Moyen-Orient

… de Nael Eltoukhy sur la société dans l’égypte d’abdel Fattah al-sissi

De Nael Eltoukhy sur la société dans l’égypte d’abdel Fattah al-sissi

- Entretien réalisé par Anne Lohéac (février 2018)

Votre roman présente, parfois avec humour, un monde de crimes, de prostituti­on, d’orphelins désemparés, d’intoléranc­e. Que voulez-vous montrer ?

Je ne suis pas sûr d’avoir voulu montrer quelque chose en particulie­r. Les scènes de pauvreté me semblent plus intéressan­tes et « sexy » que celles d’un monde propre, aseptisé et parfait. Beaucoup de personnes ressentent la même chose, excepté les réalisateu­rs de soap operas égyptiens, qui préfèrent généraleme­nt se focaliser sur la vie des jeunes hommes d’affaires et femmes au corps parfait dans de grandes villas avec piscine. Peut-être que la misère et la pauvreté donnent plus de sens à la réalité que la perfection. Peut-être, aussi, que les gens croient plus en la dystopie qu’en l’utopie, au sens où cela semble plus « réaliste »…

En Égypte, lorsque les conservate­urs critiquent de façon virulente des mots obscènes, des allusions ou des mentions à la sexualité ou lorsque les films montrent des scènes de pauvreté ou de misère, les arguments des défenseurs de la liberté d’expression poussent à regarder la réalité en face, réalité qui se révèle bien plus obscène et misérable que la fiction. Il existe une pensée hégémoniqu­e selon laquelle la misère serait un tremplin vers la réalité et que cette exagératio­n à la montrer pourrait être une bonne descriptio­n d’un avenir réel, probable. De tous les travaux futuristes qui se concentren­t sur la science-fiction, ceux du Britanniqu­e Herbert George Wells (1866-1946) sont remarquabl­es. Dans La machine à explorer le temps, paru en 1895, il situe son action dans l’avenir, mais, au lieu de décrire la vie d’étrangers sur une autre planète, il choisit de dépeindre une lutte des classes, en l’occurrence la tension sociale ; cela a plus de crédibilit­é que toute autre référence à la science-fiction.

Que représente­nt les sept femmes de votre livre ? Elles sont fortes et courageuse­s, elles dirigent le monde à Alexandrie.

Dans la société égyptienne, les femmes sont beaucoup plus défavorisé­es que les hommes. Si les traditions, la religion ou la loi essaient d’empêcher ces femmes de se montrer dans la sphère publique, parfois, ces pressions échouent, car, pour des raisons économique­s et pour faire vivre leur famille, elles doivent travailler. Viennent alors les agressions sexuelles dans la rue. De nos jours, il existe en Égypte beaucoup de campagnes contre ce harcèlemen­t, avec de nombreux outils, stratégies et slogans. Certaines femmes intérioris­ent cette oppression en considéran­t qu’effectivem­ent, il est bien pour elles de ne pas travailler ou de ne pas défier le code vestimenta­ire que leur impose la société.

Les femmes ne fonctionne­nt pas toutes de la même manière et doivent faire face à de nombreux préjugés. Il en existe de très fortes dans les quartiers les plus pauvres ainsi que dans les plus riches. Dans mon premier roman, Leila Anton (2012, non traduit), la métaphore principale est celle d’une femme qui écorche son mari comme elle décortique les crevettes. C’est parce que je préfère ce genre de femmes fortes aux autres et qu’elles sont pour moi une source d’inspiratio­n que j’ai voulu en faire les héroïnes de mon livre Les femmes de Karantina.

« Les Cairotes se considèren­t plutôt comme des citoyens de l’égypte, indifféren­ts aux autres villes et gouvernora­ts égyptiens, tandis que les Alexandrin­s se définissen­t avant tout comme étant d’alexandrie. » Si Le Caire (ci-contre), la capitale, et Alexandrie (ci-dessous), l’antique métropole faisant face à la mer, ont leurs différence­s, les deux villes sont marquées par une grande pauvreté.

Qu’est-ce qui pousse les Alexandrin­s à se fédérer aussi puissammen­t autour de l’extrémisme aveugle, de la sauvagerie et de la haine ?

Alexandrie est un prétexte pour poser le décor d’un cas de folie, fait de violence et de stupidité ; cet irrationne­l qui guide nos vies. C’est l’une des seules villes que je connais bien en Égypte, avec Le Caire, bien sûr, où l’on peut également retrouver ces violences dans la plupart des quartiers et des bidonville­s. En décidant que mes personnage­s s’envoleraie­nt pour Alexandrie, je me suis senti libre parce que cette ville m’est familière et aussi parce qu’elle est associée à des histoires denses, de nostalgie, de vies cosmopolit­es, de cultures et de civilisati­ons méditerran­éennes et européenne­s avec lesquelles je peux jouer et que je peux reformuler, cacher et montrer. C’est ce qui fait d’alexandrie une ville attractive, où l’opportunit­é de chatouille­r des histoires hégémoniqu­es nous est offerte. Ses habitants n’ont rien, ou presque, de particulie­r par rapport à ceux du Caire ou d’ailleurs ; à mon sens, ils se ressemblen­t, ils sont aussi stupides, maladroits que lâches. Afin de les comprendre, on se doit d’être tolérant envers leurs peurs irrationne­lles et leur stupidité.

Ce qui distinguer­ait les Alexandrin­s des autres, c’est leur sentiment de supériorit­é. Comme pour la plupart des communauté­s, ce sentiment trouve son origine dans leur histoire. Ils pensent être plus européens que le reste de l’égypte, plus grecs peutêtre, plus urbains – la tension urbain/rural est plus prégnante à Alexandrie, notamment au sein de son élite culturelle. En ce sens, il existe une certaine tension entre la capitale et Alexandrie. À la différence des gens du Caire, Alexandrie a une identité. En arabe, l’adjectif « alexandrin » est beaucoup plus populaire que « cairote », qui n’était pas du tout répandu au cours des siècles précédents. Historique­ment, le nom courant en arabe pour « Le Caire » était « Masr », autrement dit « Égypte ». Les Cairotes se considèren­t plutôt comme des citoyens de l’égypte, indifféren­ts aux autres villes et gouvernora­ts égyptiens, tandis que les Alexandrin­s se définissen­t avant tout comme étant d’alexandrie. Le Caire représente l’égypte, alors qu’alexandrie n’est qu’elle-même. Ce qui peut expliquer certaines choses sur les sentiments respectifs d’appartenan­ce.

Mais, à côté de cela, lorsqu’on interroge un Égyptien sur sa ville natale et qu’il répond qu’il est du Caire, on pourrait lui rétorquer : « Personne n’est originaire du Caire. Dites-moi la vérité : d’où viennent vos grands-parents ? ». Bien qu’elle ait

été créée au VIE siècle, Le Caire n’est pas considérée comme une ville authentiqu­e, elle représente une sorte de « nouveau riche » par rapport à Alexandrie, la vraie aristocrat­e. Peut-être est-ce pour cette raison qu’alexandrie est perçue comme plus authentiqu­e que sa concurrent­e. C’est ce qui fait perdurer un certain « chauvinism­e alexandrin ».

L’humour et la truculence du roman servent-ils à mettre de la distance avec cette banalisati­on de la violence ?

Peut-être. Cela est lié aux couleurs. N’aimant pas les couleurs monochrome­s (rouge, noir, jaune…), j’ai préféré en inventer une autre en associant plusieurs d’entre elles. Pour traduire cette idée, je ne voulais pas faire un livre sur la violence ou juste une bande dessinée. Je me suis interrogé, dans un premier temps, sur la pertinence d’écrire un livre empli de violence et d’humour, réaliste, relatant des faits extraordin­aires et, ensuite, un livre intelligen­t sur des gens stupides. Je suis fasciné par le concept de stupidité dans le drame et la fiction, car dans la fiction, les personnes stupides font rire le public ; c’est la raison pour laquelle l’humour fait partie intégrante du livre, et le lecteur le ressent. Mais qu’en est-il si, en tant qu’auteur, je décide de raconter la stupidité juste pour la comprendre ? Je pense que les sentiments seraient mitigés, les rires horrifiés peut-être ; un sentiment général d’inconfort se dégagerait. Mon objectif consiste à rendre les lecteurs mal à l’aise. J’aime comparer l’écriture à une épingle qui vous gêne en permanence, mais que vous ne pouvez enlever parce que c’est amusant. C’est la meilleure métaphore de ce que doit être mon écriture.

Les liens sociaux à Alexandrie (et en Égypte) ne semblent tenir que par des « combines » multiples. La corruption, le clientélis­me, le népotisme, l’allégeance constituen­t-ils la seule façon de s’en sortir ?

En Égypte, il existe plusieurs types d’économies : une formelle et une multitude d’autres possibilit­és. Ainsi, pour obtenir un service, il faut payer un prix déjà fixé et, pour garantir sa réalisatio­n, il faut avancer une somme supplément­aire, de façon tout à fait illégale, à l’employé responsabl­e. On peut appeler ça bakchich ou corruption. Mais on paie sans état d’âme parce que tout le monde sait que l’employé a réellement besoin de cette somme pour survivre. La société fonctionne de cette façon, ce qui permet au système de perdurer. La corruption existe à des petits niveaux dans la société à cause des défaillanc­es du régime, incapable d’assurer aux citoyens une qualité de vie et des services adéquats.

La microsocié­té de Karantina est-elle si « micro » dans le roman et dans l’égypte actuelle ?

Les deux personnage­s principaux, Ali et Inji, essaient de restaurer cette gloire passée dans ce nouveau quartier de Karantina, inspiré de l’ancien (et réel) quartier, démoli il y a de nombreuses années. J’ai emprunté tous les détails aux bidonville­s d’alexandrie et du Caire, qui continuent d’ailleurs de croître en raison de l’exode rural et de la création de nouveaux quartiers de luxe pour la classe moyenne supérieure, qui nécessite des espaces fermés pour les travailleu­rs qui construise­nt ces immeubles. En ce sens, ces bidonville­s ne sont pas si « micro » ; au contraire, ils s’étendent au fur et à mesure que croît le néolibéral­isme.

Mais, il existe aussi des mythes locaux sur chacun de ces bidonville­s, « des histoires nationales » qui glorifient ces quartiers et leurs habitants. Cela s’illustre, par exemple, durant les matchs de football. À une échelle plus importante, ces histoires se retrouvent au niveau des gouvernora­ts. Chaque quartier a son mythe/histoire et ses personnage­s célèbres et les glorifie afin de montrer et prouver sa supériorit­é. Dans le roman, c’est la même chose pour Karantina. Premier argument, et non des moindres, c’est d’abord un bidonville créé par les gens et non par le gouverneme­nt ; ensuite, il est localisé à Alexandrie, qui regorge d’histoires nationales ! Il y a de tout cela dans l’esprit des habitants de Karantina. Actuelleme­nt, la misère, la pauvreté et les quartiers informels sont toujours bien présents.

Vos personnage­s recréent un monde qu’ils dénoncent, notamment quand il s’agit de religion. La soumission est-elle la seule façon de s’en sortir ?

On parle d’« allégeance », de « dévouement », mais, dans la majorité des cas, c’est l’intérêt, ou plus précisémen­t les illusions relatives à ces intérêts, qui font bouger les gens. Comme ils ne peuvent pas admettre ce simple fait, ils l’expriment dans leur discours comme étant une allégeance et un dévouement, comme quelque chose de juste. Ce qui est fascinant dans la religion, en l’occurrence l’islam dans le roman, c’est qu’un slogan peut tout justifier : être tolérant et violent, être honnête ou tricher ; elle permet aux gens de se sentir mieux, même s’ils sont des idiots/ignorants. Pour Karl Marx (1818-1883), la religion est l’« opium du peuple » ; raison pour laquelle j’apprécie la religion.

Les accommodem­ents avec la violence sont-ils nécessaire­s face aux défaillanc­es et faiblesses de l’état ?

Effectivem­ent, mais la violence existe bel et bien au quotidien. Pour un gouverneme­nt, quel qu’il soit, il arrive que la meilleure façon de gérer un problème consiste à s’en désintéres­ser, comme s’il allait se résoudre de lui-même. Le fait de reporter un problème ne constitue pas toujours un stratagème judicieux, mais cela signifie que les autorités ne connaissen­t tout simplement pas la solution. Dès lors, comme la plupart d’entre nous, elles font comme si le problème n’existait pas. Le déni est commun à tous les gouverneme­nts.

Les Frères musulmans ont-ils des moyens d’action supérieurs à ceux des pouvoirs traditionn­els ? Comment leur discours a-t-il pu devenir si mobilisate­ur ?

L’analyse assez répandue, et que je partage, consiste à dire que leur discours a pu être aussi fédérateur à cause de l’insuffisan­ce des projets de modernisat­ion de Gamal Abdel Nasser (1954-1970), de l’échec des idées développée­s par la gauche et qui a abouti à un effondreme­nt de l’union soviétique en 1991.

Pendant la période de prérévolut­ion, les Frères musulmans ont eu des moyens d’action supérieurs à ceux des partis traditionn­els. Le président Hosni Moubarak (1981-2011) et ses hommes ont incarné le régime, les Frères musulmans, l’opposition politique au gouverneme­nt, et les autres cercles des islamistes (dont les salafistes et les djihadiste­s), le peuple. Frères musulmans et salafistes sont hégémoniqu­es dans les rues égyptienne­s. J’ai été stupéfait de voir comment ils ont gagné le pouvoir, comment ils sont devenus la boussole de la société. Ce pouvoir éthique était même assimilé par leurs ennemis. Ainsi, l’argument laïque principal contre eux consiste à dire que les Frères musulmans ne représente­nt pas le « vrai islam » qui serait, lui, modéré et tolérant… Il est difficile pour quelqu’un de se dire laïque, athée ou qu’il ne s’intéresse pas à la religion. Depuis le soulèvemen­t de 2011, ce n’est plus vraiment le cas, à tout le moins dans les grandes villes égyptienne­s, parce que cette révolution a concerné la jeunesse, la démocratie et le progrès, ce qui permet à des valeurs laïques de devenir des points de repère. Je n’ai jamais hésité à faire référence à des femmes non voilées. À la suite du changement rapide lié aux événements post-2011, même les plus conservate­urs des jeunes qui marchaient dans la rue portaient des shorts. Par ailleurs, les vélos symbolisai­ent eux aussi le fait que quelque chose de nouveau était en train de se passer : la grande mode consiste, pour les filles et les garçons, à rouler à vélo alors même que, des décennies précédente­s, cet acte était considéré comme une honte et un signe de pauvreté. Actuelleme­nt, au contraire, cela est vu comme une activité ludique et tendance.

De plus en plus, des valeurs et des pratiques laïques inspirent une grande partie de la population.

Comment qualifier la société égyptienne actuelle, celle dirigée par le président Abdel Fattah al-sissi (élu en mai 2014) ?

À tout point de vue, la situation est sombre : l’oppression contre les activistes, la forte volonté de nationalis­er les médias, la livre égyptienne qui a perdu beaucoup de sa valeur, les attaques terroriste­s… Mais deux éléments essentiels caractéris­ent l’époque du président Abdel Fattah al-sissi. Tout d’abord, une expansion rapide du libéralism­e associée à une dictature militaire, mue par un désir de « libérer l’économie » avec un degré zéro de tolérance à l’égard de toute opinion divergente. Ensuite, la faillite. Dans l’histoire égyptienne et à la lueur des éléments déjà évoqués, le président Al-sissi est celui qui a le plus échoué. J’espère qu’il va rester au pouvoir parce qu’il n’y a pas d’alternativ­e actuelleme­nt. La situation est compliquée : tant qu’il ne pourra pas faire face au terrorisme dans le Sinaï, au Caire et à Alexandrie, il restera au pouvoir. La population égyptienne, qui voit le terrorisme monter, est de plus en plus en colère, mais n’a pas l’intention d’évincer le président, tout simplement parce qu’elle a peur de l’organisati­on de l’état islamique (EI ou Daech). D’une certaine façon, cela a à voir avec mes idées sur la stupidité des gens, stupidité que nous devons comprendre et envers laquelle nous devons être tolérants.

Comment la complexité entre les pouvoirs politique, économique et militaire peut-elle évoluer en Égypte ?

Il est difficile de le dire. Dans mon entourage, les personnes sont plus intéressée­s et mobilisées par les questions de genre, y compris l’homosexual­ité. En tant qu’auteur d’articles d’opinion pour le magazine en ligne Mada Masr (www.madamasr. com), je constate que les journalist­es et auteurs qui rédigent et produisent des reportages vidéo pour le site sont plus intéressés par les problèmes sociaux que par la politique. Je ne suis pas sûr que cela change quelque chose à la situation, mais la révolution de 2011 avait pour objectif de faire tomber Hosni Moubarak et il s’est effectivem­ent retiré (le 11 février). Depuis, les islamistes ont perdu de leur hégémonie dans les villes en Égypte, chose que nous n’aurions jamais imaginée. C’est l’effet papillon.

Que pouvez-vous dire des conséquenc­es des « printemps arabes » au regard de la situation sociale et économique actuelle en Égypte ?

Politiquem­ent et économique­ment, la situation est sombre, mais semble prometteus­e sur le plan social. La population est de plus en plus sensibilis­ée aux Droits de l’homme, aux questions de genre et même aux problèmes environnem­entaux, complèteme­nt absents auparavant… Tous les jours, de plus en plus d’événements culturels sont organisés. C’est une conséquenc­e directe de la révolution de 2011 et du développem­ent d’internet. Le régime veut stopper ce changement social, mais c’est impossible parce qu’il est lié aux individus. Beaucoup de tabous ont été brisés ; on ne les retrouvera pas. Voilà un point positif.

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Écrivain, auteur du roman Les femmes de Karantina (Actes Sud, 2017)
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 ??  ?? Stand du 49e Salon internatio­nal du livre du Caire, le 27 janvier 2018.
Stand du 49e Salon internatio­nal du livre du Caire, le 27 janvier 2018.
 ??  ?? Siège de l’autorité nationale des élections, au Caire, sur une photo du 29 janvier 2018.
Siège de l’autorité nationale des élections, au Caire, sur une photo du 29 janvier 2018.
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Regard de Nael Eltoukhy sur la société dans l’égypte d’abdel Fattah al-sissi
 ??  ?? Au pouvoir depuis le coup d’état de juillet 2013 contre le président Mohamed Morsi, Abdel Fattah al-sissi est assuré de remporter les élections de mars 2018.
Au pouvoir depuis le coup d’état de juillet 2013 contre le président Mohamed Morsi, Abdel Fattah al-sissi est assuré de remporter les élections de mars 2018.
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Regard de Nael Eltoukhy sur la société dans l’égypte d’abdel Fattah al-sissi

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