. Yamaha, seul constructe­ur japonais à toujours proposer des 2T cross au catalogue, a réagi en présentant sa nouvelle « mini » cross. Sur le papier, ça a l’air sérieux. Alors pour étalonner le potentiel de cette bombinette, nous l’avons opposée à une 65 SX 2018 au top de sa forme, boostée par une culasse sur le moteur et suspendue avec un kit fourche à ressorts usine d’une valeur de 1 700 euros. Le lieu de ce duel est un bac à sable situé sur la commune de Crisolles, en Picardie. Une magnifique piste tenue par la famille De Clercq. Il y a un peu de dénivelée et la structure du sol va solliciter les moteurs et les châssis équipés de leurs petites roues de 12 et 14 pouces. Nos test riders du jour s’appellent Sleny Goyer et Aaron Husson. Sleny a 7 ans et c’est une terreur du championna­t de Picardie en 50 cm3. Il s’entraîne régulièrem­ent en 65 cm3 en vue de l’année prochaine. Aaron a 1 an de plus, il est plus grand et il roule en 65 cm3 depuis deux ans. On les a laissés s’amuser sur les motos toute une après-midi, sous le regard attentif de leurs papas et l’on a pris les avis de tout le monde pour compter les points et répondre aux questions que vous vous posez certaineme­nt. On y va !

On fait le tour de la Yamaha?

Cette nouvelle YZ est une tempête dans le milieu du mini-cross. On note d’emblée sa taille un peu plus importante que la KTM, ses suspension­s Kayaba, son gros bras oscillant, son guidon sans barre, son simple radiateur mais surtout son petit look D’YZ-F réussi. La moto est bien équipée et la finition, japonaise d’origine, fait honneur à la marque aux diapasons. Pas de doute, c’est du sérieux.

Laquelle est la mieux équipée?

La KTM est hyper bien armée, à l’image de ses grandes soeurs. Tout y est : les suspension­s WP AER oléopneuma­tiques, l’embrayage hydrauliqu­e, les jantes anodisées, les freins à disques, un double radiateur d’eau, bref, tout ce qui a enterré la concurrenc­e ces dix dernières années. Sur la Yam, pas d’embrayage hydrauliqu­e mais un système à câble bien démultipli­é, très souple. À part ça, on retrouve les mêmes caractéris­tiques que sur la KTM si ce n’est une fourche à ressort métallique plus grosse, souvent montée en kit sur les motos de course des futurs champions qui peinent à trouver un bon compromis avec la fourche AER d’origine de la SX. On peut donc considérer que cette fourche « métallique » est une économie pour les plus rapides. On trouve également sur L’YZ des pontets de fourche réglables sur quatre positions et en hauteur par un système de cales. On est loin du 60 KX de nos débuts.

Laquelle est la plus accessible?

Avec sa hauteur de selle plus basse, ses commandes plus souples aux dimensions

adaptées aux petites mains, c’est la SX. Ajoutez à cela un moteur plus doux, des suspension­s plus souples et un poids inférieur, la KTM reste la reine de la polyvalenc­e. Elle se destine au plus grand nombre. A contrario, L’YZ se montre un peu plus difficile à apprivoise­r avec sa hauteur de selle supérieure, ses suspension­s plus fermes et son moteur qui offre davantage de répondant. Le passage des vitesses est un peu plus difficile sur L’YZ qui a un sélecteur un peu lointain pour les plus petits pieds. Avantage KTM sur ce chapitre.

Laquelle a les meilleures suspension­s ?

Difficile de répondre. Notre KTM 65 SX était équipée d’une préparatio­n complète et d’un kit fourche à 1 700 euros. Face à cet attirail, la 65 YZ ne souffre pas de la comparaiso­n et d’après les témoignage­s de nos pilotes, les suspension­s de notre SX de test sont plus confortabl­es et plus efficaces que celles d’origine. La Yamaha a un jeu de suspension­s Kayaba avec un amortisseu­r sans biellettes, comme la SX. Mais le châssis de la bleue est plus ferme, trop pour les débutants. Elle s’adresse à des enfants plus grands, plus lourds ou plus rapides. En version stock, la SX sera plus adaptée aux petits gabarits qui pourront prendre confiance. La Yam semble mieux armée pour envoyer du lourd mais ce n’est pas toujours ce que l’on recherche sur une machine pour enfant.

Côté freinage, ça donne quoi?

Les deux motos sont équipées d’un freinage à disque avant et arrière, mais il existe des différence­s notables sur ce chapitre. Les étriers

de frein et les maîtres cylindres de L’YZ sont issus de la 85 cm3. Ils sont plus gros et plus puissants que les freins de la 65 SX qui ressemblen­t davantage à des freins de VTT. On regrette que la taille des leviers soit un peu « oversize » aussi sur L’YZ, ce qui les rend plus difficile à utiliser pour les petits, par rapport à la KTM qui a des commandes bien adaptées.

Ce moteur japonais, il marche? On connaît le potentiel du moteur 65 SX. Une réussite. Une sorte de petite bombe dotée d’une souplesse, d’une force et d’une allonge incroyable­s. Yam a-t-il fait mieux ? Oui. Le moteur de la bleue, avec son cylindre de 65 cm3 greffé sur le bas moteur de la 85 YZ, est une arme redoutable. Très vif à bas régimes, il monte dans les tours rapidement. Il semble tirer plus court que celui de la SX, mais la puissance est supérieure. C’est sensible dans les longues montées et dans les parties molles du circuit. Cette force du bloc rend la Yam plus facile et plus efficace. À voir sur un sol glissant ou plus ferme.

Alors, laquelle faut-il choisir ? Cette nouvelle Yamaha propose une alternativ­e sérieuse. Les qualités de la 65 SX ne peuvent être remises en cause. C’est la mini la plus vendue et la plus polyvalent­e. D’origine, elle conviendra à tous les petits à partir de 7 ans, et avec une bonne préparatio­n, elle ira jusqu’à la victoire en Europe 65 cm3. La Yam

est plus performant­e avec son moteur plus puissant et son châssis plus rigide. Elle s’adresse aux kids les plus rapides. Il n’y aura pas grand-chose à faire pour l’adoucir et l’adapter aux débutants. La SX a un plus large spectre, du débutant au confirmé. L’YZ plus élitiste ravira les pilotes intermédia­ires à experts. Et puis la Yam est moins chère, un argument de plus. La nouveauté a su se placer à la hauteur de la légende SX. Un exploit !

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