Moyen-Orient

La France entre les deux rives du golfe Persique

- Guillaume de Nogara

L’arrivée à l’élysée, en mai 2017, d’emmanuel Macron s’inscrit dans un contexte internatio­nal instable dans lequel un certain nombre de puissances mondiales et régionales sont mises à l’épreuve. En Europe, le Royaume-uni et l’allemagne peinent à répondre aux exigences de leurs diplomatie­s. Les États-unis placent sur l’échiquier politique internatio­nal le plus imprévisib­le de ses éléments : le président Donald Trump (depuis janvier 2017). Et la Russie de Vladimir Poutine profite de cette dispositio­n pour conforter une stratégie arabe inchangée depuis les « printemps arabes » de 2011 : celle de la sécurité énergétiqu­e et du maintien des antagonism­es moyen-orientaux hérités de la guerre froide (Syrie et Iran contre monarchies du Golfe).

La France, dont la « politique arabe » a vacillé sous l’ère Nicolas Sarkozy (2007-2012) avant de se perdre dans une volonté d’équilibre stérile sous François Hollande (2012-2017), voit son aura de nouveau briller avec le retour de ce que beaucoup qualifient de « za’im » – leader, en arabe –, et d’une diplomatie à la Jacques Chirac (1995-2007), regrettée par les Orients simples et compliqués. Celui qui ne choisit ni l’arabie saoudite ni l’iran – tout en oeuvrant à leur rapprochem­ent –, qui sait manier fermeté et main tendue avec Irakiens et Kurdes – tout en préservant le crédit politique de la marque France au Moyen-orient –, qui oriente son action diplomatiq­ue par le rapprochem­ent des êtres, non pas tel Jupiter, mais Orphée, qui rassemble les contraires. Et ce, peu importe la méthode :

tantôt bilatérale, tantôt régionale (Union européenne), tantôt multilatér­ale (ONU), pourvu qu’elle fasse gagner du temps à ce diplomate pressé qu’est Emmanuel Macron.

• Une France au-dessus de la mêlée

La diplomatie du roi saoudien Salman bin Abdulaziz (depuis 2015), menée en réalité par le prince héritier, Mohamed bin Salman, s’exprime avec une agressivit­é singulière (guerre au Yémen, rupture des relations diplomatiq­ues avec l’iran, arrêt durant quelques mois des livraisons de produits pétroliers à l’égypte fin 2016, crise avec le Qatar, affaire Saad Hariri au Liban), que l’élection du président Trump a confortée, celle-ci reconsidér­ant également les partenaria­ts extérieurs du royaume. La diplomatie saoudienne a d’abord été celle du recentrage de l’arabie saoudite, avec la réévaluati­on du leadership sunnite dans le monde arabe ; puis celle de la réduction des dépendance­s politiques et sécuritair­es : diversific­ation des partenaria­ts extérieurs politiques face à un président Barack Obama (2009-2017) vu comme pro-iranien avant la conclusion d’un nouveau « pacte Quincy », en mai 2017, avec un Donald Trump qui remet l’amérique au centre du jeu saoudien ; enfin, celle de la diversific­ation économique et commercial­e, avec la Chine et le Japon notamment pour injecter, entre autres, des capitaux frais pour financer l’ambitieux plan de restructur­ation de l’économie baptisé « Vision 2030 ».

Si le caractère imprévisib­le de la personnali­té de Mohamed bin Salman et le caractère irrationne­llement émotif de son rapport avec l’iran ont totalement remis en cause les méthodes d’échange et les réseaux historique­s entre la France et l’arabie saoudite, des concession­s sont attendues de Riyad à l’égard de Paris concernant Téhéran, à l’heure où l’europe fait front, face à Donald Trump, pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015.

La politique du président Macron et sa fermeté sont, pour le moment, respectées à Riyad, même si le rôle attendu de la France dans le sauvetage du texte – menacé par l’administra­tion Trump – pourrait créer un « effet Obama » sur Emmanuel Macron et donner une interpréta­tion pro-iranienne à sa diplomatie équilibrée, comme ce fut le cas pour l’ancien président américain. La France s’est en effet plusieurs fois prononcée pour une préservati­on de l’accord sur le nucléaire iranien, soulignant que sa remise en cause menacerait l’équilibre régional. Avec un PIB de 646,4 milliards de dollars en 2016, soit près

de la moitié du PIB cumulé des pays du Conseil de coopératio­n du Golfe (CCG : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), l’arabie saoudite continue d’exercer un leadership économique régional incontesta­ble. Le partenaria­t entre la France et l’arabie saoudite demeure, quant à lui, contesté tant par les militants des Droits de l’homme – dans un cadre de désastre humanitair­e avec le Yémen – que par ceux qui accusent le royaume de favoriser l’émergence du terrorisme islamiste. Ce partenaria­t est néanmoins vital pour les intérêts français – sur les plans économique et sécuritair­e – et ne doit pas être victime du piège de la tentation du confort intellectu­el et du raisonneme­nt manichéen, dont Mohamed bin Salman est convaincu de la pertinence, où le sunnisme s’opposerait au chiisme sur un échiquier islamique bipolaire. Dans l’instabilit­é moyen-orientale actuelle, le concours apporté par l’arabie saoudite est précieux dans la prévention d’actes terroriste­s. De même, les intérêts occidentau­x et saoudiens, sur les dossiers régionaux particuliè­rement, hormis l’iran, restent concomitan­ts, d’autant plus que la continuité de la politique étrangère française, de partenaria­ts non exclusifs, est appréciée des Arabes de manière générale. Et ce, même si le durcisseme­nt de ton à l’égard de la République islamique depuis trois ans a caractéris­é la diplomatie saoudienne. Le report de la visite présidenti­elle française à Téhéran a-t-il été le fruit d’un accord avec les Saoudiens pour permettre la libération de Saad Hariri, Premier ministre libanais, retenu à Riyad en novembre 2017 ?

Lui qui avait alors annoncé, à la surprise générale, sa démission. Quoi qu’il en soit, il appartient à Emmanuel Macron d’apparaître, aux yeux des Saoudiens, comme une valeur fiable sur laquelle ils pourront compter à long terme, à l’inverse de Donald Trump, dont l’imprévisib­ilité s’avérerait contre-productive pour Riyad. Cette valeur sûre doit cependant rester cohérente avec ses principes : « fromage et dessert », Arabie saoudite et Iran en somme.

• L’accord nucléaire iranien, le crédit de l’occident

La République islamique et sa génération révolution­naire se sont enracinées dans une confrontat­ion permanente avec une forme fantasmée de l’occident. Un Occident traître à qui il ne peut être prêté confiance tant l’action américaine a dicté les opinions sur l’iran depuis 1979. Néanmoins, cet Occident attire une jeunesse iranienne bercée par une guerre de tranchées (guerre Iran-irak entre 1980 et 1988) qu’elle n’a, en majorité, pas connue et qui souhaite désormais profiter de la mondialisa­tion face au discours moralisate­ur des pères de la révolution. Cette jeunesse reste néanmoins fière de son pays, des origines et de l’héritage qu’il porte et espère un retour digne de l’iran dans le concert des nations. L’accord-cadre sur le nucléaire engage la parole d’honneur d’une nation vieille de plus de 2 500 ans face à une vision caricatura­le de l’« Occident » dont l’« État profond » iranien se méfie.

L’arrivée de Donald Trump aux affaires a rompu la dynamique de dialogue indirect et de main tendue envers l’iran mise en place par le président Obama qui a permis cet accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet 2015. Le monde est ainsi entré dans une période d’incertitud­e dont les principaux acteurs internatio­naux et régionaux (Donald Trump, Mohamed bin Salman, Recep Tayyip Erdogan, Bachar al-assad) accentuent la part d’imprévisib­ilité des événements internatio­naux (statut de Jérusalem, crise du Golfe, escalade puis dialogue intra-corée). L’accord sur le nucléaire de juillet 2015 est synonyme d’espoir pour la jeune génération iranienne qui voit là le bout du tunnel de longues années d’existence sous sanctions et cette ouverture tant attendue. Ce texte, que la société iranienne estime dans sa grande majorité juste et robuste, met à la fois le régime devant ses contradict­ions et oblige l’occident à ne pas regarder uniquement l’iran – civilisati­on millénaire – par le prisme de la révolution islamique. Cet accord, au-delà de son importance politique

représenta­nt la parole de l’occident, son crédit, sa bonne foi, s’il était remis en cause, ne serait pas durement dommageabl­e aux Américains, mais raviverait le sectarisme Est/ouest – Occident décadent contre Orient pieux – face à ce qui serait vu comme une énième trahison, voire un complot, occidental­e à l’égard d’un Iran martyr. L’un des défis du président Macron serait d’épargner la France face à la rupture de confiance qu’entraînera­it une remise en cause de l’accord nucléaire et de rester au centre du jeu moyen-oriental avec le même message : oui à l’accord, non aux activités de déstabilis­ation régionale iraniennes. L’inaugurati­on d’une collection du Louvre au musée de Téhéran, en mars 2018 par le ministre des Affaires étrangères, Jean-yves Le Drian (depuis mai 2017), a mis en lumière la force de ce lien culturel ancien entre la France et l’iran. Celui-ci persistera, quel que soit l’avenir de l’accord nucléaire.

• Emmanuel Macron face aux démons de l’irak

Si l’irak contempora­in a connu une mutation sécuritair­e de premier ordre – fin de l’emprise territoria­le de l’organisati­on de l’état islamique (EI ou Daech), réaffirmat­ion de l’autorité de Bagdad dans la reprise des territoire­s disputés après la tenue du référendum kurde du 25 septembre 2017 –, le défi de l’« An I » de l’après-ei est celui de la stabilisat­ion de la nation irakienne, de la reconstruc­tion et de la réconcilia­tion des esprits. Le coût de la reconstruc­tion est immense : environ 90 milliards de dollars annoncés à la conférence au Koweït de février 2018. Dans ce contexte de présence iranienne culturelle, stratégiqu­e et « civilisati­onnelle », la reconstruc­tion de l’irak ne peut se faire sans le concours de l’iran ni sans celui des puissances régionales voisines. La République islamique, trop occupée à sauver son retour raté dans la mondialisa­tion et l’accord sur le nucléaire, ne peut, à elle seule, assurer le coût faramineux de la reconstruc­tion irakienne. L’arabie saoudite, qui a rouvert son ambassade en Irak à l’automne 2015 et dont la motivation essentiell­e de son action dans le pays est le « containmen­t » de l’influence de Téhéran, a compris que son rôle pouvait aller au-delà et s’inscrire dans une logique de long terme en Irak. Les investisse­ments du Golfe seront en effet nécessaire­s à la réussite du plan de stabilisat­ion, notamment dans les régions à majorité sunnite, ce qu’ont compris les États du CCG.

Le Premier ministre irakien, Haïdar al-abadi (depuis 2014), désireux de rééquilibr­er le jeu des influences en Irak, a fait le pari d’une diplomatie équilibrée depuis son accession à la primature. Cette diplomatie ne remet pas en cause la prédominan­ce américaine et iranienne, car elle n’en a pas les moyens, mais elle ouvre des « parts de marché » politiques et commercial­es à d’autres puissances régionales (Turquie, pays du Golfe, Jordanie), replaçant l’irak au centre de son environnem­ent naturel. La France préserve en Irak un certain crédit politique dont ne disposent pas les États-unis. Le refus d’intervenir en 2003 est présent dans tous les esprits, même chez les opposants historique­s du Baas. Son indépendan­ce d’action est appréciée et tous voient en l’action d’emmanuel Macron un retour à une « chiraquie gaullienne ». L’attention portée par la diplomatie française dans la crise kurde liée au référendum d’indépendan­ce (soutien à Bagdad et encouragem­ent à ne pas violer la Constituti­on, réaffirmat­ion de l’amitié française aux Kurdes tout en leur soulignant la faute politique que fut la tenue de ce scrutin) a acté aux yeux de beaucoup d’irakiens le retour d’une diplomatie française non alignée et digne de confiance.

La visite de Jean-yves Le Drian à Bagdad puis à Erbil, avant la conférence au Koweït en février 2018, a permis de réaffirmer aux autorités fédérales irakiennes et régionales kurdes le soutien de la France dans la reconstruc­tion, sa volonté de voir un dialogue équitable entre les parties kurde et irakienne fédérale. Bagdad devient par la force des choses l’une des rares platesform­es dans laquelle les antagonist­es régionaux peuvent dialoguer et investir positiveme­nt le terrain sans coercition dans ce contexte de tensions saoudo-iraniennes et de discorde intragolfi­que. Et la France y dispose d’un crédit politique important.

• L’antagonism­e golfo-iranien sur le terrain commercial

La reconstruc­tion irakienne ne sera pas l’unique terrain de « guerre commercial­e » entre Riyad et Téhéran qui pourrait prendre un nouveau tournant en cas de non-certificat­ion de l’accord sur le nucléaire par Donald Trump. Ayant compris que l’enjeu principal de l’administra­tion Hassan Rohani (depuis 2013) était de permettre à l’économie iranienne de trouver un second souffle, Riyad a adopté une stratégie d’investisse­ment commercial­e à deux vitesses : la diversific­ation asiatique (voyage du roi Salman en Chine, Japon et Inde en 2017 ; investisse­ments asiatiques en Arabie saoudite) au vu des investisse­ments iraniens importants en Asie, non soumis aux sanctions, et une nouvelle stratégie de « pax sunnita » anti-iranienne dans le Golfe permise par Washington en échange d’investisse­ments saoudiens massifs aux États-unis. La présentati­on caricatura­le de Donald Trump des objectifs commerciau­x bilatéraux américano-saoudiens à Mohamed bin Salman, à la Maison Blanche le 20 mars 2018, a rappelé que les ambitions régionales saoudienne­s avaient un coût.

Téhéran répond commercial­ement à cette stratégie par la consolidat­ion de ses liens avec l’irak et la Turquie en tentant d’inonder les marchés de produits iraniens. En octobre 2017, les présidents Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan (depuis 2014) ont ainsi expliqué vouloir tripler le volume de leurs échanges bilatéraux, pour les porter à quelque 30 milliards de dollars en 2018 contre environ 10 milliards en 2016. Le développem­ent des relations bancaires (avec l’éventuelle arrivée de banques turques en Iran) et la possibilit­é de commercer en devises locales (pour limiter les risques de change) font partie des principaux points d’accord auxquels sont parvenus les deux pays. Téhéran et Ankara, qui travaillen­t depuis juillet 2017 à la mise en oeuvre d’un accord de libre-échange, se sont en outre entendus pour faciliter les investisse­ments mutuels dans des secteurs tels que le tourisme, le transport, la pétrochimi­e ou bien encore les infrastruc­tures.

Si la République islamique n’a rien annoncé à la conférence au Koweït sur la reconstruc­tion de l’irak de février 2018, la visite du vice-président iranien, Eshaq Jahangiri (depuis 2013), à Bagdad, début mars, a permis la signature d’un plan en dix points essentiell­ement relatifs aux questions économique­s en plus de l’annonce de l’octroi d’une ligne de crédit de 3 milliards de dollars. La guerre au Yémen semble également s’inscrire dans la stratégie iranienne d’épuisement, certes relatif, de Riyad vu son coût politique et financier singulier. De même, la rupture des relations diplomatiq­ues avec le Qatar n’a pas fait céder l’émirat aux injonction­s de l’arabie saoudite. Sa mise au ban n’a pu que le rapprocher de Téhéran.

• La Syrie : inconnue de l’insoluble équation diplomatiq­ue ?

De Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, la crise syrienne a honoré, de ses intentions, la diplomatie française, mais a humilié ce qui était autrefois appelé le « monde libre » de son impuissanc­e face à ce qui est considéré comme le plus grand drame humanitair­e depuis la Seconde Guerre mondiale. Le président Macron accède à l’élysée avec l’héritage moral d’une diplomatie française militante pour un règlement du conflit syrien et pour un départ de Bachar al-assad (depuis 2000), mais avec une impasse diplomatiq­ue toujours singulière : un dossier divisé entre un camp uni (Iran et Russie) et les « amis de la Syrie » (France, États-unis, nations européenne­s) dont la divergence de priorités a contribué à l’échec d’une pression efficace sur Bachar al-assad. Avec le temps, le conflit syrien a été pris en étau par plusieurs autres dossiers régionaux (Israël, l’iran, la Turquie) et chaque acteur a désormais des priorités qu’il n’est pas nécessaire­ment prêt à compromett­re pour s’engager militairem­ent. L’argument du terrorisme islamiste a, au fil du temps, fait gagner de précieux points à Bachar alassad, activement appuyé par le Kremlin et Téhéran.

Le Conseil de sécurité de L’ONU s’est réuni après l’échec du cessez-le-feu dans la Ghouta orientale et a voté à l’unanimité, le 24 février 2018, une énième tentative pour trouver une issue au conflit qui meurtrit la Syrie depuis sept ans. Cela pose aussi la question de la pertinence du rôle des Nations unies, qui ne parviennen­t pas à faire respecter une trêve humanitair­e.

L’organisati­on n’est plus capable de faire ce pour quoi elle a été créée : protéger les population­s civiles.

Face à l’absence de perspectiv­e militaire contre le régime syrien, la seule voie envisageab­le semble donc être celle de la diplomatie en discutant de la façon la plus discrète et informelle possible et en privilégia­nt les approches bilatérale­s. Mais cela soulève une autre question à laquelle très peu d’états ont la réponse : comment négocier avec les Russes, acteurs charnières et incontourn­ables des négociatio­ns ? L’usure du conflit a donné des cartes à Bachar al-assad, et à son allié russe, et a considérab­lement réduit les marges de manoeuvre des « amis de la Syrie ». Dans ce cadre, la France doit réfléchir : quelle concession pourrait être faite avec Moscou pour favoriser une approche constructi­ve ? Le président Macron aura donc la lourde tâche de repenser la manière dont le conflit syrien doit être géré et ne pas faire l’erreur de son prédécesse­ur qui s’est engagé à agir contre Bachar al-assad, en 2013, avant de faire marche arrière face à la réticence américaine. La clé est à Téhéran et Moscou, et, dans une moindre mesure, à Washington, Ankara et Riyad. La remise en cause de l’accord sur le nucléaire forcerait Téhéran à « montrer ses muscles » et annulerait de facto les éventuelle­s concession­s iraniennes sur la question syrienne. Car même si les Russes s’engageaien­t sur la voie de la raison, à ce stade du conflit, rien ne leur serait possible sans le concours des Iraniens qui payent un bien plus important tribut sur le terrain que Moscou.

Dans une région où différente­s problémati­ques s’entrecrois­ent, les peuples arabes espèrent voir cette « troisième voie » qu’est la France indépendan­te s’inscrire dans le paysage régional à long terme face à une Russie pro-bachar al-assad – mais avec laquelle les Arabes souhaitent malgré tout coopérer – et face à une Amérique pleine de contradict­ions qui ravive la flamme du vieil antagonism­e israélo-palestinie­n : seule question politique sujette à la pression de l’opinion publique arabe. Le premier test d’emmanuel Macron sera de réussir à garder un pied sur chaque rive du Golfe. Et ce, quel que soit l’avenir de l’accord sur le nucléaire iranien et quelle que soit l’évolution de la perception saoudienne d’une diplomatie française indépendan­te considérée comme de moins en moins indispensa­ble à Riyad vu son potentiel rôle de garde-fou face à l’hystérie anti-iranienne de Mohamed bin Salman, prince ambitieux et imprévisib­le.

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 ?? © Afp/bandar al-jaloud/saudi Royal Palace ?? Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-yves Le Drian, rencontre le prince héritier saoudien, Mohamed bin Salman, à Riyad, le 15 novembre 2017.
© Afp/bandar al-jaloud/saudi Royal Palace Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-yves Le Drian, rencontre le prince héritier saoudien, Mohamed bin Salman, à Riyad, le 15 novembre 2017.
 ??  ?? Le président Emmanuel Macron échange avec Mohamed bin Salman, à Riyad, le 9 novembre 2017.
Le président Emmanuel Macron échange avec Mohamed bin Salman, à Riyad, le 9 novembre 2017.
 ??  ?? Jean-yves Le Drian rencontre son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, lors d’une visite officielle à Téhéran le5 mars 2018.
Jean-yves Le Drian rencontre son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, lors d’une visite officielle à Téhéran le5 mars 2018.
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 ??  ?? En octobre 2017, les présidents Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés à Téhéran pour renforcer les liens commerciau­x entre leurs pays.
En octobre 2017, les présidents Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan se sont rencontrés à Téhéran pour renforcer les liens commerciau­x entre leurs pays.
 ??  ?? En mars 2018, le vice-président iranien, Eshaq Jahangiri (à droite, aux côtés de Haïdar al-abadi), alors en visite officielle à Bagdad, a promis un engagement financier de son pays pour la reconstruc­tion de l’irak.
En mars 2018, le vice-président iranien, Eshaq Jahangiri (à droite, aux côtés de Haïdar al-abadi), alors en visite officielle à Bagdad, a promis un engagement financier de son pays pour la reconstruc­tion de l’irak.
 ??  ?? Manifestat­ion à Marseille, le 3 mars 2018, en solidarité avec les habitants de la Ghouta orientale, en Syrie.
Manifestat­ion à Marseille, le 3 mars 2018, en solidarité avec les habitants de la Ghouta orientale, en Syrie.

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