Le prix de l’engagement politique dans la Tunisie autoritaire : Gauchistes et islamistes sous Bourguiba et Ben Ali (1957-2011)
Michaël Ayari, Irmc/karthala, Tunis/paris, 2017, 372 p.
La révolution de 2011 a rappelé au monde le caractère autoritaire du régime de Zine el-abidine ben Ali, malgré le fait que ce dernier ait été présenté comme un « ami » de l’occident, un « modèle » pour le monde arabe. Il n’en était en fait rien. Pour le comprendre, Michaël Ayari, fin connaisseur de la Tunisie, s’est plongé dans l’histoire des militants d’extrême gauche et de l’islam politique pour décrypter trajectoires et stratégies de toute une génération d’opposants, dont certains étaient aux premières loges en 2011. Son travail de recherche est à la hauteur du résultat : excellent. Il a eu accès à des données biographiques de 250 activistes, permettant de dresser des conclusions intéressantes sur ce que l’engagement politique implique sous une dictature. Mais il ne s’est pas limité à la période Ben Ali, abordant également les premières années de la Tunisie indépendante, avec Habib Bourguiba. Cet ouvrage est important à plus d’un titre : d’abord, il permet d’avancer dans l’étude sur la Tunisie ; ensuite, il aborde la fracture socio-identitaire héritée de la période coloniale et encore d’actualité ; enfin, il invite à comprendre le passé pour préparer un avenir meilleur dans un pays en pleine transition démocratique.