L’oeil de dirt dictator…
Alors que je boucle cette chronique, le pays s’apprête à entrer en liesse tant la France paraît favorite avant de rencontrer la Croatie. Une partie des fans de cross rejette le sport n° 1 au monde au prétexte que celui-ci accapare la médiatisation, au détriment, pensent-ils, des autres disciplines, à commencer par la nôtre. Notons que cela n’a jamais été moins vrai : qui veut voir du cross de niveau mondial live sur un écran en a tout loisir aujourd’hui ! Et puis, si le « grand public » voulait du cross sur des chaînes non spécialisées, il en aurait et s’il n’en a pas, c’est tout simplement que celui-ci ne l’intéresse pas (suffisamment). Du moment que nous, fans motivés, y avons accès, qu’importent les autres ? Le MX est trop extrême pour que le grand public puisse s’y identifier, tandis que tout le monde a tapé dans un ballon dans sa vie. Enfin, si les sommes colossales en jeu lors des transferts entre clubs de foot font également tourner les têtes, il faut savoir qu’elles ne sont que du pur business dont les acteurs, effectivement, perçoivent la juste part des fruits de leur talent. Au demeurant, pour ce qui est des revenus des stars du MX, compte tenu de la différence de popularité entre les deux sports, ils ne sont pas ridicules du tout, au contraire. Le facteur danger est certes beaucoup plus élevé en cross mais le calendrier est encore plus dément en foot et, de toute façon ce qui compte, c’est le business généré. Or de ce point de vue, il n’y a évidemment pas photo. Ayant pratiqué les deux sports (et rapidement compris qu’il me valait mieux persister dans la moto), je mesure bien sûr ce qui les sépare fondamentalement, avant tout le fait que l’un soit sport individuel et l’autre, collectif. En cross, la seule occasion où le collectif domine l’individuel, c’est aux Nations. Justement, les sélections pour celles de Red Bud, dans le Michigan (qui s’annoncent grandioses, dans le temple du MX US) sont attendues d’ici le coeur de l’été. Et l’on sait déjà qu’outre les outsiders habituels Hollande-belgique-uk-italie-allemagne, les grands favoris seront les hôtes américains et les Français, quadruples détenteurs du titre, série en cours… Sur un plan purement sportif, en piste (je me base sur les teams probables) Tomac-plessinger-barcia (ou Baggett) vs Musquin- Ferrandis- Febvre ( ou Paulin), c’est vraiment du très proche ! Si les Français ont un avantage, il est dans le savoir-faire développé au fil des années, sur cet événement, par l’encadrement fédéral. J’espère que les hommes de Deschamps n’ont pas trébuché au dernier moment mais quoi qu’il soit arrivé en finale, la gestion du tournoi par le coach et l’entourage tricolores ont été internationalement salués. Ce type de savoir-faire, avec succès historique à la clé, est apparu lors du Mondial 1998. Le film « Les yeux dans les Bleus » , révélant la vie interne du groupe d’aimé Jacquet, a inspiré l’encadrement sportif à l’échelon national et dans le cas du MX comme dans celui du foot, la France est devenue le pays le plus présent au top mondial sur l’événement de référence. Et pour pousser la comparaison un cran plus loin, on pourrait dire qu’au niveau des coaches, le duo Olivier RobertPascal Finot est rien moins que la bête noire du légendaire Roger Decoster (le plus grand coach de l’histoire !), avec 100 % de victoires sur ces quatre dernières années ! Cependant, entre des équipes très proches, en foot comme en MX, l’atmosphère de la rencontre a un impact évident et jouer à domicile sera un avantage potentiel non négligeable pour les Ricains. Sur ce point leurs stats sont d’ailleurs imparables avec 100 % de succès sur les trois MXDN s’étant déroulé sur leur sol (Unadilla en 1987, Budd’s Creek en 2007 et Thunder Valley en 2010). Mais en retour, l’inévitable cohue que sera Red Bud peut aussi générer une pression perturbatrice sur les épaules, par exemple, d’un Eli Tomac, capable en règle générale du meilleur mais, à l’occasion, du pire. Et puis cela reste du cross : tout est possible. Comme au foot, on l’a bien vu avec de grands favoris se prenant tôt les pieds dans le tapis. Brio, rigueur, mental, physique, dynamique de groupe, solidarité, coaching, les ingrédients du succès sont les mêmes. Et le résultat sera le même, j’espère (Deschamps, déconne pas) !
« Brio, rigueur, mental, physique, dynamique de groupe, solidarité, coaching, les ingrédients du succès sont les mêmes en foot ou en MX… »