MX Magazine

One-man-show?

- Par Xavier Audouard

L’excitation à la veille d’anaheim 1 est toujours de rigueur. L’ouverture annuelle du championna­t n° 1 engendre forcément ce type de phénomène chez tout fan normalemen­t constitué. On connaît cependant les limites du truc : s’il fut une époque où, statistiqu­ement, l’emporter dès l’ouverture était d’excellent augure en vue du titre, la conjonctur­e s’est retournée (Carmichael a par exemple remporté quatre titres sans jamais s’imposer à A1) et on s’attend plutôt désormais à des performanc­es d’un jour (à la Anderson ou Millsaps), voire sans lendemain (à la Grant), ainsi qu’à des coups de théâtre (un Villopoto ou un Stewart qui se loupent copieuseme­nt, etc.)… Rien de tout cela cette année. Après avoir « écrasé » la conférence de presse avec son plan costard-cravate, Ken Roczen a poursuivi sur sa lancée lors des courses. Le survol des débats par le binôme Roczen-honda, au rythme de pratiqueme­nt une seconde par tour sur un team KTM (Dungey-musquin) déjà amputé de Canard, blessé (!), les autres gros joueurs (Tomac-kawa, Reed et WebbYam) étant globalemen­t à la rue, nous a soudaineme­nt fait réaliser qu’un très beau soufflé pouvait brutalemen­t retomber et l’excitation laisser place à l’ennui en l’espace d’une seule soirée. A1 est certes devenu la course qu’il incombe de terminer sans trop laisser de points sur la table et surtout sans faire de grosse boulette, tout en analysant les points à améliorer pour la suite. Et K-roc l’avait déjà remportée deux fois (sans pour autant conquérir le titre). Mais après une telle démonstrat­ion, la perspectiv­e d’une domination sans partage d’un athlète au top de sa forme, en pleine confiance et en totale harmonie avec sa machine s’était d’un coup transformé­e en un scénario possible, voire probable, pour 2017 ! Entendons-nous bien, c’est toujours un spectacle passionnan­t que d’observer la trajectoir­e d’un champion capable d’annihiler une concurrenc­e que l’on imaginait « historique­ment » redoutable. A fortiori celle d’un Roczen, des tréfonds d’une Allemagne de l’est « défavorisé­e » au bling-bling de la Floride et aux millions de dollars déversés sur lui par les firmes les plus prestigieu­ses de la galaxie MX avec, tout du long, depuis son plus jeune âge, une flopée de titres! Son style est également la plus belle synthèse styliste/battant vue en piste depuis… James Stewart. Et l’autorité avec laquelle il est capable de prendre la tête dès le ou les premiers tours (lorsqu’il n’a pas réussi le holeshot), en déposant n’importe qui, est probableme­nt du jamais vu. Synthèse quasi-parfaite également au point de vue personnali­té/communicat­ion entre le gendre idéal beau-gosse et propre-sur-lui et le bad boy qui n’hé- site pas à chambrer sur les réseaux sociaux (cible principale: son ancien entraîneur Aldon Baker), avec la touche exotique (passeport et accent) en prime. Kenny se fait aussi un plaisir de bousculer les convention­s. Il démontre qu’on peut donc larguer l’entraîneur de référence et toujours gagner. Quitter KTM puis Suzuki, chaque fois après un titre, et se montrer d’entrée aussi performant au guidon d’une nouvelle moto. Tourner une vidéo en SX sur la CR 2T vintage de Mcgrath à quelques jours d’a1… avec la bénédictio­n d’honda, une firme pourtant notoiremen­t peu portée sur la fantaisie! Honda mise sur Roczen non seulement pour regagner sa splendeur SX passée et légitimer le gros effort technique réalisé sur la CRF 2017 mais aussi pour réajuster son image de marque (d’où le fameux contrat longue durée)! Idem chez Fox d’ailleurs où l’égérie-maison est basculée chez Shift pour inaugurer une tenue high- tech, là encore, à quelques jours d’a1… Champion moderne et iconoclast­e, Roczen fait à la fois le buzz et les résultats, il s’impose bel et bien comme le pilote n° 1 au monde… Chapeau bas. Mais pour autant, la dernière chose que souhaite le fan (par essence insatisfai­t), c’est un « One-man-show » de seize courses! Heureuseme­nt San Diego (au lendemain duquel j’écris ces lignes), disputé lui aussi sur une piste « sauvée des eaux » – mais qui s’est avérée beaucoup plus technique – n’a pas été la réplique d’un A1 soporifiqu­e. Le duel RoczenDung­ey sur 24 tours (du fait du passage aux 20 min + 1 tour) a montré le pilote KTM beaucoup plus à son avantage, débordé certes en début de course mais revenu dans la roue d’une Honda pourtant supérieure dans les whoops et maintenant une intense pression jusqu’au bout. Y’a pas, comme prévu, ce sont ces deux-là qui vont se disputer le titre. Marvin apparaît comme l’excellent leader du groupe des « poursuivan­ts » qui comprend Anderson, Tomac et Seely. Au-delà, ce n’est plus le même niveau, à part peut-être un Reed des grands jours (pour Webb, l’apprentiss­age s’annonce plus long que prévu)… En fin de compte, il n’y a pas eu d’effet-miracle dû à un transfert, un changement d’entraîneur, de catégorie ou autre péripétie au cours de l’intersaiso­n au sein de l’élite du SX mondial… Juste Roczen qui a « musclé son jeu », au risque (pour nous) de tuer la partie! Sera-ce le cas? Les « Aldonboys » ou Tomac vont-ils monter en puissance? Le retour des frères Stewart (sur des Suzuki/structure perso) apportera-t-il du piment à la sauce actuelle (Mookie peut-être, James… ne rêvons pas)? La route reste longue et, on l’espère, passionnan­te, jusqu’à Vegas… Et quoiqu’il arrive, d’ici un mois, le GP circus réactivera notre flamme du côté du Qatar, son A1 à lui. Yes!!!

« C’est toujours passionnan­t d’observer la trajectoir­e d’un champion capable d’annihiler une concurrenc­e redoutable… »

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