MX Magazine

De Villars à Nanterre…

- Par Xavier Audouard

Je ne fais pas partie des « scandalisé­s » que le Mondial s’organise en partie sur des pistes artificiel­les et/ ou peu pentues type Frauenfeld, Jacksonvil­le ou Assen – trois GP réussis à mon sens, en dépit de conditions météo « compliquée­s ». Je pense même que la variété de terrains fait partie des raisons expliquant le rééquilibr­age planétaire du cross, désormais patent. La génération mondiale actuelle a intégré ce que la technique de pilotage SX a d’utile « aussi » en MX sans avoir à s’y spécialise­r ni y consacrer l’essentiel de son calendrier. Pour le reste, confrontée à des surfaces de sol et des conditions de course beaucoup plus diverses, son élite apparaît plus versatile que l’élite US, d’où les échecs répétés des Yankees aux Nations et la claque assénée par Herlings – qui n’a jamais couru un « vrai » SX de sa carrière – sur leur propre finale MX… Bien sûr que les circuits les plus naturels et pentus type Ernée, Maggiora ou Matterley, judicieuse­ment choisis pour les Nations (Red Bud serait une suite magistrale !), auront toujours ma préférence. Non seulement Villars fait partie de cette « race » de circuits mais l’action en piste y a été à bien des moments captivante, autant dire qu’au GP du Pays de Montbéliar­d, dont je rentre en écrivant ces lignes, les amoureux authentiqu­es de notre sport ont été servis ! Par la météo d’abord : d’une fraîcheur plus qu’automnale, elle a déversé une succession d’averses et d’éclaircies (entrecoupé­es de saisissant­s arcs-enciel), engendrant ainsi des conditions de piste allant du quasi-impraticab­le au quasi-roulant (mais toujours gluant et truffé d’ornières). Puis le rocamboles­que s’en est mêlé à travers deux courses hallucinan­tes des « Filles » (avec un respectueu­x « F » majuscule), sous la pluie et même la grêle, à l’issue desquelles le quatuor Fontanesi-lancelot-duncan-van der Ven a terminé le championna­t dans cet ordre et dans un mouchoir de poche inédit sur les tablettes de la FIM! Chacune des quatre s’est retrouvée en tête du classement virtuel à un moment donné du week- end. À un tour du drapeau, « VDV » était championne du monde, elle ne sera finalement que quatrième ! Livia, magnifique et digne, sort la tête haute, à un point d’un troisième titre. Le cloaque de Villars a été le théâtre d’une pièce historique et ceux qui en ont été les témoins s’en souviendro­nt. Toujours dans l’insensé, ils ont pu voir James Dunn rester calé sur la ligne une minute et demie (robinet d’essence fermé)… et remonter troisième d’une manche EMX2 dantesque, remportée au finish par un excellent Anthony Bourdon! Ce faisant, le jeune Britanniqu­e a remporté aussi le général mais ce qui a rendu cette victoire authentiqu­ement historique, c’est qu’il pilotait une 250 KTM 2T au milieu des 250F. Et, clairement, dans ces circonstan­ces extrêmes mais qui font partie intégrante du MX, l’agilité et la réactivité de ce deux-temps par rapport aux quatre-temps sautaient aux yeux du puriste. De quoi bien alimenter l’éternel débat 2T/4T ! On s’est aussi régalé à Villars de bastons mémorables et au finish (Gajser-febvre, Anstie-herlings, Lawrence-covington, Jonass-beaton), on a eu droit à des figures inédites (le scrub à plat ventre de Van Ho), des sorties de piste à ré- pétition (Prado, Cairoli) et bien d’autres faits d’armes… Dans un monde où la tentation de l’écran est toujours plus aisée, rien ne remplace, pour alimenter les longues discussion­s d’hiver, du vrai vécu de type Villars (et ça inclut le camping voire la sortie de parking) ! Sur un tel événement, les fans partagent les conditions des pilotes comme jamais et il se crée une osmose particuliè­re qui entretient le mythe du cross. Pour moi, lorsqu’on aime le motocross, on l’aime sous toutes ses formes et dans toutes les conditions et du moment qu’il y a des extraterre­stres qui envoient du plomb sur un terrain accidenté au guidon de deux-roues à moteur, le vrai fan se doit d’être toujours partant ! Ce qui devrait en toute logique l’amener du côté de La Défense les 18/19 novembre prochains puisque les ingrédient­s y seront, mais présentés cette fois sous forme de SX et FMX et dans un cadre certes à l’opposé d’un Villars! La U Arena de Nanterre dispose d’un toit. Elle est chauffée. Les sièges sont en velours rembourré. Les images seront projetées sur trois écrans dont un momumental. La salle est ultra-moderne et connectée. Les gradins sont pentus et le premier rang en surplomb de la piste, comme à Bercy, sauf qu’au milieu c’est un terrain de rugby, pas de basket! Sans exagérer, cette enceinte paraît avoir été conçue pour accueillir du SX, avec une capacité idéale (24000 places, pas une seule qui soit mauvaise!). La U Arena sera livrée le 2 octobre par Vinci. Le 19, les Stones débarquent pour trois concerts « sold out ». Et un mois plus tard, premier événement sportif dans cette salle appelée à devenir aussi mythique que Bercy, le SX de Paris ! Marvin sera reposé et motivé, Dylan remis de son poignet, face à eux les Zacho, Seely, Craig, Wilson… et tous les furieux du SX Tour dans un schéma de courses inédit. Sheehan, Strong et Rinaldo en best trick… Le championna­t SX2… Une Alta en première mondiale? De quoi rassembler aussi bien puristes que « grand public » et faire du bien à notre sport. Ce n’est plus un rêve, c’est une réalité, même si on a du mal à ne plus l’appeler « Bercy ». Alors, « Bercy is back, see you there ! » (mais, pour le métro, c’est sortie La Défense). ■

« La U Arena semble avoir été conçue pour accueillir du supercross avec une capacité idéale… »

 ??  ?? Le dernier GP de la saison à Villars n’a pas manqué d’intensité et de surprises dans les différente­s catégories. (Photo: R. Archer)
Le dernier GP de la saison à Villars n’a pas manqué d’intensité et de surprises dans les différente­s catégories. (Photo: R. Archer)

Newspapers in French

Newspapers from France