Qu’est-ce qui...
Te ferait rentrer en France ? « Je ne suis pas Américain. J’adore la France. Je suis ici pour mes enfants donc dans quatre ans, ils seront sortis du lycée et commenceront à être indépendants. Je déciderai à ce moment-là si je reste ou non. » Te ferait changer d’univers? « Je travaille dans la moto car j’ai une certaine liberté. Avec Dylan, j’ai la liberté d’influer sur sa moto et son programme physique. Faire porteur de chemise, ce n’est pas trop mon truc. J’y reste car je suis fan, mais si je n’ai plus cette liberté, je passerai à autre chose, je ne suis pas demandeur. » Te ferait prendre les commandes de la FFM? « Pareil, ça serait cette histoire de liberté. C’est pouvoir ou non rester dans ma ligne de conduite et ne pas avoir des menottes attachées au radiateur pour faire ce qu’on me dit. » Te ferait supporter le PSG en Ligue des Champions? « Malheureusement rien (rire!). On est vacciné OM, on a le sang bleu-ciel. J’ai vu mon premier match au Vélodrome à 8 ans. Si tu n’as pas grandi chez nous, tu ne peux pas comprendre. » Te rend nostalgique ? « C’était de mettre les chèques à la banque durant ma carrière pour devenir millionnaire, mais je n’aimais pas ce que je faisais. J’avais peur, c’était dangereux, l’entraînement était dur, tu avais plein d’obligations. C’est devenu un boulot et il n’y avait plus de fun. Donc je n’ai pas la nostalgie de cette période. J’ai la nostalgie de savoir ce que j’aurais pu faire si je n’avais pas fait de cross. »
On a l’impression que le passif entre certaines personnes a plus d’importance que la performance pure… « Oui. Quand j’entends que Gautier Paulin est indiscutable et qu’il fait le job au Nations, c’est une aberration, c’est un mythe ! Depuis 2015, il y a eu trois éditions où Gautier a toujours été le moins bon des pilotes 450. Le pilote qui est indiscutable, c’est Romain Febvre. C’est lui qui a fait le job. Il a fait les meilleurs résultats sur les trois dernières années. Sur les trois confrontations MXGP/OPEN, Romain a battu Gautier à chaque fois. Sur les deux dernières années, le pourcentage de podium de Paulin est le même que le pourcentage de victoires de manche de Marvin, donc le discours de Jacques Bolle est à côté de la plaque. Quand on me dit que Marvin n’est pas motivé, si, il l’est ! La dernière fois qu’il a fait les Nations à Ernée, il a battu Gautier sur la manche MX2/MX1. »
Envisageons le pire scénario, que l’on ne souhaite pas, mais si Romain Febvre ne peut tenir son rang pour ces Nations ? « J’espère qu’ils n’auront pas les c… de l’appeler. Ça serait le bouquet final. Dans le sens où Marvin est en va- cances, qu’il n’a pour objectif que la Monster Cup, il ne roulera pas aux Nations. J’espère que ça va aller pour Romain, car sinon je ne sais pas qui ils vont prendre. Ça va être difficile. »
Quel est ton avis sur Jeffrey Herlings ? Sa saison en fait le meilleur pilote actuel en motocross ? « Oui, ça se défend entre Tomac et Herlings mais je vais me faire l’avocat de Tomac. Les Européens ne font que du cross. Aux US, la priorité c’est les 17 courses de supercross. C’est ça qui paye les contrats. Durant sept mois dans l’année, ils sont à 100 % SX. C’est presque deux sports différents donc si demain Tomac ne faisait que du motocross en mettant le SX de côté, il serait obligatoirement meilleur. »
Aujourd’hui, le niveau en motocross européen a surclassé le niveau aux États-unis ? « Non, je ne suis pas d’accord. Aux US, on a Marvin double champion du monde, on a Roczen champion du monde. Ils étaient adulés en Europe. On a Tomac qui gagne le GP des US en 2016 et qui fait 2e sur le GP de Jacksonville l’an dernier. Desalle qui est le troisième pilote en Europe se ferait détruire ici et je ne suis pas sûr que Cairoli serait champion. On ne peut pas mettre tout le championnat MXGP dans le même panier car il y a Herlings. En revanche, c’est plus homogène en Grand Prix, ça, je l’accorde. »
Qu’est-ce qui est le plus difficile actuellement pour les jeunes pilotes ? Trouver de bons teams ou se passer de leur smartphone ? « Ça, c’est un gros problème (rire !). C’est une image évidemment, mais ça manque de boulot. Il faut revenir aux bases. Je vais prendre un exemple, le petit Deegan que tout le monde idolâtre, il ne sait pas prendre un virage. C’est un problème global. Il faut avoir des likes sur les réseaux sociaux, mais il n’y a pas de gros bosseurs qui brûlent de l’essence et qui travaillent la technique. Honnêtement, je ne vois pas quel Français sera champion du monde plus tard. »
Il y a quand même une belle relève avec les titres européens de Moreau, Benistant ou Boisramé… « Oui, mais ils ont quel âge ? Mathys a 20 ans, mais il faut se rappeler que Villopoto gagnait les deux manches des Nations avec sa 250 à 18 ans. Stewart, Roczen et Herlings gagnaient des courses pros à 16 ans. Il faut remettre les choses dans leur contexte. Après je ne peux pas être objectif car je ne les vois pas rouler. Je ne peux pas me prononcer sur la relève, je constate juste. »
Parle-nous un peu de ta vie actuelle Tout va pour le mieux ? « Oui, totalement. Je suis un peu plus occupé depuis que je suis avec Dylan. Mes enfants grandissent et sont tous les deux au lycée. Dans leur monde à eux, ils ont du succès avec le basket pour mon fils et le cursus universitaire pour ma fille. Tout va pour le mieux. »
Choisirais-tu de revivre ta carrière à ton époque ou à l’époque actuelle? « En fait, j’aurais bien aimé être au top de ma forme durant les années 90. Il y avait du fun à l’époque avec Mcgrath sur Honda, les vidéos Terrafirma. Je trouve qu’ils se régalaient bien les mecs même s’ils gagnaient moins d’argent que nous dix ans après. Ricky Carmichael a tué le sport, c’est devenu super pro avec un entraînement de folie. Aujourd’hui, jamais tu ne verras un Musquin ou un Tomac faire du freeride dans les dunes. »