Alexandre Kowalski
L’enduro ne doit pas disparaître mais se réinventer.
Coup de tonnerre chez les bleus. Yamaha Europe a decide de « lacher ) l'enduro dans sa forme actuelle en n'homologuant pas les WR-F 2019. Plus de teams en EnduroGP et en championnat de France... Que se passe-t-il?
Les nouvelles WR450F et la WR250F ne sont pas « immatriculables » en France, pourquoi ?
« Il faut bien noter que cette décision prend effet avec l’introduction de modèles 2019. L’évolution attendue des normes (EU5) à court/moyen terme ne permet plus d’envisager la pérennité commerciale de ces produits tels que nous les connaissons. Nous prenons également en compte, de façon responsable, la pression sociétale et environnementale croissante du grand public. »
Pourquoi est-il si difficile de passer les nouvelles normes? Quelle est l’étape ou la procédure qui pose le plus de problème ?
« Plus qu’une difficulté technique qu’un grand constructeur comme Yamaha saurait surmonter, il s’agit surtout de la validité du modèle économique avec un renchérissement des produits absolument déraisonnables et incompatibles avec les volumes mis sur le marché, sans même parler, comme je l’ai évoqué précédemment, de cette pression sociétale globale autour des problématiques écologiques. »
Y a-t-il une solution ou une cylindrée plus propice ? Direction le moteur électrique ?
« Non, toutes les cylindrées seront concernées par ces normes EU5 qui, je le répète, représentent une marche technologique et surtout financière très lourde pour notre industrie (toujours ce rapport investissement/volume de ventes…). La motorisation électrique pourrait représenter un axe intéressant, à terme, que le groupe explore déjà notamment avec le prototype TY-E que vous avez découvert il y a quelques mois et qui nous permet de jauger des réactions du public au regard de cette technologie. »
Yamaha prend les devants, mais les autres constructeurs rencontreront les mêmes problèmes dans un avenir proche ?
« Il ne m’appartient pas de répondre pour les autres constructeurs, mais Yamaha, en tant que marque responsable, prend d’ores et déjà ses responsabilités… »
Cela signifie que l’enduro tel qu’on le pratique en France est voué à disparaître?
« Cela signifie simplement qu’à partir du moment où nous devons traverser un endroit ouvert à la circulation publique sur un enduro, de quelque type que ce soit, Yamaha ne pourra plus intégrer ce type d’épreuve. La discipline ne doit surtout pas disparaître mais se réinventer, et c’est notre responsabilité collective d’y travailler. La pratique dans un format diffèrent type cross-country sur des terrains adaptés nous semble compatible avec le contexte actuel : notre liberté s’arrête où commence celle de nos concitoyens moins sensibles aux charmes de nos produits… »
Cela doit être un choc pour Yamaha qui a une grande culture de l’enduro ?
« Cela est effectivement une page de l’histoire qui se tourne tant Yamaha a marqué de son empreinte l’enduro, que ce soit au niveau national ou international, avec les champions que nous connaissons. Mais les temps changent, la société, les mentalités, les réglementations aussi, et nous nous devons de les respecter et réinventer notre conception de la pratique “enduro” pour permettre à nos clients d’utiliser nos produits d’une autre manière conforme aux aspirations de notre société moderne. »
Le fait que Yamaha France n’ait plus de moto éligible à la pratique de l’enduro à vendre signifie-t-il que l'investissement en championnat de France et championnat du Monde d’enduro va disparaître ?
« Nous ne serons plus officiellement investis en championnat de France et en championnat du monde d’enduro. Il se peut qu’il persiste des teams et des pilotes privés, mais officiellement, notre marque n’y sera plus. »
Le programme rallye est-il concerné à terme ?
« Notre engagement dans les rallyes s’inscrit dans le cadre de notre politique mondiale “racing” et ils se déroulent pour l’essentiel en dehors de l’europe. Notre engagement n’est donc pas remis en question. »