Moto Verte

Comment peut-on (encore) améliorer la sécurité sur le Dakar ?

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Le Dakar en Arabie Saoudite a livré son lot d’émotions mais aussi de drames toujours aussi difficiles à accepter. Le crash violent de Van Beveren, le décès de Paulo Conçalves, la poisse de De Soultrait… Y a-t-il encore des moyens pour limiter la casse ? D’après nos trois interlocut­eurs, apparemmen­t oui. David Castera Directeur du Dakar

« La sécurité en rallye, on y travaille aujourd’hui sur trois axes. Il y a la vitesse qu’on veut limiter et ça va être fait dès l’année prochaine puisqu’avec la FIM on a déjà pris la mesure. La vitesse sera limitée à 150 km/h. Les deuxième et troisième points sont des axes de travail.

On est en train de se rapprocher d’une société pour l’airbag, comme en MotoGP, avec la combine qui se gonfle. Nous cherchons à savoir ce qu’on pourrait faire ou pas avec cet airbag. Troisième point, sur les blessés du Dakar, 80 % sont des blessures de côtes, c’est-à-dire des pneumothor­ax, les côtes se cassent et percent le poumon. Il y a des jambes, des bras cassés, mais souvent ils ont aussi les côtes fracturées en tapant les instrument­s de navigation en haut. Avec les constructe­urs nous réfléchiss­ons pour revoir ça, d’autant que le dérouleur de road-book va disparaîtr­e. On va passer à la tablette, le road-book électroniq­ue, normalemen­t en 2021. Ça va remplacer un road-book qui est super gros, tranchant, qui t’oblige à avoir du poids en haut et tout un bazar. On a lancé une recherche pour éviter d’avoir trop de matériel là-haut, un boîtier plus petit, avec des fusibles, entouré d’une mousse… Voilà les trois axes principaux. Sinon la deuxième semaine était rapide. On va aussi revoir ça pour essayer de réduire la vitesse. »

Johnny Aubert Pilote officiel Sherco

« On parle toujours de la vitesse, mais c’est surtout le système de road-book, d’instrument­ation qu’on a devant nous qui est dangereux.

Dès qu’on passe par l’avant, on vient taper dans le système, ça vient taper dans le torse. C’est là où l’on prend vraiment tout le choc et c’est là où ça peut être très grave. Il faudrait peut-être travailler sur un système qui puisse se décrocher sur un choc à l’impact et qu’on puisse le remettre après. Ils parlent de tablettes, donc du changement va sûrement arriver. Et puis pourquoi pas un airbag. Quand un corps de 80/90 kg est éjecté, je pense qu’il y a une certaine pression et je ne sais pas s’il y a moyen de travailler avec ça sur des airbags ou ce genre de chose. Sinon le rallye-raid, ça doit rouler vite avec beaucoup de navigation, mais là-bas il n’y avait pas trop de navigation mais beaucoup de caps. Les top pilotes ont l’habitude de rouler au cap. Du coup, c’était quasiment tout à fond car on suivait tous un cap et si on n’était pas sur la bonne piste, ce n’était pas grave. L’endroit est magnifique, mais je pense qu’il y a des choses à améliorer pour qu’il y ait plus de navigation. Maintenant dans tous les pays où le Dakar est passé, presque chaque année, il y a malheureus­ement l’un de nous qui s’en va et ce sera difficile de changer vraiment ça. »

Olivier Pain 12e Dakar

« Il y a aussi de graves accidents en motocross, mais c’est sûr qu’avec les vitesses atteintes en rallye, on peut le payer cash. Depuis mes débuts en 2006, la sécurité va toujours en grandissan­t. Les moyens mis en place pour la sécurité sont toujours là, les hélicoptèr­es… Il y a toujours un gros staff. Le road-book papier donné le matin, je trouve que c’est top pour tout le monde. Ça redynamise la course devant, derrière… Pour un bon amateur qui sait naviguer, ça laisse des chances et surtout ça nous permet de dormir. Il faudrait qu’il y ait les douze étapes où on nous donne le road-book le matin 25 minutes avant le départ. Le lendemain, on repart plus lucide, c’est vraiment un grand luxe, aussi bien sportiveme­nt qu’au point de vue sécurité c’est positif. J’ai entendu dire qu’ils pensaient à limiter la vitesse maxi des motos. Ça pourrait être pas mal et en plus, donner une chance aux amateurs, mais comment on fait pour brider les motos et ne pas être obligé d’avoir toujours l’oeil sur le compteur ? En plus des tests à l’effort obligatoir­es tous les trois ans, je trouve qu’on devrait aussi ajouter un stage de premier secours pour pouvoir assurer en secourant un pilote accidenté. Sinon pour tous ceux qui s’engagent sur le Dakar, il faut bien sûr être prêt physiqueme­nt, c’est ce qui permet de rester plus lucide. »

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