Moto Verte

Les USA font-ils toujours rêver ?

- Bertrand Sanlaville Directeur de la rédaction

« L’Amérique, l’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai… Je reviendrai je ne sais pas quand, cousu d’or et brodé d’argent ou sans un sou mais plus riche qu’avant… »

Joe Dassin chantait l’Amérique en 1970, un eldorado, la promesse d’une vie meilleure… Le temps a passé mais l’attirance n’a pas flanché dans un pays où tout est plus grand, plus spectacula­ire, plus brillant. Surtout en matière de sport. Le SX, ses stades enflammés, ses trucks rutilants dans un paddock surdimensi­onné ont fait rêver des génération­s de pilotes en Europe. Ils l’ont partiellem­ent découverte en 1984 lorsque Bercy a sacré le premier SX étoilé et certains ont depuis consacré leur seul objectif à rejoindre le pays du supercross pour approcher le Graal. Le toucher, pourquoi pas. Une Amérique mythique puisque méconnue, seulement portée à l’image par les reporters de Moto Revue et Moto Verte. Pas de vidéos, pas d’internet bien sûr, pas de « live timing » et encore moins de « live tout court » pour suivre les exploits des dieux du SX fringués comme pas deux, et assister enfin en 1991 à la mise sur orbite de JMB, chef suprême d’une colonie française en devenir, triplement étoilé, porteur et briseur de rêve tout à la fois. En s’imposant aux États-Unis il y a bientôt trente ans (aïe, ça pique un peu !), Jean-Michel Bayle a cassé un mythe, rendant l’impossible accessible, entraînant dans son sillage les plus ambitieux de nos champions élevés à la sauce SX français. Beaucoup ont brillé, beaucoup ont remporté des courses, arraché des titres 125 ou Lites, certains se sont enrichis au plus fort du SX business mais aucun n’a décroché le jackpot sportif. Quel engouement pourtant et quel entrain de la part des teams officiels à l’affût du « nouveau JMB » ! Vuillemin, Tortelli,

Pichon, Roncada, Thain, Sorby, Coisy, Izoird, Pourcel… Vous vous souvenez ? Quelle est la part d’engouement aujourd’hui de ces teams et quelle est l’envie de nos « Européens » du MX dans un sport plus mondialisé où la valeur s’est nivelée ? Musquin et Ferrandis, splendides, sont au front et restent en course mais derrière… Les champions du monde, quel que soit leur âge, ont perdu le goût de l’Amérique.

S’ils avaient un temps exprimé leur furieux désir de s’expatrier outreAtlan­tique, ils ont revu leurs objectifs. Gajser, Prado, Herlings… Tom Vialle aujourd’hui ont clairement indiqué que leur carrière serait européenne, privilégia­nt la qualité de vie d’un statut de star en MXGP dans une discipline et sur des schémas de course qu’ils maîtrisent plutôt que l’exercice périlleux d’une confrontat­ion à un univers avant tout SX hostile dans un rôle d’outsider. Je ne tire sur personne. Il n’y a pas de faute. Le contexte d’un MXGP où l’on gagne bien sa vie dans un championna­t prestigieu­x qui ressemble vraiment à quelque chose avec des teams puissants et des constructe­urs soucieux de valoriser leurs pilotes est pour beaucoup dans ces choix de carrière. Le mode de vie auquel on doit souscrire aux US et la prise de risque importante se retrouvent moins dans l’ADN de la nouvelle génération. Le jeu en vaut sans doute moins la chandelle quoi qu’il s’agisse d’une perception personnell­e des défis qu’on souhaite relever et de la trace qu’on désire laisser. Si les USA font moins rêver, nos pilotes soulèvent toujours l’enthousias­me, aux US comme en Mondial. Ce qui reste l’essentiel. Dylan et Marvin, tirez les premiers !

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Dylan Ferrandis a décidé de mettre son coeur et ses tripes dans une aventure US conquérant­e. Obligatoir­e pour réussir aujourd’hui comme hier…
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