Le MX belge retrouve des couleurs!
Il y a longtemps que l’on n’avait plus entendu la Brabançonne résonner sur un circuit de motocross, qui plus est à deux reprises ! En s’imposant dès le premier GP de l’année en Grande-Bretagne, Jago Geerts et Liam Everts ont redonné des couleurs au cross belge qui a tant apporté à la discipline.
Tom Vialle aurait dû remporter les deux manches anglaises sans une erreur…
Est-ce le signe du renouveau ? Il faudra attendre encore quelques rounds pour savoir si ces deux jeunes espoirs du cross belge parviennent à conserver la plaque rouge décrochée à Matterley Basin, mais ces succès ne devraient pas rester sans lendemain. Un sacré retournement de situation alors que la situation du motocross en Belgique n’est pas brillante, que ce soit au niveau des circuits qui ferment les uns après les autres, des politiciens qui se désintéressent d’un sport qui a apporté à leur pays de nombreux succès, ou de la fédération qui n’est que l’ombre de ce qu’elle devrait être. Ainsi le championnat de Belgique est-il devenu moribond au point que cette année, c’est un promoteur néerlandais – celui-là même qui s’occupe du Dutch Masters – qui va essayer de lui redonner des couleurs. S’étant après leur retraite sportive impliqué pour tenter de sauver une discipline en péril dans leur pays, Stefan Everts et Joël Smets ont jeté l’éponge après avoir constaté, dépités, que le pouvoir politique n’avait que faire d’un sport qui fut, avec le cyclisme, le porte-drapeau de leur pays au niveau international.
Des raisons d’espérer
Assez paradoxalement vu les conditions, Lommel est devenu au fil des années « The place to be » pour tout pilote espérant briller au plus haut niveau. Quasiment toutes les têtes d’affiche du Mondial y ont un pied-àterre, la plupart des teams y ont une base, et la proximité des Pays-Bas, de la France ou de l’Allemagne permet aux pilotes d’avoir des facilités pour aller s’entraîner ailleurs qu’en Belgique où les circuits se font de plus en plus rares. Bastion du cross mondial depuis toujours, la Belgique à quand même la chance de voir ses anciens champions rester dans le milieu une fois leur casque raccroché, que ce soit Bervoets, manager du team
Yamaha Factory MX2, Smets qui occupe un rôle stratégique au sein du team KTM Factory, Boonen sans qui le GP de Belgique n’existerait plus, Martens qui est reparti de plus belle avec sa structure en MXGP ou encore Everts qui, après avoir oeuvré chez KTM puis Suzuki, se concentre désormais sur la carrière de son fils, tout en ayant pris des actions chez l’équipementier Yoko revenu l’an passé sur la scène mondiale. Grâce à cette génération qui a connu les belles heures du cross belge, grâce à des passionnés comme Hans Corvers (patron du team Kemea, devenu aujourd’hui le team usine Yamaha en MX2) ou Tim Mathys à qui Gas Gas fait confiance pour son arrivée en MXGP, les plus prometteurs espoirs belges ont une raison d’espérer comme vient de le prouver Jago Geerts. Garçon au moins aussi discret que ne le fut son coach Steve Ramon au moment de sa gloire, Jago Geerts a eu la chance de
bénéficier d’un sacré coup de pouce quand Hans Corvers l’a incorporé dans son équipe. Cette chance, Jago a su la provoquer en se montrant intraitable dans les catégories d’appel – champion d’Europe 85 en 2014, champion d’Europe et du monde 125 en 2016 – ce qui lui a permis d’accéder au Mondial MX2 dans de bonnes conditions. Huitième en 2018, troisième l’an passé, il est logiquement l’un des favoris pour le titre et son succès acquis en Grande-Bretagne malgré une grosse chute en seconde manche confirme les espoirs mis en lui par les bleus. Il reste certes bien isolé côté belge dans cette catégorie où la principale opposition viendra sans aucun doute de Tom Vialle qui a lui aussi chuté dans une manche tout en confirmant dès le premier round de la saison qu’il serait lui aussi l’un des prétendants au titre. Tom a su gérer la pression inhérente à son nouveau statut, ayant désormais « obligation » de performer dans une catégorie où KTM est depuis de nombreuses années la référence. Ouverte, la catégorie MX2 nous a offert quelques surprises en Grande-Bretagne, que ce soit l’explosion du jeune Danois Mikkel Haarup passé de Ice One Husqvarna à F&H Kawasaki cet hiver, le culot de René Hofer, longtemps leader de la seconde manche pour sa première sortie en tant que pilote officiel KTM, ou la performance du solide – la balance affiche plus du quintal – Italien Alberto Forato qui score d’entrée de jeu un top 6 !
Everts se fait un prénom
Que l’on s’appelle Everts ou Pichon et que l’on veuille faire comme papa une carrière dans le sport où son père a brillé n’est pas simple, même si cela ouvre quelques portes quand il s’agit de chercher des budgets. Né quelques jours avant que son père ne remporte une nouvelle fois le GP de Wallonie à Namur en 2004, Liam a mis du temps avant de percer, gêné par un petit gabarit l’empêchant de s’exprimer comme son père et son grand-père le lui ont appris. S’étant bien développé physiquement cet hiver, ayant mentalement franchi un cap en acceptant que son nom de famille ne soit pas un fardeau, en écoutant – enfin – son père avec qui les relations ont pu être difficiles quelques années plus tôt, Liam a confirmé sur la piste piégeuse de Matterley qu’il avait un bel avenir devant lui. Lié pour de nombreuses années avec KTM, il a hérité du style de pilotage paternel et est même allé jusqu’à s’emparer du commandement de la seconde manche du GP de Grande-Bretagne dans le même virage où, en 2006, son père s’était imposé ! Comme Jago en MX2, Liam est bien esseulé dans sa catégorie, mais nul doute qu’ils sauront susciter des vocations et relancer l’intérêt des médias belges pour une discipline qui leur a apporté des centaines de succès et pas moins de cinquante-deux titres mondiaux. Le dernier date il est vrai d’une autre époque, puisque mis à part le titre MX3 de Breugelmans en 2008, c’est Steve Ramon qui a ramené au pays les derniers titres majeurs, à savoir un MX2 en 2003 et un MX1 quatre ans plus tard. C’était il y a… treize ans déjà !
En MX2 comme en MXGP, l’homogénéité du plateau garantit du spectacle…