La mutation du MX Mondial
S’il ne figurait jusqu’à maintenant que quelques GP « exotiques » au calendrier du Mondial, un changement de cap a été officialisé par la FIM et Youthstream pour les saisons à venir. Il faut s’attendre à quelques bouleversements dans la discipline, au mom
Si le millésime 2018 avait marqué une pause dans cette mondialisation du cross voulue par la FIM, un coup d’accélérateur vient récemment d’être donné avec l’officialisation d’une nouvelle épreuve à Hong Kong qui sera couplée avec le GP de Chine pour limiter les allers-retours entre les continents et par là même les frais de déplacement. Deux nouvelles épreuves auxquelles s’ajoutera une ouverture du championnat au Moyen Orient (le pays hôte n’était pas connu au moment où ces lignes sont écrites, mais on parle de Bahreïn, du Koweït ou de l’arabie Saoudite), sans oublier l’argentine et l’indonésie qui recevaient cette année les trois GP « oversea » d’un calendrier comptant désormais vingt épreuves. Les conséquences de cette mondialisation se sont déjà fait sentir cette année avec la participation en Indonésie de trente-cinq de la soixantaine de pilotes régulièrement engagés sur les épreuves européennes. La raison en est simple. Les finances de teams de plus en plus exsangues face à l’accroissement continu des budgets de déplacement de leurs équipes qui, au fil des années, ont grossi, en raison des enjeux et de la sophistication du matériel. Quand un team « factory » se déplaçait autrefois avec deux mécaniciens et un manager, il compte aujourd’hui un minimum de six à sept personnes avec deux mécaniciens, un ou deux assistants, un ingénieur en charge de l’électronique, un manager et éventuellement un chef mécanicien, sans compter les techniciens suspensions qui sont commun à plusieurs teams. Ajoutez à cela la tonne de fret qu’emmène un team usine de deux pilotes, et vous arrivez à une copieuse addition qui freine les ardeurs de la majorité des teams qui ne bénéficient pas du soutien direct d’un constructeur. « Un voyage comme l’indonésie nous coûte 60 000 euros pour deux
pilotes », confie le patron d’un team semiofficiel qui s’inquiète de l’avenir au moment où nombre de teams ont dû prendre la décision de se limiter à la seule campagne européenne. Il va donc falloir s’habituer à voir des grilles de départ d’une vingtaine de pilotes sur certaines épreuves du Mondial, Youthstream confirmant que son objectif est d’assurer la présence des vingt-cinq meilleurs pilotes – MX2 et MXGP confondu – sur toutes les épreuves du Mondial. Avec cette mondialisation grandissante, c’est un vrai tournant que prend le championnat du monde qui n’entend toutefois pas abandonner ses solides bases européennes.
Et le GP de France ?
Cet accroissement du nombre d’épreuves lointaines a entraîné une augmentation du nombre de GP (vingt quand quasiment tous les teams en voudraient quinze au maximum) et va inexorablement se faire au détriment de classiques européennes comme on l’a récemment vu avec la Suède, obligée de jeter l’éponge en raison de contraintes budgétaires. L’italie devrait ainsi perdre l’un de ses trois GP (Arco, Ottobiano et Imola), et les expériences comme celle tentée en France d’accueillir deux GP dans une même saison ne devraient pas être
renouvelées. L’an passé, les clubs d’ernée et de Villars-sous-ecot, bien que non concurrentiels en date comme en localisation, n’ont pas réussi à équilibrer leur budget, si bien que tous deux ne sont actuellement plus en mesure d’accueillir un GP de France dans un proche avenir. La situation a d’ailleurs empiré pour l’équipe d’ernée dont le terrain a subi de gros dégâts suite aux dernières intempéries. Il ne reste à
l’heure actuelle que Saint-jean-d’angély en mesure d’accueillir un Mondial. « Cette année, et bien que les conditions météo aient été globalement correctes, nous allons juste parvenir à l’équilibre, ce qui est inquiétant pour l’avenir », confie-t-on du côté de St-jean
où l’on s’interroge sur l’avenir. « Nous ne pouvons nous permettre de jouer la vie du club en organisant coûte que coûte un GP ou un MX des Nations dont le budget ne cesse
d’augmenter chaque année alors que les
recettes stagnent voire diminuent », poursuiton en Charente-maritime. La France a toujours fait partie des pays « historiques » du cross en matière d’organisations ou de résultats sportifs. Ne plus avoir dans un avenir proche de GP de France au calendrier serait un constat d’échec pour le sport ! ❚