Face-à-face 300 enduro
KTM ou TM à injection ?…
Enfin en concessions, la TM 300 à injection méritait qu’on la confronte à celle qui a lancé la mode il y a trois ans, la KTM 300 TPi. Un face-à-face instructif sur les capacités de ces 2T en mode 2.0.
Quelles sont leurs différences?
La TM 300 continue sur sa lancée avec son cadre en aluminium dont les grosses poutres latérales vous sautent immédiatement à la gueule. En face, la KTM conserve son cadre acier dédoublé, bien plus discret, d’autant qu’il est peint en noir. La TM offre également des jantes anodisées bleu du plus bel effet flashy et accordées avec ses plastiques et sa selle, là où la Katé a des roues peintes en noir, plutôt raccord avec la selle et les ouïes. Les deux ont un échappement inox, mais celui de la KTM est reconnaissable entre mille avec ses rainures qui ornent tout le coude. Protège-mains sur les deux mais le sabot n’est d’origine que sur l’Italienne (en option sur l’Autrichienne). On remarque que la TM a conservé son kick pour le démarrage en cas de batterie fatiguée (ou pour nostalgiques du coup de botte…) Ce n’est plus le cas sur l’EXC. Il y a cinq rapports sur la TM contre six sur la KTM. Côté suspensions, il y a du WP Xplor sur la KTM face à un ensemble fourche Kayaba/ amortisseur maison sur la TM. Une suspension avec biellettes, ce qui n’est pas le cas sur l’Autrichienne. Enfin on citera la taille des disques de frein, tous deux plus grands sur la TM que sur sa rivale mais avec des pinces Brembo dans les deux cas.
Sont-elles équipées d’une injection identique ?
Dans le principe, oui. Avec un corps d’injection et une pompe à essence qui alimentent deux injecteurs situés de part et d’autre du cylindre et l’arrivée de l’air directement dans le bas moteur via une boîte à clapets. Mais chacun a son fournisseur : Dell’Orto pour KTM et un corps d’injection maison pour TM (la marque avait déjà développé l’injection pour ses moteurs de karting). Une vis de réglage permet de régler le ralenti et fait office de starter à froid dans les deux cas. La molette de la TM est toutefois plus accessible. Toutes deux sont équipées du graissage séparé avec pompe à huile et donc réservoir d’huile. Celui de la KTM est en plastique translucide caché audessus du corps d’injection. Celui de la TM directement dans la poutre droite du cadre. Un oeilleton permet de voir le niveau sur l’Italienne, il faut se baisser pour vérifier le niveau sur l’Autrichienne. On reste un peu perplexe sur la facilité de remplissage en huile de la TM dont le bouchon est minuscule.
Fonctionnent-elles de la même façon ?
Une chose est sûre, elle démarre toutes les deux super facilement grâce au bouton magique. Et ça, c’est carrément nouveau sur la TM. Une TM qui, si elle craque plus fort avec un son plus métallique que sa concurrente, ne vibre quasiment plus. Bref,
« La KTM est plus souple sur tous les terrains. »
on se retrouve enfin avec une TM du XXIe siècle. Une Italienne qui a fait sa mue sans pour autant négliger son ascendance « competizione » ! C’est qu’elle craque fort la bougresse. Bien plus que la Katé qui, elle, diffuse un son plus feutré des bas aux plus hauts régimes. Son échappement est semble-t-il plus épais que celui de la TM et les rainures participent grandement à atténuer les grognements de la bête. Une fois au guidon, il suffit de quelques tours de terrain pour voir qu’on a affaire à deux moteurs bien différents en comportement. C’est clair, l’injection a adouci les bas régimes du moteur TM. Il accepte d’évoluer sur un filet de gaz sans à-coups et permet de rouler sans se faire trop désarçonner dans les single tracks défoncés d’Ardèche. Mais qui dit adouci ne dit pas anémié. Parce que passé les mi-régimes, ça se met à pulser sérieux. Les montées en régimes sont vives, pour ne pas dire brutales. Du 300 de course comme on les aime pour se faire des sensations. Pas le plus facile dans le technique, mais sur une spéciale plutôt rapide, c’est vite grisant. Quand on enjambe la Katé, le style est clairement opposé. Là aussi les bas régimes sont d’une douceur assez inédite sur un gros 2T, mais on a affaire à une vraie force tranquille. Le couple est phénoménal sans être brutal et passé les mi-régimes, ça envoie sévère. Mais de façon bien plus linéaire que la TM. Avec moins de creux au milieu, simplement une longue poussée infinie qui vous treuille d’un virage à l’autre ou d’une marche à la suivante.
Ça donne quoi en chemins?
Évidemment, on perçoit des sensations bien différentes quand on passe de l’une à l’autre sur les parcours concoctés par Aurélien Addesso dans son coin d’Ardèche du nord. Dans le rapide, la TM fait figure de rail, se jouant pas mal du relief avec son châssis ferme et sa fourche Kayaba plutôt raide. Dans le sinueux et le technique, elle fait évidemment un peu moins agile que sa concurrente. Plus bondissante, voire inconfortable dans certains passages de rochers ou de racines. De quoi perdre l’adhérence plus facilement, à l’avant comme à l’arrière dans certains dévers. Faut rester plus vigilant ou avoir de bons bras pour se lancer en toute sérénité. La KTM se veut bien plus souple sur tous les terrains. Ses WP gomment beaucoup le relief sans vous transmettre chaque aspérité ou chaque vibration. Encore une fois, sur ce terrain ardéchois si particulier, c’est un atout. Tant en motricité qu’en confort lors de longues sorties ou si l’on roule en mode rando. On a apprécié sa maniabilité et surtout son inertie moteur plus faible quand on coupe
« Dans le rapide, la TM fait figure de rail. »
les gaz. Là où le bloc TM diffuse pas mal d’àcoups au freinage ou dans les descentes (le fameux « ping-ping » des gros moteurs 2T), la KTM en semble dépourvue. Moins en tout cas que le modèle précédent (2018-2019). Sa cartographie modifiée, affinée par l’Autriche, ajoutée à ce nouveau capteur de pression atmosphérique, a, semble-t-il, gommé ce « défaut ». Appréciable dans de l’enduro cassant avec pas mal de relief. Moins important si vous faites plutôt du roulant.
Laquelle pour qui?
C’est évident qu’on a dans les deux cas affaire à deux gros enduros deux-temps, bourrés de performances. Des machines qui s’adressent à des pilotes déjà aguerris et au physique plutôt affûté. On ne choisit pas un 300 quand on est débutant. Et ce quand bien même ces moteurs à injection et balancier d’équilibrage ont tendance à gommer pas mal des défauts attribués à ce type de moto : vibrations, gros couple, des chevaux à la pelle. On est sur deux motos qui, à défaut d’être aisées à piloter, sont en tout cas devenues plus accessibles que par le passé. La KTM est la plus facile, celle qui s’adaptera le mieux à des parcours trialisants et des sorties plutôt rando/ découverte. La TM est, elle, restée assez typée, ce qui peut être un atout pour celui qui aime les moteurs survitaminés et les grosses sensations. Une moto qui aime aller vite et faire du franchissement hardcore si on a les bras qui vont avec. Mais avec son absence de vibrations et son graissage séparé, elle est, au même titre que la KTM, une moto moderne qui ravira les fans de la marque ou des pilotes qui veulent se démarquer. Une centaine d’euros séparent les deux motos, donc statu quo sur ce chapitre. Faites votre choix…
merci...
à Aurélien Addesso qui nous a accueillis sur son terrain de l’école Oméga Bike sur lequel il dispense des cours de MX et d’enduro pour pilotes de tous âges. On le contacte au 0629889384 ou sur www.omegabike.fr