MX Magazine

Desalle, la force tranquille

Après trois saisons difficiles marquées par une succession de blessures, Clément Desalle a repris des couleurs cette saison. Le Belge a renoué avec les succès et les podiums, au point d’être avec Paulin et Herlings le principal rival cette saison d’antoni

- Par Pascal Haudiquert

Dominé par les petits jeunes ces deux dernières saisons, le Mondial MXGP a changé de visage cette année avec le retour au premier plan de la génération 80 ! Tous trois nés entre 85 et 90, Antonio Cairoli, Clément Desalle et Gautier Paulin ont en effet repris le dessus sur Tim Gajser et Romain Febvre qui avaient dominé les deux derniers championna­ts. Seul Jeffrey Herlings parvient depuis quelques mois à suivre le rythme imprimé au Mondial par ce trio. Un trio qui fait de la résistance, et a su hausser son niveau pour résister à cette vague de jeunesse qui s’abat sur la catégorie reine depuis bientôt trois ans. Pilotes d’expérience connaissan­t bien leur corps et les contrainte­s d’un long championna­t, Antonio, Clément et Gautier prouvent chaque week-end que travail et rigueur sont les clés du succès, quand bien même de jeunes et fougueux rivaux tentent de faire vaciller ces valeurs sûres de la discipline.

Débuts dans l’hexagone

La carrière de Clément Desalle a commencé comme tant d’autres dans les championna­ts de France Cadet et Junior qu’il fréquenta assidûment avec son père Claude dans ses jeunes années. Né en Wallonie, à quelques encablures de la frontière, c’est là qu’il fait ses premières armes en obtenant des résultats honnêtes mais sans plus, son meilleur résultat étant une cinquième place dans le Junior 2005. Un Junior qui va lui servir de tremplin, puisque quelques mois plus tard, on le retrouve à 16 ans au départ de son premier Grand Prix en catégorie… 500! Zappant les catégories intermédia­ires, c’est en effet sur une 500 Suzuki du team allemand Kurz que notre homme s’attaque au Mondial, ne ratant que les deux GP lointains (Japon

Clément Desalle a redonné le sourire au team Kawasaki Monster en MXGP!

et Afrique-du-sud) dans cette saison d’apprentiss­age qui le voit s’engager également dans les championna­ts d’allemagne. En l’espace de trois saisons, Clément arrive aux portes du top dix mondial (onzième en 2008) et va définitive­ment prendre son envol la saison suivante au sein du team Honda LS. Revenu au pays dans un team belge, Clément va littéralem­ent exploser lors de cette campagne 2009 qui le voit remporter trois manches et deux GP, ce qui lui permet de monter sur le podium final du championna­t avec un team privé disposant de moyens limités par rapport aux structures officielle­s. Des performanc­es qui vont taper dans l’oeil de Sylvain Geboers qui l’intègre rapidement dans le team officiel Suzuki où Clément va aligner les saisons, les succès et les podiums de 2010 à 2014. Pilote opiniâtre, Clément est, de plus, particuliè­rement fiable puisqu’en l’espace de ces cinq saisons, il n’abandonner­a qu’à cinq reprises en pas moins de cent quarante-six départs ! Alignant les podiums finaux avec des places de vicechampi­on en 2010, 2012 et 2013 ainsi qu’une troisième place en 2011, il va connaître ses premières blessures en 2014, ratant quatre des cinq derniers GP et mettant ainsi un terme à cette belle série de podiums finaux. La loi des séries fait que 2015 sera encore pire que 2014 puisqu’une succession de blessures (genou puis épaule) lui fait rater la moitié du championna­t.

Du jaune au vert !

On le pensait marié à vie avec cette équipe Suzuki basée en Belgique et dirigée par un charismati­que Belge, mais Clément surprendra son monde en quittant Suzuki pour rejoindre le team KRT durant l’hiver 2015-2016. Une décision difficile à accepter pour Sylvain Geboers qui se voyait bien poursuivre l’aventure avec lui. Clément reconnaît à l’époque avoir besoin d’une nouvelle motivation. En signant KRT, il rejoint le mécano de ses premiers succès puisqu’après avoir accompagné Clément à la clé de douze chez Honda LS, François Lemariey est devenu manager du team officiel Kawasaki. Plus qu’une simple relation pilote-mécanicien, c’est une réelle amitié qui s’est instaurée entre les deux hommes si bien qu’à la longue, Clément finira par répondre aux sollicitat­ions des verts qui se cherchent un leader après l’épisode éclair Villopoto. Les débuts seront des plus compliqués avec une fracture du bras (radius) une semaine avant l’ouverture du Mondial 2016 au Qatar, ce qui n’empêchera pas notre homme de prendre le départ de ce GP afin de marquer quelques maigres points. Si la saison 2016 ne restera pas dans les annales avec une maigre huitième place finale, elle sera constructi­ve pour les deux parties qui apprennent à se connaître et se lancent dans la mise au point de la nouvelle KX-F apparue en début d’année. Un podium en Italie puis une victoire à Assen viendront mettre un peu de baume au coeur d’un team en manque de réussite depuis l’arrêt brutal de Villopoto à Arco. Si une blessure au genou viendra mettre un terme prématuré à sa saison 2016, Clément va profiter de l’intersaiso­n pour mieux préparer la suivante au sein d’une équipe qui a fait son retour parmi les top teams au fil des saisons. Car après le décès de Jan de Groot et le rachat de KRT par Thierry ChizatSuzz­oni, il a fallu recréer une osmose et recruter les bonnes personnes pour pouvoir rivaliser avec les références du paddock que sont Rinaldi Yamaha, Suzuki Geboers ou KTM factory, pour ne citer que les principaux. Et après une saison de « découverte » en 2016, les deux parties ont pu passer la vitesse supérieure cette année. « Cela fait bientôt deux ans que nous travaillon­s ensemble. Nous nous connaisson­s bien désormais et si notre première saison a été difficile du fait de blessures, nous n’avons jamais baissé les bras. Il y a une excellente atmosphère dans l’équipe, tout le monde travaille ensemble et donne tout pour fournir à Clément le meilleur matériel possible. L’an dernier, nous avions une nouvelle moto, mais nous avons manqué de temps pour la développer du fait des blessures. Cet hiver, nous avons travaillé dur et l’on voit bien aujourd’hui combien notre moto est compétitiv­e, y compris à ce moment crucial que sont aujourd’hui les départs en MXGP », confie Thierry Chizat-suzzoni.

Franc et direct…

Garçon discret ne cherchant pas à être mis en vedette et fuyant les spotlights, Clément Desalle ne se livre pas au premier venu. Généraleme­nt toujours accompagné sur les courses de l’un de ses parents et le plus souvent possible de sa compagne et de leur petite fille Emma née l’an passé, il a commencé sa carrière dans un clan familial très soudé, avec qui il était parfois difficile d’échanger. « Tu sais, nous, on n’aime pas trop les journalist­es », m’avait un jour répondu son père Claude à une demande d’interview. Une méfiance qui s’estompera au fil des saisons et des contacts, une fois cette carapace protectric­e percée. Mais si Clément vient le week-end sur un circuit plutôt que de rester chez

lui dans la nature au milieu de ses animaux et de ses proches, c’est pour faire conscienci­eusement son travail de pilote. Un pilote qui vit parfois assez mal l’évolution de son sport préféré et qui ne peut cacher ses sentiments quand il estime avoir été trompé ou placé dans une situation dangereuse. Car l’homme est toujours franc, sincère et direct dans tout ce qu’il fait, ce qui détonne parfois dans une société qui aime bien l’uniformité. Travailleu­r rigoureux et hyper méticuleux, Clément a su cette année hausser son niveau et se rapprocher un peu plus de cette fameuse limite avec laquelle on doit flirter pour espérer s’imposer aujourd’hui en MXGP. Vainqueur en France puis en Russie où les conditions étaient difficiles, il lui sera impossible cette année de dé- crocher le titre si rien ne stoppe la saison de Cairoli. De quarante mois son aîné, l’italien prouve que l’âge n’est pas forcément un frein à la performanc­e et en prolongean­t pour deux saisons avec son team actuel, le Wallon assure son avenir et se donne toutes les chances de jouer encore la couronne dans le futur. « Je suis heureux de continuer avec Kawasaki. J’aime mon métier et le travail que nous faisons ensemble. Je suis content car depuis un an et demi, nous travaillon­s bien pour développer la Kawasaki qui est une excellente moto, et l’on va pouvoir rester concentrés sur notre objectif commun qui est de gagner des courses », confiait-il au moment de la signature de son nouveau contrat. En passe de signer sa meilleure saison depuis 2013, il est aujourd’hui le vétéran de cette catégorie reine qu’il fréquente depuis plus longtemps – il dispute sa 12e saison en MX1/MXGP – qu’aucun de ses rivaux. Respect !

Desalle fête sa 12e saison de Grand Prix…

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 ??  ?? Leader du team KRT depuis la saison 2016, Desalle évolue dans une atmosphère qu’il apprécie.
Leader du team KRT depuis la saison 2016, Desalle évolue dans une atmosphère qu’il apprécie.
 ??  ?? Le MX Panda est de retour au top de sa forme cette année!
Le MX Panda est de retour au top de sa forme cette année!
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 ??  ?? Le Belge semble très bien parti pour retrouver le podium final du MXGP.
Le Belge semble très bien parti pour retrouver le podium final du MXGP.
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