Seulement quatre ans et déjà un classique
Nouvel espar, nouveau procédé de construction, nouvel intérieur : le best-seller du chantier a été lancé en 2016, mais il n’en finit pas de progresser et de surprendre. Et arrive aujourd’hui à une maturité très convaincante.
Il est des hivers qu’Eole et Neptune s’approprient plus que d’autres, de ces périodes ventées qui obligent certains concurrents du Vendée Globe à rebrousser chemin dans l’attente d’un golfe de Gascogne moins colérique. Alors, quand les rugissements s’assoupissent au profit d’une belle brise, quand le ciel daigne se parer de quelques trouées, on ne boude pas son plaisir au moment d’embarquer sur le Nautitech 46. A propos de dépressions et de houle, on se réjouit par ailleurs de voir un chantier traverser, au fil du temps et de l’eau, des flots d’incertitudes économiques. Car du chemin, Nautitech en a parcouru. Depuis sa création en 1994 par Dufour Yacht au concept novateur de l’Open Space en passant par les très réputés 40’ ou 47’, le chantier a su coller à l’air du temps tout en conservant son originalité. Ainsi, quand les grands généralistes logent toujours plus haut un unique poste de barre, Nautitech demeure fidèle – les tenants de sensations ne s’en plaindront pas – au principe de la double barre. L’achat d’un bateau est en effet une affaire de compromis et l’offre du secteur ne déroge évidemment pas à cette règle. Le choix existant invite les clients, qu’ils soient fans de cata de longue date ou nouveaux convertis venus de l’univers du monocoque, à louvoyer entre confort ou vitesse, entre un loft flottant ou une machine diabolique toute de carbone cousue. Le trait est forcé, nous en convenons, mais quel propriétaire de catamaran à dérives n’a pas une fois souhaité des coques plus volumineuses ? Et quel autre disposant d’une confortable unité n’a pas un jour ambitionné de filer quelques noeuds plus vite ?
Un compromis comme une équation
Sur le papier comme sur le pont, le 46 dévoile clairement son intention de résoudre cette équation avec ses deux versions, Fly (pour flybridge) et Open (sans flybridge, donc). Avec dans cette dernière version, celle que nous avons essayée, une certaine ambition du côté des performances. Le mât a été rallongé, portant la surface de voile au près à 114 m². De plus, avec 10,6 tonnes, le déplacement du Nautitech 46 affiche 6 tonnes de moins que celui du Lagoon 46… Le résultat ne se fait pas attendre : sous grand-voile et génois, l’engin glisse à 6 noeuds à l’allure du bon plein et ce, par 10 noeuds de vent. Abattez un brin, cheminez sans écueil le long des larges passavants, déroulez le gennaker et à 70° du vent apparent, le speedo grimpe à 7,5 noeuds. La barre est aussi douce que réactive, la station debout ou assise invite à prolonger le plaisir et la vision par les grands hublots du carré est excellente. Au poste de
manoeuvres, naturellement servies par un winch possiblement électrique.
A l’approche du pont de l’île Ré, le vent monte à 13 noeuds. Bâbord amures, le 46 affiche une vitesse fond à deux chiffres, 10,1 noeuds précisément, alors même que nous butons contre la marée de jusant. Du fait de son franc-bord élevé, de son cockpit XXL bien protégé et dont les surfaces vitrées au plafond offrent une bonne vision sur les voiles, par sa capacité à accélérer au moindre souffle d’air, du fait de sa grand-voile dotée en standard de trois ris automatiques savamment ramenés au poste de barre, le bateau est sécurisant et l’on se verrait bien entreprendre à son bord des navigations au long cours. Car au gréement étoffé, le chantier ajoute à ce millésime une rigidité structurelle de bon aloi. Désormais, la coque et le pont (intégralement en sandwich) sont produits selon la technique de l’infusion sous vide, gage de maîtrise du poids. Une peau vinylester achève de raidir l’ensemble.
Très maniable au moteur
De retour dans le port des Minimes, le Nautitech dévoile une autre de ses vertus : sa manoeuvrabilité. Le bateau profite en effet d’ailerons de 1,45 m contre 1,20 m pour l’Elba 45 et 1,30 m pour le Lagoon 46. Bord à bord avec la concurrence, sans doute ces appendices permettraient au 46’ de bien figurer aux allures du près… Quant aux deux moteurs Volvo de 50 chevaux montés en standard, ils sont largement suffisants. Désormais dans le giron du Groupe Bavaria, le chantier, qui emploie à Rochefort 130 salariés, dispose d’une pérennité financière bienvenue en ces temps troublés et il conserve en prime son propre bureau d’études. Le marché européen représente encore les deux tiers des ventes dont 50 % à destination de l’exigeante clientèle française mais gageons que la cinquantaine de concessionnaires aura tôt fait de promouvoir les qualités de Nautitech aux quatre coins du monde.
Bien construit, joliment fini, synthèse aboutie de la vitesse et du confort, le 46 Open mérite amplement de poursuivre sa remarquable carrière. 140 unités vendues, toutes versions confondues, pas mal pour un croiseur de ce calibre… Au-delà de ce chiffre, il faut apprécier à sa juste valeur la politique de Nautitech qui, plutôt que d’empiler les nouveautés, préfère améliorer les modèles existant de millésime en millésime. Une façon intelligente de capitaliser sur le retour d’expérience de dizaines de propriétaires, dans une logique de progression continue. En tout cas, le résultat est franchement convaincant !
Avec une telle surface de pont, les joies du mouillage sont au rendez-vous.