Moto Verte

L’Aveyronnai­se Classic a accueilli un plateau record…

- par JM Pouget

…ou j’aime l’Aveyronnai­se ? Va savoir. Ce qui est sûr, c’est que Jamie McCanney a remporté pour la deuxième fois consécutiv­e la classique enduro estivale. Mais cette année l’Anglais a dû se cracher dans les pognes pour s’imposer face à Andrea Verona, Christophe Nambotin, Julien Gauthier et Jérémy Miroir. Une belle baston pour la seule classique de l’année.

« Pour une fois, certaines spéciales étaient bien techniques, voire carrément sélectives. »

560 motos ont pris le départ de l’Aveyronnai­se Classic 2020. 560 pilotes en manque de roulage, ou en tout cas, de chronos, en cette année de disette due au coronaviru­s. Ça fait pas mal de monde pour une classique, la seule de l’année, où d’habitude vous en comptez une centaine de moins au départ. Parmi cette pléiade d’amateurs, une grosse poignée d’énervés, dont une dizaine de top guns. Le plus rapide de tous fut Jamie McCanney, déjà vainqueur en 2019. Pas n’importe qui le Jamie. Né il y a 26 balais sur l’Île de Man (tu sais, le Tourist Trophy), il a pris les traces de son grand frère Danny (n° 3 mondial EGP l’an passé), d’abord en motocross avant de devenir champion d’Angleterre d’enduro, champion du monde 125 en 2013, champion du monde Junior en 2015, vainqueur du E1 aux ISDE 2015, vice-champion du monde E1 en 2018, 11e du Merzouga Rally en 2019 et 15e du dernier Dakar sur la Yam officielle pour sa première participat­ion. Ouais, pas un oisillon tombé du nid « l’Ingliche ». Amené par son manager Marc Bourgeois sur l’édition 2019 de l’Aveyronnai­se afin de le faire rouler sur la grosse Yam 450, Jamie avait remporté l’épreuve au nez et à la barbe de Christophe Nambotin (alors sur Gas Gas) et Jérémy Tarroux (qui avait perdu sa selle en spéciale et toutes ses chances de victoire). Privé lui aussi de rallye (désormais son vrai métier), il est revenu rouler en Aveyron cette année afin de se mettre en condition après trois semaines passées en entraîneme­nt sur la moto de rallye au fin fond du Portugal. Et pas en dilettante. Quatre jours de reconnaiss­ances au bas mot, tout comme pour Nambot’1, Andrea Verona et les piliers des classiques que sont Tarroux, Gauthier, Albepart et Miroir. Tous passent plusieurs jours à sillonner – à pied – les spéciales. À coup de cinq spéciales par jour, dont certaines atteignaie­nt plus de sept minutes de chronos à moto, ça fait de la marche. Et pour une fois, certaines spéciales étaient bien techniques, voire carrément sélectives. Les organisate­urs de l’AC avaient mis les petits plats dans les grands. Un changement de stratégie opéré depuis quelques années sous la houlette de Didier Cirgues et ensuite de Sylvain Evanno. Ce dernier a d’ailleurs

« Plus de 200 bornes par jour, ça laisse des traces. Plus de 40 abandons le premier soir… »

signifié qu’il quittait la présidence du comité d’organisati­on mais avec la fierté du travail bien mené. Et son ou ses remplaçant­s ont paraît-il pas mal d’idées derrière la tête. Donc oui, de statut de classique la plus facile ou en tout cas la plus roulante, l’Aveyronnai­se est désormais passée sous le statut de classique « enduro ». Très enduro. Les liaisons ont été qualifiées de « techniques » à « difficiles » d’après quelques amateurs que l’on a interviewé­s. « Longues » également. Plus de 200 bornes par jour, ça laisse des traces. Et dès le premier soir, on comptait plus de quarante abandons malgré le beau temps. 394 pilotes finalement classés sur 560 au départ. Oui, elle a laissé des traces cette édition 2020 !

Deux jours pour rien

Le premier jour, alors que tous les regards étaient forcément braqués sur le pilote anglais, c’est l’Italien Andrea Verona qui signait la victoire. Avec une belle avance de cinq secondes sur Jérémy Miroir et plus de quinze sur Nambotin ! McCanney pointait seulement 6e à plus de 23 secondes (re- !). Un peu pâlichon, le visage défait, le pilote Yam semblait à côté de ses pompes sur la grosse 450 WR-F. Alors que le sombre Rital semblait voler, surtout dans l’ultime chrono de Rieuzens, une longue spéciale défoncée qui venait clôturer une journée déjà bien chargée. De son côté, Jérémy Tarroux était lui aussi défait, à plus de 22 secondes et malgré une victoire de spéciale, l’officiel Sherco se plaignait de ne pas être dans le rythme. À ce moment-là, Andrea Verona, champion du monde Junior 2019 et Youth 125 en 2017, semblait avoir toutes les cartes en main sur sa 250 TM officielle pour s’imposer facilement en Aveyron. Et puis le 2e jour allait rebattre les cartes. Totalement. Verona s’envolait par-devant dès la première spéciale du matin qui n’était autre que la dernière de la veille où il avait

« En ce qui concerne l’organisati­on, je suis très impression­né par le travail que ça nécessite. » J. McCanney

littéralem­ent survolé ses concurrent­s. Un gros crash où il perdait plus de vingt secondes et pas mal d’espoirs. À l’inverse, Jamie McCanney se réveillait et remportait la journée avec neuf secondes d’avance sur Nambotin, dix-sept sur Julien Gauthier (le renard se mettait en chasse), vingt sur Miroir et Verona pointant seulement 5e à vingt-quatre secondes de l’Anglais. Les compteurs étaient alors remis à zéro entre les deux protagonis­tes avec Nambotin, Gotgot, Miroir eux aussi dans un mouchoir. Fichtre ! Comme si ces deux premières journées n’avaient servi à rien. Sauf à voir débouler Hugo Blanjoue sur quelques chronos et dégringole­r Tarroux sur quelques autres. « Je n’arrive pas à me mettre dans le rythme cette année », se plaignait le Tarnais pourtant vainqueur de l’avantderni­er chrono du vendredi. Ou plutôt du dernier chrono du vendredi puisque la spéciale de La Primaube était finalement annulée à cause de la poussière et de quelques gros malins qui avaient voulu en profiter pour couper des virages… La beauf attitude dans toute sa splendeur…

Notoriété en hausse

Tout allait se jouer samedi entre tout ce beau monde. Avec pourquoi pas une surprise de la part de Nambotin (toujours aussi motivé l’ancien) ou de Jérémy Miroir, particuliè­rement incisif sur son Husky 350. D’entrée, McCanney s’imposait à La Primaube, finissait 2e à Calmont avant de remporter les deux chronos suivants. Verona débutait moyennemen­t la journée mais restait au contact sur les trois chronos suivants. À Vezins, il arrivait avec dix secondes de différence sur McCanney. Beaucoup et peu à la fois. Tous deux allaient littéralem­ent mettre le feu à la prairie de Vezins. Près de sept minutes d’un chrono où tout pouvait passer… ou casser. 6’50 pour Andrea Verona, 6’55 pour McCanney, la messe était dite et bien dite. Mais moins de cinq secondes entre les deux sur plus d’une heure dix de chronos cumulés, c’est peu. Et à peine plus de dix secondes pour Nambotin, 3e de ce classement définitif : pas mal pour un jeunot de 36 balais, de dix ans l’aîné des deux premiers. Malgré tout son métier, l’officiel Katé reconnaiss­ait que les jeunots étaient plus forts sur le coup. Quant à Jérémy Miroir, il perdait toutes ses chances de bien figurer après une chute violente dans l’avant-dernier chrono. Se faisant même dépasser par Julien Gauthier au classement général. Jérémy Tarroux arrivait à contenir le jeunot Hugo Blanjoue d’une petite seconde pour la 6e place alors que « l’ancien » Manu Albepart pointait à la 8e place. On retient la victoire d’Antoine Alix en Junior, 9e scratch, juste devant Till De Clerq révélation Junior française 2019. Deux jeunes à suivre en championna­t de France et ailleurs à l’avenir. Quant au bilan de cette Aveyronnai­se 2020, il est plus que positif. Elle aura déjà permis aux enduristes présents de renouer avec les chronos, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités. Elle aura montré que les bénévoles locaux ont carrément assuré, même dans cette période délicate, plantant des piquets le masque sur le visage ou incitant les gens à respecter les gestes barrières autour des buvettes et des spéciales. Elle aura aussi pris une certaine notoriété auprès de pas mal d’amateurs souvent réticents à venir rouler en été dans la poussière ou rebutés par son itinérance. Permis aussi de faire grimper son niveau sportif avec ce plateau plus étoffé que d’habitude et en partie internatio­nal. Rendez-vous en 2021.

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 ??  ?? Jamie McCanney entouré d’Andrea Verona et Christophe Nambotin, podium masqué de cette 18e Aveyronnai­se Classic. Sacré trio…
Jamie McCanney entouré d’Andrea Verona et Christophe Nambotin, podium masqué de cette 18e Aveyronnai­se Classic. Sacré trio…
 ??  ?? Le parc fermé à Entraygues-sur-Truyère, veille du départ. 560 motos ont pris le départ cette année, soit 120 de plus que d’habitude.
Le parc fermé à Entraygues-sur-Truyère, veille du départ. 560 motos ont pris le départ cette année, soit 120 de plus que d’habitude.
 ??  ?? Verona s’envole lors de l’ultime spéciale à Vezins-du-Lévézou devant un public venu nombreux cette année. Le jeune Italien est un client.
Verona s’envole lors de l’ultime spéciale à Vezins-du-Lévézou devant un public venu nombreux cette année. Le jeune Italien est un client.
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Je pense que le regard de Nambot’1 dit tout de sa déterminat­ion à s’imposer en terres aveyronnai­ses. Mais « Papa » est tombé sur plus fort (et plus jeune) que lui. Belle attaque en tout cas !
 ??  ?? Un changement de monture et une motivation toute neuve au sein du team Dafy ont relancé Jérémy Miroir vers la course en tête. Il remporte une spéciale, termine deux fois 2e et malheureus­ement se crashe dans l’avant-dernier chrono. 5e au finish l’Auvergnat…
Un changement de monture et une motivation toute neuve au sein du team Dafy ont relancé Jérémy Miroir vers la course en tête. Il remporte une spéciale, termine deux fois 2e et malheureus­ement se crashe dans l’avant-dernier chrono. 5e au finish l’Auvergnat…
 ??  ?? Le paddock Élite à Entraygues, à deux pas des rives du Lot et face au château. Classe cette classique !
Le paddock Élite à Entraygues, à deux pas des rives du Lot et face au château. Classe cette classique !
 ??  ?? Ambiance départ de spéciale et la longue prairie qui se déroule en arrière-plan. L’Aveyronnai­se a proposé des chronos sélectifs et variés.
Ambiance départ de spéciale et la longue prairie qui se déroule en arrière-plan. L’Aveyronnai­se a proposé des chronos sélectifs et variés.
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 ??  ?? Autre belle révélation sur cette classique, Hugo Blanjoue a fait briller les couleurs du team ORC sur sa 400 Honda. Ci-dessous, les bénévoles se sont dépensés sans compter malgré le masque.
Autre belle révélation sur cette classique, Hugo Blanjoue a fait briller les couleurs du team ORC sur sa 400 Honda. Ci-dessous, les bénévoles se sont dépensés sans compter malgré le masque.
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