MX Magazine

BLOCK-PASS

- Par Xavier Audouard

L’oeil de Dirt Dictator…

En dépit de l’absence de titre individuel majeur cette saison, la France du cross reste au top mondial. On peut même dire qu’elle traverse une période « euphorique » ! Dans ce terme, il y a la notion de réussite implacable, quels que soient défis, circonstan­ces ou adversité qui se présentent. C’est bien de cela dont il s’agit pour nos couleurs en ce moment. Pourtant, il est difficile d’imaginer deux exercices aussi différents – et même opposés – que ceux proposés par les Nations et la Monster Cup! Mais comme pour le foot et l’allemagne, on pourrait résumer les choses ainsi: « Le cross est un sport où des pilotes s’alignent derrière une grille et, à la fin, c’est la France (ou un Français) qui gagne! » Telle fut bien l’impression dispensée au MXDN de Matterley Basin. Dans des circonstan­ces pourtant notoiremen­t gluantes, donc piégeuses, le 2/3/3/6/6 scoré par les tricolores a témoigné de leur maîtrise collective de l’exercice, qu’aucune autre équipe n’a pu approcher. L’ambiance manifestem­ent sereine mais concentrée, l’attitude déterminée et confiante mais pas arrogante, le sérieux de l’approche technique et stratégiqu­e qui transpirai­t des vidéos journalièr­es de préparatio­n et de course, tout cela a concouru à la cinquième victoire – la plus facile en vérité – du clan français. Le savoirfair­e « made in France » sur le monument du MX mondial est réel, l’équilibre « pile poil » entre le nécessaire cloisonnem­ent des pilotes et leur ouverture sur l’extérieur, entre l’esprit conquérant qui libère et celui de commando qui stresse, a été trouvé par l’encadremen­t FFM (et singulière­ment le coach, Pascal Finot). De l’extérieur, l’absence d’un Marvin Musquin – soucieux de laisser son genou endommagé en cours d’été se reposer – et les forfaits successifs sur blessure de Dylan Ferrandis et Benoît Paturel, poids lourds du MX2, avaient pourtant nettement fait redescendr­e la cote « frenchie » . Et c’est là qu’on en revient à l’euphorie : la France peut se permettre l’impensable, en l’occurrence la sélection en MX2 d’un… enduriste ! Qu’il s’appelle Christophe Charlier, qu’il soit Corse, fier, talentueux, valeureux, qu’il ait gagné une manche en MX2 à Matterley il n’y a pas si longtemps, qu’il soit forcément encore crossman dans l’âme moins d’un an après son passage en enduro – et quel passage : membre de L’EDF victorieus­e aux ISDE – tout cela, les fans français le savaient et, dans l’adversité, ils se sont rangés derrière le choix de la fédération. CC23 n’est pas arrivé à Matterley avec au ventre la peur de faire perdre son équipe mais plutôt avec en tête, dans l’euphorie de Brive et sûr de ses capacités, de la faire gagner. Et c’est exactement ce qu’il a fait ! Que ses équipiers possèdent l’exceptionn­elle épaisseur d’un Gautier Paulin (quatre victoires d’affilée aux Nations, la grande classe !) et d’un Romain Febvre, artisan essentiel, pour la troisième fois consécutiv­e, de la victoire – avec 5 points scorés – n’a forcément pas nui non plus… Pourtant, qu’on ne se méprenne pas: tout comme la concurrenc­e et tout comme les Américains, à la fin septembre, nos garçons en ont aussi plein les bottes. Mais ils sont dans une dynamique de victoire et ça change tout. Les Américains – grands perdants du week-end en dépit d’un excellent Osborne – ne savent pas, ou plus, ce que c’est que de gagner les Nations. Là où un Paulin ou un Febvre peuvent puiser dans les souvenirs d’euphorie, un Tomac ne se souvient que de l’amertume de la défaite et il préfère renoncer au défi, privilégia­nt la préparatio­n en SX et donc la Monster Cup. Un choix dont le coût certain en termes d’image aurait pu, au moins, se voir compensé par le million de dollars qui se profilait pour lui au pays du jackpot. Que nenni: c’est encore un Français qui a jailli de sa boîte pour lui voler le rôle de « Million Dollar Baby » ! L’empoignade a duré deux tours, Tomac a mordu la poussière et terminé là sa soirée. Tout ça pour ça! De là, l’euphorie de Musquin a crevé l’écran, témoin ce holeshot monumental dans la décisive finale. Là où la pression du million avait légitimeme­nt de quoi le plomber, il s’est envolé comme un papillon! Forcément, on imagine que cette euphorie, Marvin va l’emporter avec lui et nous la faire partager à l’occasion du grand retour du Supercross à Paris. C’est là où son rêve de SX a germé, là d’où étaient partis aussi ceux d’un JeanMichel Bayle ou d’un David Vuillemin, les deux seuls Français à le devancer sur les tablettes de la discipline, pour l’instant (l’hypothèse d’un MM25 dominateur d’une saison SX à grand renfort de victoires n’est plus de la sciencefic­tion!). Dans l’enceinte de la U Arena de La Défense, il ne sera cependant pas tout seul. Wilson a claqué la pôle à Vegas et terminé sur le podium. Absents dans le Nevada, Osborne et Seely n’ont pas un mental de figurants. Ferrandis prépare son retour. Craig, blessé à Vegas, pourrait être remplacé par Peick (ancien King de Lille) ou Barcia (ancien King of Bercy). En SX2, Bud Racing pimentera le plateau SX Tour avec Hsu et deux Américains à dévoiler, Josh Hill ( ancien vainqueur à Bercy) affrontant le tout au guidon d’une Alta électrique, pour une première mondiale. Et on n’oublie pas Charlier, placé comme jamais sous les sunlights depuis ses exploits « off road ». Sous la houlette du légendaire Edgar T., on aura de l’énorme Best Trick en contest entre Strong, Sheehan et Rinaldo. Clairement de quoi rester dans l’euphorie!

« Le cross est un sport où des pilotes s’alignent derrière une grille et, à la fin, c’est la France (ou un Français) qui gagne! »

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