Un point avant le match !
En attendant l’arrivée de la nouvelle 450 Honda, nous avons voulu faire un point sur les forces en présence avant d’organiser l’incontournable comparatif annuel. La Yamaha victorieuse l’an passé et la Husqvarna aux suspensions retouchées étant disponibles à l’essai, nous les avons confrontées sur le circuit de Chartainvilliers.
Mécaniquement, techniquement, y a-t-il des différences importantes ?
Oui. La Yamaha est équipée d’un cadre périmétrique en aluminium et d’un arrière de cadre alu. C’est un simple berceau dédoublé en acier sur la Husqvarna avec arrière de cadre polyamide et fibre de carbone. Le moteur double arbre à cames de l’YZ-F est incliné vers l’arrière, l’admission se fait par l’avant et le tube d’échappement entoure le haut moteur. Cela reste classique sur la FC à simple arbre à cames. Le boîtier de filtre à air de la Yam est placé à l’endroit « classique » du réservoir, lui est sous la selle. Sur la HVA, ces deux éléments sont à l’emplacement habituel. La fourche WP XACT de la Husqvarna est un modèle à air, la KYB de la Yam est à ressorts. Il y a un embrayage hydraulique sur la Husky, c’est un modèle à câble sur la Japonaise. La FC est équipée d’un interrupteur double courbe au guidon avec traction control et système de contrôle de départ. Sur l’YZ-F, il y a un système launch control pour les départs, ainsi qu’une double courbe programmable via son smartphone et l’application Power Tuner.
Le feeling est-il semblable sur les premiers tours de roues?
Non. En place sur la Husqvarna, on se trouve sur un petit gabarit compact et plutôt étroit entre les jambes. La Yam semble plus imposante, elle fait plus haute, ça paraît moins court de l’avant et elle est aussi plus large à hauteur des ouïes. Mis à part ces morphologies différentes, il n’y a pas de critique concernant les positions. Sur l’une ou l’autre, on trouve vite ses marques. Le démarrage s’effectue sans encombre. Par contre, la sonorité diffère. C’est plus « claquant » sur l’YZ-F au coup de gaz, c’est aussi plus bruyant à cause de l’emplacement du filtre à air. Le moteur de la Husky offre un peu plus de rondeur, celui du Yam a un côté plus électrique qui se gère toutefois facilement. Il suffit de rester raisonnable sur l’utilisation de la poignée de gaz. Pas vraiment anormal sur un 450. On ressent un peu plus de fermeté et d’inertie sur la petite FC.
Le moteur de la Yam est-il aussi facile à exploiter que le FC?
Oui. Quand il est apparu en 2010, le moteur Yam inversé avait de quoi faire peur avec une tendance à répondre instantanément au moindre coup de gaz. Un côté hyper réactif pas toujours simple à maîtriser. Depuis, il a évolué avec toujours cette réponse instantanée au coup de gaz, mais ça se contrôle plus facilement qu’à l’époque, c’est plus accessible pour Monsieur tout le monde. S’il faut mieux oublier les grands coups de louche à la Justin Barcia, en y allant sagement, on apprécie cette présence de la cavalerie dès les plus bas régimes. Un virage serré, il suffit d’accélérer sagement sans se soucier de l’embrayage. On peut même se permettre d’utiliser le troisième rapport. Le Husqvarna est plus « classique ». Il faut être un peu plus attentif au rapport engagé mais ici aussi il y a de la souplesse et ça repart très bas mais de façon un peu plus progressive. Yam ou Husky, vous avez là deux moteurs pleins dès les plus bas régimes. L’YZ-F est plus instantané. Il faut juste ne pas oublier qu’il s’agit d’un 450, ça pousse quoi !
Se valent-elles au niveau de la puissance?
manière d’un terrain de sable. Pas de doute, à mi-régimes, le Husqvarna est très costaud. Il y a vraiment un gros coffre qui vous catapulte d’un virage à l’autre dans une sonorité grave, c’est très fort ! Le son est différent avec le Yamaha. C’est plus aigu, ça claque dans les oreilles et ce bruit moins Un top pilote pourra éventuellement comparer la pleine puissance. Pour le pilote moyen, franchement, aucun de ces deux moteurs n’a laissé entrevoir de faiblesse sur ce circuit par endroits très exigeant à la
« Ce moteur a vraiment un gros coffre. »
féroce donne l’impression qu’il est moins solide. Mais c’est juste une impression car il y a là aussi une redoutable poussée sur les portions meubles. Quand on ouvre en grand, ça déménage. Poussés dans leurs derniers retranchements, les deux sont vraiment radicales. À ce stade, difficile de les départager. Pas de doute, la puissance est au rendez-vous.
La Husqvarna plus légère sur la balance est-elle la plus maniable?
Non. Un gabarit plus compact, environ six kilos de moins que la Yam, on s’attend à ce que la Husky soit plus facile à manier sur les passages techniques mais ce n’est pas le cas. Plusieurs virages en épingle, avec ou sans appui, du circuit de Chartainvilliers permettent d’analyser efficacement la maniabilité des motos. On domine bien la FC, l’avant s’inscrit facilement à l’entrée du virage ou pour se caler dans l’appui. Mais l’ensemble dégage une certaine inertie et s’avère un peu lourd quand il faut le bouger, l’incliner pour tourner serré. La Yam fait plus imposante, elle est moins fine mais par contre, elle surprend par sa faculté à virer court. Besoin de recouper une ornière, on incline et hop, ça vire tout seul. L’effet peut même être surprenant. La fourche un peu plus souple que la WP de l’Husky peut aider, peut-être aussi une géométrie différente (angle de chasse ?), mais le moteur dégage aussi moins d’inertie et cette YZ-F se montre très à l’aise dans les parties serrées.
Y a-t-il une différence au niveau de la stabilité?
Après avoir accueilli de nombreux pilotes à l’entraînement le week-end précédant l’essai, les membres du club avaient refait intégralement le circuit de Chartainvilliers. Nous avons donc évolué sur une piste griffée, aux appels de sauts nickel et dans ces conditions, difficile d’évaluer sérieusement la stabilité des deux motos. Certes avec une bonne dizaine de pilotes venus s’entraîner, des ornières se sont formées dans les virages, mais cela n’aura pas suffi à ce que des trous révélateurs
se forment. Dans ces conditions, pas simples d’analyser le bien-fondé des évolutions sur la Husqvarna. Toutefois nous avons pu constater qu’elle se montre dans l’ensemble toujours un peu plus raide que l’YZ-F. Sur certaines portions, réceptions de sauts, impacts sur des appuis damés, elle peut manquer de moelleux par rapport à l’YZ-F. Ce n’est pas instable, ça tape juste un peu plus dans les bras et ça nécessite un certain rythme pour apprécier. Nous ne pouvons malheureusement pas apporter un jugement exhaustif, ça nous donne une petite idée mais nous devrons patienter jusqu’au match annuel pour vous livrer des conclusions.
« L’YZ-F surprend par sa faculté à virer court. »