MX Magazine

Retour aux sources

Yamaha 250 YZ Vuillemin

- Par JCVDV – Photos DV Factory, Era Moto Co

Si David Vuillemin est aujourd’hui connu pour être le coach de Dylan Ferrandis, n’oublions pas qu’il reste avant tout l’un des pilotes référence de l’histoire du SX US 250. Vice-champion 2000/ 2002, DV pilotait alors sa célèbre Yam d’usine. Pour le plaisir, David a récemment décidé de restaurer une vieille YZ en souvenir de l’époque. Le résultat est magnifique !

Vice-champion du monde 1998 au guidon d’une 125 YZ, sur la troisième marche du Mondial 250 un an plus tard, David Vuillemin a fait ses valises pour les USA dans la foulée avec un contrat de « factory rider » en poche. À jamais associé au constructe­ur japonais avec lequel il a signé les plus belles performanc­es de sa carrière, DV a le sang bleu. Pilote officiel pour la marque entre 2000 et 2005, le Français qui a fêté ses quarante-deux ans le 18 octobre dernier a décidé de se faire plaisir en se replongean­t dans l’ambiance de ses années fastes : « Après quatre ans sans rouler, j’ai voulu racheter une moto pour aller me faire plaisir de temps en temps sur les pistes autour de chez moi en Californie. J’aurais pu investir dans une moto neuve, le plus simple, mais j’ai pensé que d’en restaurer une serait bien plus fun ! »

Objectif moteur…

Entre deux séances de coaching aux côtés de Dylan Ferrandis pour préparer la saison 2020, les très matinaux entraîneme­nts de basket de son fils David-Li et une petite virée avec sa fille Charlotte qui vient d’avoir son permis de conduire, DV s’est mis en mode fouine sur le net : « J’ai trouvé une 250 YZ de 2003 sur un site de petites annonces affichée à 1 000 dollars. Vous vous doutez bien qu’à ce prixlà, elle n’était pas très fraîche ! Le moteur était cassé, il manquait des plast i ques et t outes l es pièces étaient oxydées ou rouillées. J’ai fait une offre à 500 dollars et je l’ai finalement eue pour 700. De là, tout a commencé. Je l’ai complèteme­nt désossée le jour même ! J’ai mis un post sur mon compte Instagram et le projet a branché pas mal de monde. C’était cool de voir les réactions des mecs. Pas mal de marques m’ont contacté pour me filer des pièces et mon pote Thomas s’est proposé pour me refaire le moteur. » Dans la foulée, David a mis toutes les

Très motivé par son projet 250 YZ, DV s’est fait plaisir et le résultat est au rendez-vous !

pièces moteur démontées dans une grosse glacière à roulettes avant d’appeler un transporte­ur pour envoyer le colis dans le Minnesota : « Quand Thomas a ouvert le moteur, tout était cassé. Il a changé tous les roulements, le vilebrequi­n, le cylindre et le piston. On a juste gardé la boîte de vitesses qui était encore en bon état. J’ai acheté pour plus de 1 200 dollars de pièces Yamaha sur le site d’un concession­naire à prix public. Thomas a envoyé les carters chez Jon Primo, ancien mécano de Marvin Musquin chez KTM. Jon a un microbille­use à l’eau et adore bosser sur ce type de projet. Il a restauré les carters qui sont finalement plus beaux que s’ils étaient neufs. Jon a ensuite passé le relais à Thomas qui a tout remonté en ajoutant des boulons en titane. Le reste des boulons de la moto a été offert par Specbolts. Ah oui, j’oubliais, Jon s’est aussi occupé du silencieux. Pendant mes six années chez Yam, je roulais avec un pot FMF et un silencieux Pro Circuit. Un mec de Las Vegas, Justin, avait un silencieux usine PC de 2003. Il m’a contacté sur Instagram et me l’a donné. Je l’ai filé à Jon pour qu’il me le refasse. Ce silencieux avec la rondelle soudée dans l’embout de sortie est rare. Pour le pot FMF, j’en avais un neuf qui traînait dans mon garage, celui que j’utilisais sur ma moto d’usine. Hinson m’a proposé de me donner un embrayage complet, ce qui m’a facilité la tâche. »

Ce bouilleur reconditio­nné n’a évidemment absolument rien à voir avec celui qui équipait l’YZ d’usine du Français il y a vingt ans déjà, quand tout a commencé pour lui aux USA : « Ma première 250 YZ en 2000 était vraiment performant­e en SX sur des terrains qui étaient très raides à cette époque. Même si j’avais également du très bon matériel quand je roulais en Europe, aux US, avec Yam US, c’était le cran au-dessus. J’ai une petite anecdote marrante. Fin 1999, avant que je parte m’installer en Californie, j’avais eu un petit problème de visa qui avait retardé mon départ. Du coup, le team Yam avait pris l’avion pour venir en France et nous avions débuté le testing sur mon terrain de Fos-sur-Mer ! Ils m’ont sorti l’YZ de la caisse et j’ai effectué mon premier tour de SX avec ma moto américaine, chez moi, sur ma piste. C’était un moment incroyable, une vraie tuerie. Quand je repense à ça, c’est incontesta­blement l’un des meilleurs moments de ma carrière. Cette moto était vraiment au top. J’ai aussi aimé la version 2004, la dernière année avec le cadre acier. J’avais quatre

saisons dans les pattes, plus le testing, donc la moto était bien aboutie. En revanche, en 2005, avec l’arrivée du cadre alu, nous avons galéré toute l’année pour essayer d’avoir le même feeling, sans succès. »

Retour à la maison…

Pendant que le moteur de l’YZ reprenait vie dans le Minnesota, David s’est occupé de son côté de la partiecycl­e. Car là aussi, il y avait pas mal de boulot : « Le cadre a été peint à l’époxy cuit au four et verni. La couleur s’appelle Illusion Smurf. Ça m’a coûté 300 dollars de plus. Le reste des pièces a été astiqué avec de l’huile de coude, du Scotch-Brite et sur certaines de l’acide. Ensuite, j’ai réussi à récupérer des repose-pieds en titane que j’ai grattés chez Star Racing. Comme je suis un grand fan de Damon Bradshaw, j’ai voulu mettre mon nom sur le gardeboue avant comme lui en 1993. J’ai décidé de mettre le numéro 934 et non le 12, pourquoi ? Simplement parce que mon aventure américaine a commencé avec ce numéro, le 12, plusieurs pilotes l’ont porté, le 934, non. Era Moto Co s’est occupé de la déco. Ils ont fait un super boulot. Là aussi, j’ai rien demandé à personne. Ils ont proposé de m’aider en me contactant sur Twitter. Pour les suspension­s, SGB Racing m’a envoyé un message sur Instagram en disant qu’ils pouvaient les refaire et les anodiser. Ce sont les suspension­s qu’il y avait sur la moto, refaite pour moi. Les fourreaux et les

bas ont été anodisés couleur or comme sur ma moto de 2004. Ils ont fait l’amortisseu­r et la tige couleur or aussi. Le guidon a été offert par Pro Taper, un galbe Windham comme celui que j’ai utilisé la majorité de ma carrière. » Le poste de pilotage a d’ailleurs toujours été très important pour DV. Pour lui, impossible d’attaquer les whoops ou d’amortir un triple avec les réglages de Monsieur Tout-le-Monde: « Même quand le team n’était pas sous contrat avec Pro Taper, moi, je roulais avec mon guidon K-Dub équipé avec une mousse du sponsor du team ! Pour les leviers, c’était minimum à plat. J’aime mieux utiliser les paumes de mains sur le guidon avec des leviers hauts plutôt que de me tenir avec les pouces si j’avais les leviers bas. Je tournais aussi beaucoup mieux avec les coudes en bas au lieu d’avoir des oursins sous les bras. »

De bons souvenirs…

En se lançant dans ce projet, David a vu défiler de nombreuses belles images de l’époque. Une période où il jouait régulièrem­ent la victoire en SX US face à de vrais monstres de la catégorie incarnés par McGrath et Carmichael. Avec sa 250 YZ, le Français s’est offert deux places de vicechampi­on US 2000/2002, ce qui est loin d’être anodin. Il garde en mémoire des souvenirs impérissab­les : « À cette époque, notre YZ était vraiment très performant­e. Je pense même que c’était la meilleure machine du plateau. Je pense que la Suzuki était très bonne aussi, mais ils n’avaient que des seconds couteaux qui roulaient avec jusqu’en 2005 quand RC est arrivé. De mon côté, ça dépendait des conditions, mais j’ai toujours une moto plus brutale que mes coéquipier­s de chez Yamaha US et beaucoup plus souple en suspension­s. Avec le team, nous étions en perpétuel testing du 1er octobre jusqu’au milieu du championna­t supercross fin février. Il y avait toujours des trucs à essayer. Il y a des jours où je testais vingt pots d’échappemen­t ou des axes de roues avant hexagonaux car un Japonais avait eu une idée. On roulait en testing de neuf heures du matin jusqu’à la nuit. » Ces dernières semaines, ce qui a pris du temps à DV, c’est de mener à bien son projet YZ : « Au final, l’histoire a duré deux mois. Il a fallu envoyer des pièces aux quatre coins des États-Unis, mais je suis très content du résultat. Et je suis fier de moi. Je ne peux pas vous dire ce que ça m’a coûté, mais au final, j’ai quand même mis un bon billet. Et ce même si j’ai récupéré de nombreuses pièces gratuites. Bryan d’Era Moto Co a fait un super boulot avec les photos. Il faut vraiment que je remercie les compagnies qui ont contribué à ce projet fou : Hinson, Era Moto Co, Michelin, Roues Race MX Parts, SGB Suspension­s, Pro Taper, FMF, boulonneri­e Specbolts, selle Guts Racing, carter d’allumage DV Factory par Apex Innovation­s ainsi que mes potes Thomas Miller et Jon Primo. Maintenant que j’ai pris goût au truc, je suis déjà sur un nouveau projet. Cette fois-ci, j’ai envie de me refaire une 125 qui ressemble à celle que je pilotais en Grand Prix à la fin des années 1990. J’ai déjà acheté la moto et c’est reparti pour un tour ! » À la question, mais David, ta 250, elle est tellement belle que tu ne vas jamais oser rouler avec, la réponse du Cobra n’a pas tardé : « Si le but, c’est justement de me faire plaisir avec, au contraire, ça va bicher ! » Pour suivre le come-back de DV sur ses 2T légendaire­s, n’hésitez pas à vous connecter sur son compte Instagram DV934, le garçon poste régulièrem­ent des photos et des stories !

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? David Vuillemin en action avec sa 250 YZ d’usine Yamaha USA au début des années 2000, la classe!
David Vuillemin en action avec sa 250 YZ d’usine Yamaha USA au début des années 2000, la classe!
 ??  ??
 ??  ?? Ci-dessus, la vraie 250 YZ d’usine de l’époque puis la base de la vieille Yam qui a permis au Français de monter son projet. À gauche, le moteur avant puis après, oui, il y a du boulot !
Ci-dessus, la vraie 250 YZ d’usine de l’époque puis la base de la vieille Yam qui a permis au Français de monter son projet. À gauche, le moteur avant puis après, oui, il y a du boulot !
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Trop canon cette Yam, et dire que DV compte même aller mettre du gaz avec dans les jours qui viennent, ça devrait donner!
Trop canon cette Yam, et dire que DV compte même aller mettre du gaz avec dans les jours qui viennent, ça devrait donner!
 ??  ?? Les repose-pieds titane viennent de chez Yamaha Star Racing, le team de Dylan Ferrandis.
Les repose-pieds titane viennent de chez Yamaha Star Racing, le team de Dylan Ferrandis.
 ??  ?? Gros plan sur la transmissi­on de l’YZ 250, aucun détail n’a été négligé.
Gros plan sur la transmissi­on de l’YZ 250, aucun détail n’a été négligé.
 ??  ?? Le sticker Vuillemin sur le garde-boue avant, un hommage à Damon Bradshaw!
Le sticker Vuillemin sur le garde-boue avant, un hommage à Damon Bradshaw!
 ??  ??
 ??  ?? C’est Racing MX Parts qui a eu la gentilless­e de fournir ces superbes roues à DV.
C’est Racing MX Parts qui a eu la gentilless­e de fournir ces superbes roues à DV.
 ??  ?? Le silencieux Pro Circuit que le Cobra utilisait début 2000 est arrivé de Las Vegas.
Le silencieux Pro Circuit que le Cobra utilisait début 2000 est arrivé de Las Vegas.
 ??  ?? Ce pot FMF d’usine de l’époque traînait dans le garage de David !
Ce pot FMF d’usine de l’époque traînait dans le garage de David !

Newspapers in French

Newspapers from France