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2017 marque un nouveau tournant dans la carrière d’yves Demaria. Après quatre années de collaboration avec Valentin Guillod, Tefli approfondit sa reconversion de coach en créant un pôle d’entraînement pour les pilotes. Les premiers à en profiter cette sai
Parle-nous de ton nouveau projet? « Jusqu’à maintenant, j’ai toujours collaboré comme coach auprès d’un seul pilote. Aujourd’hui, le but est de bâtir un camp d’entraînement capable d’en accueillir plusieurs. J’ai des investisseurs étrangers qui financent le projet et qui permettent d’avoir les moyens nécessaires pour fournir une vraie structure d’accueil. L’objectif sera ensuite de les amener au plus haut niveau, comme j’ai pu le faire avec Valentin Guillod, en m’entourant de gens compétents (préparateur physique, diététicien, médecin…). Plusieurs sites étaient possibles pour accueillir ce camp, mais on sera finalement basé chez moi dans le Sud. Il y a tout ce qu’il faut pour bosser et je dispose déjà de bases solides ici. On peut ensuite bouger en Belgique ou en Espagne en fonction des besoins. Cette année, Maxime (Renaux) et Julien (Lieber) sont les deux pilotes retenus. »
Qui est derrière tout ça? « L’investisseur principal se nomme Pier Carlo Bottero. C’est un Italien passionné de sports mécaniques qui investissait déjà dans le MX auparavant en aidant financièrement Valentin Guillod. Il est à la tête d’une entreprise de logistique et il voulait aider davantage les pilotes en mettant en place une structure d’entraînement. C’est comme ça qu’est né “Love my Training”. Le but est d’apporter tout ce qu’il faut aux pilotes qui auront juste un petit investissement financier à fournir pour intégrer le camp et bénéficier du support matériel et humain pour leur préparation. Ils auront accès à la salle de sport, à un atelier, à des entraînements groupés, mais aussi à mes conseils et à ceux des préparateurs physiques, des médecins ou du diététicien. »
Quels sont vos objectifs? « Le projet vient d’être lancé. L’objectif est de se développer et d’accueillir progressivement d’autres pilotes. Certains seront là de façon permanente, d’autres pourront venir au coup par coup en fonction de leurs besoins. Ça pourra être une semaine ou un mois en fonction de ce qu’ils souhaitent. On démarre en bas de l’échelle mais on se donne les moyens d’arriver rapidement aux objectifs fixés. Le but n’est pas d’être lié avec une marque, mais de pouvoir accueillir des pilotes de différents horizons. Aujourd’hui, nous avons deux pilotes mais demain, ça pourra être cinq, six voire plus. Il faudra savoir s’organiser et bien s’entourer pour fournir la même qualité de travail. On aimerait prendre de jeunes pilotes pour les amener jusqu’au MXGP. Après, logiquement, ils n’auront plus besoin de nous. »
Comment s’est faite la sélection des pilotes pour 2017? « Je travaillais déjà avec Julien. Il a connu une saison 2016 très difficile avec deux sérieuses blessures. Lorsque nous lui avons parlé du projet, il a tout de suite adhéré. Les choses se sont faites naturellement. J’ai également eu l’occasion de côtoyer Maxime l’an dernier puisqu’il roulait dans la structure Yamaha Kemea. On a pu parler, échanger et définir ce dont il avait besoin. L’avantage, c’est que je ne suis plus investi dans une équipe comme c’était le cas auparavant où j’avais tendance à trop vouloir tout contrôler. J’ai pris du recul par rapport à ça et je vais pouvoir me concentrer uniquement sur les pilotes sans gérer la partie technique et développement qui pouvait parfois polluer les rapports. »
Que penses-tu du potentiel de tes deux pilotes cette saison? « Julien a soif de revanche et c’est un vrai passionné qui se donne les moyens de réussir. Il a une bonne mentalité. Après sa saison difficile, il a été un peu délaissé par les autres, mais pas par nous. En MX2, c’est le seul qui nous a sauté aux yeux. Pour Maxime, on mise sur la jeunesse. C’est un pilote à fort potentiel qui roule bien dans le sable et qui prouve que le vivier en France est encore bon. En étant bien encadré, nous allons tenter de franchir les dernières marches. L’année dernière, il était un peu perdu et il n’a pas obtenu les résultats espérés. Ce n’est pas simple pour lui puisqu’il suit encore un cursus scolaire traditionnel. Il va d’ailleurs passer son bac en juin. Après ça, il pourra consacrer encore plus de temps au MX. C’est donc une bonne chose qu’il reparte en Europe cette saison. Ce sera également plus simple pour nous à gérer au niveau logistique. »
Est-ce plus simple pour un coach de travailler avec des jeunes? « C’est la même chose. Aujourd’hui, quasiment tous les jeunes ont déjà quelqu’un pour les aider. Le plus important est donc de savoir s’adapter aux pilotes en fonction de leurs besoins, mais aussi des bonnes ou mauvaises habitudes qu’ils ont pu prendre. L’aspect psychologique reste primordial. S’il n’y a pas de feeling entre le pilote et son coach, ça devient compliqué. C’est la base de tout. »
Étiez-vous arrivé au bout du chemin avec Guillod? « J’ai senti que ça commençait à devenir compliqué. Je ne voulais pas qu’on fasse l’année de trop et je ressentais le besoin de souffler. Je pense que c’était le bon moment pour se séparer. Nous n’avons pas obtenu les résultats escomptés en MXGP mais notre progression durant ces quatre années passées ensemble reste positive. Nous sommes partis de l’europe pour progresser régulièrement au fil des saisons. Certains de nos objectifs ont été atteints, d’autres non. J’espère maintenant qu’il a emmagasiné suffisamment d’expérience pour continuer à avancer. Je ne sais pas s’il va collaborer avec un autre coach, mais je pense qu’il a aujourd’hui des bases pour se débrouiller. »
Comment va fonctionner votre équipe cette année? « Nous sommes basés à Uzès mais on va bouger partout en fonction des besoins. Julien sera là à pleintemps, mais Maxime reste scolarisé chez lui en Picardie. Il ne vient donc que par cessions en fonction de ses vacances ou de ses dispos. À partir de juin, il intégrera lui aussi la structure à temps plein dans un appartement que je leur ai bloqué. Encore une fois, nous avons ici tout ce qu’il faut pour bosser avec des équipements et des personnes que je connais. On ne part pas dans l’inconnu. »
Renaux à l’europe, Lieber en MX2. Comment vas-tu te partager? « Les épreuves de l’europe sont programmées en même temps que celle du MX2. Je serai donc présent sur toutes les épreuves pour les aider autant que possible. Les week-ends vont être chargés, mais le fait qu’ils ne roulent pas dans la même catégorie sera presque plus simple à gérer pour moi. »
N’était-ce pas plus simple ou mieux pour Maxime de faire le MX2 dès cette année? « Non. Avec le recul, je pense que
« S’il n’y a pas de feeling entre le pilote et son coach, ça devient compliqué. »
c’est mieux qu’il reste en Europe cette saison. La décision n’a pas été simple à prendre pour lui, mais entre son cursus scolaire et ce changement d’organisation, je pense que c’est plus prudent. Je ne vois pas ça comme une régression. Bien au contraire. Cela va lui permettre de repartir du bon pied et finir correctement sa scolarité avec le bac en point de mire. »
Bénéficies-tu d’un autre soutien pour les entraînements? « Pour le moment, je suis seul. Je gère tous les plans d’entraînement en m’aidant des années passées. Je commence à avoir une certaine expérience dans le domaine et je peux aussi m’appuyer sur des gens performants en cas de besoin. Il faut surtout échanger avec les pilotes pour savoir ce qu’ils attendent, ce dont ils ont besoin ou ce qu’ils peuvent faire. Avec ses opérations à la hanche, Julien ne peut par exemple pas faire les mêmes exercices que Maxime. Il avait aussi commencé à travailler avec un préparateur. Je m’inscris donc dans la lignée de ce qui a déjà été fait. Si tout fonctionne bien, le but est de pouvoir intégrer à notre structure d’autres personnes comme des préparateurs ou des formateurs. Lorsque nous aurons cinq ou six pilotes sur place, ce sera possible et nécessaire. »
Es-tu content de te lancer dans cette nouvelle aventure ? « J’adore la compétition et le sport de haut niveau. Lorsque je vois par exemple l’évolution de Valentin (Guillod) sur les quatre dernières années, c’est assez glorifiant. Nul n’aurait misé là-dessus et j’en tire une satisfaction personnelle. Le pilote reste seul sur sa moto mais le coach joue un rôle dans sa réussite sportive. Lorsque je travaille avec de jeunes pilotes passionnés qui ont envie de réussir, tout va bien. » Après ces longues années sur les circuits, n’as-tu pas envie de prendre du recul? « Parfois, je me dis que j’aimerais bien avoir une vie “normale” en étant chez moi tous les week-ends, mais j’aime trop ce que je fais. Je sais aussi que ça ne durera pas encore 30 ans alors autant en profiter. L’essentiel pour moi reste le résultat. Lorsqu’on s’investit et que le pilote roule bien et obtient de bons résultats, j’ai l’impression de participer à quelque chose. »
Quels sont vos objectifs cette saison? « Si Maxime remporte le titre à l’europe et que Julien monte sur le podium du MX2, cela va indéniablement mettre la structure sur les bons rails et donner envie à d’autres pilotes de nous rejoindre. Si ces objectifs sont remplis, notre développement et notre notoriété seront plus rapides. C’est le but. »
« Le pilote reste seul sur sa moto mais le coach joue un rôle dans sa réussite. »