L’impossible État irakien : Les Kurdes à la recherche d’un État
Adel Bakawan, L’harmattan, Paris, 2019, 186 p.
Les Kurdes ont toujours montré une détermination forte à ne jamais se sentir Irakiens. Ils ont pourtant soutenu la reconstruction du pays et lutté pour que l’organisation de l’état islamique (EI ou Daech) ne détruise pas leur territoire, pour en chasser les djihadistes… Ce nationalisme kurde est structuré autour d’une langue, d’une culture et d’une identité revendiquées. Il est mis à l’épreuve par le rejet de l’irak qui refuse de l’accepter, de la Turquie qui le combat, des Européens, des États-unis… Pourtant, en 2018, l’armée irakienne et les forces militaires américaines stationnées dans la région de Kirkouk ont fait appel aux Kurdes pour les aider à combattre L’EI. L’histoire des Kurdes est complexe, paradoxale. Elle est mêlée, souligne l’auteur, à l’avenir de l’irak en tant que société et territoire. Adel Bakawan analyse la trajectoire du discours indépendantiste, explore les raisons de l’impossible constitution d’un État irakien : ses fragilités sécuritaires, la corruption endémique, la malgouvernance, la vulnérabilité des services publics, les mécanismes de gouvernance qui excluent les sunnites et marginalisent les Kurdes, et la milicisation de la société. Tous ces éléments concourent à un gouffre entre les attentes de la population et la médiocrité qualitative et quantitative des services publics. Autant de critères qui rendent complexe (impossible ?) la constitution d’un État solide, viable.