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Malcolm SX

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1,80 m, 80 kg, des dreadlocks de 30 cm qui dépassent du casque, une vitesse supersoniq­ue dans les whoops, un style de prédateur, ne cherchez pas, il n’y en a qu’un comme ça. C’est Malcolm Stewart ! Le frangin de James avait fait trembler les stars du SX en début de saison 2019 avant de se casser le fémur. Il est de retour…

Malcolm, tu as l’air d’être de retour à un très bon niveau après cette grave blessure en début de saison SX… « Oui. Cela m’a pris beaucoup de temps et demandé énormément de travail pour revenir de cette blessure. La fracture du fémur est l’une des plus graves blessures que l’on peut avoir et je ne pourrai jamais assez remercier mon team de m’avoir soutenu et resigné pour l’année prochaine. Je n’ai fait qu’une course et demie dans le championna­t AMA 2019, mais j’ai montré une belle vitesse. On ne le voit pas forcément à la TV, mais pour obtenir ce niveau, j’ai fourni beaucoup d’efforts et le team l’a bien compris. Neuf mois plus tard, j’étais de retour à la Monster Cup et j’ai fait quelque chose de bien à Vegas en remportant une manche. »

Tu n’as pas de douleur ni d’appréhensi­on au niveau de ta jambe ?

« Cela peut arriver mais franchemen­t, je n’y pense plus. Je ne ressens aucune gêne au niveau de ma jambe et je suis prêt à reprendre les choses là où je les ai laissées en début de saison 2019. »

Avant de te blesser, tu volais au-dessus des whoops et tu étais extrêmemen­t rapide en piste. Tu penses que tu avais atteint ton meilleur niveau ?

« Oui. Je me sentais vraiment bien. Et dès que j’ai compris que j’étais blessé, je ne pensais qu’à une chose, guérir le plus vite possible. Ces neuf mois ont été aussi longs que cinq ans pour moi! Mais aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir travailler avec le même groupe, la même moto. Je n’ai plus qu’à aller en piste et prendre du plaisir. »

L’an dernier, le deal Honda Smartop a été signé tardivemen­t. Tu auras plus de temps pour préparer ta saison cette année !

« Oui, j’ai commencé à rouler avec la moto courant septembre 2018 et j’ai vraiment signé avec le team à la Monster Cup. On n’a eu que deux mois pour préparer la saison et le résultat était très bon. Cette année, on se connaît mieux, on a eu plus de temps pour travailler et on peut faire des courses de préparatio­n comme le SX de Paris. Je pense que je suis revenu au niveau de l’année dernière. Je pense même que je suis plus rapide aujourd’hui qu’avant de me blesser. »

Au final, ce break forcé t’a peutêtre fait du bien ?

« On ne peut jamais dire qu’une telle blessure est positive. Mais si l’on doit voir quelque chose de bien là-dedans, c’est peut-être que j’ai pu me concentrer sur mon physique, ma résistance et je suis en très bonne forme aujourd’hui. Malheureus­ement, les courses manquées ne se rattrapent pas. Je pense que si j’avais fait une saison complète, je serais encore plus rapide. Mais il faut prendre les choses comme elles viennent et ma saison 2020 commence maintenant. »

Tu as gagné une finale à la Monster Cup. C’était important pour toi ?

« Le circuit est un peu différent de ce que l’on voit habituelle­ment, mais la Monster Cup est un très bon test pour les pilotes et les teams. On peut voir où en sont les autres, valider des choix techniques au niveau des suspension­s. On voit les autres pilotes sur les circuits d’entraîneme­nt en Californie mais rien ne remplace la course pour avoir un bon aperçu de son niveau. Je suis heureux d’avoir pu constater que nous étions dans le coup mais il reste quelques semaines avant le début de la saison et les choses peuvent encore changer. »

Les courses de SX en Europe sontelles plus importante­s aujourd’hui qu’avant pour arriver prêt à Anaheim 1 ?

« La course est le meilleur entraîneme­nt. C’est toujours une bonne expérience de prendre un départ avec d’autres bons pilotes. Et les pistes progressen­t en Europe. Celle du SX de Paris est proche de ce que l’on trouve aux USA. Même si ces courses sont hors championna­t, on est tous des compétiteu­rs et si on s’aligne derrière une grille de départ, c’est pour gagner. Venir faire des courses en Europe est également une super expérience. On peut à la fois faire un très bon entraîneme­nt moto et voir des choses. Cette année, j’ai pris le temps d’aller voir la Tour Eiffel avant le SX de Paris, de visiter la ville. Cela fait partie des bonnes choses que l’on doit aux

« À chaque fois que je monte sur la moto, James me regarde… »

courses en Europe. On peut rouler dans d’autres stades, voir d’autres fans, voir comment les shows se déroulent, faire des rencontres. J’adore ! »

Tu as énormément de fans en Europe. Comment l’expliques-tu ?

« Je ne sais pas mais je me sens comme à l a maison en Europe et j ’ ai conscience d’avoir énormément de fans ici. Ils me traitent et m’encouragen­t comme l’un des leurs. J’adore vraiment ce feeling. Les fans français sont au top ! »

Parlons de ta saison 2020. Tu sens qu’il peut se passer quelque chose de grand pour toi cette année ?

« Oui, j’en suis convaincu. Je suis très content de ma moto. On a beaucoup travaillé sur la nouvelle CRF et je me sens super à l’aise dans les whoops. »

En tant que pilote dans un team « satellite », quelles pièces sont accessible­s et quelles pièces ne le sont pas pour ta machine ?

« Je ne sais pas exactement ce qu’il y a dans les motos d’usine donc c’est difficile de te répondre, mais je peux te dire que je ne manque de rien et que je n’ai qu’à me concentrer sur mon pilotage. Et ce qui est cool avec Honda, c’est qu’ils sont derrière toi même si tu n’es pas pilote usine. On partage beaucoup d’informatio­ns. Tout ce qu’ils veulent, c’est voir du rouge devant ! »

Tu as de belles pièces factory sur le châssis, avec un jeu de suspension­s d’usine, mais comment travaillez­vous sur le moteur ?

« Tu sais, les 450 modernes sont extrêmemen­t rapides. On ne fait pas grand-chose sur le moteur. Je ne vais pas te dire que l’on ne fait rien, cela serait mentir, mais ce sont plus des choix personnels pour adapter le moteur à notre pilotage, pour que l’on se sente bien. En SX, le châssis est plus important que le moteur et j’ai tout ce qu’il faut sur la partie-cycle de ma moto. »

Les pistes aux USA sont de plus en plus variées avec des parties sable, différents types de terre, de stade, la météo… Cela demande de trouver les bons réglages sur chaque course, pas vrai ?

« Oui, c’est clair. Et même sur la côte Ouest où la terre est plus dure, chaque circuit est vraiment différent du précédent. Mais c’est un peu la même chose en MXGP où les pilotes roulent dans le sable, dans les cailloux, dans la boue… Cela fait partie du job de pilote de savoir ce que l’on veut et de savoir ce qui fonctionne sur la piste. Nous sommes des athlètes profession­nels. Cela fait souvent la différence au niveau des résultats, c’est certain. »

Quelle est la course que tu préfères au calendrier SX US ?

« Atlanta est vraiment cool, Tampa… Toutes les courses proches de chez moi ! J’aime bien Dallas également, à cause du stadium couvert… En fait, j’aime toutes les courses qui se passent sous un dôme. Comme ça, je n’ai pas à me soucier de la météo. » (rires)

Tu veux dire que tu n’aimes pas rouler en SX sous la pluie ?

« Mais personne n’aime le supercross sous la pluie ! »

Si tu poses la question aux Européens, certains te diront qu’ils sont contents quand il pleut car ils savent qu’ils ont plus de chance de faire un bon résultat !

« Peut-être, mais je suis certain que ce ne serait pas le premier choix de Marvin Musquin ! S’il avait le choix entre un terrain sec ou un terrain boueux, je pense qu’il prendrait le terrain sec ! Même Eli Tomac n’aime pas rouler en SX dans la boue… »

Maintenant que ton frère James a officielle­ment pris sa retraite, as-tu un nouveau coach personnel ou est-ce qu’il a définitive­ment tourné la page moto ?

« Non, il est toujours présent à mes côtés ! C’est sûr qu’il n’est plus aussi impliqué dans la moto qu’avant et qu’il ne regarde plus toutes les courses à la TV si je n’y suis pas, mais ça reste mon frère, ma famille ! À chaque fois que je monte sur la moto, il me regarde, il me surveille, il m’envoie des messages pour me conseiller. »

Tu aimerais qu’il soit présent avec toi sur les courses en tant que coach ?

« Pour toute la partie physique, je travaille avec Gareth Swanepoel et pour la partie technique, mon père est à mes côtés. Je ne peux pas avoir un meilleur coach ! »

James Stewart est certaineme­nt le meilleur technicien que le sport ait connu…

« Oui, mais qui a appris à rouler à mon frère ? Mon père ! »

Ton frère a aussi certaineme­nt appris et ressenti beaucoup de chose par lui-même en s’entraînant sur la moto. Ça pourrait t’être utile. Ton père n’a jamais scrubbé, pas vrai ?

(rires) « Non, c’est sûr, je comprends ce que tu veux dire et tu as raison. Le meilleur coach de la planète serait une combinaiso­n des deux. Mais mon père a l’oeil, et il est avec moi sur toutes les courses. Il est là depuis le début, il m’a tout appris et me connaît par coeur. Il me comprend et il sait ce qu’il me faut. Quand je ne me sens pas à l’aise alors que tout le monde vient me voir en me disant “hey tu roules bien aujourd’hui”. Mon père sait exactement quand je suis bien ou non et il sait toujours quoi me dire pour m’aider. »

Tu penses que tu peux gagner une ou plusieurs courses l’année prochaine ? Et pourquoi pas devenir champion ?

« Oh oui ! J’ai gagné une manche à la Monster Cup, on a fait un podium au

Alors que son frère James est en train de devenir la plus grande star du SX mondial, Malcolm reste dans l’ombre. Le cadet de la famille est pourtant doué sur une moto, mais forcément pas autant que son aîné. Tout jeune, il n’avait pas spécialeme­nt envie de faire de la compétitio­n. C’était le gamin souriant dans le paddock, le petit frère de James… Il s’engagera malgré tout sur une course locale au guidon de l’ancien PW de son frère en 1999 à l’âge de 7 ans et il terminera sur le podium. La machine est lancée mais il faudra attendre presque dix ans pour qu’il monte sur le podium de la Loretta Lynn, la plus grosse course amateur aux USA. Il profitera de l’immense propriété familiale sur laquelle se trouvent tous les circuits possibles pour progresser, avec James Stewart comme modèle. En 2011, Malcolm signe son premier contrat Pro avec le team Arma Suzuki, décrochant au passage la 7e place du championna­t 250 SX côte Est. Une performanc­e qu’il aura du mal à rééditer l’année suivante avec KTM J-Star en 2012 avant de signer 2013 et 2014 dans le team Honda Troy Lee Designs. Bien qu’un peu lourd pour la 250 en SX par rapport à la concurrenc­e, Malcolm fait quelques coups d’éclat et signe deux podiums en 2014. Il remporte sa première victoire en SX en 2015 sur la Honda Geico et monte sur quatre podiums des huit courses de la saison. Le deal Geico est resigné pour 2016 et c’est la consécrati­on pour Malcolm qui remporte le championna­t 250 SX côte Est.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, malgré son titre en poche, Malcolm se retrouve sans contrat pour 2017. Il monte sa structure et s’engage en championna­t SX 450 au guidon d’une Suzuki. Il ne parviendra à entrer dans le Top 10 qu’une fois à St Louis. En 2018, Malcolm hérite d’un guidon chez Suzuki JGR et parvient à se hisser dans le top 10 à quatre reprises pour une 11e place finale parmi l’élite du SX mondiale. En 2019, Il se présente à Anaheim 1 au guidon d’une Honda Smartop et fait forte impression en terminant 2e de sa heat et 7e de la finale. Boosté à fond pour la deuxième épreuve de la saison, Malcolm confirme sa vitesse mais alors qu’il était remonté 6e de la finale, Mookie se satellise dans les whoops et se fracture le fémur. Il restera sur la touche pendant le reste de la saison.

général. Je sais que la vitesse est là. Il faut juste que je sois au bon endroit, au bon moment. Tu sais, personne n’arrive à Anaheim en se disant “mec, je vais faire troisième, ça sera cool”. À chaque fois que je monte sur la moto, c’est pour gagner. J’ai déjà remporté un championna­t 250 SX en 2016, alors pourquoi je ne pourrais pas faire la même chose l’année prochaine ? Je sens que je peux le faire. En 2016, je ne pensais pas que j’étais capable de gagner. Et puis une heat race, un podium, une finale et tout s’enchaîne. C’est comme ça que ça se passe. Il ne faut pas se mettre trop de pression et monter en puissance au fil de la saison en cochant le plus de cases possible. »

Aujourd’hui, le niveau est très serré dans le championna­t 450 SX. Où se fait la différence ? Technique ? Mental ? Physique ? Matériel ?

(long silence…) « En fait, je crois que cela peut être tout à la fois. Tu peux te faire mal à l’entraîneme­nt, tu peux galérer à régler ta moto sur une course, tu peux avoir une baisse de moral… Quand tu arrives sur une course, tu ne sais jamais ce qu’il va arriver. Il n’y a aucune garantie que tu vas gagner et il y a en plus une petite part de chance. »

Ne faut-il pas penser à rester entier et sur ses roues avant de penser à aller vite ?

« C’est vrai. Les pilotes qui enchaînent le supercross et le motocross ont vraiment une saison longue, certaineme­nt l’une des plus longues tous sports mécaniques confondus. Les joueurs de sports collectifs ont des saisons très longues aussi, mais ils ne risquent pas leur vie à chaque fois qu’ils entrent dans un stade. »

Ton team se concentre sur le SX, ta saison est donc plus courte. Mais le MX, cela ne te manque pas ?

« Mon team est SX only, alors je ne me pose pas la question. »

Vu ta réponse, j’ai l’impression que tu aimerais quand même rouler en MX, je me trompe ?

« C’est comme ça, je savais en signant que je ne roulerais pas en MX. J’adore la course, quel que soit le terrain. Mais je peux répondre à ta question en te disant que si un pilote Honda HRC se blesse, ce que je ne souhaite pas évidemment, je serais le premier à demander pour le remplacer ! »

Pendant qu’on parle de MX, qu’astu pensé du MXDN et du résultat du team USA?

« Le résultat est décevant, mais je pense que nos pilotes n’ont pas pu montrer leur potentiel. C’était une course particuliè­re. Les Néerlandai­s savaient exactement comment rouler dans ce bac à sable mouillé. Mais cela fait partie de cette course. Au final, qu’ils aient gagné ou perdu, tout ce que l’on retiendra c’est qu’ils ont eu le courage d’y aller, qu’ils ont tenté leur chance. Et ils ont tout donné, j’en suis certain. »

Tu aimerais recevoir un coup de téléphone de Roger De Coster (sélectionn­eur US) un jour ?

« Ouais ! Mais cela n’est pas près d’arriver… Pour ça, il faudrait que je fasse le championna­t MX! Mais si un jour j’ai l’opportunit­é, je dirai oui sans hésitation. Représente­r son pays, cela veut dire quelque chose pour moi. »

À quoi ressembler­a le championna­t SX US dans cinq ans ?

« Le niveau sera meilleur et encore plus serré. Les motos progressen­t, les pistes évoluent en étant un peu plus faciles d’une certaine manière et les pilotes sont de plus en plus forts techniquem­ent. J’ai l’impression que les jeunes pilotes qui arrivent en pro ont directemen­t l’héritage d’une technique que l’on a mis des années à développer et qu’ils n’ont plus peur de rien. »

Est-ce que tu gardes un oeil sur les jeunes ?

« Oui, je les regarde, mais j’ai plus envie de les féliciter que de les craindre. Je sais ce qu’ils sont en train de vivre et je sais que c’est difficile et excitant. Quand je suis arrivé sur le circuit pro et que j’ai fait la course contre Chad Reed, c’était un honneur car je savais qu’il s’était toujours battu avec mon frère, mais c’était aussi très difficile de s’imposer parmi les meilleurs. »

Tu as 650 000 followers sur Instagram et la file d’attente devant ton camion est toujours très longue. Comment fais-tu pour gérer cette popularité ?

« C’est vraiment quelque chose que j’apprécie beaucoup même si je ne peux pas tout lire et tout voir sur les réseaux sociaux ! Ma messagerie est pleine, je ne la regarde même plus… J’arrive à voir passer quelques commentair­es, mais je ne peux pas être toujours connecté. Je sais que ça craint car les fans attendent parfois des réponses, mais j’essaie en revanche d’être aussi disponible et cool que possible quand les gens viennent me voir sur les courses. Le plus important pour moi, ça reste de les voir dans la vraie vie, sur les circuits ou sur les événements. Et j’ai la chance de pouvoir dire que les gens que je vois m’aident à gérer ça car ils sont très cool avec moi. »

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Malcolm s’est illustré à la Monster Cup avant de briller à Paris en ratant de peu le titre de « king ».

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