MX Magazine

Juste motivé !

- Par Olivier de Vaulx

Vice-champion US en supercross et motocross, le Français Marvin Musquin se serait bien passé de la polémique qui a suivi sa nonsélecti­on aux Nations. Au lendemain de la victoire des Bleus, il s’exprime avec une totale franchise sur les sujets qui fâchent et affiche une déterminat­ion intacte pour la saison à venir…

Àpeine revenu d’une séance de gym, c’est un Marvin Musquin très détendu et souriant qui s’installe confortabl­ement sous la tonnelle de sa terrasse. L’eau de la piscine scintille sous le soleil de Californie. L’atmosphère évoque les vacances, mais on est là pour parler compétitio­n, rivalité, objectifs, performanc­es. Des mots qui sentent la sueur et les larmes, les espoirs et les joies. Le micro est allumé, Marvin nous dit tout, sans langue de bois…

Pour cette troisième saison 450 SX, tu as quatre victoires, un DNF qui te coûte probableme­nt le titre et une seconde place finale. C’est une place de mieux qu’en 2017. Si l’on regarde le verre à moitié plein, c’est une bonne saison, ou préfères-tu voir le verre à moitié vide ? « Le bilan est mitigé, c’est vrai. Il y a eu du mieux, notamment en gagnant l’ouverture à Anaheim. C’était l’un des objectifs et même s’il y a eu des faits de course, gagner lorsque tout le monde est prêt, ça donne confiance. Malheureus­ement, lors de la deuxième épreuve, je tente une autre trajectoir­e dans les whoops, je me fais surprendre et je tombe bêtement, me déboîtant l’épaule. J’ai vraiment essayé d’aller en repêchage, mais je n’arrivais pas à rouler sur le parking, les ligaments étaient étirés, je n’avais plus de force… Ce début de saison a donc été dur physiqueme­nt et mentalemen­t. Je venais de gagner et là, je ne prenais même pas le départ ! Aldon m’a aidé à me remettre pour rouler dès A2 qui était la troisième épreuve. Je suis remonté physiqueme­nt petit à petit, jusqu’à revenir en position de gagner des courses. Tomac a aussi été à la faute mais Anderson, lui, a su rester régulier. Ma fin de saison a été bonne, avec de meilleurs résultats et plus de régularité, mais c’était trop tard. Je termine second et c’est difficile à digérer. J’ai donné mon maximum, et même si une place de vice-champion US est un super résultat, je suis clairement déçu et on va devoir faire mieux! »

Que penses-tu avoir appris cette saison qui puisse te rendre encore plus fort l’an prochain? « Tout simplement, je savais déjà qu’il fallait être régulier et ne rater aucune course mais là, je l’ai vraiment compris ! Aujourd’hui, j’essaie d’être le plus rapide possible mais sans prendre de risques inutiles. Je ne veux plus ruiner une saison avec une petite chute. Il faut être présent à chaque épreuve, c’est impératif. Si tu peux gagner quelques courses mais que ta pire place est entre 3 et 5, c’est tout ce dont tu as besoin pour gagner un championna­t. »

La plupart des pilotes 250 perdent un peu de souplesse sur leur moto en passant en 450. À l’inverse, tu as gardé voire amélioré ton style. Estce inconscien­t, une attitude acquise dans ta jeunesse ou un point que tu travailles ? « Quand je suis vraiment au mieux de ma forme, quand j’arrive à appliquer ma technique, les gens de l’extérieur peuvent voir la différence. Je dis “ma” technique car je sais que je peux faire des choses mieux ou diffé- remment des autres pilotes. On travaille dur physiqueme­nt, mais la technique ça reste primordial et je travaille en permanence pour améliorer ma fluidité sur la moto. »

Les whoops, est-ce encore une question d’actualité ? « J’ai pas de honte à parler de ça. C’est pas comme si les whoops avaient été un gros problème pour moi avant. Mais c’est vrai que cette saison, j’ai eu des moments difficiles. Je ne sais pas si c’est ma technique, les réglages de la moto, le mental. On va essayer de faire mieux cette saison pour être plus constant. Il y a des pilotes plus bourrins, qui n’ont pas peur, et qui ont réussi à me passer dans ces passages-là. C’est frustrant et mentalemen­t, ça m’a un peu affecté. J’y pensais souvent mais j’ai réussi à gagner des finales quand même. » (rires)

Le format triple crown est reconduit. Ça change quelque chose pour toi? « Ça fait partie du championna­t, ce qui nous change de notre routine. On est tellement habitué à faire notre manche qualificat­ive et la finale que ça chamboule notre approche de la course. Feld a mis en place les triple crown pour plaire au public, pas aux pilotes. Mais puisque ça plaît aux gens, à nous de nous adapter. Il faut arriver à se concentrer trois fois, être régulier… »

L’incident avec Tomac a entraîné une réaction du public US qui dure encore aujourd’hui. Est-ce difficile à gérer ? « Effectivem­ent, il y a eu cet accrochage avec Tomac à Boston et j’ai vraiment été surpris des huées du public. Je me suis dit “mince, j’ai peutêtre fait une erreur…” Mais même si je partais pour un block-pass, je vou-

« Le SX de Paris, c’est chaud bouillant, comme au temps des premiers Bercy. Cette ambiance de folie, ça fait du bien. »

lais tourner et je ne m’attendais pas à un contact aussi violent avec un pilote qui recoupe à l’intérieur. Sur le podium, j’ai été honnête mais trop gentil. Au lieu de dire que j’ai été surpris, pour essayer de calmer le jeu avec les fans, j’aurais dû me contenter de dire que j’avais fait un block-pass et point barre. L’erreur a été d’être trop gentil, je l’ai bien compris et j’ai retenu la leçon. Eli Tomac a beaucoup de fans aux USA et je comprends que les fans n’aiment pas qu’on touche à leur pilote favori. On l’a vu avec Stewart à l’époque, avec Reed. Deux des plus grands pilotes de SX se sont fait huer comme ça pendant des années à cause de contacts similaires, c’est comme ça… Un ami m’a dit une fois que si les gens te huent, c’est qu’ils connaissen­t ton nom (rires). C’est une situation difficile qui a été rendue pire par les gens du team Kawasaki qui ont été assez violents envers Roger De Coster, y compris le père d’eli. Ça a été compliqué pendant longtemps. Sur le podium, Tomac ne me serrait plus la main, c’était toujours à moi de montrer du respect et de faire le premier geste, même quand je gagnais. Aujourd’hui, je m’y suis fait. En Europe, il y aurait plus de respect entre les pilotes je pense… »

Tu es champion du monde MX2 mais aujourd’hui, après toutes ces années aux US, sens-tu l’outdoor comme un championna­t de trop? « C’est sûr qu’aux US, la majeure partie de l’année est consacrée au SX. On attaque la préparatio­n de la saison en octobre et on finit en mai, soit presque huit mois. Ensuite, on ne fait du MX que de mi-mai à fin août, pendant seulement trois mois et demi. Il y a un vrai déséquilib­re. Ce n’est pas une excuse pour justifier la défaite des pilotes US face aux Européens, mais on ne roule plus jamais dans le sable, rarement dans la boue… On ne s’entraîne pas dans des conditions difficiles comme les pilotes de MXGP. Ça fait huit ans presque jour pour jour que je suis aux US mais lorsqu’il pleut et que j’entends les gens me dire que je suis à l’aise dans la boue parce que j’ai grandi en Europe, ça me fait sourire. »

Ne te verrais-tu pas sur un contrat SX only ? « Oui, ce serait une possibilit­é, mais il faut voir l’aspect financier. Aujourd’hui, quand tu signes un contrat avec une équipe usine, c’est important de faire les deux. Je n’en suis pas encore là, il me reste une année complète à faire avec Red Bull KTM et ensuite on verra bien… »

Le temps d’adaptation entre SX et MX n’est-il pas trop court? « C’est vrai que c’est court. S’il y avait un mois au lieu de quinze jours, ça permettrai­t de faire plus de testing et les pilotes blessés pourraient se reposer entre les deux championna­ts. Cette année, parmi les pros, tu peux compter sur les doigts de la main les pilotes qui font les dix-sept SX et les douze outdoors. Chez les pros, je crois que seul Tomac et moi étions là sur toutes les courses. Anderson, ça fait trois ans qu’il se blesse en outdoor… Après, est-ce que c’est dû à la longueur des championna­ts, je ne sais pas. C’est un sport dangereux, ça peut arriver à tout moment. »

Tu finis second en MX, comme l’an passé, ça te laisse un goût de trop peu? « J’étais vraiment motivé, même après

cette saison de SX très mouvementé­e. L’objectif était d’être régulier et c’est ce que j’ai fait puisque j’ai marqué plus de points que l’année d’avant. Mais j’étais face à un Tomac en confiance sur sa moto et je n’ai été capable de le battre que quelque fois. Il a eu des soucis techniques qui m’ont permis de revenir dans la course au titre, mais il a été au-dessus. Encore une fois, c’est une deuxième place qu’on pourrait considérer comme un excellent résultat, mais au fond de moi, ça ne me suffit pas, c’est clair. Je ne veux plus me contenter des accessits, je veux gagner et je vais m’y employer en 2019 ! » As-tu regardé le MXDN à la TV? « J’ai suivi les courses ce week-end, comme je le fais chaque fois qu’il y a un GP. Je suis un passionné, je regarde toutes les courses ! Les conditions étaient difficiles pour les Américains qui n’ont pas fait de courses depuis plus d’un mois et demi. Il y avait beaucoup de paramètres à intégrer. Le départ se faisait sur une grille métallique très différente de ce qu’on utilise en SX, avec une tout autre adhérence. Le circuit, redessiné par les gens de la FIM, avait un tracé simplifié et une texture inhabituel­le, avec du sable mou comme on n’en a jamais ici… Je ne sais pas s’ils ont ajouté du sable mais c’était vraiment surprenant! Pour finir, tu ajoutes les pneus sable que certains ont utilisés et qu’on n’a pas ici, et ça fait beaucoup de choses nouvelles. C’était pas Lommel, mais par endroits, ça y ressemblai­t. »

On a vu les KTM aux avant-postes. Est-ce un hasard ou est-ce dû à une supériorit­é technique des machines orange? « Herlings ne m’a pas surpris parce qu’il a été exceptionn­el toute l’année. Il est au-dessus techniquem­ent. Coldenhoff a fait la course de sa vie, je me suis régalé à le voir rouler. Gautier Paulin, qui est sur une HVA mais donc sur KTM, a roulé l’enfer aussi. C’est comme Coldenhoff, tout le monde sera d’accord pour dire que personne ne les a vus rouler comme ça cette année! De son côté, Dylan Ferrandis a également super bien roulé. Son objectif était de gagner, mais Lawrence et Prado ont vraiment mis du gros gaz. Dylan n’a pas lâché, il s’est donné à fond et c’était beau de les voir se bagarrer tous ensemble. Tous ces pilotes ont fait ce qu’il fallait ce jour-là, ce n’est pas une question de moto… »

Les Américains qui passent à côté de leur course à Red Bud, ça t’a surpris ? « Plessinger a roulé super fort le samedi en manche qualificat­ive jusqu’au moment où il a fait une erreur sur le triple saut. Ces Américains qui font les Nations pour la première fois ont tendance à se mettre beaucoup de pression et ça les fait commettre ce genre d’erreurs. Et une fois que tu es tombé, le week-end s’enchaîne et c’est difficile de reprendre confiance. Mais j’ai été surpris par les contre-performanc­es de Tomac et Barcia. J’aurais voulu voir une course sur des conditions normales, avec une terre sèche,

« Dommage qu’il n’y ait pas plus de communicat­ion avec le Président de la FFM et Pascal Finot. L’idéal serait d’être très honnête envers tout le monde… »

pleine de gros trous durs, comme on en a d’ordinaire, mais pas dans du sable ! Au lieu de ça, il y a eu un sale temps, le circuit était mou et c’était fou de voir Tomac ne pas arriver à sortir des virages. Il se tanquait de partout alors que les Néerlandai­s se régalaient sur cette piste. Même chose avec Roczen. Sa moto n’allait pas pour ce type de conditions. On voyait qu’il ne sortait pas des virages, il se plantait, il n’avait pas de traction à l’arrière. Et lui aussi a loupé tous ses départs. J’en reviens à la grille, on n’a jamais pratiqué dans ces conditions, alors que pour les Européens, c’est un GP comme un autre… Ce sable a changé la donne. Herlings roule souvent dans ces conditions à l’entraîneme­nt, avec ces pneus spécifique­s. La course se passait à Red Bud, mais les conditions étaient européenne­s. »

Un team néerlandai­s qui perd pour une histoire de lunettes, c’est de la malchance ou de la bêtise? Après tout, on n’est pas censé rouler sans lunettes à ce niveau de compétitio­n? « Tu ne sais jamais ce qui peut arriver avec les lunettes. Tu prends un gros caillou, et si t’as pas un écran injecté très dur, ça peut passer, appuyer sur l’oeil, te couper… C’est difficile de se mettre à la place du pilote. T’es en 250, tu sais que tu ne partiras pas devant et que tu auras des projection­s. Devant ta TV, tu te dis que le gars n’a qu’à rouler avec un oeil, mais bon, t’es pas à sa place ! Les Néerlandai­s ont tout gagné, et ce troisième pilote qui déclare forfait suite à sa blessure à l’oeil leur a coûté la victoire. Ça fait un pincement au coeur quand tu les vois passer la ligne d’arrivée. Au fond, ils sont contents parce qu’ils ont atomisé tout le monde, mais au final, c’est une course d’équipe et ils n’ont pas le général. C’est assez incroyable mais tout peut arriver au MXDN… »

Le MXDN est-il encore une épreuve importante aujourd’hui ou est-ce juste la course de trop, au moins de ce côté de l’atlantique? « Ça fait plusieurs années que Tomac décidait de ne pas y aller car c’est le seul moment de la saison où on peut faire une pause. Je ne connais pas sa position vis-à-vis de ses sponsors mais cette année, il n’a pas eu le choix je pense. C’est la même chose pour nous avec la Monster Cup, avec une course située au mauvais moment. Ce serait bien mieux fin novembre ou début décembre. »

Côté Français, le team a bien fonctionné ce qui semble donner raison au sélectionn­eur, non?

« Je pense que quels que soient les pilotes choisis, une fois que tu les réunis, ça va forcément bien se passer. Tixier, Febvre ou moi, on se serait bien entendu. J’ai fait les Nations plusieurs fois et l’on s’est toujours bien entendu, la fédé fait un bon travail de ce côté-là. Mais c’est vrai que la situation dans laquelle je me suis retrouvé a été très étrange. Je me suis réjoui de revoir Pascal Finot à Red Bud. On a passé un super week-end, on se connaît depuis que je suis gamin et j’ai toujours plaisir à passer du temps avec lui. Avant Ernée, il était venu me voir en Floride, on avait fait une journée d’entraîneme­nt ensemble avec Chris Pourcel. À Red Bud, j’ai gagné la course et on a passé un super week-end avec Pascal. J’étais sûr à 100 % que Dylan ferait partie du team, ce qui me faisait plaisir puisqu’on roule déjà ici et qu’on se connaît bien maintenant. Ensuite, que ce soit Gautier ou Romain, je savais que je me serais bien entendu avec eux. »

En conférence de presse à Red Bud, Pascal Finot a remercié Jacques Bolle pour l’avoir soutenu dans sa sélection. Dans son entretien avec les journalist­es après la course, Jacques Bolle a également confirmé… Qu’en as-tu pensé ? « C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de communicat­ion avec le Président, avec Pascal. L’idéal serait de dire les quatre vérités en face et d’être très honnête envers tout le monde. Pourquoi ne m’ont-ils pas appelé pour m’expliquer les raisons de leur choix? Je n’ai jamais su ce qui les avait incités à m’écarter. De mon côté, j’ai été très clair. Soit je suis sélectionn­é et je prépare les Nations à bloc, ce que j’avais déjà prévu de faire avec mon team, soit je ne l’étais pas et mon programme devenait totalement différent. Quand ils m’ont appelé, j’étais au milieu de nulle part, en camping, à faire cuire des chamallows sur un feu de camp. J’avais pas roulé depuis des semaines, rien n’était prêt. Aller rouler face à Herlings quand tu n’es pas à 100 %, c’est difficile. Je n’ai pas dit non parce que je leur en voulais, mais parce que en tant que profession­nel, les conditions n’étaient plus réunies. »

L’an prochain, tu acceptes si tu es sélectionn­é ? « On n’y est pas encore. C’est dans la saison que ça se prépare, selon l’état de forme, les résultats, la motivation… Cet argument avancé, mon soi-disant manque de motivation, c’est quand même étonnant. J’étais prêt, motivé, tout était prêt, le week-end avec le sélectionn­eur s’était bien passé. »

En attendant, tu vas retrouver les fans français à Paris en novembre ? « Oui, c’est un rendez-vous que j’attends avec impatience. J’étais revenu à Lille pour la dernière édition, puis à la première épreuve de la U Arena. À chaque fois c’est un régal de revenir rouler en France. Avec l’ancienne formule sur trois jours, c’était parfois un peu terne le vendredi et c’était la folie le samedi. Là, ce n’est plus que sur deux jours et du coup, c’est chaud bouillant, comme au temps des premiers Bercy. Cette ambiance de folie, ça fait du bien, le public français est unique au monde ! Il y aura Dylan Ferrandis, Jason Anderson, Zach Osborne, sans oublier les meilleurs pilotes du SX Tour. C’est un bon entraîneme­nt avant Anaheim car le niveau sera très élevé. »

En 2019, seras-tu le pilote numéro 1 du team KTM Red Bull? « Non, pas du tout ! Quand on parle de pilote numéro un aujourd’hui, on parle juste du pilote qui a les meilleurs résultats. Que je sois avec Dungey ou Webb, la moto est la même, on s’entraîne en Californie et en Floride, on a le même matériel. Je ne vois pas ce qu’ils pourraient faire de moins ou de plus pour un pilote… Bon, OK, on peut dire que je suis le pilote numéro 1 car dans la catégorie 450, j’ai eu jusqu’à présent de meilleurs résultats que Cooper. Mais cela ne veut pas dire que j’aurai un mécano en plus, tout le monde a le même soutien. »

As-tu demandé des modificati­ons spécifique­s sur ta moto d’usine? « On a tous plus ou moins la même moto. Les différence­s, c’est au niveau de la taille des pilotes, on adapte le poste de pilotage, on change la longueur de l’amortisseu­r, la hauteur de fourche, la balance de la moto. Après, si je voulais faire le fou et demander des choses incroyable­s, je pourrais. Mais je suis content de la moto, je suis en confiance dessus, je ne vois pas l’intérêt de tout chambouler. »

As-tu été consulté avant l’embauche de Cooper par le team? « Oui, mais mon avis sur cette question importe peu. Au final, KTM re-

« Même si une place de vice-champion US est un super résultat, je suis clairement déçu et l’on va devoir faire mieux! »

cherche avant tout un pilote capable d’aller sur les podiums toutes les semaines et de représente­r la marque au mieux. Et ça ne court pas les rues, alors on n’a pas trop le choix… On l’a recruté en espérant qu’il ait un meilleur programme qu’avant et qu’il soit plus régulier que lors de ses deux saisons chez Yamaha. »

Pourrez-vous vous entendre tous les deux? « On sait très bien qu’il y a eu des étincelles en 250 et même en 450. Il y a des fois où il n’a pas été très malin, tout simplement. Si tu prends l’exemple de la fois où l’on s’est battu en manche qualificat­ive. Je comprends qu’il essaye de me passer, mais pas avec de gros rupteurs ou en coupant les virages pour arriver droit sur moi. Se doubler et se redoubler nous a fait perdre du temps et l’on a fini 6 et 7, c’est catastroph­ique ! Il en a convenu après coup et je pense que maintenant, d’être entouré de personnes comme Roger, Aldon Baker et ce team KTM, ça va l’aider à mûrir. »

La stratégie d’aldon Baker a toujours été de vous faire rouler tous ensemble à l’entraîneme­nt. Est-ce toujours d’actualité ? « L’objectif, c’est de faire les sorties vélo ensemble, les manches ensemble. Ça permet de travailler l’intensité et ça a porté ses fruits ces dernières années. Mais là, quand on se trouve à la lutte pour le titre, ça devient difficile d’être ensemble sans arrêt. Il y a de la rivalité mais on va trouver des solutions. On a trois pistes de SX chez Aldon, il y a moyen d’alterner les séances individuel­les et en groupe. » Tu fais partie de ceux qui ont tenu le plus longtemps avec Aldon. Tu as allégé le programme ou tu t’es habitué ? « Jason Anderson est arrivé en même temps que moi, en 2015. Zach Osborne est là depuis un moment aussi. On a un programme régulier, ce ne sont pas des choses irréalisab­les. L’infrastruc­ture est au top, on a tout sur place, même le soutien de sponsors comme Specialize­d. C’est plaisant de travailler dans les meilleures conditions possibles. »

Le départ de Roger De Coster qui devient directeur de KTM USA et l’arrivée de Ian Harrisson comme team manager, ça va changer beaucoup de choses pour toi? « Ça peut changer certaines choses. Ian est quelqu’un de bien, on peut

s’attendre à une bonne dynamique. Mais il est encore un peu tôt, on verra ça dans les mois qui viennent Concernant Roger, je pense que c’est une bonne chose qu’il prenne ce poste. Il commence à prendre un peu d’âge (rires). Mais les décisions seront toujours prises par Roger et Ian. »

Les réseaux sociaux, c’est une grosse pression pour un pilote pro ? « C’est important pour mon image, mais c’est surtout important pour les fans qui peuvent ainsi voir une grande partie de ce qu’on fait. Quand j’avais 10 ou 12 ans, j’aurais rêvé de pouvoir regarder autant de photos ! Je pense à ça et j’essaie de partager. Les gens sont aussi intéressés par notre vie aux USA. Après, y’a le côté commentair­e où les gens se lâchent. Je fais attention à ce que je regarde pour ne pas lire des commentair­es qui vont te prendre la tête. Je pense que c’est comme ça dans tous les sports, au basket, au foot, y’a des athlètes qui se font huer… C’est dur mentalemen­t, car ça fait plus de bruit quand tu hues quelqu’un que quand tu l’applaudis. Mais j’ai quand même des retours très positifs des fans américains sur les réseaux sociaux, sur les courses. Depuis cette histoire avec Tomac, il reste une petite minorité de gens remontés contre moi, et ça va me suivre encore un petit moment… Y’a des gens qui n’aiment pas Villopoto même s’il n’a jamais rien fait de mal et gagné quatre titres d’affilée. C’est comme ça, faut s’y faire. »

Dans le paddock, tu es toujours clean, souriant, disponible pour les fans. Tu as pris la place de Dungey comme ambassadeu­r du sport? « Il ne faut jamais oublier que les fans viennent pour nous voir. C’est important de garder ce contact avec le pu- blic. C’est pas tous les jours facile car il y a la pression de la course et qu’on n’a pas forcément le temps. J’essaie d’être naturel et honnête avec tout le monde et les gens le savent. Quand je vais rouler à Milestone, les gamins viennent me voir, c’est agréable. »

Ryan Dungey à la retraite, ça te donne des idées ? « Y’a des moments dans la saison où tu as un coup de mou, tu es fatigué physiqueme­nt ou moralement. Là, tu te dis que ce serait bien de prendre une semaine ou deux de pause. Mais quand je parle à Ryan et qu’il me dit que j’ai de la chance de savoir ce que je vais faire les deux prochaines années, je me rends compte qu’il faut en profiter. Il a décidé d’arrêter après une très longue carrière 450 puisqu’il est entré dans la catégorie en 2010. On a le même âge mais il a fait plus de saisons que moi à très haut niveau, gagné plus de titres. On est vraiment différents à ce niveau-là, mais également culturelle­ment. Il est Américain, je suis Français. C’est difficile de se projeter dans sa situation. Aujourd’hui, je vis de ma passion, je vis là où je rêvais d’être, et même si parfois on habitue, il ne faut jamais se blaser. Encore une fois, il faut en profiter car ça ne durera pas. »

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