À quand des motos moins chères?…
Puissance, action, efficacité, résultats. Reconnaissons sans peine que depuis la mort annoncée de la marque KTM au début des années 90, la donne a bien changé. Le fabricant de machines d’enduro et de cross autrichien à la fiabilité équivoque est devenu une machine à vaincre et une usine à vendre des motos performantes, solides, technologiquement au top, et plutôt belles par-dessus le marché. Cross, enduro, supermot’, trails mais aussi routières et sportives, le label KTM apparaît sur tous les fronts. « Ready to race » mais aussi « ready to win », quel qu’en soit le prix ! Dernier exemple en motoGP. Il fallait bien mal connaître l’opiniâtreté et la féroce volonté des dirigeants autrichiens pour ne pas croire dans leur capacité à gagner dans la discipline phare de la vitesse, l’Everest de la course sur piste. Les accolades viriles entre le trio Pierer/ Kinigadner/Beirer saluant les succès de Binder ou Oliveira devant les Japonais et les fusées italiennes a fini de nous convaincre. On ne résiste pas à la puissance de feu du groupe KTM quand il a décidé de s’imposer. Pour rester dans le domaine off road (désolé pour cette sortie de
« piste » fidèle lecteur !), la mise à mort d’Husaberg puis la déclinaison du modèle KTM sous la forme Husqvarna et Gas Gas suffit largement à occuper le terrain et gagner quelques parcelles supplémentaires à l’occasion. Ainsi va le business. Malheureusement, si ça participe activement à faire tourner le sport, ça ne permet en rien aux amateurs passionnés de payer des motos moins chères. Il est vrai que ce marché « vert » n’est pas extensible. Il s’est même plutôt contracté depuis quelques années mais le serpent aimant se mordre la queue, il n’est pas près de s’étoffer devant la grille tarifaire proposée. Jetez un oeil aux tarifs 2021 déjà dispos si vous n’êtes pas convaincus. La mise en commun de plateformes de fabrication, à l’image de ce qui se passe dans l’industrie automobile où des marques estampillées plus « low cost » profitent de la technologie d’un groupe puissant, pourrait permettre la production de motos d’enduro ou de cross plus accessibles financièrement. C’est un peu (je dis bien un peu !) ce qui a permis à Yamaha de présenter une Ténéré 700 à un tarif accrocheur (moteur utilisé sur divers modèles) sur un secteur du trail-aventure en pleine révolution. Alors Mr KTM, pourquoi ne pas produire une gamme plus light technologiquement mais usant d’un savoir-faire et d’une fiabilité reconnus ? On peine également à discerner l’équilibre et la pertinence de quelques décisions. Abandon de l’enduroGP, coeur de cible historique de la marque, pour des motifs sportifs qui nous échappent encore. Mise en marge des courses de sable alors que le championnat français est florissant, que la discipline réunit de plus en plus d’adeptes et qu’un Enduropale demeure la vitrine la plus spectaculaire et la plus retentissante médiatiquement après le Dakar. On comprend qu’investir sur le motoGP pour séduire la clientèle route coûte cher, très cher, horriblement cher et qu’il soit nécessaire de réduire un peu la voilure pour redistribuer ses euros. Mais pour un groupe qui a bâti son succès sur l’off road, qui domine et « drive » autant le tout-terrain avec KTM, Husqvarna et Gas Gas, c’est bien dommage… Les motos demeurent au top technologiquement et poursuivent leur amélioration saison après saison, ce qui est essentiel, mais c’est bien connu, les passionnés en veulent toujours davantage. N’oubliez jamais que le tout-terrain n’est pas qu’une formidable vitrine mais le passage obligé de l’ensemble de vos futurs clients, qu’ils s’identifient à Marquez, à Webb ou à Herlings. Car le TT reste le point de départ de la pratique moto.
Bertrand Sanlaville Directeur de la rédaction