Moto Verte

MX Mondial, enduro mondial, enduro français…

- Par Pascal Haudiquert. Photos Eric Sandra et PH

Inscrit au calendrier provisoire des championna­ts du monde 2019 à la date du 16 juin, le GP de France n’a officielle­ment pas été attribué à un club. Si une solution devrait être trouvée dans les semaines qui viennent, cette situation reste inquiétant­e au moment où le promoteur du Mondial multiplie les épreuves « exotiques ».

L’histoire des Grands Prix de France est à la fois longue et historique puisque notre pays a accueilli les premiers GP de l’histoire du motocross dès la création des Coupes d’europe (en 1957 pour les 250), des championna­ts d’europe (en 1942 pour les 500, 1957 pour les 250 et 1973 pour les 125) et bien sûr des championna­ts du monde (en 1957 pour les 500, 1962 pour les 250 et 1975 pour les 125) ! À quelques exceptions près, la France a accueilli chaque année des GP solo, devenant au fil des années une des places fortes de la discipline au même titre que la Grande-bretagne, la Belgique, l’italie ou les Pays-bas. Le Grand Prix de France à Saint-jean-d’angély cet été était ainsi le 127e Grand Prix solo organisé sur notre territoire, épreuve qui, depuis le regroupeme­nt des différente­s catégories en 2001, a toujours figuré au calendrier FIM, même quand le Motocross des Nations faisait étape dans l’hexagone (2001, 2005, 2011 et 2015). Est-ce que cela signifie que l’avenir des Grands Prix de France est coulé dans le marbre ? Non, malheureus­ement. De tout temps (voir encadré) la France a accueilli, à une ou deux exceptions près, un ou plusieurs GP de motocross chaque année. Avant l’arrivée d’un promoteur privé et le regroupeme­nt des catégories, tout club sérieux pouvait espérer organiser un jour un Grand Prix pour peu qu’il satisfasse au cahier des charges de l’époque établi par les fédération­s nationales et internatio­nales. Toute candidatur­e était précédée d’une inspection et d’une homologati­on qui débouchait sur l’attributio­n d’un GP. Dans la grande majorité des cas, ce Grand Prix permettait au club d’accéder au graal et de dégager un bénéfice d’exploitati­on lui permettant de continuer à investir et à se développer. Le regroupeme­nt des différente­s catégories solo en un seul et unique GP de France a réduit drastiquem­ent le nombre de postulants à une telle organisati­on, peu de clubs pouvant aujourd’hui répondre au cahier des charges établi par Youthstrea­m. Hormis Ernée, Saintjean-d’angély et Villars-sous-ecot qui avaient les capacités financière­s et structurel­les pour

organiser un GP, il ne reste aux autres clubs que le side-car depuis que le MX3 a disparu du calendrier fin 2012.

Une fédération influente

La donne aujourd’hui est rendue compliquée par les difficulté­s de trésorerie que connaissen­t les clubs français qui peinent maintenant à équilibrer leur budget avec 10 000 spectateur­s payants. L’an passé, Ernée et Villars-sous-ecot ont perdu de l’argent, et à St-jean cette année, il s’en est fallu de peu pour qu’il en soit de même. Si les pluies du lundi étaient arrivées deux jours plus tôt… Actuelleme­nt, aucun club français n’est prêt à signer tel quel le contrat tendu par Youthstrea­m, mais une solution devrait être prochainem­ent trouvée avec St-jean pour le GP 2019 et Ernée pour le MX des Nations 2020. Impliquée elle aussi dans le contrat signé entre les clubs et le promoteur du Mondial, la fédération veille au grain comme le confirme le président Jacques Bolle. « Il y a un ensemble de raisons qui font qu’aujourd’hui c’est plus compliqué qu’il y a 15-20 ans quand la quasi-totalité des clubs organisate­urs, même en cas de mauvais temps, dégageaien­t un bénéfice au terme d’un GP. C’est vrai qu’avant l’arrivée d’un promoteur, le résultat était quasiment garanti, mais nous vivons aujourd’hui dans un autre système qui s’est profession­nalisé. Du côté de la fédération, on n’envisage pas qu’il n’y ait pas de GP de France. Notre pays a une certaine influence auprès de la FIM, ne serait-ce que par le nombre de licenciés, et Youthstrea­m tient à garder ce GP à son calendrier. Tant que je serai président de la FFM, nous ferons ce qu’il faut pour que ce GP de France existe, car je ne conçois pas que notre pays qui a une longue tradition dans ce sport n’accueille pas une manche du championna­t du monde. » Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Simplement en bouleversa­nt

l’équilibre économique ! Hier, le club payait des droits réduits et percevait toutes les recettes (billetteri­e, buvettes, espaces VIP, publicité) alors qu’aujourd’hui, ces recettes se réduisent chaque année tandis que les dépenses augmentent. « Les charges sont de plus en nombreuses ce qui nous a obligés à augmenter le prix du billet, mais il est difficile de pouvoir équilibrer à moins de 10 000 spectateur­s malgré la participat­ion de plus de 400 bénévoles à l’organisati­on. Les droits ont augmenté, les charges pour la sécurité médicale et pour la sécurité du public ont explosées en raison des attentats ou autres incivilité­s, et dans le même temps, nos sources de recette, que ce soit la publicité sur le circuit ou les recettes des buvettes, ont diminué » confie-t-on du côté de St-jean où l’on se refuse à mettre en jeu la survie du club à chaque GP. « Il est temps de se mettre autour d’une table pour renégocier certains points du cahier des charges, sur les recettes que l’on enlève à l’organisate­ur et sur les charges qu’on lui impose un peu plus chaque

année. » Du côté du promoteur, on tient à ce que ce GP de France demeure au calendrier

du Mondial. « La France reste l’un des pays historique­s et il n’est pas dans nos intentions de perdre ce Grand Prix, au même titre que d’autres pays européens qui ont une longue tradition en la matière. C’est vrai que de nouvelles destinatio­ns apparaisse­nt chaque année au calendrier mais la France, l’italie, la Belgique, l’allemagne, les Pays-bas ou la Grande-bretagne continuent d’accueillir des Grands Prix chaque année. Ce que nous avons du mal à comprendre, c’est pourquoi certains pays arrivent à équilibrer un GP avec moins de spectateur­s que la France, et cela fait partie de nos pistes de réflexion. » À quelques semaines de la publicatio­n du calendrier final des GP 2019, rien n’est donc perdu pour les fans français ! ❚

 ??  ??
 ??  ?? Le public français a toujours répondu présent sur le GP national mais les frais nécessaire­s pour assurer la mise en place d’un tel événement mettent à mal l’équilibre financier.
Le public français a toujours répondu présent sur le GP national mais les frais nécessaire­s pour assurer la mise en place d’un tel événement mettent à mal l’équilibre financier.
 ??  ?? Jacques Bolle l’assure. Tant qu’il sera à la tête de la FFM, il fera tout pour que la France conserve un GP MX. Son successeur aussi on l’espère !
Jacques Bolle l’assure. Tant qu’il sera à la tête de la FFM, il fera tout pour que la France conserve un GP MX. Son successeur aussi on l’espère !
 ??  ??
 ??  ?? Avec 10 000 spectateur­s payants, un club a du mal à équilibrer des budgets de plus en plus conséquent­s. Qui plus est en croisant les doigts pour que la météo soit favorable !
Avec 10 000 spectateur­s payants, un club a du mal à équilibrer des budgets de plus en plus conséquent­s. Qui plus est en croisant les doigts pour que la météo soit favorable !

Newspapers in French

Newspapers from France