MX Magazine

Yannig Kervella

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Salut à tous, heureux de vous retrouver avec une chronique dans laquelle nous allons pouvoir parler de sport puisque le Supercross US a repris à Salt Lake City fin mai, une excellente nouvelle. Sept courses au même endroit, sans public, avec une piste modifiée à chaque fois ! C’est nouveau et plutôt intéressan­t. On avait hâte de voir comment les pilotes allaient gérer une course le dimanche puis une autre le mercredi. Entre les courses, il faut porter des masques. Bref, pas simple, mais tout le monde s’est adapté. En 250 East coast, le niveau est moins soutenu je trouve, hormis pour Sexton et McElrath qui restent deux top riders. Le premier est un cador, très fort techniquem­ent. Il a un style à l’européenne, il est doué, il dose bien les gaz. McElrath, c’est un autre style, mais c’est fort aussi. Mon sushi Jo Shimoda que j’entraînais est un peu en dedans par rapport à son potentiel. Je le trouve frileux, il n’ose pas assez, il a l’air méfiant, mais il sera bientôt sur le podium. À l’Ouest, Dylan Ferrandis était le plus solide jusqu’à San Diego. Il a ensuite dû, comme tout le monde, gérer le break. Il s’est préparé pour la reprise, il a aussi roulé en outdoor car je pense qu’il aimerait bien le titre aussi en MX. À la reprise, je l’ai trouvé un poil moins sûr de lui. Il se retournait en course, commettait des petites erreurs. Du coup, Forkner en a profité pour revenir et lui mettre la pression avant la grande finale. Dylan était moins dominateur, j’espère qu’il aura pu aller au bout malgré tout. Quand vous lirez ces lignes, la dernière course aura eu lieu. Forkner, c’est un acharné, il est agressif, il ne va pas se faire que des amis, mais c’est le SX, c’est comme ça. Derrière, McAdoo est en progressio­n. Et puis il y a le phénomène Jett Lawrence que j’ai vu débouler ici en amateur l’an passé. C’est un virtuose, il ne cesse de progresser. Il a un truc en plus, il est fin, solide et ajoute de l’agressivit­é. Ce qu’il fait à 16 ans, c’est incroyable. Il attaque tous les virages, même quand ça glisse un peu. Il commet des petites erreurs, il apprend, mais je peux vous garantir qu’il ne va pas tarder à gagner des courses, c’est clair. Chez Honda, ils ont signé une très bonne recrue ! Pour moi, c’est le futur top ici. Il a un mental également au-dessus de la moyenne. Shimoda a du talent, Craig roule très bien, gagne des séries, mais ça ne suffit pas. La tête, c’est primordial. Jett quand il aura l’expérience, attention. Il est déjà monté sur un podium après un départ loupé, c’est vraiment la belle surprise. Je suis heureux aussi pour son frère qui a enfin pu commencer à rouler en SX après toutes ses blessures. Il a de grosses aptitudes aussi, même si ça doit lui piquer un peu l’ego de voir son petit frère le déposer.

En 450, c’est pas la même. Trois mecs qui se tenaient en 25 points avant les deux dernières courses, c’est très rare. Tomac a trouvé la clé mentale pour passer un cap, il est très fort physiqueme­nt. Avec la confiance et la patience qu’il a développée­s en 2020, c’est un monstre. Et puis techniquem­ent, c’est pas mal non plus. Il n’a quasiment pas chuté, ce n’est plus le même. Il sait terminer deuxième, troisième. Impression­nant le mec. Et que dire de Webb. Il est hyper-vif, il anticipe tout ce qu’il peut se passer. Il n’est jamais top aux chronos, mais en course, il monte crescendo, il progresse, évolue. Il est aussi fort mentalemen­t que physiqueme­nt, un peu moins techniquem­ent, mais ça reste du très haut niveau. Et puis il y a Roczen le mystérieux. Je ne comprends pas. Je ne sais pas ce qui est vrai, ce qui est faux. Je doute qu’il raconte des conneries, mais c’est quand même hallucinan­t. Il est passé par des trucs de malade, il s’est brisé les bras, le poignet. Ensuite il s’est fait brûler par la chaux de San Diego, il a chopé des virus derrière, il a pris un gros coup de chaud l’été dernier… Et malgré tout, il est là. À Salt Lake, il a souffert d’asthme au début avant de choper un zona ! Et pourtant, il réussit à regagner en montrant une vitesse de pointe incroyable et surtout une agressivit­é qu’il avait perdue. Face à Webb, je pense malgré tout qu’il s’est montré trop timide. Mais globalemen­t, ça reste une star. Le jour de sa victoire, il a été impérial, sur une piste particuliè­rement délicate avec des virages à plat très techniques et une texture de piste particuliè­re, très dure en dessous. Il était vif, direct, il sait tellement bien doser sa poignée de gaz qu’il s’est promené du début jusqu’à la fin. Il ne faut pas oublier qu’il a eu des problèmes, mais il faut savoir aussi que lorsque l’on est devant, que les tours s’enchaînent et que l’écart avec ses poursuivan­ts ne bouge pas, ça booste la confiance et le physique. Ce soir-là, il a passé Webb et ensuite, comme les whoops ne se sont pas trop dégradées, il est redevenu magique et n’a rien lâché, c’était beau. Tous ces champions, ils connaissen­t les forces et les faiblesses de leurs adversaire­s. Cette année, c’est Tomac qui a le mieux tout analysé. Il a 27 ans et voulait vraiment ce titre. Les courses étaient belles dans l’ensemble, en 250, en 450. Donc voilà, on se retrouve le mois prochain les amis, à bientôt ! ■

« Jett Lawrence, c’est le nouveau virtuose du SX US, il a un talent fou ! »

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Après avoir épaulé entre autres Fred Vialle, Jordi Tixier ou Marvin Musquin, Yannig Kervella sait déceler le potentiel chez les jeunes. Il voit en Jett Lawrence de la graine de champion.
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