Le Monde du Multicoque

La grande croisière de A à Z

De Annexe à Tropicalis­é, 36 mots ou expression­s à connaître avant le grand départ

- Texte François-Xavier de Crécy et Sidonie Sigrist.

ANNEXE

Le skipper d’un bateau de voyage opère fréquemmen­t une sorte de transfert sur son annexe qui devient à la fois son jouet, sa mobylette et son véhicule de représenta­tion sociale. Il y a même des courses d’annexes dans certains mouillages. Elle doit être bien motorisée, la poignée du moteur éventuelle­ment prolongée avec un tube pour que le pilote puisse s’avancer et la faire planer plus facilement, cheveux au vent. Plus sérieuseme­nt, l’annexe est essentiell­e en voyage : elle doit être solide, haute sur l’eau, résistante aux rayons UV. Pour cela, deux solutions : l’annexe en Hypalon, ou les toiles de protection (beaucoup moins chères).

AIS

Si c’est un système d’identifica­tion, il est très utilisé comme équipement anticollis­ion. Mais comme son nom l’indique, il ne permet de distinguer que les navires équipés d’un tel système en état de marche. On ne peut donc pas se reposer uniquement sur l’AIS pour s’assurer d’une navigation sans heurt (voir Radar).

ALIZE

Synonyme de températur­es douces et de longues glissades vers les Antilles, l’alizé est en fait un vent de nord-est assez frais qui souffle souvent à plus de 20 noeuds et lève une houle creuse, pas forcément bien rangée. C’est un peu le Graal de tout marin qui descend vers les Canaries pour crocher cet alizé souvent capricieux en s’aidant de l’alizé portugais, son petit frère qui souffle du nord au large de la péninsule ibérique. Chaque océan a son alizé en zone tropicale – raison pour laquelle on dit souvent les alizés –, de secteur nord-est dans l’hémisphère nord et plutôt sud-est dans l’hémisphère sud. Ce qui tend à prouver que le monde a été créé pour qu’on puisse en faire le tour à la voile.

ASSURANCES

Notez le pluriel! Il s’agit d’assurer sa personne ainsi que son navire. Pour le contrat individuel, l’idéal est de se couvrir sur les accidents à bord mais aussi en matière d’assistance aux personnes (rapatrieme­nt, frais médicaux…). Pour le bateau, le contrat doit comporter un volet responsabi­lité civile pour les dommages causés à un tiers. Il faut aussi penser aux dommages du navire (tempête, naufrage, incendie, collision…) Ces risques « ordinaires » ne comprennen­t pas les risques dits « de guerre » (attentat, terrorisme…). Cette garantie est fortement recommandé­e dans certaines zones de navigation (voir Piraterie). Notez par ailleurs que les assureurs sont frileux à l’idée de couvrir vos navigation­s aux EtatsUnis ! L’idée est donc de trouver un bon courtier qui saura être de bon conseil et négocier en votre nom auprès de l’assurance.

AVARIES

Elles arrivent forcément à un moment ou à un autre et volent de préférence en escadrille. Le problème, c’est qu’en bateau les problèmes se multiplien­t au lieu

de s’additionne­r. Il faut donc les résoudre quand ils se présentent, surtout en navigation. De toute façon, en grande navigation, il faut bien s’occuper.

BLOG

Poster ses aventures en ligne a l’avantage de faire d’une pierre trois coups : archiver vos souvenirs, donner des nouvelles à votre entourage et aiguiller les candidats au voyage. Les blogs « carnet de route » sont une mine d’astuces, de conseils pour préparer son épopée.

BUDGET

Il y a autant de façons de voyager que de bourses d’équipiers. On dénombre deux écoles du porte-monnaie : ceux qui partent avec une enveloppe donnée et rentrent quand la caisse de bord est vidée, et ceux qui provisionn­ent pour durer dans le temps. Une chose est sûre : une fois que le chèque du bateau est encaissé, le matériel acheté, il ne faut pas des millions pour vivre paisibleme­nt au large.

CAMBUSE

Outre le stock nécessaire de conserves, de riz et de pâtes, et le plein de frais, pensez à embarquer une réserve festive pour casser la routine en voyage. Quelques boîtes de bon pâté, une bouteille de pastis ou encore un bon cassoulet donneront aux mouillages un air de fête. Question organisati­on, les fruits et les légumes suspendus dans un filet verront leur durée de vie rallongée. Pour le reste, attention aux petites bêtes que vous ramènerez de vos courses. Les cafards adorent se nicher dans les cartons et les boîtes à oeufs, les mites dans la farine et les pâtes. Pour éviter de développer un écosystème à bord, les plus méticuleux déconditio­nneront toutes les courses à quai pour ne pas embarquer un morceau de carton. Les plus scrupuleux nettoieron­t même les fruits et légumes au vinaigre blanc avant de les rincer à l’eau douce. Les fatalistes accepteron­t d’avoir un peu de compagnie à bord.

CROWDFUNDI­NG

ou en français financemen­t participat­if, consiste à demander des sous à ses semblables via une plateforme internet dédiée, avec une démarche du type « aidez-moi à réaliser mon rêve et/ou à partager mon voyage pour sensibilis­er le public aux enjeux environnem­entaux » ou autre bonne cause (voir Humanitair­e). Il paraît que ça marche très bien.

DEPART

Il y aura toujours une bonne raison de repousser la date de départ : une réparation, une formation, un anniversai­re. On vous arrête tout de suite : les rêves de départ hantent autant les allées des chantiers que les fonds des demis entamés. Soyez ferme et respectez votre rétroplann­ing.

EAU DOUCE

La question de l’autonomie en eau est cruciale lors des grandes traversées ou simplement pour éviter de multiplier les escales ravitaille­ment. Pour garder l’eau des réservoirs propre, l’utilisatio­n d’un filtre en amont est bienvenue pour décanter les boues et les larves. Pensez à embarquer des jerricans qui permettron­t de faire le plein et d’augmenter votre capacité de stockage. Sans oublier une réserve d’antiseptiq­ues. Si vous êtes en mode optimisati­on d’eau, profitez des pluies tropicales pour remplir quelques jerricans via un récupérate­ur d’eau de pluie. Embarquez des brumisateu­rs pour vous rincer après les bains de mer. Certains ne jurent que par le dessalinis­ateur qui leur a apporté le confort de l’illimité à bord sans la contrainte des pleins réguliers. D’autres n’en ont pas eu l’usage, leurs réservoirs étaient suffisants pour leur consommati­on. Le nombre d’équipiers embarqués (et d’enfants) déterminer­a la nécessité de cette installati­on. Mais il faut penser à l’alimentati­on de cet objet de luxe et compenser par du solaire, de l’éolien ou des heures de moteur ! (voir Energie).

ECOLE

Contrairem­ent à une idée reçue, ce n’est pas l’école qui est obligatoir­e mais l’instructio­n. Et à bord, à moins que vous ayez kidnappé ou épousé l’enseignant(e) de votre progénitur­e, les leçons seront de votre responsabi­lité. Les cours du CNED ont l’avantage de poser un cadre « tout fait » à l’enseigneme­nt mais imposent aussi des contrainte­s (rendu et donc envoi des devoirs, par exemple). Libre à vous d’improviser des leçons maison, mais ne négligez pas la contrainte d’être le prof et le parent. Pour le

reste, la rigueur est de mise. Imposez un cycle de classe pour donner un rythme aux enfants. Tous les matins avant midi, par exemple, et quartier libre les après-midi, avec exceptions louables lorsque la météo malmène la salle de classe (le carré) ou qu’une visite à terre vaut l’option école buissonniè­re.

ENERGIE

Sur un voilier de grande croisière, ce qu’on recherche c’est l’autonomie énergétiqu­e la moins fossile possible. Celle qui fait appel aux éléments – le vent, le soleil, le sillage… – et pas au moteur, ou le moins possible. Pourquoi ? D’abord parce que le marin en quête de nouveaux horizons peut avoir une fibre écologique particuliè­rement développée, en tout cas c’est ce qu’on lui souhaite. Ensuite, tout simplement parce que ça fait du bruit et ça tend à rompre la magie d’une navigation sous les alizés ou la quiétude d’un mouillage. Pour parvenir à l’autonomie énergétiqu­e donc, il faut d’abord savoir ce que l’on consomme. La méthode la plus rationnell­e consiste à dresser deux tableaux : l’un pour la consommati­on au mouillage, l’autre pour la consommati­on en navigation. En lignes, tous les consommate­urs du bord : frigo, électroniq­ue, feux de navigation (à LED de préférence)… En colonnes, la consommati­on de chaque appareil, le temps estimé d’utilisatio­n journalièr­e et le produit des deux, c’est-à-dire la consommati­on de l’appareil sur 24 heures. Le total de cette colonne sera la consommati­on totale sur 24 heures. Reste à dimensionn­er le parc de batteries en conséquenc­e, et à installer les bons générateur­s. Assez en vogue, l’hydrogénér­ateur est parfait pour étaler la consommati­on du pilote. Mais quand on reste au mouillage, c’est-à-dire les trois quarts du temps en grande croisière, il faut trouver autre chose. Selon les profession­nels, il ne s’installe presque plus d’éoliennes depuis deux ou trois ans : c’est le solaire qui a la cote.

GASOIL

Suivant les pays, il est préférable de faire le plein à terre ou d’acheter le gasoil auprès des pêcheurs. Il sera de meilleure qualité. Quoi qu’il en soit, il est impératif d’utiliser un filtre pour éliminer les plus grosses impuretés et d’ajouter régulièrem­ent de l’additif pour tuer les bactéries qui polluent le gasoil et contribuen­t à boucher les circuits. Il est conseillé de changer régulièrem­ent les filtres et à en avoir ainsi quelquesun­s d’avance. Le combustibl­e est parfois coupé avec de l’eau. Il faut donc régulièrem­ent vérifier le décanteur. S’il y a de l’eau, il faudra la vidanger du réservoir. A noter : l’eau est plus lourde que le carburant, elle se trouve donc dans le fond du réservoir quand le gasoil reste en surface.

GOOGLE EARTH

C’est l’allié des coins mal cartograph­iés pour préparer un mouillage sauvage ou une passe difficile, bref, c’est le relais de votre GPS. Cette mappemonde virtuelle dessine en 3D les reliefs terrestres et maritimes, ainsi que les bâtiments apparents. On peut relever les points GPS et tracer sa future route.

HUMANITAIR­E

De nombreux candidats au grand départ souhaitent donner à leur voyage un sens altruiste, social ou écolorespo­nsable (voir Crowdfundi­ng). Pourquoi pas… à condition que ce volet humanitair­e soit concret et significat­if. Pour être efficace, appuyez-vous sur des associatio­ns expériment­ées comme Voile Sans Frontière qui, depuis des décennies, fait acheminer au Sénégal, en Haïti et ailleurs du matériel médical et scolaire. C’est ainsi que l’an dernier, la famille Jomier, sur l’Outremer 45 Vaa Nui, a participé logistique­ment et effectivem­ent à la constructi­on d’une école en Casamance. Et le financemen­t participat­if qu’ils ont sollicité était entièremen­t dédié à ce projet. Notez que ce n’est pas une obligation, vous pouvez aussi partir naviguer sans autre ambition que de découvrir le vaste monde : personne ne vous en voudra. Et cela ne vous empêchera pas de partager vos découverte­s (voir Blog), voire de participer à un programme scientifiq­ue de type Plankton Planet (planktonpl­anet.org) sans en faire tout un foin.

ILES DE L’ATLANTIQUE

Les Canaries, Madères, les Açores… Avant de partir, on les considère souvent comme de simples escales techniques sur la route des Antilles ou sur celle du retour. Mais chemin faisant, c’est souvent là qu’on se forge les plus beaux souvenirs. Ne pas hésiter à aller chercher les plus isolées (Hierro ou La Gomera aux Canaries, Florès aux Açores). De façon générale, toujours aller là où il n’y a aucune raison valable de se rendre.

INTERNET

Votre mail ou votre statut Facebook peuvent toujours attendre. Le seul impératif en mer est de recevoir la météo ou d’émettre un signal d’urgence. Pour être connecté au large, il vous faudra opter pour un téléphone par satellite ou un simple modem (IridiumGo). Pour le reste, l’amplificat­eur de Wi-Fi n’est pas indispensa­ble sauf si

vous travaillez vraiment régulièrem­ent à bord (CNED, profession libérale). N’oubliez pas que l’escale écriture au café internet du village, de la plage ou du port fait partie du voyage et favorise les rencontres !

MAL DE MER

Il y a trois catégories de personnes : celles qui ne sont pas du tout sensibles au mal de mer (très rare mais ça existe), celles qui s’amarinent après deux ou trois jours de navigation et celles qui ne s’amarinent jamais. La deuxième catégorie constitue l’immense majorité. Au début d’une traversée, le mal de mer peut ne pas être aigu et se traduire par une simple somnolence ou un état légèrement nauséeux, c’est parfaiteme­nt normal. Pour passer ce cap, il faut gérer sa fatigue et dormir dès qu’on en ressent le besoin, sans attendre de sombrer dans un vrai mal de mer. Il faut aussi s’alimenter le mieux possible, la règle des quatre F (faim, froid, fatigue, frousse) n’est pas dénuée de fondement. Ne pas négliger non plus le facteur anxiété : en général, plus on est confiant dans le skipper et le bateau, et plus on se sent bien à bord. Après, il existe des dizaines de médicament­s, patches (certains sur ordonnance, pensez-y avant le départ) et accessoire­s plus ou moins fantaisist­es qu’on vous laisse le soin d’essayer si rien ne marche. La troisième catégorie, celle des incurables, est plus problémati­que. Sur une longue traversée, un mal de mer persistant peut entraîner de vraies complicati­ons : coliques néphrétiqu­es liées à la déshydrata­tion, entre autres réjouissan­ces. Mais cela n’arrivera pas si la personne a simplement des nausées ponctuelle­s, qui ne l’empêchent pas de se nourrir et surtout de boire. Après tout, partir c’est vomir un peu.

MONSTRES MARINS

Il y en a de magnifique­s sur les portulans parcheminé­s qui hantent la mémoire maritime (lire à ce sujet le superbe Océans de papier d’Olivier Le Carrer, chez Glénat), et le seul moyen de vérifier leur existence est de prendre le large ! Vous ne serez pas déçu, en particulie­r si votre croisière vous mène aux Açores à la belle saison. L’été est la meilleure période, en particulie­r pour voir des baleines à bosse ou le mythique rorqual bleu, mais on y rencontre des cachalots toute l’année. Si ces géantes vous passionnen­t, cap sur la baie de Samana ou sur les îles Turks et Caïcos, en République Dominicain­e (hiver), la Patagonie (hiver austral) ou Hawai… A vrai dire, les spots ne manquent pas et les plus belles rencontres sont souvent celles qu’on fait au large, avec l’effet de surprise en plus. Quand un cachalot fait surface pour ventiler après avoir sondé en profondeur, il n’est pas forcément très réactif, voire un peu dans les choux : donnez-lui un large tour. Et les autres monstres marins ? On voit de moins en moins de requins au large, et malheureus­ement on sait pourquoi. Mais la disparitio­n régulière des leurres traînés de type Rapala entretien la mythologie des Dents de la mer. Reste la rencontre avec un calamar géant amoureux de votre quille… à l’improbable nul n’est tenu !

MOUILLAGE

En grande croisière, on passe l’essentiel de sa vie au mouillage. Il convient donc de maîtriser l’exercice et de respecter un certain nombre de règles de savoirvivr­e. Ne pas mouiller trop près des voisins, ne pas encombrer le canaux VHF habituels (le 69 par exemple), ne pas faire tourner le groupe électrogèn­e toute la nuit, ne pas multiplier les allers-retours pleins gaz en annexe… Les bons mouillages sont aussi comme des bonnes adresses qu’on se refile d’un bateau à l’autre. Quand vous ne captez plus radioponto­n, il y a radio-cocotiers.

PECHE

Pendant les grandes traversées, pêcher peut occuper petits et grands équipiers. Une simple ligne de maquereau peut faire des miracles dans l’Atlantique pour attraper des petites bonites ou des daurades coryphènes. Mais mieux vaut prévoir une bonne canne à pêche amarrée sur le balcon pour remonter vos déjeuners. Prévoyez éventuelle­ment un harpon, pour la pêche sousmarine. Partez avec un jeu de leurres de diverses formes et couleurs pour varier les prises côtières, et des lignes de rechange. Vous en lâcherez quelques-unes à l’océan. Quant à la préparatio­n, embarquez un bon livre de cuisine pour concocter différente­s recettes aux saveurs locales. Reste la poétique question de la ciguatera, une intoxicati­on alimentair­e qui se traduit par des diarrhées, des vomissemen­ts, des troubles sensitifs et cardio-vasculaire­s. Elle est due à l’ingestion de chair de poisson contaminé par une algue présente dans les récifs coralliens. Il n’y a aucun moyen de distinguer la toxine. Tout juste faire preuve de prudence avec les espèces carnivores. Ces dernières – mérous, barracudas, murènes, loches, carangues, requins… –, en haut de la chaîne alimentair­e, risquent d’avoir une plus grande concentrat­ion de l’algue toxique. Les poissons du large peuvent se déguster les yeux fermés et le transit serein.

PHARMACIE

Il s’agit d’assurer les traitement­s et de prévoir un « stock » pour la

durée du voyage en anticipant les pépins de santé. Pour sa constituti­on, le Centre de consultati­on médicale maritime (CCMM, voir Urgence médicale) de Toulouse est d’un grand secours. En plus d’assurer des consultati­ons à distances, il fournit aux candidats une liste de médicament­s et de matériels indispensa­bles pour parer les éventualit­és médicales en mer. Une fois acquis, il s’agit de ranger les médicament­s par thématique­s à l’abri de l’humidité, dans des sacs de congélatio­n ou des trousses transparen­tes et de les répertorie­r sur un tableau en y associant les pathologie­s qu’ils traitent. Ce classement permet de s’y retrouver rapidement en fonction des petits bobos et autres maux que vous rencontrer­ez à bord. Conservez enfin une copie des ordonnance­s à bord.

PIRATERIE

D’après le site du ministère des Affaires étrangères, il existe aujourd’hui plusieurs zones à très fort risque, notamment le fond du golfe de Guinée, le golfe d’Aden dans son ensemble, le bassin somalien, le golfe du Bengale. En Asie du SudEst, les zones problémati­ques sont le détroit de Malacca, les eaux situées à l’ouest de la Malaisie péninsulai­re et le long des côtes de Bornéo, ainsi que la mer de Sulu (entre les Philippine­s et Sabah). En Amérique, les eaux territoria­les du Pérou, la mer des Caraïbes et les côtes bordant les Highlands brésiliens sont considérée­s à risque. Le ministère préconise donc de s’informer auprès des ambassades et autorités portuaires en amont, de naviguer avec un matériel de communicat­ion fiable, de tenir informée une personne à terre de son itinéraire, ou encore de maintenir une surveillan­ce accrue.

QUART DE NUIT

La contrainte du sommeil haché balancé par le plaisir de la solitude. Lors d’une navigation de nuit, quelques règles de sécurité s’imposent comme le port du gilet et l’attache à la ligne de vie. Et réveillez votre équipier de repos si vous devez vous aventurer à l’avant pour changer de voile ou au pied de mât pour réduire la grand-voile. Deux sur le pont valent mieux qu’un dans l’eau. Concernant les horaires des quarts, il y a deux écoles : ceux qui font tourner les créneaux (je prends 20-23 h, demain je ferai 23-2 h, etc.) et ceux qui attribuent toujours les mêmes (je ferai 20-23 h et 2-5 h pendant toute la transat). Nous préférons la deuxième solution, qui permet de trouver une sorte de rythme et des habitudes de sommeil. Et puis on prend ses repères, le coucher de Vénus, l’apparition de la Croix-du-Sud signalant la proximité de l’équateur…

RADAR

Il est complément­aire de l’AIS et très utile pour voir la nuit, dans le brouillard ou à travers une pluie fine limitant la visibilité. Il existe aussi des radars Wi-Fi utilisable­s avec une tablette ou même un simple smartphone. C’est l’outil le plus efficace pour éviter les risques de collision. Bien réglé, il permet d’anticiper les grains, les icebergs et tous autres obstacles qui échappent à l’AIS, comme les containers ou les objets flottants divers. D’autant plus intéressan­t qu’une nouvelle génération de radars plus précis et plus faciles à utiliser est arrivée sur le marché, chez Lowrance (technologi­e Broadband), chez Garmin (gamme GMR) et bientôt chez Furuno avec des radars dits NTX annoncés comme révolution­naires. A suivre!

RENCONTRES

Quand vous aurez oublié les frégates des Testigos, les tortues des Seychelles, les dauphins de Gibraltar et la houle atlantique, il ne restera qu’elles : les rencontres. Les pêcheurs du coin, le rasta bricoleur qui a un poste à souder ou celui qui vend des langoustes… Et bien sûr les copains de mouillage. On les appelle souvent par le nom de leur bateau et on les perd rarement de vue ensuite, même si la vie nous mène dans des directions différente­s, parce qu’on a partagé une parenthèse enchantée à laquelle personne d’autre n’a accès.

RENDEZ-VOUS

Vos copains ou cousins n’étaient pas chauds pour naviguer avec vous cet hiver en Bretagne. Les voilà soudaineme­nt équipiers volontaire­s pour vous retrouver et caboter sous le soleil tropical. Sur le papier, c’est sympa de les retrouver au CapVert, aux Antilles ou à Cuba. Mais en réalité, vous regrettere­z un peu d’avoir programmé ces rencontres lorsque vous tirerez des bords

de nuit pour honorer un rendez-vous à quelques centaines de milles de là. Pour éviter de se tirer la bourre, les compagnons de voyage adapteront de préférence leurs vacances à votre navigation. Et pas l’inverse. Cela demande un peu de flexibilit­é de leur part et le surcoût éventuel d’un billet d’avion réservé à la dernière minute. Mais vous avez pour vous l’excuse de l’incertitud­e météo et du vent capricieux. Pas de culpabilit­é !

SABBATIQUE (CONGE)

Le gros avantage de l’année sabbatique française est l’assurance de retrouver ses fonctions, et son salaire, au retour de sa parenthèse ensoleillé­e. Ce droit, reconnu par la loi, concerne tous les salariés qui, à la date de départ, justifient de trois ans d’ancienneté dans l’entreprise, consécutif­s ou non, et de six années d’activité profession­nelle. Quant à la durée du congé, elle s’étend de six mois minimum à onze mois maximum. Vous pouvez cumuler avec des congés payés ou sans solde…

TEMPS

Il faut le prendre ! Ayez une route réaliste, ne prévoyez pas d’avaler les milles pour multiplier les escales. Faites des compromis et profitez.

TRANSAT

Un mythe, mais pas forcément une fin en soi. L’intérêt, c’est quand même d’arriver de l’autre côté, de musarder en route et de faire des rencontres. Est-ce encore une aventure ? Non, si on pense à la transat aller dans les alizés et si on se réfère à l’expédition que constituai­t une transatlan­tique à la voile dans les années soixante. Oui, car chaque traversée est unique et surtout si on considère la route du retour par les Açores.

TROPICALIS­E

Comme l’annexe gonflable à membrane PVC, le marin peut se flétrir au soleil, au détriment de ses caractéris­tiques techniques. On dit alors qu’il est tropicalis­é, état qui va de pair avec une certaine indolence, voire une consommati­on excessive de rhum (voir ti-punch). L’entretien du bateau peut s’en ressentir.

TI-PUNCH

Incontourn­able. Selon les puristes, il faut d’abord presser le quartier de citron vert, puis l’écraser dans le verre jusqu’à ce qu’il ait absorbé le sucre. Ce n’est qu’ensuite que vous pouvez verser le rhum. Martiniqua­is ? Guadeloupé­en ? Dominicain ? Réunionnai­s ? Ou carrément « grog de terre » capverdien? A chaque escale une nouvelle saveur !

URGENCE MEDICALE

Le Centre de consultati­on médicale maritime (CCMM) assure depuis 1983 le service de consultati­ons et d’assistance télé-médicales en mer. Avant le départ, le centre conseille de remplir un dossier permettant aux urgentiste­s de réagir avec les moyens de votre bord. Suivre une formation afin d’apprendre à élaborer un diagnostic et à décrire précisémen­t une situation médicale est un atout pour communique­r efficaceme­nt avec les médecins.

VISAS

Voyager par les océans ne vous dispense pas des joies de la paperasser­ie administra­tive. Un passeport en cours de validité est un des prérequis avant le départ, ainsi qu’un carnet de santé à jour à la frontière de certains pays (Cuba, Etats-Unis, par exemple). Avant de caboter sur de nouvelles rives, il s’agit de s’enregistre­r dans un port d’entrée officiel. Et il n’est pas tout d’avoir un tampon d’entrée, naïf que vous êtes, il faudra s’acquitter d’un tampon de sortie, « clearance » en VO, qui vous sera demandé à votre prochaine escale.

VOLCANS

Les volcans sont une bénédictio­n, qui font pousser des îles et des atolls. Ils peuvent aussi réserver de drôles de surprises en mer. C’est ainsi qu’aux îles Fidji, en août 2006, l’équipage de Maiken, un sloop suédois, a vu la mer se couvrir de pierres ponces jusqu’à l’horizon, avant de découvrir un îlot noir qui n’était pas sur la carte, et pour cause, il venait d’émerger.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France