Enduropale
Milko Potisek retrouve la gagne…
Du bleu, on n’en a pas trop vu début février dans le ciel du Touquet ! Mais sur la piste, un missile emmené par un Milko Potisek survolté en a fait voir de toutes les couleurs aux 1 200 pilotes engagés dans cette 45e édition, l’officiel Yamaha glanant un second succès sur la Côte d’Opale.
Qaprès s’être fracturé la jambe au Supercross de Lille, Milko a toujours été l’un des acteurs principaux du grand show de la Côte d’Opale. Une épreuve qui ne lui a pas toujours réussi, quand on repense notamment aux éditions 2013 et 2016 où il jouait la gagne jusqu’à ce que le sort s’acharne sur lui. La première fois, alors qu’il vient de prendre la tête de la course, on lui abaisse le drapeau rouge sous le museau pour cause de marée montante et l’on ne retient que le classement du tour précédent ! La seconde fois, il est largement en tête à mi-course quand la moto casse… Il aura tout connu Milko au Touquet, accrochant enfin la victoire il y a maintenant deux ans ! uand on s’appelle Potisek et qu’on s’aligne derrière la grille – pardon, l’élastique – de départ de l’Enduropale, c’est plus de 40 ans d’histoire qui défilent ! Des coups d’éclat de Rudy (second en 1978 et 1980) au double succès de son regretté fils Timotei (2006-2009) décédé tragiquement en 2009 en passant par les top dix de son autre fils Sergei, les Potisek occupent une place de choix dans l’histoire du Touquet. Et ce n’est pas le cousin Milko qui dira le contraire, lui qui a d’abord admiré Tim avant de se lancer à son tour dans la grande aventure en 2009, avec une septième place à la clé. Depuis, hormis en 2015 où il n’était que spectateur
Le départ reste LE moment fort d’un Touquet. On ne se lasse pas!
Se relever!
Le Touquet, comme chaque année, c’est LA course à gagner. On a beau avoir monté un championnat qui tient la route avec six épreuves – la septième a été annulée du fait de la météo – c’est au Touquet qu’il faut gagner et depuis maintenant trois ans, Honda et KTM ont fait un retour en force sur une épreuve historiquement marquée du sceau Yamaha avec dix-huit victoires au compteur en ce début d’année. Pour Milko, qui un an plus tôt avait dû abandonner sa moto à quelques centaines de mètres du drapeau à damiers, victime d’une casse mécanique, l’heure de la revanche avait sonné. « Ce n’est pas non plus la première fois que l’Enduropale ne me réussit pas. Je vais me relever et relativiser par rapport à ça, même si c’est évidemment très frustrant et ne vous inquiétez pas, vous me reverrez l’année prochaine », avait-il lâché douze mois plus tôt. Mais cette année encore, sa préparation a été entravée par une blessure à la main qui l’a contraint à rater deux épreuves du championnat début décembre. Après son podium pour sa reprise à Grayan, Milko a cravaché dur pour revenir au meilleur niveau. « À Grayan, il manquait encore un peu de vitesse mais depuis la mi-janvier, il avait franchi un cap, c’était lui le plus rapide à Loon. Et dans les trous, personne n’arrivait à le suivre ces derniers jours », confie son ami Max Lonza, l’un de ses plus proches confidents. Si l’on a pu craindre un moment que l’arrivée à ses côtés de Todd Kellet, surprenant vainqueur à Hossegor, ait pu le déstabiliser, il n’en a rien été. « Todd lui a fait du bien car c’est un mec bien qui ne cache jamais son jeu à l’entraînement et qui ne lâche jamais rien. S’entraîner avec lui a permis à Milko de hausser le niveau de jeu », poursuit Max.
La sérénité, atout majeur
S’il s’est sans doute parfois trop dispersé dans sa carrière, étant trop amoureux des GP pour se fixer des priorités, Milko a fini par se raisonner et se concentrer sur ce qui lui réussit le mieux, le sable. À 30 ans, l’enfant de Cassel est devenu un pro à part entière. « Aujourd’hui, Milko est un vrai pro qui ne laisse rien au hasard. Il maîtrise tout du bout des doigts, sait se concentrer sur l’essentiel. Il sait comment gérer la semaine et le week-end du Touquet où il est tellement facile de se perdre, de se disperser. En se concentrant sur ses objectifs, il n’en est que meilleur, comme on l’a vu par ailleurs en Élite où il a réalisé sa meilleure saison », analyse Max, son témoin de mariage. En épousant Pauline en septembre dernier, Milko a trouvé une nouvelle sérénité, comme on a pu s’en rendre compte lorsqu’il s’est fracturé la main à l’entraînement. « Il a consulté le fameux docteur Claes qui soigne tous les top pilotes de cross en Belgique. Il lui a proposé de poser une broche, ce que Milko aurait sans doute fait il y a quelques années. Mais là, il a préféré prendre le temps
Potisek a construit sa victoire à mi-course en lâchant Van Horebeek dans les trous et le trafic.
de se rétablir, quitte à rater deux courses, une preuve de sa nouvelle maturité », poursuit son confident. Si Milko s’est remis en question, on en a fait de même chez Yamaha où la défaite subie en 2019 a produit un électrochoc. « Perdre nous a aussi permis de nous remettre en question et tout le monde a bossé comme des cinglés, reconnaît Guillaume Davion de chez Drag’on Tek. Cette année avec Yamaha, on a eu la meilleure stratégie qui puisse exister, avoir un deuxième pilote, Todd Kellett. Il nous a apporté une cohésion jamais vue, et sa fougue a beaucoup fait mûrir Milko. On est arrivé au Touquet avec le meilleur duo de pilotes, et Milko était le mec le plus rapide, et de loin, sur les derniers entraînements. »
Une victoire indiscutable
S’il est resté relativement discret lors des premières boucles marquées par un joli duel entre Chapelière et Van Horebeek, Milko a haussé le rythme à l’approche du premier ravitaillement et de la première heure de course. « Je ne suis pas très bien parti. On n’avait pas réglé notre moto pour être très vite sur la plage, je savais que ce serait compliqué et ça a été le cas. Ceci dit, j’ai fait un bon premier tour. J’avais Watson devant moi et je me suis dit, il faut que je le double car le début, ce n’est pas son point fort, faut que j’en mette. Je me suis ensuite retrouvé en bagarre avec Kellett, mon coéquipier. J’ai réussi à rester concentré mais au deuxième tour, malgré un bon rythme, j’ai vu que j’avais trente secondes de retard. Du coup, j’ai attaqué fort et je reprends quinze secondes au duo de tête Van Horebeek-Chapelière et le tour d’après, je les double. Une fois que j’ai pris la tête, c’était le moment d’aller aux stands », se remémore Milko qui dès lors ne va plus quitter la tête de la course. Watson, définitivement hors du coup pour la victoire après avoir écopé d’un stop and go d’une minute pour avoir anticipé le départ, seul Van Horebeek pouvait constituer une menace pour le leader. « À la sortie du ravitaillement, j’en ai remis un bon coup. On a une bonne moto chez Yamaha, un super réservoir, l’essence est bien répartie, il n’y a pas de différence quand on a le plein ou pas et du coup, j’ai fait un super tour. L’avance est montée à vingt secondes puis trente, puis une minute. J’ai perdu un peu de temps dans une petite chute avec un retardataire, mais après le second ravitaillement, j’ai voulu remettre un coup au moral de mes adversaires. Je n’avais pas l’impression d’attaquer comme un fou mais tout s’est parfaitement déroulé », poursuit Milko qui ajoute donc une nouvelle ligne à son palmarès avec ce second succès acquis avec 3’26 d’avance sur Van Horebeek. « Cette victoire est plus belle que la première car aujourd’hui, le niveau au Touquet a encore augmenté et gagner avec une telle avance, c’est énorme ! L’an dernier, je casse pas loin de l’arrivée, là, je suis resté concentré jusqu’au bout et quand j’ai passé le Novotel, j’ai roulé tranquille pour économiser la moto… Avoir gagné Le Touquet en 2018 m’a vraiment enlevé un gros poids des épaules, depuis le temps que je devais le gagner… C’est une pression en moins ! » ❚
Toujours plus de pilotes et de spectateurs. L’Enduropale est un must dans le calendrier!