Noeuds de taquet
« Nous sommes à l’extrême sud du lagon sud, dernier récif de la Nouvelle-Calédonie. Le récif est à deux pas, le poisson est abondant, les fonds magnifiques, on sent que l’homme n’y trempe pas souvent sa palme ! En plein vidage/découpe des filets avec mon fils, on a surtout peur, quand on met une main dans l’eau pour rincer un filet, de se faire croquer par un des nombreux requins qui viennent fureter sous la jupe. Tout à coup, hop, c’est un « tricot rayé » qui me passe sur le pied. Heureusement, je n’ai pas de problème avec les serpents. D’ailleurs, ceux-ci, bien que très venimeux, ont les crocs trop reculés pour des grosses proies comme mes pieds (ça mange quand même des murènes !). Donc je ne sursaute pas en poussant un hurlement et en plantant bêtement mon couteau à filet dans l’oeil de mon fils, mais je prends le serpent, joue un peu avec, fais hurler ma femme, classique… Et puis je le repose, pour qu’il finisse sa balade. Il a remonté les trois marches de la jupe, inspecté nos palmes et tubas, vérifié la fixation de nos poulies de renvoi de gennaker, puis nous a donné un petit cours de matelotage sur le taquet, avant de gentiment replonger dans l’eau turquoise ! D’où sortait-il ? La terre la plus proche est à 10 milles. Pour cette espèce qui passe une grande partie du temps à lézarder sur les îlots, nous devions représenter un repos bienvenu. D’ailleurs, il a dû passer le mot à ses potes puisque dès lors, nous en avons retrouvé quotidiennement dans notre cockpit ! »