MX Magazine

Yannig Kervella

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Bonjour à tous, J’ai décidé de faire une chronique un peu différente, forcément, puisque l’actualité sportive est à l’arrêt pour le moment. Même si ça bouge du côté du Supercross US avec peut-être de bonnes nouvelles à venir. Je voulais revenir, comme Xavier Audouard dans son « block-pass », sur la triste nouvelle du décès d’Éric

Breton. Éric était un grand journalist­e, mais également un précurseur avec « Dirt Dictator » pour amener le SX en France et bien évidemment les pilotes US au SX de Paris. C’était en mars 1984. Éric était un grand passionné de la moto sous toutes ses formes : cross, enduro, routières. Quand j’étais jeune, avec Xavier, Pat Boulland, Massias, Blanchard, ils formaient tous un groupe de potes qui bossait pour Moto Verte, Moto Revue et les Éditions Larivière. Ils avaient créé la CCA, la Cross Critic Associatio­n, dont tous les pilotes voulaient faire partie. Ils ne le savaient pas forcément, mais tous les pilotes rêvaient de les rencontrer et de pouvoir coller le célèbre sticker CCA Approved sur leurs casques. Riton, il faisait partie de cette troupelà. Il est parti, probableme­nt au bon endroit vu le personnage qu’il était. C’est triste. Le grand photograph­e Pat Boulland nous a quittés un jour de Noël sur l’Île de la Réunion, j’étais là ce jour-là. Riton nous a quittés en Thaïlande il y a quelques jours. Moi, je suis croyant, donc je suis certain que nous nous reverrons tous un jour. Pour en revenir aux débuts du SX en France, pour les plus jeunes d’entre vous, je voulais vous rappeler qu’au début des années 1980, le Supercross n’existait pas en France. Quand on lisait Moto Verte à l’époque et que l’on découvrait des reportages sur le SX US, on hallucinai­t un peu, c’était incroyable. Et puis un jour, Xavier Audouard et son équipe ont réussi à organiser un SX à Paris, au Palais Omnisports de Bercy qui venait tout juste d’ouvrir ses portes. Tous les meilleurs pilotes US étaient là, face au gratin du MX européen. Les pilotes US roulaient en mode championna­t du monde, les stars des GP et les top français approchaie­nt à peine le niveau national. C’était le jour et la nuit, on ne comprenait pas ce qu’il se passait. C’étaient vraiment des extraterre­stres. Je faisais partie des Européens invités. Quand ma série était terminée, je courais pour aller voir celle d’après et regarder les Ricains rouler. C’était magique. Vous ne pouvez pas vous rendre compte aujourd’hui ce que nous avons vécu. Aujourd’hui, le SX, c’est normal. Il y a quarante ans, c’était comme une petite révolution pour notre sport. Ça restera l’un des plus beau souvenirs de ma vie de passionné. Ils avaient des motos d’usine, des 250 2T qui craquaient dans Bercy. Les premières présentati­ons, c’était fou. J’ai dû faire une quinzaine de Bercy, une semaine avant, j’en étais malade tellement je me mettais de la pression. Ce sont des souvenirs exceptionn­els. Bercy a servi de détonateur, plusieurs pilotes européens ont compris l’importance du SX. De mon côté, je me suis fait construire une piste personnell­e en Bretagne pour préparer le deuxième Bercy qui a été organisé la même année au mois de novembre. Vous imaginez bien que pour s’entraîner en SX en Bretagne à cette période de l’année, ce n’est pas simple. Du coup, j’avais une belle piste, mais je n’ai pas pu l’utiliser. En Europe, certains SX ont été organisés, puis Jean-Luc Fouchet a lancé le championna­t de France dans la foulée. J’ai longtemps roulé et avec une bande de potes on a aussi monté les SX de Rennes pen

« Le Supercross de Bercy a servi de véritable détonateur pour le cross français !»

dant cinq ans. JLF a fait un super boulot, il est toujours là d’ailleurs. Grâce à lui, des pilotes comme Bayle, Pichon, Vuillemin ont profité du SX pour développer un petit truc en plus. Et un jour, ils sont arrivés aux USA pour chatouille­r les Ricains, gagner des titres, des courses. Et je peux vous dire que pour arriver en haut de la hiérarchie du Supercross américain, ce n’est pas donné à tout le monde. Aux US, le SX, c’est comme un mode de vie. Les jeunes s’y mettent hyper tôt avec beaucoup d’énergie. Moi, je tire un grand coup de chapeau à tous les Français qui sont arrivés ici et qui ont brillé. JMB a tout gagné en les humiliant, DV a gagné des finales incroyable­s devant McGrath et Carmichael. Mika Pichon a aussi fait de s uper t r ucs. Tout part de l à. Mars 1984, le SX de Bercy, cette course a tout changé. Encore aujourd’hui, la France a toujours d’excellents pilotes de SX. Aujourd’hui, je suis entraîneur, ici, aux USA après l’avoir été en Europe. Tout est différent, c’est un sujet que j’ai également envie d’aborder. Les pilotes, les mentalités, les façons de faire. Les coachs

US par exemple n’ont pas la même approche. Moi j’essaie d’être pointu sur la technique, le feeling, sur la façon dont le pilote va gérer sa moto au fil des tours, l’évolution de la piste. Mes homologues, c’est plus, allez-y les gars, tournez la poignée, enchaînez les tours en allant le plus vite possible, le plus longtemps possible. Ils sont à bloc sur le physique. Aldon Baker, c’est l’exemple parfait. Il a amené un système très élitiste venu du vélo, et ça fonctionne aussi très bien. Les résultats de ses pilotes parlent pour lui. Maintenant, les jeunes de chez KTM et Husky profitent des programmes, ils vont faire des stages. C’est chaud patate, c’est dur, c’est long… Je bosse avec un jeune qui débute chez les pros. Il peut rester à 200 pulsations/minute pendant 15 minutes. Le max normalemen­t, c’est 220 moins l’âge, je ne sais pas comment ils font. Ici, c’est comme ça. J’aime bien expliquer les différence­s, c’est intéressan­t. En revanche, c’est sûr, si vous souhaitez gagner de la vitesse et de l’intensité, vous venez ici pendant quelques mois et vous allez voir autre chose. Il y a six ou sept terrains pros ouverts cinq jours sur sept, arrosés, préparés, refait. Il y a du pour et du contre, c’est toujours neuf le matin, mais du coup, ça n’est jamais vraiment défoncé. Pour se faire les bras, il vaut mieux y aller l’après-midi. C’est tout pour ce moisci.

Le mois prochain, croisons les doigts pour partager de bonnes nouvelles pour notre sport !

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 ??  ?? Le SX de Bercy dont le trio Breton, Audouard, Glain est à l’origine a propulsé le MX français au plus haut niveau.
Le SX de Bercy dont le trio Breton, Audouard, Glain est à l’origine a propulsé le MX français au plus haut niveau.
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 ??  ?? Éric Breton et sa tribu au « 100 % More’O ». « BigRit’ » aimait intrinsèqu­ement le motocross, comme toutes les discipline­s vecteurs d’adrénaline. Il avait occupé le poste d’adjoint à MV avant de prendre la rédaction en chef de Moto Revue.
Éric Breton et sa tribu au « 100 % More’O ». « BigRit’ » aimait intrinsèqu­ement le motocross, comme toutes les discipline­s vecteurs d’adrénaline. Il avait occupé le poste d’adjoint à MV avant de prendre la rédaction en chef de Moto Revue.
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