La lumière, enfin
Alors que Ken Roczen comptait trois petits points d’avance sur Eli Tomac après Daytona, voilà que toutes les courses suivantes allaient se dérouler à 1 400 m d’altitude, dans l’état voisin de celui (le Colorado) où réside et surtout s’entraîne « ET3 », seul des leaders du championnat acclimaté à l’altitude !
Or, à l’écoute des interviews d’aprèscourse (révélant l’essoufflement inhabituel des pilotes), il est manifeste que l’altitude introduit un facteur majeur à l’équation du niveau de performance en SX et que tous ne sont pas logés à la même enseigne face aux contraintes particulières que celle- ci pose. Manque de chance pour lui, K-Roc a justement été le grand perdant de ces conditions particulières. Toujours très rapide initialement, il s’est étiolé, voire effondré en deuxième partie de finale sur les quatre premières courses, remportant en revanche magistralement la cinquième (à la surprise générale, vu qu’il venait de révéler souffrir, en plus de difficultés chroniques de respour le fan et pour une majorité de pilotes qui se sont entretenus à coups de simples sorties VTT et ont apprécié d’éviter le stress des voyages incessants et autres séances d’autographes… Les teams ont pu se concentrer sur la préparation des motos sans avoir à démonter leurs structures ni se préoccuper de recevoir des flopées de VIP’s au sein de leurs « hospitalities » . Une sorte de routine quotidienne s’est instaurée au sein des membres du paddock et avec elle une forme de solidarité et de camaraderie inattendue face aux contraintes de la situation.
Les mesures drastiques logiquement imposées par la commission sanitaire de l’Utah – tests covid à l’arrivée, prise de température systématique, distanciation sociale, port du masque (hors course) et absence de spectateurs – pour bizarres qu’elles aient pu être de prime abord, ont fini par se banaliser et même engendrer des séquences inédites, par exemple un Dylan Ferrandis n’ayant pas à subir les huées du public sur les podiums (!) et aussi un Cooper Webb profitant du silence en grille pour chambrer ses adversaires avant le départ des finales « vous êtes prêts pour la bagarre les gars, parce que moi, je le suis ! » … Force est de constater que le champion en titre, deux fois vainqueur, est celui qui a marqué le plus de points lors des cinq premiers rounds du « championnat Salt Lake » et qu’il a donc assumé cette attitude provocatrice une fois en piste. Même si le premier titre de Tomac se profile (il lui suffit de gagner l’avant-dernier round pour l’assurer), Webb, qui a resigné un gros contrat avec KTM, est assurément à cette heure l’adversaire le plus crédible du pilote Kawasaki.
En 250, on a pu constater que le championnat Ouest, avec un Ferrandis sérieusement contesté par Forkner et de nombreux outsiders performants (dont l’épatant Jett Lawrence) est bien plus excitant que le championnat Est, lequel se résume à un duel Sexton-McElrath cependant très indécis. Le fait que la course finale rassemble les deux côtes va apporter un piment particulier au finish des deux championnats. Bref, on revit !