TEST CROSS
Une 125 KX signée « Bud Racing »…
Pour accompagner les espoirs belges Sacha et Lucas Coenen sur le sommet du toit européen, Bud Racing a mis les petits plats dans les grands en créant une 125 Kawasaki sur la base d’un châssis de 250 KX 2021. Un véritable bijou que nous avons eu la chance de pouvoir tester !
Depuis toujours, Bud Racing a trouvé des solutions pour s’aligner dans toutes les catégories et faire briller ses pilotes au plus haut niveau ! Souvenezvous de la 125 Kawasaki/YZ réalisée en 2014 qui associait un moteur Yamaha avec un cadre de 250 KX. Le projet avait connu un succès populaire sur internet. Depuis, Bud Racing avait l’habitude de préparer des 125 KTM aux couleurs du team pour permettre à Brian Moreau et Quentin Prugnières (pour ne citer qu’eux) de faire rayonner les couleurs françaises en Europe. Pour cette saison 2021, changement de stratégie dans la firme d’Hossegor. Le patron Stéphane Dassé est tombé sous le charme en voyant rouler les frères jumeaux Coenen lors de l’épreuve Élite/Junior/Espoir 85 à Magescq. Sacha et Lucas représentent l’avenir du motocross belge et tous ceux qui ont pu les voir évoluer approuveront. En manque de circuits en Belgique, c’est donc dans le SudOuest qu’a déménagé la famille afin de poser ses valises chez Bud Racing.
À 13 ans, Sacha fera ses débuts en 125 après avoir décroché le titre de champion de France Espoir 85 l’an dernier et Lucas effectuera sa deuxième année dans la même cylindrée. Ambition : le titre de champion de France Junior et marquer les esprits en Europe 125. Avec ces deux pépites dans ses rangs, Bud Racing a décidé de mettre au point ce tout nouveau modèle qui aura un double objectif sportif et commercial comme nous l’explique Stéphane
Dassé : « Nous savions que le châssis Kawasaki (ndr : qui est le même sur la 450 et la 250) fait partie des meilleurs du marché. Nous voulions que les frères Coenen roulent sur une moto un peu plus maniable que la KTM car le châssis de la 125 n’est pas le meilleur. Comme le team dispose de 250 KX 2021, on s’est dit que ça serait mieux si tout le monde évoluait avec la même moto. Nous avons un jeune pilote italien support, Lorenzo Camporese, qui s’est concocté une 125 comme ça avec le préparateur Rappa Italie l’an dernier. Il a roulé toute la saison avec et ses retours étaient excellents. Les frères Coenen l’ont essayée et comparée avec la 125 KTM. Ils l’ont de suite préférée avec une moto plus efficace et plus maniable. Ils ont validé et nous avons lancé le projet. J’ai demandé à Kawasaki s’ils étaient intéressés et instantanément, ils nous ont suivis.
Ils nous ont envoyé toutes les pièces nécessaires à savoir les cadres, les systèmes de frein, les bras oscillants.
L’idée s’est concrétisée très facilement et rapidement. » Autre avantage de ce projet, c’est désormais Kawasaki qui sera mentionné sur les classements officiels du championnat d’Europe 125 et de France.
Affûtée !
C’est donc par une belle journée printanière, fin février, que nous avons accepté l’invitation de Bud Racing pour essayer ce prototype. Le soleil est lui aussi de la partie sur la piste de Buzy en dessous de Pau. À la descente du camion, on ne peut rester insensible devant le travail effectué et surtout le résultat qui en découle. En faisant le tour de cette 125 Kawasaki, on peut admirer la préparation en détail.
Le berceau du cadre inférieur a été coupé afin d’adapter le moteur. Le préparateur italien avait un marbre histoire de le placer dans la bonne position pour ensuite créer des pattes de fixation moteur et échappement sur mesure. Le bras oscillant a été usiné également pour s’accorder au bloc. Ensuite, la boîte à air de la 250 KX 2021 n’est pas inclinée de la même façon que pour un deux-temps. Il a fallu adapter le conduit par rapport au carburateur de la 125. Le manchon est bien orienté désormais avec une boîte à air qui sera en carbone dans le futur. Le moteur est passé entre les mains du préparateur Bud Racing (voir encadré) avec un comportement qui sera propre au pilotage de Sacha ou de Lucas. Les conditions sont parfaites pour prendre la mesure de cette 125 qui chauffe paisiblement. Les quelques coups de gaz permettent d’ajuster la carburation en conséquence, nous sommes en altitude sur cette piste de Buzy. Une fois l’opération effectuée par Cédric de chez Bud Racing, il est temps de prendre place à son guidon. La résonance du silencieux HGS en carbone présage une belle séance plaisir, d’autant plus qu’on se sent immédiatement à l’aise une fois installé. C’est justement cette sonorité qui nous rappelle que nous sommes sur un 2-temps et non sur la 250 KX tant les similitudes du châssis sont
LES JAPONAIS SUIVENT CE PROJET AVEC INTÉRÊT !
flagrantes, et pour cause. Avec ce cadre, les premiers tours de roues permettent d’apprécier rapidement la facilité et l’agilité de l’ensemble.
Sur la balance, il y a 600 grammes de plus qu’une 125 KTM, mais en piste, le ressenti est à l’opposé des chiffres. Son centre de gravité plutôt bas et la géométrie du cadre offrent un gain en maniabilité, notamment en entrée de virage. Elle se place sans effort, que ce soit dans les ornières, les vélodromes ou virages à plat. C’est clairement le gros avantage de ce projet, d’autant plus qu’avec les suspensions Öhlins, aucun problème de stabilité malgré mon poids (par rapport à Lucas Coenen). À ce niveau-là, rien à signaler et la qualité des produits suédois n’est plus à démontrer. Concernant le moteur, là aussi, aucune mauvaise surprise. Le travail effectué sur l’admission d’air a permis au bloc KTM de respirer pleinement. La préparation maison offre plus de punch à mi et hauts régimes. Se lancer dans un prototype de cette nature peut parfois être risqué, d’autant plus lorsqu’on joue les premiers rôles en Europe 125. Mission accomplie pour Bud Racing qui dispose d’une machine aboutie et performante. Il est d’ailleurs difficile de trouver des points faibles à son guidon. En revanche, pour ce qui est du plaisir, on l’a découvert immédiatement !
Le Japon intéressé ?
Au total, huit motos seront produites pour Sacha et Lucas cette saison. L’essai a semblé bien trop court tant on se régale en piste. Forcément, vous allez me poser la question d’une éventuelle commercialisation ? Sachez que c’est dans les plans de Stéphane de proposer par la suite, la possibilité d’acquérir cette 125 soit avec des suspensions d’origine, soit avec des Öhlins. Le tarif ? Il devrait se situer aux alentours des 10 000 euros, à peaufiner avec les derniers ajustements qui seront faits avant le début de la saison. Je vous en parlais un peu plus haut, ce projet a un double objectif, sportif et commercial. « On a montré à Kawasaki qu’avec très peu de travail sur la 250 KX 2021, on pouvait faire une 125 facilement. On essaie de les inciter dans un futur proche à produire une moto comme ça en série. » Le retour de Kawasaki en 2-temps ? Oui, vous avez bien lu, les Japonais suivent ce projet avec intérêt et il se pourrait bien (on croise les doigts) que l’idée d’être le premier constructeur japonais à faire ce choix aboutisse ! On signe tout de suite pour cette possibilité tant ce proto 125 Bud Racing nous a séduits.