Sport
Championnats d’europe 65 et 85
Championnat d’europe 65/85 cm3, outdoor US, SX Academy, Pro Hexis Supercross, voici les thèmes abordés dans notre page sportive qui débute page 84. Si l’été a été chaud, la rentrée s’annonce brûlante, MX Mag sera sur tous les fronts, vous pouvez en être certains !
Comme l’an passé, c’est à Loket que s’est jouée la phase finale des championnats d’europe 65 et 85. Un an après le tragique accident mortel d’un jeune kid, l’italien Brando Rispoli et le SudAfricain Camden Mclellan ont coiffé un titre européen qui préfigure peut-être une belle carrière. Mais le plus dur commence maintenant !
Mis à part la suppression du saut qui fut fatal au jeune Igor Cuharciuc et la scission de l’unique séance d’essais en deux séances distinctes (une décision de dernière minute), rien n’a changé en l’espace d’un an. Loket a de nouveau accueilli la phase finale des championnats d’europe 65 et 85. Pourtant critiquée après le drame, la formule reste la même, à savoir des qualifications par zone et une finale où la pression est maximum pour ces kids qui ont deux manches pour montrer au monde entier qu’ils ont un brillant avenir devant eux. Si ce découpage de l’europe en quatre zones (NordEst, Nord- Ouest, Sud- Est et SudOuest) a l’avantage de réduire les frais de déplacement puisque chaque zone a quatre épreuves de qualification au programme (les 10 premiers de chaque zone étant qualifiés pour la poule finale), il a aussi le gros inconvénient de décider des titres sur deux manches disputées sur un circuit pas forcément adapté aux petites cylindrées, et en lever de rideau du Mon-
dial, d’où un regain de pression pour ces kids qui roulent devant leurs héros, les managers et les médias. « Cette formule est assez spéciale. Il faut être prêt le jour J pour la finale, en même temps qu’un GP. Les jeunes ont donc deux manches pour faire un résultat, c’est assez stressant et particulier », confie Lucas Bechis, responsable du
collectif 85 au sein de l’équipe de France Espoirs à la FFM et qui a suivi l’ensemble du championnat. « Lors de l’épreuve de zone Sud- Ouest à Brou, un représentant du promoteur a réuni les principales fédérations engagées dans notre zone pour échanger sur la formule. Ce qu’il en ressort, c’est qu’une majorité souhaiterait que le championnat se joue sur plusieurs épreuves et pas sur une seule comme actuellement. Avec la formule actuelle, le jour de la finale, les pilotes roulent un coup le matin, restent six heures à ne rien faire avant leur première manche en fin de journée, ce qui reste
La piètre prestation des pilotes tricolores soulève pas mal d’interrogations…
assez spécial. L’an prochain, on sait que la formule restera inchangée si ce n’est que la finale se disputera en Suisse et non plus à Loket, mais il est envisagé une nouvelle formule pour 2020, ce qui est une bonne nouvelle. Pour que nos jeunes s’habituent au plus haut niveau et ne jouent pas tout sur une journée, c’est bien d’avoir plusieurs circuits, et quatre ou cinq épreuves au calendrier », poursuit-il.
Un Sud-af’ champion d’europe
On ne s’attardera pas trop sur la catégorie 65. Elle reste un cas à part. Cette catégorie n’a en effet jamais révélé de futurs grands talents. Les choses sérieuses commencent en 85 par où sont passés (avec succès) des garçons comme Christophe Pourcel, Marvin Musquin, Jeffrey Herlings ou Tim Gajser pour ne citer que quelques champions du monde. À Loket, c’est un Sud-africain qui s’est imposé à tous les Européens, créant la surprise puisqu’il n’avait pas fait mieux que cinquième de sa poule qualificative avec une seule arrivée sur le podium en l’espace de huit manches. Discret aux essais (10e à 1,6 seconde de la pôle), c’est lui qui a le mieux tiré son épingle du jeu (1/2) en signant notamment une belle remontée en première manche où il ira s’imposer après être parti hors du top dix. Roulant pour le team allemand Kosak, il est le premier Sud-africain à décrocher un titre depuis Tyla Rattray (2008). Il sera à suivre l’an prochain en 125. Dans la très relevée zone Nord-ouest, il a fait mieux que les hommes forts des sélections, s’imposant devant le Néerlandais Kay De Wolf, le Belge Liam Everts et Kay Karssemakers, un autre Néerlandais. Meilleur pilote de la phase qualificative et auteur de la pôle aux essais, De Wolf avait la faveur du pronostic mais une chute en première manche (il repartira au-delà du top 25) lui coûtera la victoire finale et lui vaudra de chaudes larmes de déception sur le podium! Un podium qu’est allé chercher Liam Everts après un mauvais départ en seconde manche. Le fils de qui vous savez s’est bien repris en allant chercher ce podium et en offrant un beau triplé à KTM. Déception de la part de Raul Sanchez Garcia qui avait survolé la zone Sud-ouest mais qui ne termine que cinquième de cette finale. Protégé de Marc Marquez dont il porte les couleurs (c’est le champion du monde Motogp qui finance sa saison !), Raul a manqué de panache en seconde manche pour espérer monter sur le podium. À noter que les cadors des zones Nord-ouest et Sud-ouest ont évolué en queue de peloton, aucun
des trois premiers de ces zones qualificatives ne scorant le moindre point !
Les Bleus se manquent
Nos deux qualifiés en 65 étant forfaits ( fracture de la main pour Brunet, concurrence d’une épreuve Minivert pour Piètre) seuls cinq tricolores étaient engagés en 85, le meilleur d’entre eux lors des sélections (Axel Louis, deuxième de la zone Sud-ouest) jetant l’éponge dès les essais après s’être blessé au dos. Du quatuor restant en lice, c’est Saad Soulimani, sur le podium à Brou puis au Portugal, qui s’en est le mieux sorti en accrochant une huitième place finale. Dommage qu’il ait connu une baisse de régime en première manche où il pointait dans le top six ! Les autres bleus doivent se contenter d’une 17e (Cazal), 20e (Casat) et 23e (Bordes) place, des résultats globalement décevants qui soulèvent bien des questions. « Globalement, en vitesse, les Français sont là. Ils ont roulé cette saison dans leur zone avec Sanchez qui fait un podium en première manche. Il leur manque surtout du mental. Ils restent un peu trop dans leur coin. Devant, on voit beaucoup de Néerlandais, Belges ou des jeunes des pays de l’est qui ont pris l’habitude de rouler dans le sable, sur de gros circuits. Quand nos pilotes arrivent sur une finale comme ici, ils ont un peu la boule au ventre, et globalement on les a vus mieux rouler en seconde manche. Il faut que cela leur serve d’expérience pour la suite, qu’ils aillent s’entraîner dans d’autres conditions que sur leurs pistes habituelles », analyse Lucas Bechis qui travaille main dans la main avec Pascal Finot et la Direction Technique Nationale pour trouver des solutions. « On organise des regroupements hivernaux avec les membres du collectif, mais ces stages sont sans doute pas assez longs et pas assez nombreux. Il faut sortir des frontières, aller s’entraîner à l’étranger pour passer un cap. C’est ce que la fédération fait avec les pilotes de l’europe 125 et 250, on voit ce que cela donne et il va falloir s’en inspirer pour les plus jeunes qui veulent accéder au plus haut niveau. »
Un Sud-africain vainqueur en 85, une vraie surprise. Il faudra suivre de près Mclellan…