MX Magazine

“Aucune offre...”

- Par Jordan Labbé & Mathias Brunner

Une saison incroyable avec ce titre et une saison 2017 plus qu’incertaine puisque tu n’as plus de guidon. Comment vis-tu la situation? « Mon objectif était de remporter le titre en SX 250 et c’est ce que j’ai fait. Tout le monde me reproche de ne pas avoir participé à l’outdoor mais je n’avais pas le choix. Mon contrat était axé sur le supercross et je n’avais pas envie de rouler gratuiteme­nt en motocross. Je n’avais pas d’autre option avant la saison 2016 car il ne faut pas oublier que je n’étais qu’un pilote de “remplaceme­nt” au sein du team. Lorsque j’ai commencé à démarcher pour l’année prochaine, les teams avaient déjà signé leurs pilotes. Voilà pourquoi j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi simple que ça. »

C’est quand même incroyable qu’un champion en titre ne trouve pas de guidon! On aurait pu penser que les teams se battraient pour t’avoir ! « Oui, vous n’êtes pas les seuls car moi aussi je le pensais. Cela a été une année “bizarre” pour tout le monde, et pas seulement pour moi, pour mon frère aussi. Je ne me plains pas, mon objectif était d’être champion et je l’ai été. Aujourd’hui, je ne sais pas vraiment de quoi mon avenir sera fait. Je reçois plein de messages me demandant ce que je vais faire mais la réalité est là, je n’ai absolument rien. Avec les partenaire­s qui me suivent, je roulerai à Anaheim 1 avec une moto stock face aux pilotes d’usine et j’espère que ça débouchera sur quelque chose. »

Es-tu devenu trop cher pour les teams en remportant ce titre? « Non, absolument pas. L’argent n’a rien à voir là-dedans. Le fait est que je n’ai reçu aucune offre. Pour tout dire, j’en suis arrivé à un point où je ne discute même plus d’argent avec les managers. Je pense que c’est simplement une année bizarre, je ne comprends pas vraiment. »

Tu en veux à Honda ou à Geico de ne pas te conserver? « Non, au contraire. Honda Geico m’a beaucoup aidé, c’est un super team et je leur dois énormément. Beaucoup de choses ont évolué et c’est un team 250 désormais. Quoi qu’il arrive, je veux rouler en 450 et ils ne peuvent plus me suivre. Ils ont été vraiment top. Ils m’ont donné des pièces et fourni des motos pour pouvoir m’entraîner. Si je suis à Lille, c’est grâce à eux. Je ne pourrai jamais assez les remercier. »

As-tu un plan B au cas où tu ne trouverais pas de team avant A1, avec ton frère par exemple? « Si tu as un plan B, je veux bien étudier la chose (rire !). Non, je n’ai rien. Il n’y a pas de plan B. Je n’ai qu’un plan A pour le moment qui est d’aller acheter une moto chez un concession­naire, préparer mon moteur et mes suspension­s et tenter de me qualifier pour la finale à Anaheim. C’est dingue… » (air pensif)

Tu es donc prêt à tout pour être sur la grille de départ en janvier, quitte à investir de l’argent? « Oui, mais je suis dans une situation où il faut que je fasse attention à mon budget. Il va falloir que je trouve 200000 ou 300000 dollars pour me payer le matériel nécessaire. Il faut trouver des sponsors, mais c’est sûr que cela sera difficile de se pointer avec une moto préparée pour rouler à un niveau profession­nel. J’ai gagné mon titre dans un team d’usine, pas avec une moto et un pick-up. Je connais la différence entre être un

Champion US 250 côte Ouest, Malcolm Stewart fait face à une situation jamais vue en se retrouvant sans guidon pour 2017. Une triste réalité qu’il espère voir évoluer en retrouvant un bon team l’an prochain ou en 2018. Nous avons profité de sa venue à Lille pour comprendre l’énigme Malcolm…

pilote factory et un privé. Tout faire moi-même sera compliqué. Je dois le faire, car je n’ai pas le choix. »

Ton frère est dans la même situation, même s’il n’a pas été titré en 2016. Vous pourriez monter un team ensemble ? « Oui, on pourrait le faire et ce serait une bonne idée. Mais si tu n’as pas un constructe­ur derrière toi, c’est presque impossible, à moins d’avoir un sponsor qui paye pour nous obtenir les bonnes pièces. Le problème est qu’aujourd’hui, les budgets ne sont plus là. La crise a fait des dégâts dans l’industrie du motocross. Que faire ? On ne peut pas avoir un partenaire principal qui nous donne 5000 dollars, on n’ira pas loin avec ça. On essaie de trouver des sponsors, mais c’est de plus en plus compliqué. C’est pour cela que d’avoir le soutien d’une usine facilite la vie. »

Tu pourrais aussi attendre qu’un pilote se blesse et le remplacer. Tu envisages cette possibilit­é? « Oui, complèteme­nt. Au point où j’en suis, je prends toutes les solutions. C’est un sport très dangereux, on se blesse souvent et c’est sûr qu’il y aura une opportunit­é. Si c’est le cas, je la saisirai, que cela soit pour le motocross ou le supercross. En espérant faire mes preuves en 450 et trouver un contrat pour 2018. »

Tu n’as jamais pensé à venir rouler en Europe? « Si, j’y ai pensé. Nous avons quelques discussion­s avec Luongo afin de trouver une solution. J’ai eu quelques conversati­ons à ce propos avec des teams mais aucune n’a débouché sur quelque chose de sérieux. Quoi qu’il arrive, c’est trop tard maintenant. Tous les programmes sont déjà bouclés, que ce soit aux USA ou en Europe. »

Ton frère s’intéresse beaucoup au motocross en Europe. As-tu regardé le MXGP? Que penses-tu de Tim Gajser? « Je ne sais pas qui est Tim Gajser… »

C’est le nouveau champion du monde MXGP… « Oh! Je ne le connais pas, donc tout ce que j’ai à dire c’est… Félicitati­ons ! » (rires)

Tu donnes une image de pilote cool qui ne se prend pas la tête. C’est une marque de fabrique ou ta véritable personnali­té ? « J’ai toujours été comme ça car j’ai grandi comme ça. Mon frère est un peu un showman aussi. On est très proches et je l’ai toujours vu rouler. Peut-être qu’il m’a influencé. Notre famille est vraiment soudée et nous avons un nouveau membre dans le team Stewart puisque James a eu un petit garçon. Je suis tonton maintenant ! »

Tu as grandi en voyant ton frère briller. Il a été très médiatisé depuis son plus jeune âge. Pour toi, c’est arrivé un peu plus tardivemen­t… « On est frères mais on a eu des parcours différents. Tout petit, je roulais aussi mais je ne voulais pas faire de courses. Mon père me rappelle d’ailleurs souvent que j’étais plus rapide que lui en 85. J’aurais peut-être dû en faire (rire !). Tous les regards étaient donc fixés sur lui. Cela dit, s’il n’avait pas fait de moto et connu ce succès, je n’en serais pas là aujourd’hui. Je n’aurais pas le “Stewart Compound” pour m’entraîner et progresser. Je le remercie chaque jour pour cela. Je m’y suis mis sérieuseme­nt beaucoup plus tard et forcément, le succès est arrivé tardivemen­t. Cela change tout. Je suis plus vieux et j’ai des factures à payer. »

Si tu n’avais pas été pilote de motocross, qu’aurais-tu fait? « Avec notre histoire familiale, c’est certain que j’aurais quand même été impliqué dans le milieu. On envisage à l’avenir d’ouvrir un camp d’entraîneme­nt au “Stewart Compound”. On aimerait bien aider des gosses à réaliser leur rêve, leur donner tout ce qu’il faut pour devenir pro. Il est probable que le fils de James aura envie de faire de la compétitio­n et je pense qu’il n’y aura rien de plus beau que de recommence­r une histoire, revenir comme au bon vieux temps dans les championna­ts amateurs avec mon neveu ou avec d’autres enfants. C’est un truc qui me plairait bien.

« Je n’ai qu’un plan A, aller acheter une moto chez un concession­naire. »

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