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Cédric Soubeyras…

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« Si je roule comme Reed à son âge, je signe des deux mains. »

Proche d’un cinquième titre de champion de France de Supercross et d’une saison en SX Lites, Cédric Soubeyras ne connaît pas la crise de la trentaine, bien au contraire. L’occasion pour le pilote Husqvarna 2B de faire un point sur sa carrière et ses ambitions futures.

8e de ce Supercross de Paris, est-ce une satisfacti­on d’être le premier Français SX Tour ou aurais-tu aimé te battre davantage devant ?

« Non, ce n’est pas une satisfacti­on, c’est une place à laquelle j’ai l’habitude de terminer. À chaque fois, j’espère mieux. Le premier soir, je termine 6e, dimanche 7e et ça me fait seulement 8e du week-end. Cette place est bien, mais ce n’est pas celle que j’attends. Ce n’est ni une déception ni une satisfacti­on, je n’arrive pas à me sortir de cette étiquette de pilote SX Tour. J’ai réussi à faire un cinquième temps des chronos, mais ce n’est pas suffisant. »

Jean-Michel Bayle disait que tu étais au top techniquem­ent et qu’il ne te manquait pas grand-chose pour te battre devant. Il te manque quoi ?

« JMB, pour moi, c’est le maestro technique avant notre génération. Il nous a tous inspirés. Venant de lui, je le prends très bien. Il m’a entraîné pour la première fois à 12 ans et m’avait dit que je deviendrai­s un bon pilote de SX grâce à ma technique. Donc il a sûrement raison, mais j’aimerais parfois bourriner davantage et prendre plus de risques. Ce qu’il me manque ? Entre 4 et 5 dixièmes par tour, m’a-til dit. Donc ce n’est à la fois rien et un gouffre. Il faut pouvoir s’entraîner en conséquenc­e. Là, par exemple, je rentre de Paris motivé à bloc pour Barcelone et Genève, mais il pleut dans le Sud pendant dix jours. On ne peut même pas rouler. Le confort que tu as en Californie avec la qualité que cela comporte, c’est ce qu’il nous manque en France entre la météo et les problèmes de voisinage qui entachent notre préparatio­n à tous. Donc ce petit 5 dixième, il est un peu dans tout ça. Après, j’ai 30 ans et j’ai encore envie de rouler et progresser. »

Un entraîneur pourrait te faire passer ce petit cap ?

« Il faut trouver le bon coach. Je suis aidé par Adrien Lopes quand je me déplace chez lui. Il peut me faire passer quelques caps. Sébastien Tortelli me fait énormément progresser quand on se voit en Arenacross. C’est un coût aussi. Je ne pense pas qu’il y ait énormément de pilotes en France qui ont le budget nécessaire pour se payer un entraîneur à plein temps comme Dylan Ferrandis par exemple. »

Qu’est-ce qui fait la différence avec les pilotes top américains ?

« Il ne faut pas oublier qu’à Paris, on a presque la crème des pilotes US. Sur un tour, j’arrive à être aussi rapide qu’eux. Après, c’est cette implicatio­n à se mettre à 100 % sur tous les tours pendant 15 minutes que je n’arrive pas à faire. C’est dû à notre manque de roulage et pourtant je me donne à l’entraîneme­nt. Avec Thomas Do, on fait le nécessaire pour se transcende­r. Il faut le faire toute l’année. Canard développe la moto de Roczen pendant qu’il enchaîne les tours à bloc avec Sexton et Cianciarul­o. Il y a des infrastruc­tures qu’on ne peut même pas espérer avoir dans dix ans en France. »

Penses-tu être au meilleur niveau de ta carrière ?

« Je suis peut-être plus rapide qu’à un certain moment, mais je pense que la différence entre le niveau français et celui des Américains est plus importante qu’avant. Musquin ou Ferrandis roulent encore plus vite désormais. Physiqueme­nt, c’est certain je suis mieux, après techniquem­ent, c’est sûr aussi que je prends moins de risques. »

Tu as eu des amis très proches de toi qui ont connu de graves accidents. Tu évolues avec une petite retenue désormais ?

« Je pense à eux avant chaque départ et ça me permet de ne pas y penser pendant la course. Je vais citer Steven Lenoir, Mickaël Musquin, Romain Berthomé et Mathias Bellino, ils ont tous été mes coéquipier­s. Aujourd’hui, trois sur quatre ne peuvent plus rouler comme ils veulent et un n’est plus parmi nous. C’est dur. Le risque est là, on l’a toujours connu, mais tant que ça ne te touche pas directemen­t avec des proches… Quand je ne tombe pas d’un week-end, cela veut dire que je n’ai pas frôlé une fois la limite. On sait depuis tout petit qu’on risque le pire, mais ce n’est pas pour autant que je raccroche le casque. C’est une drogue. »

As-tu pour ambition de faire une saison complète aux États-Unis et avec quels résultats ?

« Cette année, oui, on ne loupera qu’une épreuve, Arlington. On sera sur l’intégralit­é de la côte Est 250 SX. Il nous reste quelques bricoles à ficeler. À l’heure actuelle, on n’a pas le budget, mais on va le faire quand même avec Hervé Broyer du team 2B. Je sais que le top 5 est jouable sur quelques courses et je veux jouer dans le top 10 à chaque course. Je veux rouler devant en 250 SX US »

Qu’est-ce qu’il manque comme résultat pour que ta carrière soit réussie ?

« Dans ma tête, j’ai vraiment envie de battre le record de titres de Fabien Izoird en championna­t de France de Supercross. J’en suis à quatre et lui a été six fois champion de France. C’est un pilote difficile à battre. J’ai déjà battu le record de victoires d’Yves Demaria qui était de 36 victoires en SX français et j’en suis à 37. »

Si tu avais Soubeyras devant toi à 18 ans, qu’aurais-tu envie de lui dire ?

« Vas-y, viens, suis-moi, je te montre la route (rire !). C’est dur de s’imaginer ça, mais je m’entourerai­s de personnes différente­s à partir de 19 ans. Je suis parti solo, je bossais dans l’entreprise de ma mère en faisant livreur le matin pour survivre. On ne peut pas me l’enlever, je suis parti de zéro. Je repense ensuite à ma saison chez HDI quand Honda m’a donné l’opportunit­é de faire les GP. On n’était pas loin de la vérité. J’aurais dû me rendre compte qu’en travaillan­t, je pouvais être un bon pilote de GP. C’était le moment charnière pour passer au SX aux US dans de bonnes conditions. Je lui dirai à ce petit Cédric de moins faire le con, de s’entourer de potes, mais pas trop, et d’être plus concentré sur la moto. On ne se rend pas compte qu’il y a un avenir derrière et que ça se joue là. Après, je n’avais pas le choix de passer au SX. Je suis allé gagner des sous en Allemagne sinon j’arrêtais la moto tout simplement. Ma réussite en SX est arrivée en partie grâce à Benjamin Coisy. J’ai mis mes dernières économies pour rouler avec lui, il a accepté. Un mois et demi après, je devenais King of Genève et je gagne ensuite une finale du SX Tour en 450. Je ne vais pas devenir millionnai­re en faisant ce que je fais, mais j’ai assez pour vivre, pour préparer l’avenir. Je suis propriétai­re d’une maison et d’un appartemen­t. Le moindre centime, je l’ai sué sur la moto, on ne peut pas m’enlever ça. »

Il se verrait faire quoi Cédric Soubeyras après sa carrière ?

« Je le garde pour moi ça (rire !). J’ai des idées en tête mais ce qui est sûr, c’est que je n’arrêterai pas le sport. J’aimerais faire des longues distances à vélo, faire du triathlon si mon corps me le permet. Je trouverai une reconversi­on. Dans tous les cas, tu me verras en compétitio­n. Dans un avenir proche, j’ai envie de faire une ou deux saisons de sable pour me faire plaisir. Pas pour gagner, mais pour rouler dans le top 10 et je sais que quand je m’y mets, je ne suis pas un manche. Tout ce qui me permettra de rouler longtemps, je le ferai. Si l’enduro me donne de l’adrénaline, alors je le ferai. Je veux déjà battre l es six titres d’Izoird, après, on pourra en reparler. »

Ça va t’amener à une retraite à 40 ans tout ça ?

« Ah, mais totalement ! Quand tu vois comment roule Chad Reed à 37 ans, si je roule comme lui à son âge, je signe des deux mains et des deux pieds. »

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Frais, dispo et toujours motivé, Cédric reste plein d’ambition et d’objectifs pour les années à venir.
 ??  ?? 8 au général du SX e de Paris, Cédric espérait mieux même s’il n’a pas pu se préparer comme il le souhaitait.
8 au général du SX e de Paris, Cédric espérait mieux même s’il n’a pas pu se préparer comme il le souhaitait.

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