MX Magazine

Dans le tempo!

Américain depuis six mois, auteur d’une belle première saison de SX 250 sur la côte Est, efficace en outdoor et vainqueur d’une manche à Glen Helen, Dylan Ferrandis n’a pas mis longtemps à s’adapter à son nouvel environnem­ent. L’officiel Yamaha Star Racin

- Dylan Ferrandis

Dylan, l’actualité c’est le championna­t outdoor. Tu étais neuvième du provisoire après cinq courses. Quel bilan tirestu de cette première partie de championna­t? « Honnêtemen­t, c’est plutôt mitigé. C’est clair et net, la première saison en MX, encore plus qu’en supercross, c’est une année d’apprentiss­age. Pour rivaliser tous les week-ends avec les meilleurs, il y a de nombreux paramètres à gérer. J’ai deux petits essais de quinze minutes pour apprendre la piste, la texture de la terre. Et si les conditions météo changent entre le matin et l’après-midi, c’est encore plus dur. Mais je le prends comme ça, je dois apprendre. Mon crash de Sacramento pour l’ouverture du championna­t ne m’a pas aidé non plus. Mais je reste très positif ! »

Tu t’attendais à cela, la chaleur, les pistes, le rythme, tout est comme tu l’imaginais? « Oui, je m’attendais à cela… Mais franchemen­t, une fois que tu es sur place, c’est encore plus dur. Pendant les manches, tout le monde est tout de suite à bloc, du premier au dernier tour. Le plus compliqué pour moi, c’est l’humidité. C’est un problème d’habitude. Hormis sur le GP de Thaïlande une fois, je n’ai jamais connu cela. L’organisme doit s’habituer à dépasser la douleur physique. Ça demande un peu de temps. Pour être à 100 % à 13 et 15 heures pour les deux manches, il y a vraiment plein de nouveaux paramètres à gérer pour moi. Mais c’est normal, c’est ma première année ici, je suis là depuis six mois. »

Hormis ta chute de Sacramento, tu as gagné une manche tranquille à Glen Helen, signé deux courses correctes à Thunder Valley, terminé quatrième à Mount Morris avant de souffrir un peu plus dans le Tennessee. C’est plus dur d’être régulier qu’en Mondial MX2? « Un peu plus dur, ici, il y a dix pilotes qui peuvent gagner des manches. En GP, c’est plutôt trois, quatre. J’ai besoin d’acquérir de l’expérience. L’autre différence en outdoor, c’est que nous sommes quarante derrière la grille tous les week-ends. Alors quand tu pars mal, ça fait un paquet de riders à doubler pour revenir devant. Dans le Tennessee, nous sommes tombés au départ avec Savatgy et Jeremy Martin. Je remonte neuf, Savatgy onze et Martin treize! C’est un exemple parlant! »

Tu as toujours dit que tu attendais avec impatience de rouler aux USA, notamment concernant la préparatio­n des pistes. La différence est vraiment flagrante? « Oui, les pistes ici, c’est vraiment du bonheur! Pas seulement au niveau de la préparatio­n de la terre mais elles sont larges, vallonnées. Il y a des sauts énormes que tu es obligé de passer à fond avec les 250, mais les appels sont propres, bien pensés et finalement c’est moins dangereux, tu prends un plaisir de fou ! »

Sans ton abandon de Sacramento, tu serais aux portes du top 5. Ça reste un objectif? « L’objectif, c’est de faire le mieux possible tous les week-ends, gagner des manches, pourquoi pas un général, jouer les podiums. J’ai perdu gros avec mes deux manches blanches à Hangtown, c’est dommage. Nous attaquons la seconde partie de la saison. Je vais tout donner comme toujours. On verra bien à la fin. »

Selon toi, il te manque quoi pour être juste un peu plus régulier dans tes perfs? « De l’expérience, c’est la première chose. Et puis je manque aussi un peu de repères en MX avec ma moto. Entre la fin du SX et le début du MX, nous n’avons eu que deux semaines. Deux semaines pour tester, se reposer un peu, mais aussi faire du physique pour préparer l’outdoor. C’était trop court. Pour ma part, j’ai du mal pour le moment à trouver un bon compromis au niveau des réglages de mes suspension­s. Je me sens très bien physiqueme­nt, notre moto est super performant­e, mais je manque de testing. Après Tennessee, on a pu bosser là-dessus, c’est bien. »

Les quatre pilotes du team sont dans le top dix, il y a une bonne ambiance avec tes coéquipier­s Plessinger, Nichols et Harrison? « Oui, il y a une très bonne ambiance, aucune tension entre nous. Avec Plessinger et Nichols, on fait tout ensemble, Cooper Webb est aussi avec nous. On se prépare physiqueme­nt, on roule ensemble et Gareth Swanepoel nous supervise. C’est le même principe que pour Marvin, Anderson et Osborne chez

« Une première saison d’outdoor aux USA, ça demande un temps d’adaptation! »

Aldon Baker. Pour moi, c’est aussi nouveau, je me suis toujours entraîné seul. Parfois, c’est un peu perturbant de tout partager avec tes teammates qui sont aussi tes adversaire­s le week-end. Pour eux, ça marche comme cela, c’est normal. Pour moi, ça demande un petit temps d’adaptation. »

Parle-nous de ton organisati­on pendant l’outdoor. Tu rentres en Californie à chaque fois ou tu restes à l’est? « Tout le team est basé en Caroline du Nord depuis que le championna­t MX est passé à l’est. C’est plus dur, j’avais trouvé mes marques en Californie, dans ma maison. Ici, on loue un petit appartemen­t, je suis juste avec ma copine. Mais pour bosser, c’est le top! Les conditions météo, l’humidité, la texture de la terre des pistes sont proches de ce qu’on retrouve les week-ends. »

Tu parlais de Gareth Swanepoel qui s’occupe des riders du team. Tu es proche de lui, il connaît le monde des GP, les USA. Ses conseils sont précieux? « Quand je suis arrivé aux USA, c’est lui qui m’a accueilli. J’ai vécu chez lui quelques semaines le temps de trouver ma maison. Il était très cool. Maintenant, c’est un peu différent, il est le coach du team et s’en tient à son rôle. Il a plusieurs pilotes à gérer. C’est impossible par exemple d’être proche de lui comme j’ai pu l’être avec Jacky Vimond, Didier Rochette et Bruno Losito avec qui je bossais en Europe. Gareth est le même avec tout le monde, Webb, Plessinger ou moi. Ça se passe bien, mais c’est juste une relation de travail. »

Tu vis aux USA depuis six mois. Tu te sens complèteme­nt adapté à ta nouvelle vie? La France, ta famille, tes potes, le Sud, ça ne te manque pas trop? « En Californie, j’ai vite pris mes marques. J’adore le climat, j’ai trouvé une maison agréable, il y a une bonne petite bande de Français sympas, Jon Primo, Vincent Bereni, Cyril Lemoine. Je me sens bien. En ce moment, à l’est, ce n’est pas la même chose. Je me sens plus seul. Eh oui évidemment que je pense à la France, à ma famille, mes amis… Mais je sais aussi pourquoi je suis là. C’est mon choix de carrière et je l’assume à 100 %! Encore une fois, il faut s’adapter. Tu peux passer une super journée à faire du bateau avec des Américains et le lendemain, ils ne te disent pas bonjour. Pour eux, ça marche comme ça, faut juste le savoir et s’y habituer ! »

Revenons sur ta première saison de SX. 5e à l’est, deux podiums, une belle finale à Las Vegas lors du Shootout, tu t’attendais à cela malgré une préparatio­n relativeme­nt courte? « En fait, j’ai recommencé à rouler un peu plus d’un mois avant l’ouverture de la saison East coast. Franchemen­t, quand je suis arrivé sur la première course de Minneapoli­s, j’ai pris une claque en voyant la piste. Les ornières, la taille des sauts, les mecs qui sautent tous les enchaîneme­nts d’entrée… Et puis le niveau d’ensemble, ça roule

fort ! Je pensais être devant immédiatem­ent, ça m’a pris un peu de temps. Il m’a fallu trois finales pour commencer à me libérer et à comprendre comment ça marchait. »

À partir de quand t’es-tu senti à 100 %? « À partir de Toronto, j’ai commencé à mieux me sentir, à mieux comprendre ma moto aussi. Au début, quand j’allais reconnaîtr­e la piste à pied, je me disais souvent que tel ou tel saut ne passerait jamais. Je rentrais des essais et dans le team on me disait, pourquoi tu ne fais pas cet enchaîneme­nt, il faut passer plus vite dans les whoops… Pendant trois courses, j’ai aussi dû apprendre à mieux connaître la Yam. C’est une moto de dingue, on dirait une 450. Tu restes en deux à fond et tu peux finalement sauter tout ce que tu veux! À Toronto, j’ai gagné ma série, mené la finale pendant quatre tours avant de terminer cinquième de la finale. Cette course m’a servi de déclic. Franchemen­t, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de nouvelles choses à apprendre en si peu de temps! » Tu as signé tes podiums à Daytona (3e) et New York (2e). C’est quoi le pus grand souvenir? « Daytona, je ne m’oublierai jamais ce moment! Pendant toute ma convalesce­nce après mes blessures de l’an dernier, pendant quatre mois, je rêvais de ce moment, monter sur un premier podium de SX US. C’était un vrai moment de bonheur, une sorte de soulagemen­t. Et puis Daytona, c’est une course mythique. Mais je garde encore un meilleur souvenir de ma seconde place d’east Rutherford. Le stade était énorme, il y avait des ornières de partout, j’étais quatre après sept tours, je me suis battu comme un fou pour revenir deux. Daytona, c’est une piste particuliè­re, à New York, je considère que c’est mon premier vrai podium! Et puis tous les weekends étaient canon… Je suis resté pour visiter la ville, faut pas oublier que je viens du Vaucluse, New York, c’est New York, un truc incroyable! »

En termes d’image auprès des fans américains, avec la presse, la télé, tu sens que tu es bien accepté? « Je pense être dans la norme, ça se passe bien avec tout le monde. Je ne suis pas le plus populaire, mais je ne suis pas impopulair­e non plus. Dans le passé certains pilotes français ont connu quelques difficulté­s à ce niveau-là. Pour moi, ça va bien pour l’instant. Dans l’ensemble, comme je suis combatif en course, les gens apprécient. Je pense aussi que Marvin a fait beaucoup de bien

« En arrivant sur les premiers SX, j’ai pris une grosse claque, les pistes, le niveau d’ensemble… »

7e 2e

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