MX Magazine

Interview

- Par Mathias Brunner – Photos K. François – M. Brunner

Anthony Bourdon…

Peux-tu revenir sur ton parcours ? « J’ai commencé la moto grâce à mon père qui roulait déjà. J’ai fait mes premiers tours de roues à 3 ans sur un PW. J’ai ensuite fait les courses en 65 démonstrat­ion en ligue d’aquitaine puis le Minivert sur quelques épreuves seulement. Je me suis pas mal blessé en 85 et donc je n’ai pas pu boucler une saison complète en Cadet. On est passé très vite en 125, à 13 ans. Au début, je jouais la qualificat­ion en Junior sur Yamaha sans faire toutes les courses. La deuxième année, j’ai gagné la KTM Academy ce qui m’a permis de faire ma première saison de Junior complète avec une 12e place finale, c’était en 2013. L’année suivante, toujours sur KTM, je m’étais préparé pour entrer dans le top 10 et je termine vice-champion de France à quelques points d’herbreteau. Une belle surprise avec beaucoup de podiums et des victoires. Je gagne également l’enduropale Jeunes en 125. En 2015, j’entre chez Yamaha MJC pour tenter d’accrocher le titre mais j’ai attrapé une mononucléo­se et je ne fais que 4e. En fin d’année, j’ai été champion de France SX 125. Enfin l’an dernier je suis passé en 250 4T. » Que retiens-tu de ton passage chez Yamaha MJC? « Ça a été une bonne expérience avec l’opportunit­é de faire toute l’europe. Ça m’a bien aidé pour atteindre le niveau que j’ai actuelleme­nt. Dommage que j’ai attrapé cette maladie qui m’a empêché de faire de bons résultats. Du coup, Yamaha n’a pas souhaité me garder dans la filière. »

Déçu de n’avoir pas pu continuer l’aventure avec les bleus ? « Oui car au départ, j’avais signé un contrat de deux ans renouvelab­le. Comme je n’ai pas pu faire de

Sans faire de bruit, à 19 ans, Anthony Bourdon commence à se faire une place au soleil sur l’échiquier français du supercross. Aussi à l’aise en SX qu’en MX, sans oublier le sable avec deux victoires à l’enduropale Jeunes, le pilote Husqvarna fait partie des jeunes en devenir qui espèrent accéder au championna­t du monde.

résultats avec cette mononucléo­se, ils m’ont lâché dès la première année alors que ce n’était pas prévu. Maladie ou non, ils m’ont mis de côté et ont continué avec Boisramé. Ça a été une période compliquée car on s’est retrouvé du jour au lendemain sans rien, sans moto, d’autant plus compliquée aussi avec mon passage en 250. Heureuseme­nt, je suis resté en bonne relation avec Éric Bernard et il m’a aidé pour 2016 avec Husqvarna. Dès ma première sortie avec la moto, je gagne l’enduropale Jeunes, c’était une belle revanche. »

Tu es un pilote polyvalent. Victoire à l’enduropale Jeunes, tu gagnes une manche à Villars en EMX250 et le SX Tour te réussit plutôt bien. Tu cherches encore ta voie ? « Oui, pour l’instant je touche un peu à tout mais il va falloir faire des choix. C’est un peu compliqué car j’aimerais bien continuer à faire du motocross en participan­t à l’europe pour avoir une chance d’accéder au Mondial. Je ne sais pas trop quoi faire encore. Soit une carrière en France à la Soubeyras, soit tenter le championna­t du monde. À rouler pour le plaisir, je préfère le SX car l’ambiance est bonne et l’on évolue dans de bonnes conditions comme ce sera le cas à Paris. »

Quelle discipline a le plus d’avenir selon toi? « Le supercross. À l’heure actuelle, si rien ne change au niveau du Mondial, c’est l’avenir. »

Te considères-tu comme un pilote de motocross ou supercross ? « Actuelleme­nt plus comme un pilote de supercross car je me suis bien entraîné pour sauver ma saison qui a été compliquée en championna­t de France Élite. »

Revenons sur ta saison d’élite. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? « Pas mal de petits trucs mais je pense que le fait de m’être entraîné tout l’hiver dans le sable, en 450, pour les courses du France, n’a pas été la meilleure solution. Ce n’est pas la même préparatio­n pour l’élite. On est arrivé sur les premières courses et je n’avais pas beaucoup roulé sur la 250, la moto n’était pas prête, on n’a pas eu le temps de bien régler les suspension­s. Tous les week-ends on changeait les settings, on s’y perdait et au final on faisait un peu n’importe quoi. Ça ne pouvait pas marcher. Sur un chrono, j’arrivais à m’en sortir, mais en course c’était compliqué. J’avais hâte que la saison se termine pour l’oublier et repartir sur de bonnes bases en supercross. »

Qu’est-ce qu’il te manque pour être champion de France ? « Déjà il me manque un coach car depuis tout petit, je n’ai jamais vraiment eu d’entraîneur. Je suis en train de travailler là-dessus pour avoir quelqu’un à mes côtés qui m’aidera sur le plan physique et sur la moto. Il faut aussi que j’améliore mon endurance car cette année, à la fin des manches, je galérais un peu. Les départs sont très importants également. Je sais qu’avec de meilleures envolées et un bon physique, je peux jouer devant à l’élite car la technique, je l’ai. »

Comment juges-tu le niveau du SX français ? « Il y a un bon niveau, on est cinq ou six à pouvoir gagner. Ce sont des petits détails qui font la différence. Les départs sont primordiau­x. Si tu les rates, il est impossible de gagner. Ça fait de bonnes bagarres. Pour la saison indoor, j’espère monter au maximum sur le podium. Si j’y parviens, je devrais me rapprocher du titre. »

Excité à l’idée de rouler à Paris ? « Ah oui carrément, c’est le weekend qu’on a envie de réussir. En revanche, c’est plus stressant car il y a toujours plein de monde mais c’est une super nouvelle de retourner à Paris. »

Comment gères-tu ce stress ? « Je pense arriver à me concentrer et me mettre facilement dans ma bulle. Je me focalise sur ce que j’ai à faire et je fais abstractio­n de ce qu’il y a autour. J’ai aussi travaillé avec un préparateu­r mental qui m’a donné pas mal de conseils à mettre en pratique. J’ai arrêté de le voir depuis, mais peut-être qu’on collaborer­a à nouveau plus tard. »

Comment t’organises-tu durant la semaine ? « Je m’entraîne deux à trois fois entre les week-ends de course. C’est mon père qui me fait toute la mécanique. La plupart du temps, je lui dépose la moto le soir, il travaille dessus une bonne partie de la nuit et je la récupère le

« J’ai hâte de me retrouver à Paris pour le Supercross! »

lendemain matin pour m’entraîner. Mais comme il travaille, il ne peut pas venir avec moi sur les entraîneme­nts alors parfois j’y vais tout seul ou bien le plus souvent, mon grand-père m’accompagne. Pour le physique, je me suis fait un petit programme avec quasiment que du vélo de route. »

Tu arrives à vivre du MX? « J’ai la chance d’avoir une aide d’husqvarna France avec des motos et un budget pièces. D’ailleurs avec les derniers résultats que j’ai faits, ils vont augmenter leur soutien donc c’est top. Tout ça passe par mon concession­naire CBO à Agen qui m’aide beaucoup également. Je suis pas mal entouré et même avec tout ça, ça reste difficile d’en vivre. Si je ne faisais que les championna­ts français, je saurais me débrouille­r tout seul, mais en faisant l’europe, heureuseme­nt que mes parents sont là car je ne pourrais pas le faire sans eux. »

Est-il difficile de trouver un bon team sans gros CV? « C’est compliqué d’avoir des partenaire­s. Pour les teams, il vaut mieux parfois être privé comme moi que d’être dans une structure où tu ne peux pas faire ce que tu veux. Pour connaître, je sais comment ça se passe. Tant qu’on n’est pas dans un team usine, ça reste toujours un peu compliqué. » Quand on voit la tournure que prend le Mondial avec les marques qui stoppent le programme MX2, ce n’est pas découragea­nt? « C’est sûr, mais je suis encore jeune. Je veux continuer un ou deux ans pour espérer percer et si ça ne paie pas, après j’arrêterai. Aujourd’hui, il faut absolument gagner et être titré en Europe pour espérer décrocher un bon guidon en Mondial, et encore… »

La solution n’est-elle pas d’être le meilleur pilote national plutôt qu’un pilote moyen au niveau mondial? « C’est clair que pour vivre, il vaut mieux être numéro un français et faire les SX français que faire 10e en Mondial. Le championna­t du monde, c’est beau, ça brille, mais si tu n’es pas dans les meilleurs, c’est compliqué de gagner sa vie car en plus, il faut payer. » Quelle serait ta carrière rêvée ? « Ça serait d’intégrer un team usine en Mondial, faire quelques années en MX2 pour, pourquoi pas, partir aux US après. C’est un rêve de faire le supercross aux États-unis, c’est là que tout se passe. »

Tu es un pilote calme qui s’excuse presque d’être un client sérieux pour tes adversaire­s ? « C’est vrai que je suis un peu comme ça, mais je suis en train de changer. Avec le SX, on est obligé d’être plus agressif pour gagner donc, il faut que je change à ce niveau-là. C’est pareil pour le MX. »

Sais-tu déjà quel sera ton programme l’an prochain? « Pour le moment ce n’est pas encore sûr à 100 %, mais il y a de fortes chances pour que je reparte en privé avec Husqvarna France pour l’élite et le supercross. J’aurais aimé trouver un team qui me permet de faire l’europe dans de bonnes conditions et montrer de quoi je suis capable. En étant privé, j’ai vu le calendrier du championna­t d’europe et ça va être compliqué de le faire. »

Bud Racing n’est pas très loin de chez toi, il n’y a pas eu d’opportunit­és avec eux avec leur programme Europe? « C’est une question qu’il faut leur poser (rire !). Plus sérieuseme­nt, j’aurais aimé, je ne pourrais pas rêver mieux. Ils ont décidé de prendre trois autres pilotes donc voilà (ndlr : Moreau, Goupillon et Hsu). L’année dernière ils avaient quatre pilotes, il pourrait me rajouter. » (rire !)

Lorsqu’on voit la génération dorée composée de Paulin, Musquin, Ferrandis, Febvre, Paturel, ça laisse une certaine forme de pression sur la relève que vous êtes ? « Il faudra des jeunes pour prendre la relève, mais une nouvelle fois, c’est compliqué vu les conditions d’accès au niveau mondial. Il est actuelleme­nt difficile de trouver un bon team pour défendre ses chances. »

Lequel parmi les pilotes français vois-tu sortir du lot? « Je vois bien Brian Moreau. Il est jeune, il a le team Bud Racing qui le suit, c’est le top pour lui. S’il était tout seul, ça serait différent, mais là ils vont l’emmener jusqu’au Mondial donc oui, je vois bien Brian sortir du lot.

« Mon rêve, rouler en MX2 puis partir aux USA! »

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