Victoire militaire contre Daech : vers la fin du conflit entre chiites et sunnites en Irak ?
Berceau du chiisme, l’irak est devenu celui du conflit contre l’autre principale branche de l’islam, le sunnisme, avec un confessionnalisme présidant aux fondements de l’état irakien depuis sa création en 1920. L’émergence de l’organisation de l’état islamique (EI ou Daech) illustre l’impasse dont il est difficile de sortir de façon pacifique. Celle-ci n’a jamais été et ne sera jamais une puissance militaire, prospérant là où les États sont en faillite. Sa base est avant tout communautaire. Une réalité occultée par un discours djihadiste universaliste où l’irak disparaît au profit d’un « califat » sans frontières. C’est l’exclusion politique et sociale des Arabes sunnites du pays (environ 30 % des 38,27 millions d’irakiens en 2017) qui explique le succès du phénomène EI.
Les Arabes sunnites d’irak avaient monopolisé les institutions depuis toujours à Bagdad. Qu’il s’agisse du règne ottoman, dont ils étaient le relais local, ou du nouvel État irakien sous mandat britannique, l’idée selon laquelle le pouvoir devait leur revenir de plein droit s’imposait parmi eux. C’était surtout le cas des élites militaires qui allaient remplacer les cheikhs des confréries soufies et les leaders tribaux. La première armée irakienne, confessionnelle et fondée en 1921, sera en guerre quasi permanente avec sa société. Le régime de Saddam Hussein (1979-2003) fut le dernier avatar d’un système politique arrivé en bout de course. Les Kurdes et les chiites en furent les premières victimes, mais aussi les différentes oppositions politiques qui, durant plusieurs décennies, tentèrent de donner un aspect idéologique au conflit confessionnel.