MX Magazine

Où... Romain Febvre devient champion du monde

- Par Claude de la chapelle

Après un titre européen EMX250 en 2011, Romain Febvre passe en MX2 en 2012. Au guidon de sa KTM, il se classe 13e et 12e en 2013 avant de s’illustrer en 2014 au guidon de L’HVA 250 FC en terminant 3e du championna­t (avec une première victoire de manche au Brésil) derrière Herlings et Tixier. « Cette saison-là, j’ai manqué de réussite et de confiance en moi, je n’ai pas été assez fort sur moi-même » , analyse Romain qui attaque 2015 dans la peau d’un débutant chez les gros bras. « Je m’étais dit que si je terminais dans le top 10 ce serait bien, sans même envisager de faire un seul podium. Le MXGP, c’est une catégorie difficile à aborder et sur le papier, il y a un grand nombre de pilotes capables de gagner, ce qui oblige à une grande modestie. Je suis donc parti d’une feuille blanche, dans un nouveau team. J’ai entendu pas mal de gens dire que ça allait être compliqué, que la Yamaha était super puissante… J’étais très content d’avoir signé avec Rinaldi parce que c’est important d’être dans un team factory, ça facilite beaucoup de choses. Avec cette Yamaha, Jeremy Van Horebeek avait terminé vice-champion du monde 2014 derrière Antonio Cairoli, c’était donc une bonne machine. Et pour 2015, je n’avais pas la pression car je n’avais pas d’objectif précis. » Romain aborde donc les dix-huit Grands Prix 2015 avec l’envie de bien faire, mais sans se douter un instant du fantastiqu­e scénario dont il va devenir le héros. D’emblée, Romain est dans un bon rythme et accroche le bon wagon : 6/7 à l’ouverture au Qatar, 3/4 en Thaïlande, 8/6 en Argentine, il monte sur la 3e marche du podium de la seconde manche en Italie et récidive en Espagne. Premier déclic le 24 mai au Grand Prix de Grande-bretagne à Matterley Basin où il remporte la seconde manche! Le week-end suivant se joue en France, à Villars-sous-ecot. Le jour de gloire est arrivé! Deuxième de la première manche, vainqueur du second round, RF 461 décroche son premier Grand Prix en MXGP! Il se souvient : « À Matterley, je n’étais pas très bien parti et en doublant tous les pilotes qui me précédaien­t, j’avais senti que j’avais franchi un cap. Villars n’a fait que confirmer cette impression. » Fort de ce tour de force, Romain enclenche la machine à gagner et enquille, avant Assen, douze podiums de manches sur quatorze possibles – dont neuf victoires – en sept Grands Prix, s’octroyant la plaque rouge qui laisse présager d’une couronne mondiale.

À Assen, pour la fête !

Le titre est en vue et tout peut se jouer au Pays-bas devant le staff Yamaha basé à Amsterdam, la famille et les amis qui ne pourront sans doute pas se déplacer sur les deux épreuves suivantes, au Mexique et aux ÉtatsUnis. Romain se souvient : « Je savais que je pouvais avoir ce titre mondial, mais je ne savais pas quand cela allait arriver. Pour tous mes supporters, mes proches et ceux de ma copine, les gens comme Jean-christophe Wagner qui me suivent depuis tout petit, je me suis dit qu’il fallait tout tenter pour que ça se passe à Assen, avec eux, sinon j’aurais des regrets, la fête serait moins belle à l’autre bout du monde sans leur amitié. Et en fait, j’avais plus cette pression de gagner pour eux à Assen que de remporter le titre car je savais qu’il viendrait. » (rires) À Assen le 30 août, Romain entend faire parler la poudre. Mais tout ne se déroule pas comme prévu: « En première manche, je ne suis pas très bien parti et j’ai fait toute la course à la 5e place sur une piste sablonneus­e. Devant, tout le monde roulait à la même vitesse et je n’arrivais pas à passer Coldenhoff. Paulin termine 2e, moi 5e, ce qui ne fait pas mes affaires car il me reprend des points. En deuxième manche, je passe vite 2e et des pilotes s’intercalen­t entre Gautier et moi, puis je passe en tête, c’est le scénario parfait. Mon but était de faire le trou, je roule sans stress et il n’y a que sur les trois derniers tours où je regardais derrière. Je gagne la manche, Gautier termine 4e et je deviens champion du monde. » Champagne, maillots aux couleurs du nouveau world champ, le moment est historique et Romain n’en reste pas là, réalisant un quasi sans faute sur les deux dernières épreuves (1/1 au Mexique et 1/2 aux USA). Il s’en explique : « J’étais soulagé, surtout pour Yamaha, ce titre m’a enlevé une grosse pression. Quand tu es champion, tu es dans une bulle, tout se passe bien, tu as mal nulle part, les réglages de la moto ne posent pas de problèmes, mais si ce n’est pas parfait, on se dit que ça ira et ça va (rires), on roule, on gagne, on a le sentiment que rien ne peut nous arrêter, on se sent presque invincible, c’est un état d’esprit qui facilite les choses. » Fort de ce titre, Romain est sélectionn­é pour le MXDN : « À Ernée, j’avais envie de faire gagner la France, de confirmer mon titre. Et je remporte mes deux manches. C’était super car ça s’est joué jusqu’à la dernière manche, à deux points près, et avec Marvin et Gautier on a battu les US. C’était fabuleux. » 2015, une saison (735 points, 23 podiums – dont 15 victoires – en 36 manches, 0 DNF!) que Romain n’est pas près d’oublier. Nous non plus !

Le 30 août 2015 à Assen, Romain Febvre, rookie du MXGP, décroche son premier titre mondial deux Grands Prix avant la fin du championna­t. Un véritable exploit qui récompense une saison aux allures de conte de fée. Flash-back. « Quand tu deviens champion, tu es dans ta bulle, tout va bien! »

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