MX Magazine

« Monter en puissance »

- Par Mathias Brunner – Photos Yamaha Racing – P. Haudiquert

Comment ça va à quelques jours de l’ouverture du Mondial? « Ce n’est pas la grande forme et tout n’est pas encore au top, mais ça va. J’ai pu faire les trois courses de préparatio­n même si ça ne s’est pas passé comme prévu. On a encore quelques tests à faire sur la moto avant le Qatar pour améliorer deux ou trois détails. Je pense que pour l’ouverture, ça devrait bien se passer. »

Tu fais allusions aux Internatio­naux d’italie qui ont été difficiles pour toi ? Qu’est-ce que tu retiens de ces courses? « Pas grand-chose (rire !). Non, je veux retrouver pour le Qatar, le feeling que j’avais avant la première course à Riola. Je suivais les premiers et je roulais sans forcer. Je me sentais vraiment bien sur la moto, c’est ça que je retiens et que je veux retrouver pour l’ouverture de la saison. La suite a été plus compliquée. À Rome, même si les résultats étaient meilleurs, je n’étais pas à l’aise avec mon cou et lors de la finale. Je n’ai pu faire qu’une manche sur deux à cause d’un problème mécanique. »

Que te manque-t-il pour retrouver ce feeling que tu avais ? « Ça vient principale­ment de la moto et de moi. Je suis resté avec le team exprès en Italie pour perfection­ner les réglages sur les terrains durs (ndlr : interview réalisée le 14 février). On sait ce qu’on doit changer pour que ce soit plus facile à rouler. Ma force, c’est ma vitesse dans les virages et c’est quelque chose que j’ai un peu perdu. Sur ce point précis, on n’est pas au niveau que j’aimerais

S’il n’aborde pas sa troisième saison en MXGP avec le statut de champion du monde en titre comme l’an dernier, Romain Febvre a bien l’intention de prendre sa revanche. Face à Gajser, Herlings, Cairoli, Desalle, Nagl pour ne citer qu’eux, la tâche ne s’annonce pas facile pour l’une des saisons les plus relevées de ce XXIE siècle.

et c’est là-dessus qu’on travaille actuelleme­nt avec le team. Si je me sens mieux sur la moto, le feeling sera meilleur et je roulerai mieux. C’est un ensemble on va dire. »

Tu parles de ta moto. Quel a été le gros du travail fait dessus cet hiver? « Elle a beaucoup évolué par rapport à l’année dernière, surtout au niveau du moteur. On a commencé à travailler directemen­t après les Nations. Il fallait améliorer les départs car c’était mon point faible. C’est ce qu’on a fait sans que cela ait de mauvaises répercussi­ons sur la piste car c’est sur cette partie que je tire mon épingle du jeu. On a bien travaillé sur les suspension­s et sur quelques détails mais oui, la moto a bien évolué par rapport à l’an dernier. » Au final, c’est réglé ce problème de départ? « Oui, je pense. Même s’il n’y avait pas tous les pilotes en Italie, les meilleurs étaient là sur KTM et Honda. Sur six départs, j’ai fait un holeshot et on est à chaque fois parti dans les cinq premiers avec Jérémy. Je pense qu’on a une bonne base, mais il ne faut pas rester sur cet acquis car des nouveautés peuvent arriver dans les teams adverses durant la saison. »

Du côté de la préparatio­n physique, as-tu changé quelque chose cet hiver ? « Je commence à avoir de l’expérience à ce niveau et chaque année, j’améliore certains points. Ce sont des petits détails mais dans la globalité, ça reste la même préparatio­n physique que l’an dernier. Tout allait bien d’ailleurs avant la première à Riola et avec ma grosse chute, je me suis bien bloqué le cou. Aujourd’hui, il est encore un peu raide même si je n’ai

« Je veux gagner le plus de manches, de courses et de championna­ts possible. »

aucune douleur quand je roule. C’est une des raisons pour lesquelles je ne me sens pas encore à 100 %. »

Est-ce que tu penses avoir retrouvé ton niveau d’il y a deux ans ? « C’est difficile à dire car chaque année, le niveau du MXGP augmente et cette saison, il sera encore plus intense que l’an dernier. Donc le niveau que j’avais il y a deux ans n’est plus suffisant pour gagner aujourd’hui. Avant la chute de Riola, je me sentais vraiment bien et je partais dans l’esprit de gagner dès le début mais maintenant, je ne me vois pas m’imposer dès le Qatar. Si je peux remporter les premières courses, bien sûr, je ne vais pas me priver, mais ça serait vraiment une surprise. Il va falloir être régulier en début de saison pour monter en puissance course après course. Tout ne se jouera pas sur un week-end. Le championna­t est vraiment long. »

Ton plan est donc de commencer doucement pour terminer fort comme en 2015? « On verra comment vont se dérouler les derniers tests et la première course au Qatar mais oui, dans l’esprit, c’est d’y aller progressiv­ement. »

Surpris des performanc­es de tes adversaire­s en Italie, notamment Cairoli et Van Horebeek? « Surpris, non. Cairoli a toujours bien roulé en championna­t d’italie. Jeremy a bien roulé aussi et quand tu enchaînes de bonnes performanc­es, tu te sens bien. Là-dessus, je ne me fais pas trop de souci. Je ne fais pas attention au niveau de mes adversaire­s. On n’a pas encore roulé tous ensemble donc je ne me pose pas de questions sur qui a le plus progressé. Ce qui est sûr, c’est que ça s’annonce serré et on sera cinq ou six à gagner des courses. »

Comme tous tes adversaire­s, es-tu persuadé d’avoir la meilleure moto du plateau? « Pour ma façon de rouler, oui! On a encore quelques trucs à faire mais dans la globalité, je pense avoir la meilleure moto pour mon pilotage. Après, je ne fais pas attention à ce qu’ont les autres. Je sais ce que je veux et je sais ce que le team est capable de m’offrir. C’est pour cette raison que je suis resté chez Yamaha. »

Tu abordes cette saison sans être le champion en titre. Ça change quelque chose pour toi? « Non, rien. C’était mieux l’année dernière on va dire (rire !). Une fois sur la piste, on ne pense pas au titre alors ce n’est pas une bonne ou une mauvaise chose d’arriver en tant que champion. Tout est remis en jeu cette année et c’est le meilleur qui gagnera. »

Finalement, avec le nombre de courses, l’intensité et le niveau cette année, est-ce que le champion ne sera pas celui qui restera sur ses roues? « Le championna­t est tellement long qu’il faut faire le moins d’erreurs possible, c’est clair. Les blessures ne pardonnero­nt pas. La saison dernière, avant ma chute en Angleterre, c’était très serré avec Tim et même après, c’était très proche entre la 2e et la 5e place. C’est sûr que cette année, la régularité et la consistanc­e primeront sur la performanc­e individuel­le pure. »

Qu’est-ce qui te motive à prendre les départs ? Les records? « Faire ce qu’on aime, c’est le plus beau métier du monde. Je veux gagner le plus de manches, de courses et de championna­t possible. Après, je ne cours pas après les records, d’ailleurs, je ne saurais même pas en citer. Je veux juste être champion du monde le plus de fois possible même si ça reste très difficile de gagner un championna­t. »

Tu es très exigeant avec toi-même et à l’entraîneme­nt. Est-ce la raison pour laquelle tu as un entourage réduit sans entraîneur? « Oui. J’arrive à m’organiser et je n’ai pas besoin d’entraîneur pour me dire quoi faire. Si quelque chose ne va pas, je cherche la raison et quand je sais d’où ça vient, je ne renvoie pas le problème

sur quelqu’un d’autre. Je ne cherche jamais d’excuses et j’avance. C’est la raison pour laquelle j’ai un entourage assez restreint. C’est ma façon de faire et ça me convient bien. »

Tu repars donc dans les mêmes conditions que l’année dernière à ce niveau-là? « Oui, la seule différence, c’est que j’ai retrouvé Romain Coiffard qui était mon mécano chez KTM Martens et Husqvarna. Il est désormais mon mécano d’entraîneme­nt et va me suivre sur toutes les courses. Manuel restera mon mécano de course, mais Romain regardera la façon dont je roule et aura un oeil extérieur sur la piste. Il me connaît très bien. » Au niveau où vous roulez aujourd’hui, c’est le pilote ou la machine qui fait la différence ? « Sur un terrain de cross, ça reste le pilote car nous avons tous de bonnes motos. Si l’on nous donnait n’importe quelle marque avec de bons réglages, on aurait toujours la vitesse. Pour la vitesse pure en elle-même, c’est plus le pilote qui fait

« Le niveau que j’avais il y a deux ans n’est plus suffisant

pour gagner aujourd’hui. »

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