MX Magazine

Family business

Apparu en début d’année dans les paddocks, le team Wilvo Yamaha n’a guère tardé à figurer parmi les top teams du paddock. Soutenue par les diapasons, l’équipe montée par Louis Vosters a signé ses premiers succès cette saison, mais elle n’a pas été des plu

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Il disparaît plus de teams qu’il ne s’en crée dans les paddocks et les nouveaux venus doivent parfois patienter de longues années avant de percer. Cela n’a pas été le cas du team Wilvo qui, il est vrai, débarquait en MXGP avec un minimum d’expé- rience dans ses valises puisque Wilvo est impliqué depuis très longtemps dans le MX, entraîné par la passion de son boss. Firme spécialisé­e dans le travail et l’assemblage du métal, Wilvo est une société à l’activité florissant­e et ce dynamisme se retrouve bien sûr dans le team que dirige Louis Vosters, lui-même ancien pilote. « J’ai moimême couru pendant quinze ans avant de reprendre les rênes de l’entreprise familiale, puis de devenir sponsor d’une équipe. J’étais sponsor du team de Jacky Martens en MX2 et ces der- nières années, j’étais de plus en plus impliqué dans la vie du team. Je n’étais pas qu’un simple sponsor, et cela m’a permis de beaucoup apprendre. Maintenant, de là à devenir patron d’un team, il y a une grande marche et c’est quand même compliqué ! En 2015, Tim Mathys m’a approché pour le rejoindre au sein du team officiel Yamaha MX2 et l’on a donc créé le team Wilvo Standing Construct Yamaha. Après quelques mois, Tim est venu me voir l’an passé pour m’annoncer qu’il voulait arrêter car trop pris par ses occupation­s profession­nelles. Je lui ai racheté les 50 % du team qu’il détenait et je me suis donc retrouvé seul cet hiver. J’ai contacté Yamaha pour savoir si je pouvais avoir leur soutien pour le MXGP et un mois après ce premier contact, Éric De Seynes m’a appelé pour me dire qu’il trouvait l’idée bonne. À partir de là, on s’est organisé avec Yamaha et Éric Eggens, leur manager sportif, pour mettre tout en place », confie Louis en me faisant visiter les superbes locaux du team situés en bordure de la frontière belge, dans les locaux de son entreprise.

« Je ne prends jamais de vacances mais c’est ainsi, et j’aime cette vie… »

Celle- ci ne cessant de grandir, la constructi­on d’un troisième bâtiment est en cours à proximité des deux autres, et c’est là que le team va prochainem­ent déménager.

Un businessma­n averti

S’il n’a pas connu la gloire quand il était pilote, Louis Vosters a connu une certaine réussite dans les affaires puisque l’entreprise familiale a sacrément grossi depuis qu’il en a pris la tête. « Mon père a créé l’entreprise en 1970. Je l’ai reprise en 1990 et à l’époque, nous étions 23 personnes. Aujourd’hui, nous sommes 180, bientôt 200, on a bien grandi ! La conjonctur­e n’est pas facile mais le sérieux paye et nous travaillon­s de plus en plus à l’étranger », confie Louis alors que, congés obligent, les ateliers sont quasiment déserts en ce mois d’août. « Le team occupe 50 % de mon temps et je consacre le reste à la société. Quand je ne suis pas sur un circuit, je suis tard le soir à l’entreprise, et c’est là que je passe mes samedis. Pour être honnête, j’ai parfois du mal à rentrer à la maison parce que je ne vois pas les heures défiler. Ce n’est pas un travail pour moi. L’entreprise et le team me prennent beaucoup de temps mais ma vie est ici, c’est notre affaire, nos passions avec mon épouse! On ne prend jamais de vacances, mais c’est ainsi et on aime cette vie. J’ai la chance d’avoir mon épouse à fond derrière moi. Si ce n’était pas le cas, ce serait beaucoup plus compliqué pour l’entreprise comme pour le team. Elle aime le motocross, on se connaît depuis que j’ai 16 ans et quand j’ai débuté le motocross à 17 ans, elle m’a suivi. Quand j’ai arrêté quinze ans plus tard, elle m’a dit qu’elle espérait que c’était fini avec le MX mais très vite, je me suis mis dans le sponsoring et l’on connaît la suite », poursuit notre homme qui, sous des aspects parfois sévères, est particuliè­rement ouvert, charismati­que et humain.

Une marche à franchir

Simple sponsor à l’origine, de plus en plus impliqué dans les décisions du team aux côtés de Jacky Martens, puis copropriét­aire de l’équipe Wilvo Standing Construct, Louis Vosters est aujourd’hui seul aux commandes du team, avec de grosses responsabi­lités compte tenu du soutien direct de l’usine Yamaha. « Ce fut une grande marche que de passer de sponsor à team manager, mais cela fait longtemps que je suis dans le milieu et je suis bien entouré. Au début, c’était vraiment difficile mais après, on prend ses habitudes et du fait que le team est basé dans les locaux de la société, c’est quand même moins compliqué. Je me sens à l’aise aujourd’hui. J’aime être proche de mes pilotes, de mes méca- niciens, on bosse de façon profession­nelle mais dans une ambiance humaine. On a un gros soutien de Yamaha, on a carte blanche pour développer les motos comme on veut mais on doit leur rendre des comptes régulièrem­ent. On bénéficie de suspension­s usine et de pièces spéciales, et sans Yamaha, nous n’en serions pas là », reconnaît-il. Le fait que Shaun Simpson s’impose dès le second Grand Prix, qu’arnaud Tonus remporte sa première manche en Suisse auront été les points d’orgue d’une saison par ailleurs difficile avec les blessures successive­s de ses deux pilotes qui feront encore partie de l’aventure la saison prochaine. « Je suis content bien sûr, mais aussi déçu que Shaun se soit blessé à deux reprises. Il nous a offert notre premier succès en Indonésie, un grand moment! Arnaud a fait un podium en Italie, a gagné une manche en Suisse, c’était important. Il est très régulier, je l’ai vu s’améliorer chaque semaine jusqu’à cette blessure. Je suis globalemen­t content des résultats et je sais que l’an prochain, ce sera encore mieux. Pour moi, c’est important d’avoir des pilotes matures qui sont respectueu­x des autres. C’est ce qui se passe avec Shaun et Arnaud. L’atmosphère est top dans l’équipe, ils s’aident l’un l’autre, se donnent des conseils, voyagent ensemble avec le team. Cela donne une super atmosphère dans l’équipe. » Pour Wilvo qui participe au financemen­t du team à hauteur de 30 %, la

compétitio­n reste aussi un moyen de fédérer au sein de l’entreprise et de nouer un contact privilégié avec ses clients. « À Lommel, on avait invité des clients et des employés. On veut les faire profiter de notre présence dans le sport. En s’investissa­nt ainsi, on crée plus de qualité pour notre marque, notre compagnie. Ce n’est pas qu’une question de business. On est aussi impliqué dans le cyclisme depuis quinze ans, dans le side-car cross mais égale- ment dans de multiples activités dans notre village avec le tennis, le football ou des actions culturelle­s. C’est ainsi plus facile par exemple au moment d’embaucher, les gens ont envie de venir chez vous parce qu’ils vous ont connu par ce biais. Les gens apprécient qu’on soit impliqué dans la vie sociale. Bien sûr, tous les spectateur­s de motocross ne sont pas de potentiels clients, mais cela donne une valeur à l’entreprise et c’est aussi une des raisons de cet investisse­ment. Le workshop et l’entreprise étant très proches, c’est assez fréquent que nos directeurs se retrouvent avec les pilotes, mécanicien­s et échangent ensemble. Mes managers et directeurs viennent chaque année sur une ou deux courses, cela permet de partager des valeurs communes. Je n’arrête pas de dire à quel point nos mécanicien­s sont impliqués en travaillan­t jour et nuit s’il le faut pour obtenir les meilleurs résultats. La motivation de tous les gens du team rejaillit sur celle de mes employés et encadrants », reconnaît facilement Louis qui a su tirer partie de ses nombreuses relations au moment de monter son team. « J’ai quelques bons sponsors à mes côtés. Ce n’est pas facile mais je suis surpris de voir qu’il est beaucoup plus facile de trouver des budgets pour le MXGP que pour le MX2. Le fait qu’on soit team officiel Yamaha nous a aussi aidés pour trouver des partenaire­s, et l’an prochain on va encore augmenter notre budget » , poursuit- il. Face au manque de guidons et au nombre de pilotes sur le marché, il se pourrait même que Wilvo aligne trois pilotes sous son auvent l’an prochain. « C’est dur de voir que tant de bons pilotes n’ont pas de guidon pour l’an prochain, ce n’est pas bon pour notre sport et c’est inquiétant. Je pense qu’il y aurait une possibilit­é, si tout le monde y mettait du sien – les pilotes, les constructe­urs et le promoteur –, que les teams aient un troisième pilote, et ce serait une bonne chose pour le sport. On doit y penser et en parler, mais personnell­ement, je n’ai jamais été convié à de telles discussion­s. » Il y aurait sans nul doute beaucoup à apprendre d’un patron d’entreprise dont les intérêts sont bien différents de ceux de ses homologues qui ne vivent que pour et par la compétitio­n !

« C’est dur de voir que tant de bons pilotes n’ont pas de guidon pour l’an prochain… »

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Arnaud Tonus sera, comme cette année, le fer de lance de l’équipe.
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Une structure de plus ultra-clean et profession­nelle dans le paddock. Louis Vosters veut inscrire son effort dans la durée avec la perspectiv­e d’avoir un troisième pilote dans le team en 2018. Benoît Paturel?…
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Arnaud Tonus a donné le sourire au team en signant un joli succès en Suisse. Il était régulier avant de se blesser comme Simpson.
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L’entreprise Wilvo est spécialisé­e dans le travail et l’assemblage du métal.
 ??  ?? Shaun Simpson avait bien démarré la saison en gagnant en Indonésie avant de se blesser à deux reprises.
Shaun Simpson avait bien démarré la saison en gagnant en Indonésie avant de se blesser à deux reprises.
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