Que vaut la 250 YZ-F 2019 face à la 2018 ?
Yamaha s’est sérieusement mis au travail l’an dernier pour remanier sa 450 et pour 2019, c’est la 250 qui fait peau neuve. De nombreuses évolutions sont au menu mais est-elle plus performante que l’ancien modèle ? Pour en avoir le coeur net, nous l’avons opposée au modèle 2018… Ainsi qu’à des lecteurs. Verdict ?
Quand une marque sort un nouveau modèle, elle vante logiquement les mérites de sa création, fait état du bienfondé de ses évolutions et insiste sur le gain de performance. Mais on a rarement l’occasion de le vérifier directement sur le terrain en opposant les deux versions le même jour, sur la même piste. C’est l’idée que nous avons eue pour cet essai. Quand Yamaha nous a mis à disposition le modèle 2019, nous leur avons demandé si ce projet était réalisable. Par chance, le modèle d’essai 2018 était toujours disponible. L’occasion rêvée pour évaluer le travail effectué par Yamaha sur cette nouveauté attendue. Pour aller plus loin, nous avons fait appel à trois lecteurs qui possèdent des Yamaha 250 YZ-F de 2016 à 2018 et qui connaissent parfaitement leur moto. C’est sur la piste de Vincy-manoeuvre, en région parisienne, que nous avons convoqué tout ce petit monde. De parfaites conditions de roulage et de test nous ont permis d’en apprendre beaucoup sur cette nouvelle Yam.
Quoi de neuf pour 2019 ?
La liste des changements est longue puisque cette version 2019 est un tout nouveau modèle mais il conserve quelques bases connues. Le principal axe de travail a été le châssis, avec un nouveau cadre et une ergonomie redessinée. Le moteur reste assez proche de l’ancien mais ce n’est pas pour autant qu’il ne change pas. Il y a eu du boulot sur l’inclinaison. On note l’arrivée de nouveaux composants internes (piston, cylindre, vilebrequin, balancier, pipe d’admission…), tout comme une mise à jour de l’injection et des courbes d’allumage qu’il est désormais possible de modifier grâce à l’application smarphone connectée en Wi-fi. On relève aussi la disparition du kick au profit d’un démarreur électrique et un système électronique d’assistance au départ. Niveau suspensions, on reste sur les Kayaba à ressorts métalliques. L’une à côté de l’autre, on note une meilleure ergonomie, plus moderne et plus fluide.
Qu’en est-il de la prise en main ?
Le modèle 2018 avait un vrai caractère trempé qui pouvait surprendre dans le bon comme dans le mauvais sens. Le modèle 2019 est plus neutre, plus accueillant et dès les premiers tours de roues, on sent que la moto penche davantage du côté universel, tout en conservant un brin de folie. L’assiette de
la moto est un peu mieux équilibrée et les ouïes sont moins larges. Le poste de pilotage et les commandes sont bien placés, mais on regrette encore ces caoutchoucs de poignées un peu raides. Après avoir poussé sur le bouton du démarreur de la 2019, reprendre le kick du modèle 2018 semble être un vrai retour dans le passé, même si certains peuvent craindre l’avarie technique et auraient aimé que le kick soit toujours là, au cas où. Sur le chapitre de la prise en main, le nouveau modèle fait l’unanimité. Il y a un vrai progrès que tout le monde a senti et apprécié.
Le moteur est-il toujours aussi radical ? Ce qui fait la force du modèle 2018, c’est son moteur qui répond du tac au tac avec force, pour ne pas dire violence ! Mais sur une 250 4T, ce trait de caractère est vraiment excitant. En revanche, le gros défaut de la « 18 », c’est qu’il manque cruellement d’allonge et qu’il faut souvent jouer avec les rapports. Pour 2019, la copie a été revue. On perd un peu de punch mais la puissance est nettement mieux répartie
sur toute la plage d’utilisation et offre une bien meilleure allonge. On garde malgré tout un gros couple et un coffre impressionnant à mirégimes, mais ce nouveau bloc est beaucoup plus facile à exploiter. Les relances sont plus fluides, plus faciles à contrôler et au final, on remet les gaz plus tôt et l’on augmente sans forcer sa vitesse de passage dans les courbes et les ornières. C’est moins radical mais plus efficace, tout en conservant une partie de son caractère que l’on aimait tant. Il paraît que dans la vie, il faut faire des compromis. Cette version 2019 du bloc « inversé » en est un bon.
Le nouveau châssis est-il meilleur? Ce modèle 2019 est équipé de la 4e génération de cadre aluminium Yamaha, celle que l’on découvrait sur la 450 YZ-F l’année dernière. Par rapport à 2018, l’équilibre général a progressé dans le bon sens avec une assiette plus neutre. L’ergonomie a également évolué dans le bon sens grâce à une plastique redessinée qui facilite les déplacements sur la machine. Côté suspensions, on reste sur la même base avec un ensemble Kayaba mais l’amortisseur travaille mieux grâce
à la nouvelle géométrie du châssis aluminium. La maniabilité est sensiblement la même mais le progrès se fait surtout sentir au niveau de la stabilité et du contrôle de la partie-cycle. Plus précise, plus sécurisante, on ressent une sensation de facilité sur la prise d’angle et lorsqu’il s’agit de recouper les trajectoires. La nouvelle YZ-F renvoie d’excellentes sensations sur la piste qui permettent de prendre plus de vitesse et d’améliorer le chrono sans pour autant forcer plus. Donc oui, le châssis de la 2019 est meilleur que celui de la 2018.
Alors, faut-il opter pour le nouveau modèle ?
Si la 250 YZ-F 2018 reste une excellente moto, le modèle 2019 fait mieux à peu près partout, que ce soit en statique ou sur la piste. Si certains peuvent regretter le côté « radical » du moteur 2018, d’autres se réjouiront d’avoir un moteur plus facile à exploiter dont la puissance est mieux répartie sur l’ensemble de la courbe. Côté partie-cycle, L’YZ-F 2018 pouvait compter sur un châssis sain et performant mais la nouvelle version lui donne un coup de vieux, sans pour autant faire table rase du passé et de ses qualités. Pour résumer, Yamaha a corrigé une partie des défauts de la version 2018 en livrant une excellente cuvée, plus efficace, plus homogène, plus universelle, en conservant son petit caractère. Reste l’aspect financier. Déjà parmi les plus onéreuses l’année dernière, L’YZ-F prend 300 euros de plus pour flirter avec la barre des 8 500 euros. Un prix qui se justifie par une évolution technologique et des perf’ en
hausse mais qui place la Yamaha sur le podium des motos les plus chères de la catégorie. Cela dit, l’un des modèles cross les plus attendus de l’année ne déçoit pas. Le rendez-vous est pris avec la concurrence pour le grand match annuel MV où elle peut espérer la victoire… ❚