La Patte du Corbeau : La fuite
Yahya Amqassim, Actes Sud,
Arles, 2019, 368 p.
Depuis quelques années, la France voit arriver dans les rayons de littérature des auteurs d’un pays dont on soupçonnait peu la richesse : l’arabie saoudite. Encore une fois, contrairement aux idées reçues, le royaume n’est pas ce pays isolé du monde et sans réflexion sur sa propre société. Et Yahya Amqassim le prouve en publiant ce premier roman, inscrit dans la lignée de ses contemporains, tel Abduh Khal, auteur des Basses oeuvres (Books, 2014). Juriste de profession, Yahya Amqassim nous emmène à Osseira, dans le sud-ouest de l’arabie saoudite, où une communauté paysanne vit fidèle à ses traditions égalitaires, un village où l’on ne parlait pas de religion, où l’on respirait la joie de vivre en communion avec la nature, où une femme pouvait exercer le pouvoir dans le consentement général. Mais c’était avant la conquête par une tribu venue du nord, qui imposa ses lois par la prédication d’abord, puis par la force, interdisant les rites ancestraux, abolissant la mixité hommes/femmes, rompant les liens naturels de solidarité. Que faire face à une telle situation ? Un roman qui est révélateur de l’arabie saoudite d’aujourd’hui et de sa diversité au-delà des préjugés.