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Mathilde musquin: on voulait aller au mxdn !

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Contrairem­ent à d’autres femmes de pilotes qui restent dans l’ombre, tu es un rouage essentiel de la carrière de Marvin. Est-ce une responsabi­lité excitante ou épuisante ? « C’est excitant, mais c’est aussi épuisant. Marvin, c’est mon mari, pas un pilote lambda, donc j’y mets tout mon coeur, toute mon énergie, tous les jours de la semaine. C’est pas comme quand tu bosses pour un patron. Lorsque ta journée se finit, tu rentres chez toi le soir. Là, ça n’arrête jamais. Mais on le fait de cette façon-là car on a toujours travaillé ensemble et à la limite, on ne saurait pas faire autrement. » Avec l’âge, Marvin est-il plus ou moins facile à motiver avant les courses? « Je pense que tant qu’il n’aura pas atteint ses objectifs, sa motivation ne faiblira pas. On s’est fixé des buts en arrivant aux États-unis. On a réussi à avoir le titre 250, il reste deux titres 450 et tant qu’on ne les aura pas, ce sera difficile d’être satisfait et de nous reposer sur nos lauriers. » À 29 ans, il n’est donc pas usé ? « Sa carrière est différente de celle de ses concurrent­s. Marvin a évolué en Europe en championna­t du monde avant de venir aux US et il a donc eu une carrière 250 assez longue puisqu’il a recommencé dans cette catégorie ici. Il n’est que dans sa troisième année en 450 et il atteint le sommet de sa forme et de sa technique aujourd’hui, à 29 ans. À l’inverse, Villopoto ou Dungey ont arrêté à 26 ans car ils sont restés sur les championna­ts américains, à faire les mêmes courses année après année. Ils ont eu beaucoup de titres et de belles carrières, mais Dungey a passé bien plus de temps en 450. L’usure n’est pas la même, et Marvin dans ce contexte est encore un jeune pilote qui, en plus, a dû s’adapter à un nouveau pays, une autre culture. Il n’a pas eu cette routine qui a tué la motivation de certains champions. C’est un peu aussi le cas de Zach Osborne qui a eu une carrière atypique puisqu’il a roulé en GP et arrive en 450 à 29 ans… » Tu parles de routine. Est-ce que votre vie, partagée entre Californie et Floride, permet d’éviter la lassitude ? « Certaines personnes nous disent qu’on a la belle vie, que c’est génial, qu’on a deux maisons, des choses comme ça. En un sens ils n’ont pas tort. Mais peu de gens voient l’envers du décor. On reste rarement plus d’un mois au même endroit, ce qui pose des problèmes logistique­s et engendre de la fatigue. On est dans l’avion toutes les semaines, c’est une autre forme de routine. » Le fait d’être de plus en plus présente dans les médias américains, ça t’inspire des idées pour la suite ? Un rôle chez KTM peut-être ? « Aujourd’hui, je travaille à 100 % pour Marvin, dans le but de l’aider. Après, c’est vrai que j’ai l’esprit d’équipe et que j’essaie d’aider les gens du team KTM de mon mieux. Le jour où il n’y aura plus Marvin, je ne sais pas si j’aurai le même engouement. Je n’y ai pas réfléchi en tout cas. » La vie aux US, c’est toujours sympa ou bien te languis-tu de rentrer en France ? « C’est une question qu’on nous pose souvent. Les gens pensent qu’en tant que Français, on n’attend qu’une chose, c’est rentrer en France. Mais on est arrivés ici à 20 ans, ce qui veut dire qu’on a passé toute notre vie d’adulte aux États-unis. On ne sait pas à quoi ressemble une vie d’adulte en France. Je suis partie de France, je sortais de la fac… On est nés et on a grandi en France, mais notre vie d’adulte est ici, on a tout construit ici. On est ce qu’on est aujourd’hui grâce à la France, mais on n’y retourne que deux semaines par an. C’est tellement peu par rapport à ce qu’on vit ici… » Revenons sur les Nations. Comment as-tu vécu cette non-sélection et comment Marvin a-t-il été touché ? « Il a été très désagréabl­ement surpris car il ne s’y attendait pas. Il n’est pas timide, mais il montre peu ses émotions. Jusqu’au moment où ça l’énerve. Il n’aime pas ces polémiques et pour lui, en tant que sportif, ce sont les résultats qui comptent. Pour lui, les résultats en course sont la meilleure preuve de la motivation de quelqu’un. Il parlait avec Dylan de la venue de Pascal Finot à Red Bud, il a gagné la course et pensait que c’était vraiment un signe de sa motivation. Apparemmen­t, ça n’a pas été interprété de la même façon. Ça a fait un choc car le team avait tout prévu. On avait demandé aux personnes qui refont les circuits chez Aldon de décaler leurs vacances pour préparer le terrain outdoor pour Marvin, tout ça pour rien… Après l’annonce de la non-sélection, on est partis en vacances, on n’allait pas s’entraîner pour une course qu’on ne ferait pas… » Lorsque finalement vous avez été recontacté­s suite à la blessure de Febvre, auriez-vous pu dire oui? « Marvin est humain, ce n’est pas un super héros de chez Marvel. Aller prendre part à une course comme ça sans aucun entraîneme­nt, c’est prendre trop de risques. Il aurait pu y aller en disant qu’il roulerait à 70 %. Mais un Marvin à soixante-dix pour cent de sa forme qui roule contre Herlings, ça veut dire qu’il va forcer pour rouler à sa vitesse maximum mais sans avoir les moyens physiques de tenir sa moto. C’est comme ça qu’on chute et qu’on se blesse. Les gens ne se rendent pas compte qu’avoir envie ne suffit pas. Si tu participes à un marathon, tu peux essayer et si tu finis pas, c’est pas grave, tu auras essayé. Le motocross est un sport à haut risque et au niveau où ils sont, ils ne peuvent pas se permettre de rouler sans être en forme. Avec la pression et les enjeux sur ce genre d’événements, tu ne peux pas te le permettre. Être à son meilleur niveau lui demande des mois d’entraîneme­nt. On ne peut pas se lever le matin après quatre semaines de vacances et aller se taper des manches de 40 minutes face aux meilleurs pilotes mondiaux. Marvin et moi, on voulait y aller, ça faisait des mois qu’on y pensait, on avait nos petits drapeaux de la France déjà prêts… Mais on a réalisé que ce n’était pas possible. »

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