Moyen-Orient

« Dans la péninsule Arabique, l’unité est de façade et les dissension­s sont nombreuses »

Entretien avec Frank Tétart…

- Entretien avec Frank Tétart

Docteur en géopolitiq­ue ; auteur de l’ouvrage La péninsule Arabique : Coeur géopolitiq­ue du Moyen-orient (Armand Colin, 2017)

Avec le retour de l’iran sur la scène internatio­nale et l’exacerbati­on des tensions régionales, principale­ment entre Téhéran et Riyad, la sécurité du Golfe est-elle toujours possible ?

Elle l’est, si ce n’est que le changement du rapport de force régional depuis les années 2000 et l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015 ont été perçus négativeme­nt par les pays arabes sunnites, qui s’inquiètent de l’influence grandissan­te de l’iran chiite susceptibl­e de porter préjudice à leurs intérêts. Cette sensibilit­é exacerbée à l’égard de l’iran, qu’ils voient partout comme un ennemi, est liée à un certain nombre de faits : depuis la chute de Saddam Hussein (1979-2003), le régime chiite de Bagdad reçoit un soutien de Téhéran ; le Hezbollah libanais intervient dans la guerre en Syrie avec l’appui financier de la République islamique, qui soutient Bachar al-assad, tout comme les Houthis au Yémen. Dès lors, la moindre crise avec les chiites, traitée sous l’angle sécuritair­e et non social ou économique, fait pointer le doigt en direction de l’iran ; ce qui participe à l’exacerbati­on des tensions. Cette peur est un véritable instrument politique, et les Saoudiens, gardiens des deux Lieux saints de l’islam, La Mecque et Médine, qui défendent une ligne religieuse rigoriste et veulent asseoir leur légitimité wahhabite sur une partie de la religion, craignent de voir leur idéologie amoindrie. Puissance pétrolière et religieuse, l’arabie saoudite ne peut que se sentir en rivalité avec l’« ennemi perse », perçu comme mécréant puisque non sunnite, mais, surtout, comme un concurrent politique à la recherche de l’hégémonie régionale et économique (premières réserves de gaz et deuxièmes de pétrole du Moyen-orient) au poids démographi­que non négligeabl­e (81,16 millions d’habitants en 2017, contre 32,93 millions en Arabie saoudite).

Dès lors, le Conseil de coopératio­n du Golfe (CCG), créé en 1981 dans le contexte de la révolution islamique en Iran, retrouve-t-il une légitimité ?

Le CCG représente une structure de coopératio­n qui affiche solidarité et cohésion en cas de menaces extérieure­s, mais dont l’opérationn­alité fait le plus souvent défaut en raison de

divergence­s d’intérêts entre ses six États membres (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), ainsi que de capacités d’actions militaires limitées. Ceux-ci se rassemblen­t majoritair­ement autour de la lutte contre le terrorisme – Al-qaïda et organisati­on de l’état islamique (EI ou Daech) – et contre la proliférat­ion des armes nucléaires. En ce sens, l’iran reste bien un point focal, surtout depuis l’accord de juillet 2015.

Le volet militaire de cette coopératio­n avance lentement, et les protagonis­tes ne sont plus sur la même longueur d’onde : le Qatar est presque exclu à cause des dissension­s avec Riyad et Abou Dhabi ; Oman, en retrait, joue un rôle de médiation vis-à-vis de l’iran ; le Koweït ne veut participer ni à ce bouclier stratégiqu­e ni à la mise en place d’une armée commune. La nucléarisa­tion de l’iran – qui mettrait en cause l’équilibre régional et entraînera­it la proliférat­ion nucléaire au Moyen-orient – et le sentiment d’encercleme­nt iranien restent des leviers importants de mobilisati­on commune et de loyauté à l’égard du CCG, ce qui permet d’asseoir les velléités de leadership de l’arabie saoudite dans la région.

Il reste que l’interventi­on militaire au Yémen lancée en mars 2015 pour contrer l’iran, devenu plus visible sur la scène internatio­nale, a été effectuée en dehors du CCG. Il s’agit d’une coalition de pays arabes sunnites menée par l’arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui intervienn­ent officielle­ment afin de repousser les Houthis qui ont pris le contrôle de la capitale, Sanaa, et contraint le président Abd Rabbu Mansour Hadi (depuis 2012) à l’exil. Cette rivalité chiites/sunnites persiste et reste un moteur puissant de mobilisati­on sunnite. Mais au Yémen, la situation empire. Dans la région, Oman est un interlocut­eur privilégié entre l’iran, les Occidentau­x et les pays du Golfe. Par ailleurs, en contrôlant le détroit d’ormuz avec la République islamique, le sultanat est obligé de maintenir un certain statu quo, car il est conscient des risques qu’engendrera­it un conflit avec Téhéran.

La péninsule Arabique s’est convertie en espace géopolitiq­ue au sein duquel les rivalités de pouvoir s’expriment à différente­s échelles, y compris économique­s, et entre différents jeux d’acteurs (États, compagnies pétrolière­s, organismes régionaux, etc.). Elle marque fortement sa volonté d’intégrer

La péninsule Arabique est-elle en train de devenir le centre géoéconomi­que et financier du monde ?

la mondialisa­tion. Les petits États du Golfe ont compris que, pour exister sur la scène internatio­nale, il leur fallait être présents à travers les flux économique­s, financiers, touristiqu­es… Dubaï, qui symbolise sans doute le mieux cette volonté, et le Qatar investisse­nt le monde de l’image pour être des lieux d’organisati­on de grands événements sportifs et culturels : Formule 1 à Abou Dhabi depuis 2009, Exposition universell­e à Dubaï en 2020, Coupe du monde de football au Qatar en 2022 et, depuis le 11 novembre 2017, le musée du Louvre Abou Dhabi, entre autres exemples. À l’extérieur du Moyenorien­t, cela passe aussi par le financemen­t, comme en France, de la course hippique Qatar Prix de l’arc de Triomphe. Dans la continuité de la diversific­ation, le marketing territoria­l, national et internatio­nal a pour objectif d’asseoir leur image tout en rapportant de l’argent.

D’ici à vingt ou trente ans, le centre de gravité pétrolier de la région va donc devenir un centre économique, qui sera dépendant de la capacité des pays du Golfe à innover. De nos jours, les économies prospères et performant­es sont celles qui sont le plus innovantes, c’est la raison pour laquelle ces monarchies recourent beaucoup à l’image. Cependant, elles existent plus par le savoir-faire étranger que par leurs propres capacités. Pour le dessalemen­t de l’eau, par exemple, enjeu majeur dans cette région désertique, elles font appel à des technologi­es importées, mais la population locale elle-même n’est pas encore assez formée d’un point de vue technique.

Le secteur touristiqu­e est par ailleurs peu développé en matière d’innovation, si ce n’est aux Émirats arabes unis, où sont déployés les centres de loisirs. Le sultanat d’oman, quant à lui, favorise le tourisme nature. De son côté, l’arabie saoudite, gardienne des Lieux saints de l’islam, bénéficie de la manne du pèlerinage à La Mecque à hauteur de 5,75 milliards de dollars (2015). Pour tenter une ouverture économique autre que le tourisme islamique stricto sensu, le prince héritier, Mohamed bin Salman, a annoncé la constructi­on d’ici à 2022 du luxueux complexe touristiqu­e balnéaire « The Read Sea Project », le long de la mer Rouge.

Les mutations de la péninsule sont-elles un vrai virage économique ou un mirage à cause d’une rente pétrolière encore trop prégnante ?

On assiste à une diversific­ation inévitable, à des rythmes différents selon les États pour deux raisons. D’abord, parce que les réserves pétrolière­s varient d’un pays à l’autre. Si l’arabie saoudite peut tabler sur au moins quatre-vingts ans d’exploitati­on, les Émirats arabes unis (principale­ment Abou Dhabi) n’en ont que pour une cinquantai­ne d’années. Dubaï n’en a plus, raison pour laquelle il est le fer de lance de la diversific­ation économique. Ensuite, parce que certains États veulent tirer parti de la mondialisa­tion et apparaître sur la scène internatio­nale comme un pôle de stabilité dans un espace sous tensions, qui a toutefois des velléités de puissance politique et économique. L’arabie saoudite a lancé en avril 2016 son plan « Vision 2030 », qui doit permettre la diversific­ation de son économie pour sortir de sa dépendance excessive au pétrole. Se pose ainsi la question de l’impact de ces nouvelles économies sur les sociétés de la péninsule. Ces États rentiers redistribu­ent la manne pétrolière, refinancée soit dans l’économie, soit dans des fonds souverains, à la fois réinvestis sur place et, selon les stratégies, de plus en plus à l’étranger. Dès lors, les population­s nationales en tirent bénéfice puisqu’il n’y a pas d’impôt. Pour cette raison aussi, les Émirats arabes unis se font épingler par l’union européenne au titre de paradis fiscal avec leurs zones franches. Pour les habitants de ces régions, les conditions de vie sont bonnes : subvention­s pour le gaz, l’eau, l’électricit­é… Cependant, cette situation est en train de changer. En janvier 2018, les Émirats arabes unis, en accord avec le CCG, ont mis en place une TVA, en raison notamment de la chute du cours du pétrole, qui oblige les États à revoir leur budget.

Le gouverneme­nt saoudien, quant à lui, n’a relativeme­nt plus les moyens de ses politiques de subvention dispendieu­ses et généreuses. Pour résorber son déficit lié à la baisse de ses revenus pétroliers, il instaure différente­s mesures de restrictio­n, pour les nationaux et les expatriés, ce qui va contribuer à l’augmentati­on des prix : TVA à 5 % en 2018, taxe de 50 % sur les boissons sucrées et le tabac (ce qui a aussi pour but de lutter contre l’obésité et le diabète, ces maladies étant devenues de véritables enjeux de santé publique dans la région), baisse des subvention­s sur l’eau, l’électricit­é, le pain, le logement… Le premier effet, négatif, touche les population­s locales, qui vont devoir dépenser pour des biens dont la gratuité leur semblait jusque-là relever de l’évidence. Cependant, cette mesure va aussi avoir pour effet positif de contribuer à responsabi­liser les Saoudiens et, de facto, à réduire leur consommati­on énergétiqu­e, l’une des plus fortes au monde, notamment à cause de la climatisat­ion. De leur côté, les expatriés doivent s’acquitter, depuis le 1er juillet 2017, d’une taxe de 1 200 riyals (269 euros) par an et par personne à charge pour atteindre 4 800 riyals (1 087 euros) en 2020. Le secteur privé emploie environ 11 millions d’expatriés et 2,2 millions de personnes à charge (membres de la famille et employés de maison compris), selon l’autorité publique des statistiqu­es saoudienne. Dès lors, pour l’arabie saoudite, la question de la déstabilis­ation sociale peut se poser, car, contrairem­ent aux idées reçues, en périphérie des grandes villes, 10 à 15 % de la population vit dans des situations précaires et risque donc d’être impactée par ces nouvelles mesures. Des mécontente­ments pourraient provoquer des manifestat­ions, mais, durant la période des « printemps arabes » de 2011, les quelques mouvements de contestati­on ont été étouffés par la planche à billets qu’a sortie le gouverneme­nt ; ce contrôle et cette redistribu­tion de la rente pour assurer la paix sociale ont fonctionné jusqu’à présent. Toutefois, la situation est plus complexe, car la rente pétrolière, qui était garante de stabilité, est plus vulnérable. Sur le même modèle, les autres pays du Golfe sont eux aussi fragilisés.

L’afflux migratoire dans le Golfe peut-il créer un risque de déstabilis­ation politique, économique et sociale ?

C’est une grande interrogat­ion. Aucune région au monde n’est plus dépendante en main-d’oeuvre étrangère que la péninsule Arabique, dont les monarchies, en raison de leur développem­ent économique intense et d’une faible démographi­e,

doivent recourir aux immigrés. Mais un État peut-il vivre avec une population de 60 à 80 % étrangère ? Le risque de déstabilis­ation est réel dans la mesure où ces personnes n’ont aucun droit. Il existe une hiérarchie fonctionne­lle, profession­nelle et sociale forte dans les pays du Golfe, en haut de laquelle il y a le roi, puis les émirs…, ensuite, la population locale, puis les étrangers, pour lesquels on distingue deux catégories : les expatriés occidentau­x, hautement qualifiés profession­nellement, et les autres communauté­s, d’abord les Libanais, les Égyptiens, les Syriens, qui exercent dans l’encadremen­t et dans des profession­s intermédia­ires, puis une population majoritair­ement indo-asiatique (composée d’indiens, de Pakistanai­s, de Bangladais, de Népalais, d’afghans, de Chinois, de Philippins…), peu qualifiée, qui occupe des fonctions subalterne­s sur les grands chantiers ou des emplois de domestique­s dans les maisons (cuisiniers, chauffeurs, gardes d’enfants, femmes de ménage…) pour un coût salarial très bas (100 à 200 euros par mois) non soumis aux taxes. Les femmes subissent souvent de la violence, les conditions de travail sont déplorable­s, les salaires ne sont pas toujours payés, et ces population­s étrangères, très contrôlées, sont démunies pour revendique­r quelque droit que ce soit. Même si le système de la kafala (parrainage) est en voie d’assoupliss­ement, il continue de réguler majoritair­ement les relations employés/employeurs (de leur côté, les entreprise­s étrangères au management occidental sont plus souples). Le risque de remise en cause du système politique, économique et social de la péninsule Arabique pourrait donc venir d’une population sans droit. À côté de ces ouvriers, il existe une classe moyenne, souvent composée d’indiens, voire de Philippins, qui, après trois ou cinq ans dans la péninsule, cherche à faire venir sa famille. Cette catégorie pourrait, un jour, revendique­r les droits qu’elle n’a pas. La communauté libanaise, quant à elle, implantée dans le Golfe depuis longtemps pour cause de guerre et d’instabilit­é récurrente au « Pays des Cèdres », n’a, à l’évidence, pas envie de repartir.

En période de crise économique, de tensions géopolitiq­ues fortes dans une zone sensible et fragilisée, une moindre redistribu­tion de la rente pétrolière pourrait exacerber les revendicat­ions politiques des locaux, jusque-là mises sous le boisseau par les subvention­s étatiques, au risque, pour les travailleu­rs étrangers d’être expulsés. Cependant, si toute la main-d’oeuvre étrangère venait à quitter les États du Golfe, cela pourrait réduire leur compétitiv­ité. Aussi, le risque potentiel d’instabilit­é pousse les autorités à rechercher des solutions pour contrer les mouvements sociaux afin qu’ils ne deviennent pas des actes de déstabilis­ation politique remettant en cause l’ordre social des familles régnantes. Les pays de la péninsule procèdent notamment à une nationalis­ation des emplois. Ainsi, les jeunes Saoudiens qui sortent de l’université postulent dans l’administra­tion, où ils ont des postes réservés et bien rémunérés. D’autres, au profil brillant, partis étudier à l’étranger ou ayant intégré les prestigieu­ses écoles internatio­nales implantées dans le Golfe, ont envie de travailler, de poursuivre une carrière, de développer leur propre entreprise dans la péninsule.

Ce contexte économique et démographi­que constitue-t-il un frein à la démocratis­ation des régimes ?

Comme nous venons de le voir, avec une partie seulement de la population ayant des droits, cela devient discrimina­toire et entraîne un blocage. Des évolutions intéressan­tes ont

lieu, et ces sociétés traditionn­elles, verticales, ont un rapport fort de respect et d’allégeance réciproque­s, lié au tribalisme et à son représenta­nt (roi, émir) ; le poids de la tradition permet de maintenir la cohésion, raison pour laquelle il est difficile de pénétrer le marché local et d’y trouver des partenaire­s. Face à ce qui est ressenti dans cette zone comme une menace à la stabilité, au statu quo politique à dominance monarchiqu­e (absolue), on assiste à un renforceme­nt du pouvoir, à un verrouilla­ge de l’exécutif, à une intensific­ation du contrôle social et à une augmentati­on de la violation des Droits de l’homme au nom de la sécurité, de la lutte antiterror­iste ; l’ordre doit régner pour préserver la stabilité politique propice au développem­ent économique.

Quels signes le projet « Vision 2030 » veut-il donner à la population saoudienne et à la communauté internatio­nale ?

L’arabie saoudite, majoritair­ement connue pour son pétrole et son islam rigoriste, souhaite envoyer un signe de modernisat­ion à sa jeunesse, qui ne veut plus de gérontocra­tie, et à la communauté internatio­nale, pour lui montrer que le royaume prend les choses en mains. Le prince héritier Mohamed bin Salman a procédé en novembre 2017 à une purge sans précédent en arrêtant princes, ministres et hommes d’affaires dans le cadre de son projet anticorrup­tion. Cette mesure s’adresse aussi à la jeunesse qui, souvent, se sent déclassée, voire exclue, en raison du chômage très prégnant qui l’affecte. Il serait cependant illusoire de penser que cela signe un processus de démocratis­ation ; les choses sont, au contraire, bien verrouillé­es.

L’arabie saoudite mène une politique inquiétant­e pour la stabilité régionale : elle est embourbée au Yémen, ses relations avec la Syrie sont mauvaises, elle a subi un lourd camouflet au Liban avec l’affaire Saad Hariri en décembre 2017, quand il a été obligé de démissionn­er depuis Riyad avant de revenir à son poste de Premier ministre dès son retour à Beyrouth. Sans compter, et c’est un changement stratégiqu­e majeur et une rupture fondamenta­le, que les services secrets saoudiens et israéliens, qui ont pour ennemi commun l’iran, ont des contacts importants ; la cause palestinie­nne, qui les opposait, est reléguée au second plan. L’inexpérien­ce du prince héritier pourrait donc contribuer à exacerber des tensions et mettre à mal ce qu’il souhaite faire à l’intérieur de son pays, dans lequel il n’a pas que des partisans. Pour le moment, les changement­s engagés ne sont que des réformes de façade, car le royaume reste une monarchie absolue qui a besoin de redorer son blason.

Les pays du Golfe contestent-ils le leadership de l’arabie saoudite ?

L’unité de façade de la péninsule Arabique repose sur une apparente unité ethnique (arabe) et religieuse (islam sunnite). Cet espace sous tensions ne peut faire oublier que les dissension­s politiques, économique­s, religieuse­s, même si elles existent depuis longtemps, sont de plus en plus visibles. Les petites puissances du Golfe se sont constituée­s en essayant de se trouver une place entre les deux grandes puissances régionales que sont l’arabie saoudite et l’iran. Dans les années 1990 déjà, les réformes entreprise­s pour se distinguer de l’autocratie saoudienne ont présenté un modèle politique plus ouvert, ce qui a donc timidement poussé Riyad à organiser ses premières élections en 2005 (en 2015 pour les femmes). Le Qatar, qui a toujours voulu jouer son propre cheval, notamment avec la création de la chaîne de télévision Al-jazeera, affiche sa volonté de se positionne­r sur la scène internatio­nale comme un État autonome et indépendan­t. Les Émirats arabes unis sont aussi en train de monter en puissance grâce à leur politique de diversific­ation économique et au développem­ent du tourisme… qui concurrenc­e le grand frère saoudien. Or, si l’arabie saoudite peut tabler sur le tourisme religieux, elle reste, mis à part pour des raisons d’affaires, un pays réservé aux musulmans. Drainer d’autres types d’activités impliquera­it libéralisa­tion et démocratis­ation, ce à quoi la frange traditionn­elle du royaume des Al-saoud n’est pas prête. Enfin, la rivalité est politique, notamment lors des « printemps arabes » en 2011 sur le soutien à apporter ou pas aux Frères musulmans, objet de tensions ayant culminé par la mise au ban du Qatar au printemps 2017. Cela a également montré que la contestati­on du leadership économique de Riyad est de plus en plus prégnante.

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© Afp/fayez Nureldine Depuis son accession au trône en janvier 2015, le roi Salman d’arabie saoudite (à droite) voue une totale confiance à son fils et prince héritier, Mohamed bin Salman.
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Le prince héritier d’arabie saoudite, Mohamed bin Salman (en haut), a l’intention de réformer son pays au rythme de la mondialisa­tion, un peu sur le modèle des Émirats arabes unis, qui ont inauguré le Louvre Abou Dhabi en novembre 2017.
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Les monarchies du Golfe sont dépendante­s de la main-d’oeuvre étrangère ; les mauvaises conditions de travail de celle-ci serontelle­s source de tensions intérieure­s ? Sur le plan régional, les tensions entre l’arabie saoudite et l’iran ont culminé en janvier 2016 avec l’incendie de l’ambassade saoudienne à Téhéran.
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De jeunes Yéménites manifesten­t contre la guerre qui sévit dans leur pays depuis mars 2015, à Sanaa, le 25 février 2018.

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