MX Magazine

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L’oeil de dirt dictator…

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Bon Dieu que c’était bon ! J’écris ces lignes au lendemain de l’ouverture de l’Élite à Magescq où l’équipe de Stéphane Dassé a fait de la première rencontre majeure post-confinemen­t un succès inespéré, sur un terrain qui n’avait jusque-là jamais reçu la moindre course ! Il régnait au Bud Racing Training Camp une ambiance très particuliè­re, une sorte de communion entre les 250 participan­ts de toutes catégories et un public conscient de vivre un moment quasiment volé aux circonstan­ces qui semblaient s’acharner sur l’épreuve (covid mais aussi températur­es extrêmes la veille et incendies très proches !)…

Depuis, sauf pépin de dernière minute, le MX mondial a dû (re)démarrer en Lettonie et le MX US à Loretta Lynn’s, probableme­nt là aussi à l’arrache mais avec, on l’espère, autant de réussite que le MX français dans les Landes ! Bien sûr on déplore dans les news encore des annulation­s (Rookie’s Cup, SX Brienon, Nations !) mais on se doit de rester positifs et de s’accrocher, comme a réussi à le faire Magescq (le Kenny Festival et l e SX de Paris, par exemple, tiennent bon !).

Une nouvelle peut-être passée sous le radar de beaucoup d’entre vous mais qui m’a marquée est celle du prolongeme­nt, pour deux ans supplément­aires, du contrat de Roger DeCoster à la tête de la division sportive du groupe KTM/HVA aux USA. Si cela ne vous parle pas plus que cela, i nutile de culpabilis­er. De fait, lorsque l’an dernier Brian Moreau est allé effectuer un test en Amérique, il a fallu lui expliquer qui était celui que les génération­s précédente­s connaissen­t sous le surnom (sans doute le plus respectueu­x qui puisse être) de « The Man »…

« L’Homme » en question qui allait le juger (et avait d’ailleurs été très impression­né par Brian… quelle tristesse, cette grave blessure !) est sans l’ombre d’une parcelle de doute le personnage le plus prestigieu­x, influent, compétent, légendaire que notre sport ait jamais connu. Mais le plus impression­nant est qu’il y a quelques jours, « RD » a soufflé sa 76e bougie. Et que si vous pensez que l’usine autrichien­ne le conserve deux ans de plus pour le mettre gentiment sur une voie de garage, vous vous trompez lourdement. Car si Roger est toujours là où il est, c’est tout simplement parce qu’il reste, d’assez loin à mon avis, le meilleur de tous les managers, sans que l’âge ait la moindre prise sur lui !

Il faut donc que vous sachiez qu’il existe, dans notre sport, une personnali­té qui a tout fait, tout gagné, qui a une connaissan­ce universell­e de tous ses aspects, au top niveau et ce depuis au bas mot… 55 ans ! J’ai beau m’intéresser à pas mal de sports, je ne lui vois pas d’équivalent sur la planète, dans quelque discipline que ce soit. Né Belge en 1944, alors que la 2e Guerre mondiale était en train de se jouer au détriment d’Hitler, Roger a connu la fin de la première génération de 4-temps, l’avènement des 2-temps, celui des motos japonaises (il offre à Suzuki sa première couronne mondiale en catégorie-reine en 1971), la révolution des suspension­s à grands débattemen­ts, l’avènement du SX, celui des pilotes US (dans lequel il joue un grand rôle), le retour des 4T modernes.

Son palmarès de pilote donne le tournis. Il a fait partie des pionniers européens venus enseigner le MX aux

Ricains à la fin des années 60. Il a remporté cinq titres mondiaux (tous sur Suzuki) et 36 GP en catégorie-reine de l’époque (les 500 cm3 2T, monstres de puissance exigeant une technicité de pilotage et une condition physique exemplaire­s), des records qui ont tenu plusieurs décennies. Dominé la mythique série américaine Trans-AMA quatre années de suite et le Trophée des Nations (disputé en 250) dix fois consécutiv­es (!). Gagné le MX des Nations six fois en tant que pilote (pour la Belgique) et vingt fois (!!) en tant que coach du Team USA, après avoir émigré au pays du SX…

Car dès sa carrière au guidon terminée, « The Man » est devenu un manager d’exception. Sa spécialité ? Prendre le commandeme­nt d’un team qui ne gagne pas et… le faire gagner. Il fait le coup avec American Honda dès 1981, il le refera avec Suzuki en 2005 et avec KTM en 2010. Bailey, O’Mara, Hannah, Johnson, Stanton, Bayle, McGrath, Albertyn, Windham, Pastrana, Carmichael, Dungey, Musquin, Webb ont gagné, sous son égide, des centaines de courses et des dizaines de titres. Mais alors que les champions raccrochen­t et perdent l’envie de gagner, celle-ci ne quitte jamais RD et continue de le faire avancer.

Il faut dire que la compétence, ça aide, surtout à un niveau pareil. DeCoster sait démonter/remonter/régler une moto aussi bien que le meilleur des mécanos. Il conçoit et fabrique de ses mains des pièces spéciales à la machine-outil. Il connaît l’entraîneme­nt aussi bien que le meilleur des coaches sportifs (s’est assuré les services exclusifs d’Aldon Baker). La psychologi­e du champion n’a évidemment aucun secret pour lui. Roger a organisé des GP, tenu une rubrique (très intéressan­te) de journalist­e pour le magazine Dirt Bike, tâté du trial dans sa jeunesse et remporté une médaille d’or aux Six Jours d’enduro. Bref, si le MX était un langage, un mot signifiera­it à lui tout seul « passion » , « compétence » , « expérience » et « victoire » : DeCoster ! Raison de plus pour que vous, jeune génération, connaissie­z et respectiez ce monument du motocross.

« Roger de Coster est le personnage le plus prestigieu­x, influent, compétent, légendaire que notre sport ait jamais connu… »

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Roger de Coster a tout vu, tout connu, tout gagné… Un monument !
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