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«J’aipassé uncap!»

Cette année, le plus jeune engagé en catégorie SX1 a choisi de changer son approche. Exit le dilettante, le pilote Husqvarna a décidé de mettre tous les atouts de son côté pour réussir la saison à venir. D

- Par Laurent Reviron. Photos Mathias Brunner

ans un premier temps, est-ce que tu peux te présenter? « Je vais avoir 23 ans cet été. Je suis originaire du Sud, vers Aix-enProvence. Cadet, Junior, Élite puis le SX Tour… En fait, j’ai participé aux championna­ts nationaux en France depuis le Minivert. Jusqu’à mes 19 ans, je faisais des études en parallèle de la moto. Je suis allé jusqu’au bac ES. Après, je ne savais pas trop dans quoi me lancer et avec mes parents, j’ai décidé d’essayer de ne faire que de la moto. Ça s’est pas trop mal passé la première année en tant que pilote privé. J’ai terminé 3e de l’élite, 3e du SX Tour et 3e du SX allemand. En 2014, quand le team HDI pour lequel je roulais a fermé, j’ai failli tout arrêter. Mais en 2015, j’ai reçu une bonne aide d’un concession­naire et ça m’a relancé. Je me suis aligné sur le SX pour m’amuser, histoire de voir comment ça se passait. Mon meilleur résultat a été 6e d’une finale. C’était correct. En 2016, je suis reparti pour le même programme avec des courses vers chez moi et le SX. Et ça s’est encore mieux passé. Je suis rentré dans mes objectifs avec une 5e place en SX1 et j’ai accroché un podium à Amnéville. Cette année, j’ai passé un cap et ça s’est confirmé en Angleterre où j’ai décroché dernièreme­nt ma première victoire. En 2017, je vais repartir sur le

même programme avec, en plus, un peu d’élite. »

Quelle sera ta structure pour la saison prochaine? « J’ai l’aide du concession­naire Husqvarna Motostyl à Meyreuil (13), mais je suis pilote privé avec quelques sponsors extrasport­ifs. J’ai réussi à constituer un bon groupe de partenaire­s autour de moi qui m’aident beaucoup comme Atmos Étanchéité, Solution F, Bbdesign, First Racing, 4.42 Suspension­s, Proracing Service, EKS Brand, Lask Gear, CRP et, bien sûr, Husqvarna. Je suis aussi vraiment bien entouré par mon père et ma famille en général, mais également par mon préparateu­r suspension­s et ami Peter Germain ainsi que mon entraîneur, JeanMarc Charpin. »

Quels sont tes objectifs concrèteme­nt? « Je compte aller à la première de l’élite et si je suis dans le top 5, je ferai toute la saison. Si ce n’est pas le cas, je roulerai uniquement sur les épreuves pas très loin de chez moi pour économiser mon budget. Mais si je suis bien classé, je ferai l’effort de tout faire. Pour le SX, j’aimerais jouer le plus de podiums possible et pourquoi pas viser un podium final. »

Et si tu te projettes à plus long terme, tu aimerais qu’elle se déroule comment ta carrière dans l’idéal? « Faire partie des meilleurs Français en SX, à l’image de Ramette, Soubeyras, Izoird… ça serait pas mal. Une carrière nationale serait cool. Et pourquoi pas essayer des choses aux USA, pour voir, en 250? On ne sait pas ce qu’il peut arriver. Une propositio­n sympa pour participer à l’europe pourrait m’intéresser aussi… Mais pour le moment, je suis plus focalisé sur une carrière nationale en supercross. »

Qu’est-ce qu’il te manque pour être meilleur ? « Jusqu’à maintenant, j’étais dans la peau du pilote qui aime le supercross et qui fait ce qui lui plaît. Cette année, je pars dans une autre optique. Je le prends comme un boulot, je vais structurer mon entraîneme­nt, avoir un vrai programme physique, avec quelqu’un qui me conseille mentalemen­t. » Tu veux dire que depuis que tu t’es consacré à 100 % à la moto, tu n’as pas mis tous les atouts de ton côté pour y arriver? « Non. Je faisais ça parce que je ne savais pas trop dans quoi m’investir d’autre dans la vie et que j’avais cette opportunit­é. Les résultats que j’ai obtenus cette année m’ont motivé à passer un cap et je veux vraiment en faire mon métier. »

Qu’est-ce qu’il y a dans ta vie à côté de la moto? « La moto, c’est ma passion, mais il n’y a pas que ça dans ma vie. J’aime profiter d’une manière générale, visiter des trucs, j’aime l’immobilier… J’aime tous les sports. À la télé, je ne manque rien… tennis, foot, basket… Il y a beaucoup de choses qui me plaisent, mais c’est dans la moto que je suis le meilleur. »

Est-ce que tu as une préparatio­n structurée? « Jusqu’à maintenant, non. Je roulais en loisir avec l’objectif de progresser. Cette année, je vais vraiment structurer mon entraîneme­nt pour essayer de jouer devant. Je vais me concentrer sur ce qu’il faut faire pour progresser. Jusqu’à présent, je faisais des top 10, top 7. Là, j’ai vraiment joué devant, dans le top 5. Passer ce cap, ça m’a motivé pour me lancer dedans à fond. J’étais le seul pilote de SX de la région à ne pas avoir de terrain. L’année prochaine, j’en aurai un. Ça va vachement m’aider. Au niveau physique, je faisais comme je le sentais, je n’avais pas de planning, rien n’était structuré. Je faisais un peu de footing, de vélo, un peu de renforceme­nt musculaire. L’année prochaine, j’aurai un programme physique. Je suis le plus jeune de la catégorie SX1 et je pense qu’il y a quelque chose à jouer dans les années à venir. »

Tu te considères comme un pilote profession­nel? « Pas vraiment jusqu’à maintenant. Ce n’est pas en faisant 7/8 du championna­t SX1 en France que tu peux te considérer comme un pilote pro. Cette année, j’ai joué un peu plus devant, j’ai gagné quelques primes, donc je commence à le prendre comme ça. »

Et financière­ment? « Je fonctionne à l’économie. L’année dernière, je n’avais qu’une seule moto pour les courses et les entraîneme­nts. Je n’ai pas des pièces de fou. J’ai fait mon podium à Amnéville

« J’aimerais faire partie des meilleurs Français en SX, à l’image de Ramette, Soubeyras, Izoird… »

avec une machine complèteme­nt d’origine que je venais de recevoir. Je n’avais même pas de ligne d’échappemen­t. C’est aussi pour ça que je roule en 450. Il faut moins dépenser dans la préparatio­n. Mais aujourd’hui, j’arrive à me débrouille­r tout seul grâce à mes sponsors. Je ne gagne pas des mille et des cents et j’habite encore chez mes parents, mais je vis avec l’argent que je gagne. »

Quel est ton rêve? « Comme beaucoup, mon rêve absolu aurait été de partir aux US et de gagner des finales de SX US comme Roczen. Après, performer en France, intégrer une structure pendant des années est un objectif mais aussi un rêve. Et puis, je peux toujours rêver d’avoir un jour un coup de fil d’un team US pour rouler là-bas en Lites. »

Est-ce que tu as raté une étape dans ta carrière pour le moment? « J’ai toujours été bon techniquem­ent. Dans mon entourage, tout le monde dit que je suis champion du monde de l’entraîneme­nt. Je suis capable de faire des trucs de fou. Quand je m’entraînais avec Ferrandis, on roulait souvent dans les mêmes temps, mais quand on était sur un Élite, il me mettait 5 secondes au tour. Avec l’âge, ça évolue mais jusqu’à maintenant, je n’avais pas le mental. Je me mettais trop de pression. Si je n’avais pas été ainsi lorsque je roulais en championna­t d’europe avec KRT, ma carrière aurait peut-être pris un autre tournant et je serais peut-être en Mondial. Je suis de la génération de Paturel, au Junior, on se battait ensemble mais ça a suivi pour lui mentalemen­t, pas pour moi. »

Quels sont tes points forts et tes points faibles ? « Je roule propre et fin, je fais peu d’erreurs et mon point faible reste mon mental. Je ne crois pas assez en moi. Il faut que je travaille làdessus. »

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