De Villars à Nanterre…
Je ne fais pas partie des « scandalisés » que le Mondial s’organise en partie sur des pistes artificielles et/ ou peu pentues type Frauenfeld, Jacksonville ou Assen – trois GP réussis à mon sens, en dépit de conditions météo « compliquées ». Je pense même que la variété de terrains fait partie des raisons expliquant le rééquilibrage planétaire du cross, désormais patent. La génération mondiale actuelle a intégré ce que la technique de pilotage SX a d’utile « aussi » en MX sans avoir à s’y spécialiser ni y consacrer l’essentiel de son calendrier. Pour le reste, confrontée à des surfaces de sol et des conditions de course beaucoup plus diverses, son élite apparaît plus versatile que l’élite US, d’où les échecs répétés des Yankees aux Nations et la claque assénée par Herlings – qui n’a jamais couru un « vrai » SX de sa carrière – sur leur propre finale MX… Bien sûr que les circuits les plus naturels et pentus type Ernée, Maggiora ou Matterley, judicieusement choisis pour les Nations (Red Bud serait une suite magistrale !), auront toujours ma préférence. Non seulement Villars fait partie de cette « race » de circuits mais l’action en piste y a été à bien des moments captivante, autant dire qu’au GP du Pays de Montbéliard, dont je rentre en écrivant ces lignes, les amoureux authentiques de notre sport ont été servis ! Par la météo d’abord : d’une fraîcheur plus qu’automnale, elle a déversé une succession d’averses et d’éclaircies (entrecoupées de saisissants arcs-enciel), engendrant ainsi des conditions de piste allant du quasi-impraticable au quasi-roulant (mais toujours gluant et truffé d’ornières). Puis le rocambolesque s’en est mêlé à travers deux courses hallucinantes des « Filles » (avec un respectueux « F » majuscule), sous la pluie et même la grêle, à l’issue desquelles le quatuor Fontanesi-lancelot-duncan-van der Ven a terminé le championnat dans cet ordre et dans un mouchoir de poche inédit sur les tablettes de la FIM! Chacune des quatre s’est retrouvée en tête du classement virtuel à un moment donné du week- end. À un tour du drapeau, « VDV » était championne du monde, elle ne sera finalement que quatrième ! Livia, magnifique et digne, sort la tête haute, à un point d’un troisième titre. Le cloaque de Villars a été le théâtre d’une pièce historique et ceux qui en ont été les témoins s’en souviendront. Toujours dans l’insensé, ils ont pu voir James Dunn rester calé sur la ligne une minute et demie (robinet d’essence fermé)… et remonter troisième d’une manche EMX2 dantesque, remportée au finish par un excellent Anthony Bourdon! Ce faisant, le jeune Britannique a remporté aussi le général mais ce qui a rendu cette victoire authentiquement historique, c’est qu’il pilotait une 250 KTM 2T au milieu des 250F. Et, clairement, dans ces circonstances extrêmes mais qui font partie intégrante du MX, l’agilité et la réactivité de ce deux-temps par rapport aux quatre-temps sautaient aux yeux du puriste. De quoi bien alimenter l’éternel débat 2T/4T ! On s’est aussi régalé à Villars de bastons mémorables et au finish (Gajser-febvre, Anstie-herlings, Lawrence-covington, Jonass-beaton), on a eu droit à des figures inédites (le scrub à plat ventre de Van Ho), des sorties de piste à ré- pétition (Prado, Cairoli) et bien d’autres faits d’armes… Dans un monde où la tentation de l’écran est toujours plus aisée, rien ne remplace, pour alimenter les longues discussions d’hiver, du vrai vécu de type Villars (et ça inclut le camping voire la sortie de parking) ! Sur un tel événement, les fans partagent les conditions des pilotes comme jamais et il se crée une osmose particulière qui entretient le mythe du cross. Pour moi, lorsqu’on aime le motocross, on l’aime sous toutes ses formes et dans toutes les conditions et du moment qu’il y a des extraterrestres qui envoient du plomb sur un terrain accidenté au guidon de deux-roues à moteur, le vrai fan se doit d’être toujours partant ! Ce qui devrait en toute logique l’amener du côté de La Défense les 18/19 novembre prochains puisque les ingrédients y seront, mais présentés cette fois sous forme de SX et FMX et dans un cadre certes à l’opposé d’un Villars! La U Arena de Nanterre dispose d’un toit. Elle est chauffée. Les sièges sont en velours rembourré. Les images seront projetées sur trois écrans dont un momumental. La salle est ultra-moderne et connectée. Les gradins sont pentus et le premier rang en surplomb de la piste, comme à Bercy, sauf qu’au milieu c’est un terrain de rugby, pas de basket! Sans exagérer, cette enceinte paraît avoir été conçue pour accueillir du SX, avec une capacité idéale (24000 places, pas une seule qui soit mauvaise!). La U Arena sera livrée le 2 octobre par Vinci. Le 19, les Stones débarquent pour trois concerts « sold out ». Et un mois plus tard, premier événement sportif dans cette salle appelée à devenir aussi mythique que Bercy, le SX de Paris ! Marvin sera reposé et motivé, Dylan remis de son poignet, face à eux les Zacho, Seely, Craig, Wilson… et tous les furieux du SX Tour dans un schéma de courses inédit. Sheehan, Strong et Rinaldo en best trick… Le championnat SX2… Une Alta en première mondiale? De quoi rassembler aussi bien puristes que « grand public » et faire du bien à notre sport. Ce n’est plus un rêve, c’est une réalité, même si on a du mal à ne plus l’appeler « Bercy ». Alors, « Bercy is back, see you there ! » (mais, pour le métro, c’est sortie La Défense). ■
« La U Arena semble avoir été conçue pour accueillir du supercross avec une capacité idéale… »