MX Magazine

Droit au but

Au terme d’une saison riche en rebondisse­ments avec Dylan Ferrandis, David Vuillemin a déjà 2019 dans le viseur, tout en gardant un oeil avisé sur l’actualité. Premier vainqueur français des Nations avec Séguy et Demaria, le plus marseillai­s des Américain

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Entrons dans le vif du sujet. Satisfait ou non de la saison de Dylan Ferrandis ? « Oui, je suis satisfait car il a suivi les consignes et il a progressé dans les compartime­nts où il péchait l’année dernière. Je suis arrivé fin 2017 un peu comme un cheveu sur la soupe pour l’aider sur les réglages de sa moto. Après sa blessure au scaphoïde cet hiver, on est quasiment reparti de zéro, mais il a toujours été un des plus rapides en SX, voire le plus rapide. Il s’est ensuite cassé la mâchoire et le bras. On est reparti de loin pour l’outdoor. Globalemen­t, la saison a été bonne. Il est peut-être passé à côté sur deux courses mais pour le reste, il a joué devant. »

Dans quels domaines doit-il encore progresser ? « C’est l’un des meilleurs pilotes en outdoor. Il avait peut-être le meilleur physique mais il a connu quelques soucis de départs. Après, je ne prends pas ça comme une excuse car tu n’as pas besoin de partir en tête pour gagner. C’est un pilote qui roule un peu à l’affection. C’est ce que j’essaie de corriger chez lui. Il y a des courses où il ne se sent pas bien et il ne va pas faire des résultats exceptionn­els alors qu’il peut faire minimum un podium avec le niveau qu’il a. » Allez-vous continuer ensemble pour 2019 ? « Je pense, oui. Il a un peu une image de mec “olé olé” mais quand il faut bosser, ça bosse ! Ça suit le programme à la lettre. C’est ça qui m’a impression­né. Il mérite que je l’aide et je lui ai fait un bon deal par rapport à Christian Craig l’an dernier. Je gagne moitié moins avec Dylan. Il m’a montré qu’il avait envie de progresser et qu’il partageait ma vision de l’entraîneme­nt. Lorsqu’il rentrera du SX de Paris, il sera temps de voir ce qu’on fait car j’ai aussi des projets qui peuvent se dessiner. »

Quels genres de projets ? « J’ai un autre pilote 450 qui est demandeur pour que je travaille avec lui, mais c’est compliqué. »

Pour quelle raison? « Un top pilote 450, c’est une grosse mécanique autour et donc il faut l’aval de beaucoup de personnes. Ça serait sympa et l’on verra si ça aboutit. Je pense que travailler avec Dylan et ce pilote, c’est jouable. »

Peux-tu nous dire son nom? « Pour l’instant, je ne peux rien dire. On est juste dans la période de discussion­s. Je serais content de l’entraîner pour la technique sur sa moto, mais il n’y a rien de fait. »

Quelle a été la plus grosse évolution de ces dernières années sur le Supercross US? « On a des circuits plus faciles, plus roulant, où il est plus compliqué de faire la différence. Auparavant, la technique primait sur la vitesse. Ils ont fait ce choix pour que ce soit moins dangereux car il y avait trop de blessés. On est plus sur un pilotage cross et c’est pour ça qu’un Tomac est impérial alors que sur des pistes tech-

niques avec ornières, il fait plus d’erreurs. »

En tant que spécialist­e des whoops, quel est ton avis sur les lacunes de Musquin dans ce domaine ? « En théorie, et vue sa technique, passer des whoops devrait être super facile pour lui. On a travaillé sur ce point avec Dylan cet hiver. Il en avait peur et il a compris le truc maintenant. Marvin va avoir 29 ans et il n’a pas appris comment les maîtriser. Il a trop la technique française à vouloir sauter. Une fois que tu as compris cette technique, c’est facile. Dans ma génération, j’étais un des meilleurs dans ce domaine alors qu’à la base, je me chiais dessus. »

Tu penses que ça lui a coûté le titre ? « Oui, effectivem­ent, ça a pu jouer, mais il n’y a pas que ça, il y a d’autres choses. »

C’est-à-dire ? « Marvin peut facilement se satisfaire d’un podium quand il roule et se dire qu’on verra la semaine prochaine. C’est important de faire ça, mais c’est surtout important de se donner à 100 % sur chaque course. Je pense qu’il se bride parfois le jour des courses. S’il arrive à avoir l’engagement et la volonté qu’il a eue à Mount Morris par exemple sur toutes les épreuves, il sera plus dangereux pour gagner le titre SX ou MX. »

Parlons des Nations. On a été surpris de voir que ton rôle de coach auprès de Dylan Ferrandis avait été refusé par la FFM. Comment l’as-tu vécu? « Je peux venir aux Nations, mais je n’ai pas le droit de faire le tour du circuit avec les pilotes, je n’ai pas le droit d’aller dans l’hospitalit­y s’il y en a une, bref, je n’ai pas le droit d’être dans l’équipe. Ce ne sont pas des conditions de travail correctes donc je vais rester à la maison. Dylan a gagné deux courses cette année en outdoor quand je n’y étais pas. Le travail se fait en amont. Je vais faire le boulot pour que Dylan gagne en 250. Ils ne veulent pas de mon aide car j’ai critiqué la sélection ? J’ai plus d’expérience sur Red Bud que les trois pilotes et les trente personnes de la délégation française réunis. Oui, c’est une aberration de se passer de Marvin. Les Américains prennent la fédé pour des clowns. Le problème est que l’équipe de France gagne à chaque fois que des choix bizarres ont été faits. Les coups de poker ont fonctionné jusque-là donc ils se sentent pousser des ailes. Ça ne peut pas durer ! La règle des Nations est de prendre la meilleure équipe du moment. Il faut arrêter avec la cohésion car les Nations ne sont pas un sport d’équipe. C’est une course où l’on additionne des résultats individuel­s. Les Américains ont pris les trois meilleurs pilotes et pourtant Barcia a coupé Tomac en SX cette année. »

« Sur les trois dernières confrontat­ions MXGP/OPEN, Romain a battu Gautier à chaque fois. »

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Tout comme à Ernée en 2015, Marvin Musquin était motivé pour rouler à Red Bud. Selon David, se passer de lui est une aberration. DV12 aime la liberté qu’il peut avoir dans son travail avec Ferrandis. Il espère continuer cette collaborat­ion l’an prochain, peut-être avec un autre top pilote 450.
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Malgré ses nombreuses participat­ions aux Nations et sa parfaite connaissan­ce de Red Bud, DV n’a pas été accepté aux côtés de Ferrandis…
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Le travail physique a payé pour Dylan Ferrandis qui a souvent été le plus véloce en deuxième partie de course.

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